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Critiques de Valérie Valère (99)
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Le Pavillon des enfants fous

Par où commencer ?

La précocité, c'est ce qui me vient en premier. A l'âge d'être en troisième, Valérie Valère a déjà si bien compris le monde, ses mensonges et ses masques, qu'elle en est devenue "folle". Elle se l'est pris en pleine face, mais comme elle est une enfant, elle n'a pas encore développé de barrières psychiques, de protection. Elle est sans filet devant l'abîme, comme Rimbaud, sans compromis ni concession, et elle se brûle les ailes. Elle ne peut pas supporter ce qu'elle voit, ce qu'elle ressent, et elle devient un immense cri de rage et de désespoir.

L'anorexie. Valérie veut mourir. En tout cas, elle ne veut pas vivre, pas dans ce monde. Je n'ai jamais lu un tel dégoût authentique, un corps que se noue entièrement, jusqu'à le ressentir physiquement en moi-même. Et ça c'est fort. Le rejet de l'existence, de soi, des autres, du mensonge et de l'hypocrisie, qui se traduit dans le corps par une incapacité quasi mécanique d'avaler. Incroyable. La nourriture devient l'abject contrat que l'on passe avec la vie, son refus l'ultime forme de résistance. Malaise ? Valérie dirait que c'est que nous sommes aveugles. C'est dur pour la lectrice d'être confrontée à quelqu'une qui refuse de vivre.

Parole de jeune fille. Encore cette jeune fille dure, farouche, courageuse comme une Romaine, inébranlable, endurante à une douleur insoutenable, ultra-intelligente, ultra-sensible, qui ne s'est pas exprimée pendant des millénaires, et dont on est heureuse d'entendre enfin la voix solide et fière, fût-elle d'outre-tombe.

Horribles conditions dans les hôpitaux psychiatriques en cette fin de XXème siècle. On va jusqu'à la forcer à manger en lui ouvrant la bouche à la main. Valérie Valère est sortie détruite de cet internement.

Réflexion sur la folie. On traite Valérie de "folle". Elle se sent plus lucide que tous les autres, elle ne délire pas. Elle finit par plier devant la violence des soignants, qui la déclare "guérie" quand elle a pris quelques kilos. Qui est fou ?

Un texte qui n'est que colère, douleur, désespoir complet et réel, absolument authentique, effrayant de franchise, matière brute de l'esprit. Les enfants "fous" (Rimbaud, Valérie...) font de puissants écrivains, et ils le paient très cher, car eux ne jouent pas, ne rient pas, n'ont aucune ironie, aucune garde ni défense, aucun masque. Leur cœur mis à nu l'est réellement, et fragile comme du cristal.
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Le Pavillon des enfants fous

D'un langage cru relevant d'une colère énorme du mal être, Valérie Valère pousse ici un grand cri où la vie l'étouffe dans ce vaste monde. Elle veut tout simplement qu'on la laisse mourir, elle ne demande rien sinon que sa mort, elle va sombrer dans l'anorexie raison pour laquelle elle sera internée dans un centre psychiatrique. Dans cette rage d'une adolescente mal dans sa peau fulmine plusieurs questions d'existence notamment de la relation entre le moi et autrui. L'auteure nous relate l'incompatibilité existant entre elle et son environnement, comment elle se sent vide là dedans, presque étouffer, incapable de se trouver une place ou de faire porter sa voix, alors écrire devient pour elle une question vitale, le moyen de se trouver une place dans ce monde, communiquer avec son environnement...

Un livre très bouleversant et qui nous fait penser à un moment quelle grande douleur peut se cacher derrière un sourire...
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Le Pavillon des enfants fous

Un livre que j'ais beaucoup aimé lire a plusieurs titres



-une autobiographie donc une histoire vrai



-la vision de notre monde vu dans les yeux de la folie (mais par la justesse de la souffrance de l'auteur peut etre un monde fou vu par ses yeux)



Un style particulier vivant, comme seul les jeunes auteurs précoces et féconds savent en faire.



une reflexion ouverte sur notre societée moderne et ses conventions



faudrait le relire, pour etre sur souvent ce qu'on pense d'un livre change avec le temps
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Le Pavillon des enfants fous

Un récit très déprimant, et cela est tout à fait normal. Comment pourrait-il en être autrement lorsqu'on sait que l'auteur est une jeune fille de quinze ans, qui deux ans plus tôt, a été internée en psychiatrie dans un hôpital parisien pour anorexie. Comment cette histoire ne serait pas déprimante, lorsqu'on sait aussi que ladite jeune fille est sortie de l'hôpital, car déclarée guérie car elle avait repris une bonne partie de ses kilos perdus, mais qu'elle traînait plus que jamais peut-être son mal de vivre. Déprimant aussi, parce que ce mal être venait peut-être d'un manque d'amour parental, d'une non reconnaissance, d'une forme d'indifférence. Déprimant encore plus, enfin, quand on apprend que la jeune fille est morte à 21 ans, d'une overdose médicamenteuse, après plusieurs tentatives de suicide... Une tragédie...
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Malika, ou, Un jour comme tous les autres

Malika est rêveuse. Petite fille bien plus adulte que n'importe quelle grande personne. Elle transcende le récit par sa maturité. Malika sait et comprend tout. Créative et savoureuse, la fillette profite du moment présent, celui qui ne peut durer éternellement. Enfantine surprenante, elle embrasse une bulle dans laquelle le monde est à elle, un monde où tous les amours pourraient être permis.



« J'avais la tête vide comme un rêve. »



Wilfried aimerait pouvoir apprendre à rêver comme Malika. Tout ne s'apprend pas. Il a tellement peur de ne plus être heureux.



« Elle s'en va avec moi, quelque part où tout est noir et beau, elle me prend la main et regarde là-bas les mots inconnus qu'on n'a pas encore découverts et qui nous attendent. »



Malika et Wilfried, soeur et frère de sang, sont livrés à eux-mêmes. Nés de parents absents à peine convaincus d'avoir des enfants. Déboussolés et dépouillés d'encadrement, ils vont vivre selon leurs propres émotions dépourvues de règles.



Malika, un jour comme tous les autres, un jour parfait et ordinaire, le yin et le yang, contre vents et marées, leur destin est scellé. Elle est la lune, il est le soleil. Elle se fait neige, il devient ses montagnes.



Âgée de dix-huit ans, Valérie Valère écrit ce roman clair-obscur d'une incroyable sagesse. L'autrice est à la fois légère et tragique. Son écriture est fluide et organisée.

Elle donne la parole à ses deux personnages, tour à tour, comme une chanson douce, une chorale à deux voix. Si l'amour bouillonnant qui les anime est le troisième protagoniste, alors le quatrième acteur serait la société punitive et académique. La structure sociale est bien trop normée pour accepter la magie de l'exceptionnel.



« Une partie de la Lune a disparu. Ce doit être le ciel qui l'a un peu recouverte, le ciel est très jaloux des choses qui sont aussi belles que lui tout en étant différentes.... »



Ce roman est un feu ardent, chaque page s'enflamme au rythme de la lecture. Que ce vent de liberté, insufflé par Malika et Wilfried, éteigne ces flammes !





Lu entre décembre 2020 et janvier 2021
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Le Pavillon des enfants fous

Après soixante pages de lecture, je me suis dit : « Et merde, encore 160 avant d'en avoir fini. Moi qui pensais que ça irait vite… ». Car pendant tout ce temps, l'auteure crache toute la haine et la colère qui l'ont dévorée lors de son internement. Rage envers ses geôlières, fureur contre l'univers de cette prison, hargne viscérale envers ses parents, dont elle est persuadée qu'ils ne l'aiment pas et qui sont responsables de cette malheureuse expérience.

220 pages à ce rythme, je pense que je n'aurais pas tenu. C'est une lecture difficile, dans les deux sens du terme : à la fois moralement parce que ce que vit cette gamine de treize ans est dur, et mentalement, parce que c'est une écriture lourde, pénible, déconstruite.

Mais passé ces soixante pages, les choses ont commencé à bouger. Valérie se remet en question, elle doute de sa méthode (qui est : « Plutôt mourir de faim que de me laisser faire ! » et : « ils ne m'auront pas ! »). Elle réalise qu'une approche plus « pacifiste » serait peut-être préférable. La jeune fille commence à faire des efforts, à prendre sur elle pour manger, à lutter contre les nausées qui la prennent, à se battre pour gagner quelques gammes. Elle ne le fait pas pour sa santé, elle le fait pour quitter cet endroit et retrouver sa liberté. Elle se décide à jouer leur jeu car après tout « c'est eux qui ont les clés ».



Et c'est là que le comportement de ces infirmières, de ces médecins, de ces soi-disant psychologues m'a le plus outrée. Car au lieu de féliciter l'héroïne, de l'encourager et d'éviter de la brusquer, ils se permettent de faire des remarques complètement anti-pédagogiques : « Tu n'as pris que 500 grammes cette semaine. Tu ne fais pas assez d'efforts pour lutter contre tes nausées ! T'as qu'à penser à autre chose quand tu manges ! de toute façon tu ne sortiras pas d'ici tant que tu ne feras pas quarante kilos ! » Elle en pleure, cette enfant qui s'acharne à retrouver ses droits, elle se fait violence, elle se promet d'y arriver. Pour elle, pour ne plus jamais se laisser faire.

J'étais également scandalisée par la façon dont ces « docteurs » traitent l'anorexie. Ils promettent à Valérie de ne pas se préoccuper de son poids et de lui permettre de continuer à suivre des cours, de l'aider à comprendre ce qui l'a amenée à avoir cette maladie.

Première nuit au Pavillon : elle est enfermée à clé dans sa chambre, avec l'obligation de finir son plateau-repas. Elle refuse. Ce n'est que le début d'un bras de fer qui durera un mois. Privée de toute distraction et de toutes les affaires qu'elle a emmenées en arrivant (à l'exception de son pyjama), sa seule occupation est d'écouter ses pensées à longueur de journée. À moins de prendre cinq kilos, elle n'a pas le droit de lire, ni de dessiner, ni même d'écrire, et surtout : elle n'a le droit de communiquer avec personne. Sauf le personnel. Une méthode brutale et traumatisante qui ne fait que la braquer contre le monde entier. « J'en veux pas de votre monde pourri ! » Son rêve est de mourir. Si possible, dans le pavillon afin de les rendre responsables.

Et aucun de ces « spécialistes » ne remet leur méthode en question. Tous veulent essayer de lui faire dire que c'est le rejet de sa féminité qui l'a conduite sur la pente de l'anorexie – car c'est la conviction de l'époque. Tout porte à croire qu'ils ne se tiennent pas devant un être humain – une enfant ! – mais un cas étrange à analyser. À plier à leur volonté.



Il faut dire aussi que Valérie est une anorexique étonnante. J'ai l'impression qu'elle n'a jamais cherché à maigrir. Son but est seulement de se tuer à petit feu. Elle recherche la mort, elle refuse le monde des adultes et jamais elle n'éprouve de complexe vis-à-vis de son apparence ou d'obsession par rapport à la nourriture. L'anorexie, c'est le moyen le plus facile qu'elle a trouvé pour mettre fin à ses jours et faire souffrir son entourage. Car elle éprouve un mépris sans borne pour les adultes (« J'ai lu un peu d'exaspération dans son regard et elle m'a agréablement soulagée. "Merde, dire que je suis obligée d'aller voir cette sale môme muette, je pourrais aller draguer l'interne de l'autre pavillon…" Vas-y, ne te gêne pas pour moi… »), et plus spécialement pour les parents : l'auteure revient sans arrêt sur le fait qu'elle « appartienne » à sa mère, et que cette possession donne du plaisir à cette dernière. Pour elle, les parents n'aiment leurs enfants que parce qu'ils sont à eux, leur propriété, leur bien. Comme ils aimeraient un chien ou une maison, ou un canapé relax acheté à 1500 €.

C'est terriblement triste, de croire une telle chose pour une enfant. Car chaque manifestation d'amour de la part de sa mère est automatiquement fausse à ses yeux et renforce son mépris pour elle. Mais plus ma lecture avance, moins je me dis qu'elle la diabolise et plus je pense que cette dernière est réellement insensible. le tout dernier chapitre, quand Valérie sort de son internement, nous le confirme. Elle l'exhibe devant ses amies, parle d'elle comme d'un petit chien (comme si elle n'était pas là), la force à voir des psy malgré son aversion envers cette profession...



La sexualité est, pour l'auteure, objet de dégoût. Non pas l'acte en lui-même, mais les désirs concupiscents des adultes, leurs regards torves lorsque passe une jolie fille ou un joli garçon, leurs pensées sales et secrètes (pas si secrètes que ça, d'ailleurs). L'omniprésence du sexe dans la société l'agace. Il est partout : dans les regards et dans les pubs (que dirait-elle de notre époque ?). Ce rejet est probablement la conséquence du fait que ses parents ne se gênaient pas pour avoir de nombreux amants. Avec ou sans sa présence.



Valérie Valère a écrit son livre à quinze ans, en trois mois. En ne se relisant qu'une seule fois. Pas très prometteur, n'est-ce pas ? Et pourtant, c'est une écriture étonnamment mature et noire que j'ai rencontré. Des mots évolués, des références philosophiques et littéraires, une conscience aigüe de ses droits en tant qu'être humain et de la médiocrité du monde des adultes.

En me documentant, j'ai réalisé que cette fillette, ce petit bout de femme qui a subi tant d'épreuve, cette enfant à la fois innocente et dure aurait l'âge de mon père si elle avait vécu. Si elle n'était pas morte à 21 ans d'une overdose médicamenteuse. En restant en froid avec ses parents jusqu'au bout, puisqu'ils n'avaient pas le droit d'assister aux dispersions de ses cendres dans la mer – selon ses dernières volontés.



Ce suicide est presque annoncé par la fin du livre, qu'elle avait écrit six ans plus tôt. Car de retour dans le monde, Valérie est écœurée. Tout l'angoisse, tout la repousse : les hommes qui reluquent les femmes dans la rue, les femmes qui glissent un œil sur les fesses d'un homme dans le métro, les faux sourires, l'hypocrisie, l'indifférence, les mesquineries… Tout est faux – comme le dit si bien la chanson de Minimum Serious. Elle accuse ces gens qui sont totalement épris de cet « univers de vente » (« société de consommation », dirait-on plus facilement à notre époque), si plein d'une frivole inutilité. « Ils perdent du temps à s'occuper des autos ? "Dehors", ils sont donc futiles ? » Ce monde glacé n'est pas fait pour elle et elle en paye le prix.



Ce livre m'a poussée à me remettre en question. Est-ce que moi aussi je fais partie de ces adultes qu'elle décrit, maintenant ? Est-ce que je suis tout aussi futile qu'eux ? Tout aussi indifférente, hypocrite, orgueilleuse et fausse ? Ne suis-je pas, moi aussi, tout aussi portée sur la consommation, sur les biens matériels, sur le contingent ?

La réponse me laisse un goût amer dans la bouche...
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Le Pavillon des enfants fous

"Je suis seule, seule avec mon corps qui ne demande rien, sauf de mourir".

Ce corps, objet de honte, "machine à emmagasiner de la bouffe",elle l'a maltraité, vidé, vomi, jusqu'à être internée "chambre 27" en psychiatrie.

Grace à ce premier livre autobiographique, Le pavillon des enfants fous, livre exutoire, témoignage poignant sur l'anorexie et l'hospitalisation, Valérie Valère, adolescente brillante, triste et solitaire, boulimique d'écriture, a bouleversé ses lecteurs et a connu un franc succés.

L'écriture est pour elle "un moyen de vivre un peu comme les autres".

Alors elle écrit le pourquoi des trente et un kilos ("affreuse et folle, grosse et livide, j'étais devenue horrible et repoussante"), détaille les quatre mois de soins, confie son mal être ("une mort lente... qui vous fait supporter votre incessante souffrance"), évoque ses insomnies,se moque des soignants qu'elle trompe en cachette, parle de ses problèmes notamment par rapport aux transformations du corps et à une éventuelle sexualité supposée "dégoûtante".

Le pavillon des enfants fous est le document déchirant d'une anorexique dont l'obsession principale (les autres étant vécu comme persécuteurs) est: Vous ne m'aurez pas, c'est moi qui maîtrise et gère ma vie.

Deux autres livres ont suivi: Malika ou un jour comme les autres et Obsession blanche mais ils n'ont pas suffi à évacuer son désir d'en finir.

Elle est morte à 21 ans le 18 décembre 1982 à Paris.

Emouvant!
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Le Pavillon des enfants fous

J'ai pris plein de notes et mis des signets un peu partout en lisant ce livre, pour finalement dire juste le mal-être que j'ai ressenti en refermant les pages. (le pourquoi de 3,5 étoiles)



Compassion aussi pour toute cette douleur enfermée à double tour dans un corps et un coeur de petite fille de 13 ans.



Triste et tellement déprimant - Se réfugier dans un monde à part pour survivre, un monde inaccessible pour les autres et incompréhensible ; et surtout cette non envie de vivre.



(p.93) Je ne peux que me sentir mal, j'ai le mal de vivre et c'est un crime.



Autobiographique, l'auteure a déversé sa haine sur les touches d'une machine à écrire.

Elle dit : "Je ne suis nulle part à ma place".



" J'ai remonté un barreau de leur échelle et j'aurai toujours l'angoisse d'en retomber".



Vision de cauchemar - effroi - peur - rage - écoeurement - souffrances



Manger ! .... Vomir !



Pensées - Silence - Brimades



Brutalités - piqûres - valium



ENFERMEMENT !!!



Un animal pris au piège, au piège de la "Normalité" .



Etiquetée "Fou" à cause des différences, du rejet, d'une inadaptation aux normes dites "Normales".



Témoignage implacable d'une ado perdue et révoltée.



Qu'est-ce être normal ?



Un petit complément d'information sur l'auteure :



Valérie Valère née Samana en 1961 est décédée en 1982.

Elle avait été internée par sa mère à l'âge de 13 ans.

Internée pendant 4 mois !



Le livre a été pubié en juin 1982, il rapporte les écrits de cette ado en mal d'amour et en mal de vivre.



C'est tellement intense qu'on a l'impression qu'elle a été internée une "éternité" !



Mais 4 mois dans un tel établissement ,

N'est ce pas une Eternité !!!





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Malika, ou, Un jour comme tous les autres

J'ai découvert Valérie Valère avec son deuxième roman, Malika. J'étais alors en fin de collège et, par conséquent, me sentais proche des deux personnages.



Malika, dix ans, et son frère Wielfried, quinze, vivent seuls dans un grand appartement parisien. Leur mère est morte et leur père, absent la plupart du temps, passe parfois pour laisser de l'argent aux enfants. Ceux-ci ont arrangé leur habitation pour en faire un cocon à leur mesure. Cet abri cache leur amour trop fort et trop fou.



A l'époque de cette lecture, j'ai été pl us choquée de l'abandon complet dans lequel Malika et son frère vivent plutôt que par leurs amours incestueuses. La déréliction paternelle reste toujours à mes yeux, presque trente ans après, insupportable.



Chaque chapitre alterne la voix de l'une et de l'autre. Valérie Valère y projette ses réflexions sur la vie, sur l'amour, sur la place des adultes et sur la mort. Elle-même touchée très jeune par trop d'épreuves et une lucidité trop crue qui lui rend la vie détestable, cette négativité transcende son roman. J'avais été alors profondément ébahie de constater que j'étais plus jeune qu'elle de quelques années seulement mais que son écriture révélait un gouffre insondable. Et sans doute tant mieux pour moi au vu de son parcours trop tôt éteint.



En tout cas, Malika est un livre qu'on n'oublie pas par la force de ses personnages et par la puissance évocatrice de leur créatrice.
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Obsession blanche

Valérie Valère est née le 11 novembre 1961, seize jours avant moi.

L'écriture est entrée dans sa vie en 1977, année où j'ai voulu en terminer avec la mienne, sans succès.

En 1979, elle publie son premier livre, "Le pavillon des enfants fous", alors que je m'émancipe. Je découvre cet auteur de mon âge à travers ce premier livre, qui m'effraie et me fascine à la fois. Elle a des problèmes avec la nourriture, j'en ai avec l'alcool. Plus tard, elle publie "Malika", histoire d'un amour interdit entre un frère et une soeur, que je ne comprends pas, vivant exactement l'inverse. Mais j'aime son style.

Puis paraît "Obsession blanche", dont le titre dit tout. L'angoisse du blanc, de la page à remplir, du vide qui nous entoure et veut nous engloutir. J'ai la phobie du blanc moi aussi depuis que j'ai failli mourir dans la neige. Le livre est difficile d'accès, Valérie est déjà ailleurs. J'ai une vie de presque adulte, un travail, un compagnon, un avenir tout tracé d'une prison dont je commence à voir les barreaux se dessiner.

Le 17 décembre 1982, Valérie Valère meurt d'une crise cardiaque dans son sommeil, usée de tout.

Quinze jours après, j'envoie tout balader, et je m'évade de mes prisons.

L'écriture entre dans ma vie.

Valérie Valère a demandé que ces cendres soient dispersées dans la mer.

Je ne l'ai jamais vue à la télévision, ni entendue à la radio. Je ne l'ai jamais vue vivante, ni entendu sa voix. Valérie Valère m'a laissée le souvenir d'un fantôme très familier.

Mes cendres seront dispersées dans la Méditerranée.
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Le Pavillon des enfants fous

Depuis bien des années dans la bibliothèque de mes parents, le titre ne m'a jamais inspiré.

C'est ma sœur, grande lectrice qui m'a poussé à le lire.



Au moment d'écrire ses lignes, j'ai un nœud à l'estomac. La révolte m'a habitée tout au long de ma lecture.



Une jeune fille de 13 ans, anorexique se voit enfermée dans un asile et torturée sans ménagement avec le consentement de sa maman.



Maman, pas trop vu qu'elle n'est pas une enfant désirée et ne reçoit pas d'affection.



J'ai eu envie de tuer la mère tout le long du livre, et, par la suite, les docteurs, infirmières, ....



Comment peut-on, fin des années 70 maltraiter des enfants en mal de vivre sous prétexte de les guérir?



Cette fille n'a jamais guéri, elle n'a pas eu le temps, elle est morte d'une overdose à 21 ans.

Elle n'a jamais guéri mais à 15 ans elle nous livre son témoignage poignant, colérique, haineux et tellement cru. Une étoile talentueuse qui n'a pas eu le temps de briller faute de soutien.



A lire!
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Malika, ou, Un jour comme tous les autres

Quel souvenir de jeunesse...

Ce livre a été une fulgurance pour moi, une météorite. Un livre incandescent. On tourne les pages pris par la fièvre des sentiments de ces deux êtres fragiles. Malika et Wilfried m'ont brûlé les doigts. A chaque page. Un livre que j'ai rangé définitivement au panthéon de ma mémoire. Un livre qui laisse des traces. Des poussières d'étoiles.

Leur amour est plus pur que tous les autres. Même s'ils sont frère et soeur. C'est un amour volcanique. Une nuée ardente qui vous dévaste et vous allume. Une coulée de lave qui embrase les coeurs même les plus durs. Quand je repense à ce livre, le feu ne s'éteint pas.

J'ai une pensée émue pour Valérie Valère au regard de Diabolo Menthe. Elle qui s'est consummée bien trop vite. Brûlée vive dans la force de sa jeunesse. Ses ailes de papier ne sont plus que cendres mais son écriture reste indélébile.

Là-haut, je suis certain qu'elle doit enflammer encore bien des coeurs.

Âmes sensibles, un conseil...lisez-le.
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Le Pavillon des enfants fous

j'ai toujours beaucoup de mal à faire la critique d'un livre autobiographique, tout simplement parce que je trouve difficile de mettre en cause l'écriture, l'auteur n'étant pour la plupart du temps pas écrivain, les personnages et le contexte de l'histoire sont réels donc pas de possibilité de jugement sur cette partie là du livre.

Valérie Valère à écrit ce livre à l'âge de 15 ans, deux après son internement de quatre mois dans un hôpital psychiatrique afin de la "soigner" de son anorexie.

L'écriture de cette adolescente est d'une grande maturité, elle raconte son mal-être et surtout son refus d'être guérie, elle manifeste en effet, très tôt, son manque de goût à la vie.

Quand j'ai ouvert ce livre, je savais que Valérie Valère avait mis fin à ses jours à l'âge de 21 ans confirmant ce mal-être permanent dans lequel elle était plongée, ce que je ne savais pas, c'était la relation qu'elle entretenait avec ses proches et plus particulièrement ses parents, je me suis dit, dans quel état d'esprit doivent-ils être lorsqu'il ouvre ce livre ? le lisent-ils souvent ou au contraire n'ont-ils jamais osé l'ouvrir ? Quand vous avez terminé ce livre, les questions ne sont plus les mêmes car justement le coeur du problème vient de ses "fameux parents", il ne me reste donc plus que la question comment peuvent-ils vivre avec ça sur le coeur ?

Ce livre est vraiment très difficile à lire et malgré son peu de pages (un peu moins de 250), l'écriture de Valérie Valère est tellement imprégnée de sentiments, qui va du dégoût à la rancoeur, sans jamais passer par des pensées positives, que la lectrice que je suis a eu beaucoup de mal à ne pas ressentir d'abattement de temps en temps, j'ai même changé de sujet de lecture suite à ça, car pour le coup, le moral en prend un sacré coup dans la gueule.

Je pense que si Valérie Valère avait vécue plus longtemps, elle aurait eu un très bel avenir d'écrivain, car être capable d'écrire ces mots à cet âge, est à mes yeux incroyable.
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Le Pavillon des enfants fous

Ce livre est court mais pas évident à lire pour autant. C'est un récit d'un mal être et d'une souffrance qui ne peut pas laisser indifférent. C'est un roman sur le vécu de l'auteur lors de son internement pour anorexie et la rage qu'elle avait au fond d'elle. Ça prend vraiment aux tripes.
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Le Pavillon des enfants fous

Une relecture qui m'a plongée dans ma jeunesse. J'ai lu ce livre quand j'étais adolescente. Je me rappelle que ma mère n'était pas trop d'accord car elle trouvait l'histoire trop sombre pour mon âge.



Quelques années après, je reconnais que l'histoire est dure et triste. Je pense qu'avec 'âge et en étant moi-même mère de de famille maintenant, cette lecture a eu une autre portée.



Un témoignage qui reste très poignant, et cette relecture n'a pas entaillé les 3 étoiles mises lorsque j'ai rentré le livre dans la bibliothèque Babelio sans en faire la critique.
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Le Pavillon des enfants fous

Un témoignage assez particulier dès lors où l'histoire de cette jeune anorexique est liée à ce monde qui l'entoure " Le pavillon des enfants fous " J'ai lu ce livre il y a plusieurs années et je m'en souviens encore très bien. A cette période, la médecine avait une certaine tendance à diriger des personnes en difficultés, l'anorexie entre autre dans ce genre d'établissement, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui, du moins je l'espère. Valérie Valère décrit avec justesse des situations qui la dépassent, dont elle ne se sent pas concernée. Comment ne pas être touchée par cette folie lorsque le personnel vous traite comme telle. Ce témoignage dénonce et dérange. On se sent souvent mal à l'aise par ce qu'elle décrit. Une histoire vraie et poignante sur l'anorexie dont hélas, Valérie Valère ne survivra pas.
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Le Pavillon des enfants fous

"Qui pourrait penser qu'être intelligent puisse faire souffrir et rendre malheureux ? Pourtant, je reçois souvent en consultation des gens qui se plaignent de trop penser. Ils disent que leur mental ne leur laisse aucun répit, même la nuit. Ils en ont marre de ces doutes, de ces questions, de cette conscience aiguë des choses, de leurs sens trop développés auxquels n'échappe aucun détail. Ils voudraient débrancher leur esprit, mais ils souffrent surtout de se sentir différents, incompris et blessés par le monde d'aujourd'hui. Ils concluent souvent par : " Je ne suis pas de cette planète !"

Tiré du livre : "Je pense trop : Comment canaliser ce mental envahissant" de Christel Petitcollin

https://dubonheuretdeslivres.com/je-pense-trop-de-christel-petitcollin/

Ce commentaire concerne aussi Valérie Valère qui à 13 ans a été interné.

Pour moi, elle n'aurait pas dut être en cet endroit, mais dans un centre spécialisé avec des adultes qui l'a comprenne, pas qui la traite de folle, qui la force manuellement à ouvrir la bouche et y insérer des aliments. Je ne dirais pas se nourrir dans ce cas-là..

Des adultes qui pensent savoir, trop sûr d'eux même, et dès lors discernent mal, ou ne se contente que "de", ne cherchent pas à analyser plus loin.

Un livre à recommander pour les soignants, les professionnels vivant dans ces milieux de détresse, et auprès des gens qui souffrent intérieurement.
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Le Pavillon des enfants fous

Le pavillon des enfants fous est une autobiographie de Valérie Valère, vendu à 4,90€ chez les Editions Le Livre de Poche. Ce livre de 157 pages possède une police d'écriture très petite qui rend la lecture beaucoup plus longue que l'on ne pourrait le penser.



Ce roman est un roman "dur" abordant le thème d'une hospitalisation psychiatrique pour anorexie. Par conséquent, c'est un roman qui ne fut pas facile à lire. C'est sûrement personnel mais je ne pense pas que ce soit, pour quiconque, un roman qui se lit comme ça. Cette autobiographie ne peut que nous marquer et susciter en nous différentes émotions : incompréhension, colère, exaspération, pitié, compréhension, abasourdissement, impuissance, révolte...



Le roman est écrit de manière décousue et reflète bien l'état de pensée de la jeune fille à ce moment : un mélange de colère et de rancœur envers tout de le monde, un sentiment d'injustice, une envie de mourir très présente... La première partie du roman est assez flou et on ne comprend pas vraiment les raisons des pensées de notre protagoniste. D'où vient cette colère ? Je n'ai pas toujours compris ce qu'elle avançait, pourquoi elle pensait comme ça...

Quand arrive la deuxième partie et que semble s'amorcer la guérison, les pensées deviennent plus claires et plus nettes et je me suis parfaitement identifiée à Valérie Valère, à ses doutes, ses pensées... Par beaucoup de ses réflexions, je me suis reconnue en elle. Par contre, les fondements de sa colère envers sa mère demeurent un mystère pour moi. Bon, le peu de fois qu'on voit sa mère, ce n’est pas vraiment un modèle maternel mais de là à la haïr à ce point ? Je ne l'ai pas compris. Et ça reste vraiment essentiellement fixée sur la mère et pas sur le père (qui justement n'existe pas...)



Le livre est cependant un peu long vers la fin. De plus, la quatrième de couverture parle de guérison. Or, l'avenir nous le dira, et l'auteur le dit elle-même à la fin de ce livre, cette hospitalisation ne l'a pas guérie, au contraire. Certes, elle a repris du poids, suffisamment pour sortir de cet enfer, mais elle a le sentiment que ça n'a fait qu'augmenter le reste, en rajoutant même une culpabilité et une peur qui n'était pas présente avant.



Conclusion



Je ne vous le cacherais pas : ce roman est sombre et dérangeant. Il nous révolte tout autant qu'on s'apitoie. On a envie de secouer l'auteur, qui en veut à la Terre entière, mais on a aussi envie de gifler le personnel soignant. Ce livre est certes sombre, mais je l'ai trouvé fort et, d'une certaine manière, beau. Il remue le lecteur, pouvant le mettre mal à l'aise. Malgré quelques longueurs, je ne suis pas déçue de ma lecture.

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Le Pavillon des enfants fous

Ouvrage disponible en poche et à tout petit prix (moins de 4€90), c'est un achat qui ne vous ruinera pas le porte-monnaie, mais qui peut vous bouleverser tout de même. Cela me rappelle le slogan des bonbons, les petits pimousses : "Petits mais costauds !!!"



Lecture qui peut se faire d'une traite car le récit est court : 158 pages en version de poche.

Cependant, vous devriez mettre un peu plus longtemps à le digérer.

Oui j'emploie beaucoup de temps liés à la nourriture, mais elle sera très présente puisque Valérie refuse de s'alimenter. Elle est anorexique et même si les faits qu'elle relate remonte aux années 70, c'est hélas un thème toujours d'actualité. Certes, on en parle un peu plus librement, mais combien de drames ont-ils été nécessaires pour que cela se fasse ?



J'ai été très sensible à cette vision que nous propose l'auteur, si jeune et pourtant si mature dans son raisonnement, même si parfois, son style tient plus du cri que de la prose recherchée.

Il faut pour le comprendre savoir que Valérie Valère s'est mise un jour derrière sa machine à écrire et a tapé d'une traite ce témoignage. Il parait même qu'elle a refusé de le relire dans un premier temps, tant cette expérience fut douloureuse, même si elle n'a écrit tout ceci que quelques années après les faits. Elle s'était replongée totalement dans cette atmosphère et ses sensations de l'époque. Un retour vers son enfer.

Les corrections qu'elle y a apporté ensuite furent de pure forme car elle a souhaité que volontairement y reste les répétions de termes et certaines maladresses de style. C'est un témoignage fort et peu importe en fait alors l'enrobage.



On se rend vite compte qu'elle est dans un environnement qui ne peut pas vraiment l'aider. Il y a le décalage des époques, mais quand même. L'anorexie est une maladie, cependant devait-on la traiter de la sorte ? Certes non. Vous verrez, vous ne resterez pas indifférent à ces portes qui claquent, ces paroles de personnels dit soignants… Cela vous glacera le dos.



On tourne en rond comme Valérie dans cet univers si peu fait pour elle. On se transforme en bête sauvage enfermée qui attend la première occasion pour s'échapper. Seulement voilà, on n'abandonne pas l'anorexie comme cela. Faute de soins, de suivis adaptés, c'est trop souvent le drame qui nous rattrape.



A lire pour ce qu'il est, ce petit livre est surtout un cri, une histoire humaine triste, mais qu'on ne peut passer sous silence.
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Le Pavillon des enfants fous

C'est le thème asile psychiatrique + anorexie qui m'a fait acheter ce livre. J'en avais entendu parler, et on me l'avait conseillé.



J'ai bien aimé la manière qu'a l'auteur de raconter son histoire… tragique. On se rend compte qu'au final, les ados malades dans leurs têtes ne sont pas compris par les adultes, qui sont obsédés par le "pourquoi", la cause du mal-être de ces jeunes, alors qu'en fait, faut-il qu'il y ait vraiment une raison ? Un ado en général se sent mal, parce qu'il se sent mal. J'suis passée par là, y a pas de raison, y a pas de pourquoi, mais la vie ne nous intéresse pas.



Il y a un fossé entre les psychologues et les internés, comment les soigner alors ? C'est le manque d'empathie de la part des responsables qui est clairement manifesté dans cette autobiographie. On a mal pour l'héroïne qui se fait gaver de force quand on lui enfonce une fourchette dans la bouche en lui éraflant les dents.



Tout cela est révoltant et j'espère de tout coeur que les méthodes pour soigner les anorexiques ont changé. Quelle tristesse.



Je sais que c'est un témoignage. Malgré tout, j'aurais aimé une fin un peu plus détaillée. Voilà, dernière page, fini, merci, au revoir. Un peu trop abrupte pour la curieuse que je suis.
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