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Citations de Véronique Mougin (309)


Dans mon cou il ronronne, consolateur, mais détale la seconde suivante vers la cuisine d'où s'échappe un parfum de crêpes au fromage. De deux choses l'une : soit mon chat souffre de graves sautes d'humeur, soit ces bêtes ont le coeur directement relié à l'estomac.

(p. 17 - Éd. Flammarion)
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Moi, j'ai tenu. Bouche cousue, cerveau troué. La nuit, c'était plus dur de ne pas penser, les cauchemars ne m'ont jamais lâché, mais la journée j'ai longtemps réussi à tout oublier. Parfois, la mémoire est revenue pour me torturer - quand mon père est mort tout a ressurgi, j'ai plongé. A l'époque, le toubib m'a conseillé de "tout sortir pour m'en sortir". Il était ravi de sa formule, ce con. Les gens croient trop aux bénéfices du bla-bla, de nous jours pour un oui ou pour un non il faut s'allonger sur le divan et raconter sa vie. On oublie les vertus carapaces du silence. C'est lui et lui seul qui m'a sauvé, le silence. Enfouir, c'est tout. Après la mort de mon père, j'ai enfoui de nouveau et j'ai vécu. Maintenant, je suis âgé, plus âgé que lui ne l'a jamais été, davantage que tous les hommes de ma famille avant moi, autant qu'on peut l'être : 88 ans, des décennies d'amnésie.
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- Monsieur Kiss, oh, c'était... Mais c'était... Vraiment... Magique !
- Merci Marco, c'est vrai, une bien bonne idée que j'ai eue ce biais rosé, sur les poches plaquées, il est vraiment parfait, quand le manteau fera la couverture du Marie-Claire je te garantis qu'on en vendra comme des petits pains. Dans toutes les rues du monde les carreaux écossais vont se multiplier, tout ça grâce au biais.
- Oui, bien sûr. Magnifique votre biais, épatant, mais...
je parlais de la cliente, quand même, Monsieur Kiss, Brigitte Bardot, quoi, "Et Dieu créa la femme"...
- Peut-être Marco, peut-être que Dieu créa la femme, mais qui a créé le manteau, hein, qui ?
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L'oncle Oscar dit souvent que pour réussir sa vie, il faut être au bon endroit au bon moment, eh bien pour Matyas c'est pile l'inverse : sous un tipi des Appalaches il y a trois cents ans, le gars aurait fait un malheur. Malheureusement pour lui, nous sommes en Hongrie et en 1944, tailleur de flèches n'est plus un métier et mon père s'est mis dans le crâne de faire de Matyas un tailleur tout court. Quand je vois mon ami suer sang et eau sur la doublure d'un manteau, et son air effaré à ne plus savoir dans quel sens tirer l'aiguille, ça me fout un cafard terrible : quel toquard aurait osé demander à Geronimo d'enfiler un dé à coudre ? Cela dit, il faudrait être drôlement fort aujourd'hui pour deviner, dans l'asperge besogneuse et myope, le grand chef indien qui sommeille.
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Moi, par exemple, je m'en fiche un peu d'être juif. En ce moment, ça m'arrangerait plutôt de ne pas l'être mais c'est ainsi : juif, on ne peut pas arrêter. L'administration hongroise farfouille même dans l'arbre généalogique de gens qui avaient oublié qu'ils l'étaient et d'un coup de tampon, bam ! elle leur rafraîchit la mémoire. Ils ont beau jurer sur Jésus-Marie-Joseph qu'ils sont catholiques baptisés et confirmés depuis belle lurette, le scribouillard de la mairie leur cloue le bec - "La conversion ça compte pas" - et exhume la preuve irréfutable : l'acte de naissance de leurs grands-parents, Aaron, Edna et Salomon. Ces pauvres chrétiens repartent plus israélites qu'ils ne sont arrivés, sonnés de devoir leur inoxydable judaïsme à des aïeux depuis longtemps disparus dont il ne reste que les noms effacés au cimetière et une jambe de bois au grenier.
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- Tu crois que ça intéressera les gens mes vieilles histoires ?
- Ce ne sont pas des vieilles histoires, Tomi.
Elle n'a pas tort la petite. Aujourd'hui, de nouveau on cherche des boucs émissaires. L'étranger redevient un microbe dont il faut se prémunir, partout Dieu reprend le pouvoir. L'actualité s'écrit sur une vieille toile puante ; point après point le pire se dessine, il revient sans que personne n'y croie. A l'époque je me souviens, aucun d'entre nous n'y croyait non plus.
- Seuls les vieux comme toi peuvent rappeler ça aux jeunes, me dit la petite, des anciens aux gamins, les livres font le lien.
Elle croit aux mots, elle, elle écrit pour les vivants. Alors pour ses vivants et pour mes morts, je suis retourné remuer la vase. J'ai tiré du puits les gens et les lieux, les événements, tout était intact conservé dans la boue, les souvenirs au coeur brûlant. La petite cousine les a écrits. Quand elle est repartie avec ses cahiers noircis, je suis allé me coucher. Je me suis relevé trois mois après. Se rappeler, c'est raviver les braises : même longtemps après, elles brûlent encore.
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Véronique Mougin
Après des décennies de métier, la domestique chevronnée développe une intuition aiguisée, une sorte d'antenne directement reliée au grand tout qui l'informe par avance de la teneur des événements à venir et lui confère plus spécialement la prescience des emmerdements.
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Véronique Mougin
Parfois ses certitudes se fissuraient et des regrets affleuraient, comme des pissenlits têtus dans l'asphalte.
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Chez les patrons, même les objets ont des particules.
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Le talent m'inquiète. Il vient sans que l'on sache comment ni pourquoi et ne se transmet pas, le talent est égoïste. Pire il est "capricieux" [...]

p.242
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Notre enfant a son rythme propre, un rythme unique réglé sur une horloge mystérieuse et contrariante dont je ne comprendrai jamais les ressorts. À sa naissance déjà il était décalé, il refusait de sortir.

p.241
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Bon ou mauvais, allié ou ennemi, bourreau, victime, homme, femme... Au camp les catégories habituelles se dissolvent, certaines personnes débordent des cases et on peine à les classer, tant leur caractère forme un mélange opaque et sale, une boue qui t'engloutit.

p.227
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Parfois, tandis qu'il répare les chaussures, le bavardage de Felder s'égare sur les chemins de sa mémoire et il ne nous en épargne aucun lacet [...].

p.233
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La nuit tombe tôt maintenant, le ciel est tout allumé. Sirius, Antarès... Elles sont innombrables, les étoiles. Pas une de la même couleur que sa voisine, quand on regarde bien. Bételgeuse a des reflets de feu, Rigel est plutôt bleutée, Aldébaran dorée. Je n'ai jamais compris pourquoi celle qu'on nous fait porter est d'un jaune aussi laid - une flaque de beurre sale . Où est passée la Polaire ? J'aimerais bien qu'elle m'aspire. Je m’élèverais dans son scintillement, je me diffracterais en mille poussières irisées et c'en serait fini du froid, des crampes et du vent, je n'aurais plus de corps, quel bonheur ce serait...

p.202

p.202
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Crois-tu qu'il y ait des enfants de traverse, comme les chemins ?

p.62
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Car il faut bien l'avouer, seuls les pauvres savent vraiment remercier. Ce ne sont pas des "mercis" bien ciselés, bien polis, adéquats, mesurés, rationnels. C'est plus fort.
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Parfois on croit rester avec l'autre par amour, et on reste parce qu'on ne s'aime pas assez. Ça m'a beaucoup attristée, le jour où j'ai compris ça.
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Chez mes patrons, même les objets ont une particule.
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Leçon n•11 :

Il ne faut jamais croire un agent de placement. Quand il promet un employeur « avec des principes », entendez « psychorigide ». Dans son jargon, « rigoureux » signifie « caractériel » et si le recruteur annonce un futur patron « un peu raide », le mieux à faire est de fuir à toutes jambes.
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"Quelle activité humaine autre que la parentalité offrait à ceux qui l'exerçaient l'opportunité de ressentir avec cette pureté, avec cette intensité, le sentiment absolu de l'échec? "
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