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Citations de Vanessa Bamberger (265)


Il n’y avait plus la moindre fierté à travailler dans l’industrie en France, patron ou pas. Les Français n’aimaient pas leur industrie, sous-estimaient les métiers techniques, de l’ouvrier à l’ingénieur, contrairement aux Allemands et aux Italiens dont les médias et les écoles valorisaient ce type d’apprentissage.
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Il sait ce que signifie le mot "faible": la conscience de ses propres fragilités. Il sait que lutter contre les autres est plus facile que lutter contre soi-même. Qu'il faut, parfois, faire preuve d'indulgence.
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"- C'est quand même pas un pet de vache qui va faire un trou dans la couche d'ozone ! "

"Rien de tel qu'un débat sur la stabulation pour convertir un paysan taiseux en commère survoltée"
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Il ne faut pas oublier d'où l'on vient. Ou plutôt, il faut savoir d'où l'on vient pour pouvoir l'oublier. Je n'appartenais pas à une terre, mais à une histoire, dont je devais connaître le début pour en écrire la fin.
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La neige était tombée pendant la nuit et le paysage prenait l'aspect d'une croûte soufflée, de l'omelette norvégienne que Douce servait au réveillon du nouvel an. Les champs givrés s'hérissaient de necks, les anciennes cheminées volcaniques, et de haies d'épicéas repiqués au sommet des collines pour protéger les troupeaux. Des haies étrangement courtes, en forme d'accents aigus ou circonflexes. Une page blanche parcourue de ponctuations noires, voilà ce que j'aurais pu voir si j'avais été un faucon pèlerin, un vautour dans le ciel cendreux de l'Aubrac. Tout était blanc ou noir comme si une main invisible avait activé la fonction monochrome sur un appareil photo géant.
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J’ai attaqué. Quelle était sa vision de l’élevage, pourquoi soigner ses veaux aussi bien qu’il le faisait pour que les Italiens les entassent dans des bétaillères puis dans des cases, les engraissent au maïs dans des ateliers de mille places, hors-sol ? Cette bête-là, ai-je déploré en désignant le petit veau blanc, ne verrait plus jamais une prairie, on la piquerait aux antibiotiques, on l’anémierait, on lui brûlerait les cornes.
- Ca ne te fait rien ?
Il s’est défendu comme il pouvait, il n’avait pas le choix, son élevage était trop petit, trop croisé, l’obligeant à exporter ses bêtes pour survivre.
- Et le bio ?
L’air sincèrement surpris, mon père s’est figé.
- Passer au bio n’a pas de sens, sauf pour toucher des aides.
Il a posé le fourcou dans un coin et m’a regardée droit dans les yeux.
- Il n’y a pas grand-chose qui sépare un paysan de l’Aubrac d’un agriculteur bio à part les céréales, qui sont trop chères. Il ne faut pas exagérer, on n’empoisonne pas nos bêtes avec des granulés classiques !
Pour étayer son propos, il m’a demandé de me rappeler ce que j’aimais manger au petit déjeuner, petite.
- Des Frosties, ai-je murmuré, impressionnée par l’assurance dont il faisait soudain preuve.
- Eh bien, ça ne m’avait pas empêchée de grandir et de devenir la grande et belle jeune femme que j’étais. A l’inverse, les babas cool maltraitaient les bêtes en ne leur donnant pas assez de nourriture. Elles finissaient décharnées, leur viande sèche, immangeable. Restait la solution des filières de qualité, cependant celles-ci n’étaient pas suffisamment rémunératrices, les gens peu disposés à payer le prix de la bonne viande. Alors il répétait les gestes de son père et son grand-père, respectait la tradition des aînés.
En maniant la fourche, j’avais remarqué un sac de fertilisant ouvert dans un coin.
- Et l’engrais que tu répands dans les champs ?
- On n’en met presque pas par ici.
Son ton s’était durci. Ebranlée, je me suis éloignée, j’ai marché le long du couloir jusqu’aux bêtes brunes et maigres qui ruminaient paisiblement au fond de l’étable. Granita m’avait appris que chaque troupeau possédait sa propre couleur, selon la préférence de l’éleveur. Les robes variaient du fauve au caramel, du café au gris fumé. Les vaches de mon père avaient toutes la même teinte terreuse. A contempler le mouvement répétitif de leurs mâchoires de clèdes, j’ai fini par me sentir bercée comme dans une barque qui tangue.
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Mes grands-mères accusaient les boulangers, les machines à expresso et le ministère de la Santé d’avoir tué les petits bistrots.
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Nasbinals ressemblait à Lacalm en plus gros et plus vivant. La même architecture vernaculaire, un village minéral, une corpulente église en granit, un clocher octogonal plus large que haut dominant de lourdes maisons rocheuses, des toits de lauze aux éclats mordorés, des vieilles dames en collants chair courbées sous le poids de leurs paniers en osier, car ici le commerce prospérait.
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D’après Granita, les vaches avaient par ici davantage de valeur que les êtres humains. On y trouvait plus de vétérinaires que de médecins.
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Les moines avaient libéré l’écir en défrichant les forêts mais la nature, toujours, se retournait contre les hommes.
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J’avais longtemps cru qu’il fallait transmettre aux vivants et honorer les morts. Mais ces mots prenaient un nouveau sens. Refuser la transmission du fruit de leur travail, c’était refuser d’honorer mes parents. Ne pas vouloir d’enfants, c’était ne pas vouloir transmettre.
Rien ne me reliait à personne, en fin de compte. J’étais seule, complètement seule.
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Rien de tel qu’un débat sur la stabulation pour convertir un paysan taiseux en commère survoltée.
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Il ne faut pas oublier d'où l'on vient.Un avertissement que mes grands-mères s'étaient bien gardées de me donner.Je n'avais pas été élevée dans l'idée d'appartenance à un pays,d'un droit à la terre.
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Je ne connaissais pas grand-chose aux vaches mais je n'ignorais pas qu'au sein d'un troupeau il y en avait toujours une pour se faire remarquer,et c'était ma grand-tante.
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Ce jour-là une partie de moi allait aussi disparaître,ensevelie sous cette terre noire d'Aubrac que je connaissais si mal mais à qui je donnais,à qui je rendais ma grand-mère.
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Le feuilletage beurré de Granita fondait sur la langue. La frangipane de Douce éclatait en bouche, fusion explosive de fruits secs, rhum et sucre glace. Je ne savais pas laquelle choisir, alors, quitte à me rendre malade, je reprenais une part de chaque gâteau pour retarder le moment d'annoncer la gagnante. En attendant mes deux grands-mères restaient assises à table sans dire un mot, face à face, dos droit et couronne sur la tête.
Mes deux reines.
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Le lac de Saint-Andéol avait l'apparence d'un immense plat émaillé bleu cobalt, la texture d'une coupe en pâte de verre de Murano. Sa surface se couvrait d'une fumée, une légère poussière d'eau semblable à des embruns, de sorte qu'on avait l'impression d'un bord de mer. Quand je me suis approchée, j'ai vu que l'eau possédait, en réalité, la couleur de l'ambre, exactement comme Bernard l'avait décrit. La teinte brune de la tourbe d'Aubrac, dont l'origine occitane, alto braco, signifiait donc "haute boue" et pas "haut lieu" comme je le croyais.
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Le lendemain matin, le ciel avait pris la couleur du fusain et cependant les prairies environnantes s'illuminaient de soleil. La terre semblait éclairée de l'intérieur par un volcan souterrain entré en éruption pendant la nuit. Au loin, les montagnes se teintaient d'indigo.
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En ramassant le linge épars, un petit morceau de papier a voleté dans l'air, finissant sa course à l'envers sur le tapis. Je l'ai ramassé. Au creux de ma paume, une photo de mes grands-mères. Un petit tirage rond, en noir et blanc, probablement destiné à un médaillon.
Leur âge est difficile à déterminer mais, puisqu'elles ne sont que deux sur la photo, j'imagine qu'elle a été prise après la mort d'Antoine. Annie a peut-être quatorze ou quinze ans et Douce douze ou treize, pas davantage car à ce moment-là l'aînée dépasse encore la cadette en taille.
Au premier coup d'oeil, on peut croire qu'elles se ressemblent. Elles portent la même vareuse, la même coiffure courte et crantée et regardent dans la même direction.
Il faut l'examiner de près pour remarquer comment le regard ombrageux, réservé d'Annie, contraste avec celui de Douce, mutin et mystérieux à la fois, comment le visage austère de l'aînée se démarque des traits de sa cadette, annonciateurs d'une grande beauté. Et comment sa posture, raide et empruntée, tranche avec la nonchalance enfantine de ma gr Sauf -mère, dont on aperçoit le maillot de corps.
La petite tient la grande par l'épaule, une attitude qui paraît destinée à la rassurer. Sauf qu'à bien y regarder on s'aperçoit que les doigts de Douce sont anormalement crispés. En réalité elle s'accroche à sa soeur.
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En cela elle était bien de son pays, elle qui qualifiait les Aveyronnais de fous de liberté.
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