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Critiques de Viet Thanh Nguyen (150)
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Le Sympathisant

Le capitaine, narrateur de ce roman, annonce la couleur dès le début, c'est une taupe, un agent double rapatrié aux USA avec les perdants, au service des communistes. Mais c'est aussi, et c'est probablement l'élément le plus révélateur de sa personnalité, un bâtard, un enfant naturel, fils d'une vietnamienne et d'un prêtre français... ce qui lui a valu dans son enfance moqueries et rejet, mais aussi ses 2 meilleurs amis, ses frères de sang.



Le capitaine s'est engagé auprès des communistes mais sera envoyé à Los Angeles avec son général à la chute de Saigon. Ce sera pour lui l'occasion de décrire une Amérique raciste et arrogante, et de participer comme "conseiller en authenticité" au tournage d'un grand film sur la guerre du Vietnam (on pense bien entendu à Apocalypse now), d'où quelques pages désopilantes sur le tournage aux Philippines.



Ce capitaine écorché vif, vietnamien mais un peu français, communiste mais pas insensible au capitalisme incarne les identités multiples d'un peuple occupé, déraciné et exilé. Et c'est d'une plume acerbe et cynique qu'il dédie ce magnifique roman au peuple vietnamien.
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Le Sympathisant

j'ai enfin réussi à finir de le lire et J'ai du me forcer pour arriver à le lire en entier. Je suis déçu par le style littéraire de ce livre, car c'est plat plat plat. Les chapitres sont longuets, à la fin de chaque chapitre, on en envie de poser le livre. Je ne comprend pas qu'il ait reçu le Pulitzer. Est-ce que la traduction en Français a perdu quelque chose en chemin ? Par contre, je reconnais que le contenu du livre est très intéressant. Ca m'a donné une autre vision de la guerre du Vietnam et des tragédies que sa population a traversée. Mais l'auteur avec son style n'a pas su mettre en valeur et rendre dynamique son sujet. Bref, je recommande pas ce livre. Si vous vous intéressez aux dictatures communistes, lisez "la vie volée de jun do" qui a reçu le prix Pulitzer également. Ce livre est une bombe, on ne le quitte pas, il y a plein de péripéties et de rebondissements.
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Le Sympathisant

1975. Saïgon vient de tomber et le narrateur, capitaine d’un général sud-vietnamien, va fuir sa terre natale et découvrir celle de l’Oncle Sam, ses supermarchés et ses autoroutes. Mais sous les habits du soldat pro-américain se cache une taupe Vietcong. Ce narrateur, dont on ne connaîtra jamais le nom, est un espion communiste prêt à tout pour ne pas se faire démasquer, prêt à tuer pour prouver sa fidélité au général.



J’ai eu peur d’un banal roman d’espionnage aux considérations politico-stratégiques barbantes mais cette histoire d’espion n’est pas au cœur du récit, elle sert juste à alimenter une réflexion autour du déracinement, de l’impossibilité de trouver sa place dans une Amérique accueillant les rescapés de la première grande défaite militaire de son histoire. Et les vietnamiens qui l’ont soutenue sur place ne sont pas les bienvenus : « La plupart des américains nous regardaient avec dégoût, car nous étions le rappel vivant de leur défaite cuisante. Nous menacions la sacro-sainte symétrie d’une Amérique noir et blanc, dont la politique raciale du yin et du yang ne laissait place à aucune autre couleur, notamment ces petits jaunes pathétiques qui venaient piquer dans la caisse ».



Le roman dit l’exil et la déchéance d’une diaspora ayant tout perdu en fuyant la guerre dans l’urgence. A ce titre la scène du départ de Saïgon sous les bombes est d’un réalisme sidérant. Se sentant inutile et humiliée, cette diaspora devient une communauté perdue, pathétique, s’accrochant sans illusion à d’hypothétiques rêves de retour.



La partie se déroulant aux États-Unis est passionnante, la parenthèse cinématographique expliquant en détail le tournage d’un film hollywoodien sur la guerre du Vietnam ne m’a pas enthousiasmé et le retour final dans la jungle m’a ennuyé à mourir, à tel point que j’ai traîné près de trois semaines pour lire les cent dernières pages. Une lecture inégale, donc. Même s’il se dégage de ce prix Pulitzer 2016 une grande puissance narrative et une indéniable force d’écriture (la traduction est vraiment impeccable), je dois reconnaître que je n’ai pas été totalement emporté par la confession de cet agent double en quête d’identité.
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Le Sympathisant

Si tout ce que l'on croit savoir de la guerre du Vietnam se réduit à quelques films américains, ce premier roman, prix Pulitzer, risque de mettre à mal quelques certitudes.



Ce roman est la longue auto critique d'un homme dont on ne saura jamais le nom.

Fruit d'une liaison scandaleuse entre une jeune vietnamienne et un prêtre français, sa couleur n'est ni jaune ni blanche… Ayant fait ses études aux USA, sa culture est à la fois orientale et occidentale… Capitaine dans l'armée du Sud Vietnam, il est agent double pour le compte des communistes du nord... Le sympathisant sans nom le dit lui même :

« j'étais cet homme aux deux esprits, moi et moi-même »



Viet Thanh Nguyen livre ici une critique intelligente d'une société américaine, dont le complexe de supériorité pousse les minorités à se sentir inférieures, tout en vantant sa volonté d'intégration et son rêve américain. C'est aussi l'histoire poignante d'un homme qui se sent seul, déchiré entre son idéal politique et cette liberté occidentale qui le fascine.



Cette confession monocorde pourrait paraître ennuyeuse si elle n'avait d'indéniables qualités d'écriture. Passant sans transition de la narration aux dialogues, mêlant souvenirs, réflexions et faits réels, l'auteur nous envoûte dans un récit complexe mais passionnant pour qui veut se donner un peu de peine. L'humour le second degré et l'auto dérision dont fait preuve le narrateur en font un personnage étonnamment attachant et ce n'était pas gagné au départ... J'avoue un légère lassitude à la moitié du roman, mais le dernier tiers reprend aux tripes et ne m'a pas lâché jusqu'à la fin.



De la débâcle de l'armée US à Saïgon jusqu'aux camps de rééducation communistes, on assistera à la tragédie des boat people, à l'horreur de torture, et même au tournage d'Apocalypse Now de Coppola.



Je remercie Babelio et les éditions Belfond de m'avoir permis de découvrir cet ouvrage qui m'a sorti un peu de ma zone de confort, pour mon plus grand plaisir...



Pour les amateurs de gauloiserie, je ne peux passer sous silence qu'en un mois j'ai appris l'usage que l'on pouvait faire du rôti familial en France dans les années 50 (une vie française, JP DUBOIS) et la même tradition chez les jeunes vietnamiens avec un calmar (le sympathisant ,Viet Thanh Nguyen ) ... Je crois qu'une recherche s'impose... Vos témoignages sont les bienvenues... ^^
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Le Sympathisant

Avec “le Sympathisant”, le prix Pulitzer 2016 publie un roman férocement drôle sur la Guerre du Vietnam.
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Le Sympathisant

Il m'a fallu attendre de l'avoir presque terminé pour apprécier pleinement le sympathisant, un roman gratifié du prix Pulitzer l'année dernière. Tout au long des dix-huit premiers chapitres de ce livre qui en compte vingt trois (et cinq cents pages), j'ai savouré les belles qualités littéraires d'une narration présentée sous forme de confession, tout en me demandant, avec un peu d'agacement, quel pouvait bien être le sens que son auteur avait voulu donner à cette oeuvre.



L'auteur, justement, Viet Thanh Nguyen. Dans sa vie comme dans son livre, tout commence en 1975. Il a quatre ans. Avec la chute de Saïgon, c'est la fin de la guerre du Vietnam. Ses parents fuient et, comme des centaines de milliers de Vietnamiens, se réfugient aux Etats-Unis, où ils réussiront à reconstruire leur vie. Sous le regard fuyant ou condescendant de l'Américain blanc moyen, l'Américain Viet Thanh Nguyen prend conscience de l'ambiguïté de son identité. Il constate aussi que sa nationalité d'origine ravive la mémoire d'une défaite américaine cuisante et d'une guerre jugée aujourd'hui infamante.



C'est pour exorciser ce sentiment perçu comme une injustice, qu'il écrit le sympathisant, l'histoire fictive d'un homme qui aurait pu connaître le même exode que ses parents. Cet homme, dont la double identité est poussée jusqu'à l'absurde, se voit comme un bâtard. Les autres aussi le voient comme tel. Né de la séduction scandaleuse d'une très jeune fille vietnamienne par un prêtre français installé en Indochine, sa peau n'est ni jaune ni blanche… à moins qu'elle soit à la fois jaune et blanche. Sa culture est à la fois orientale et occidentale… à moins qu'elle ne soit ni l'une ni l'autre.



En fait, l'esprit de cet homme est double, ce qui lui permet de voir les problèmes des deux côtés. Dans sa longue confession, dont on ne connaîtra le contexte qu'à la fin, c'est en toute logique qu'officier américain au Sud-Vietnam, puis membre d'une diaspora revancharde exilée en Californie, il assume ses agissements d'agent double au profit de l'ennemi affiché. Voilà un sympathisant communiste qui consomme avec opportunisme et délectation l'american way of life. Appelons les choses par leur nom : un traitre qui ne recule devant rien, pas même le meurtre, sans que sa conscience en soit profondément perturbée... Mais on peut changer, tant qu'on reste vivant !



Le livre est une critique féroce d'une société américaine, dont les archétypes amènent les minorités ethniques à se sentir inférieures, tout intégrées qu'elles soient sur les plans intellectuel et économique. Sous la forme d'un épisode aux Philippines, il lance un violent coup de gueule à l'encontre d'Apocalypse Now, ce film halluciné des années soixante-dix, proclamant avec tambours, trompettes et napalm, que le destin des combattants américains est la gloire, les Vietnamiens n'étant voués qu'au silence et à la mort.



Mais malgré toutes ses carences, l'Amérique n'est pas pour autant l'enfer. L'enfer, selon l'auteur et, finalement, son personnage du roman, ce serait plutôt le monde communiste et ses pratiques de « rééducation » normalisatrice. Tout sympathisants qu'ils soient, leur esprit double comprend qu'une révolution menée au nom du principe que rien n'est plus important que l'indépendance et la liberté, conduit à une société policière où indépendance et liberté valent moins que rien. Car les révolutionnaires d'aujourd'hui sont les impérialistes de demain.



L'écriture, complexe et envoûtante, mêle narrations et dialogues sans ponctuation spécifique, tout en enchevêtrant les faits vécus par le narrateur avec ses souvenirs, ses réflexions et ses rêveries. Un ton très libre d'humour et d'autodérision. Très peu de noms. On ne connaît pas celui du narrateur, pas plus que ceux de la plupart des personnages, notamment des militaires : on a ainsi l'adjudant glouton, le lieutenant insensible, l'opérateur radio maigrichon, l'infirmier philosophe et d'autres. Sans oublier les Marines mat, plus mat et très mat, trois GI qui sont restés au Vietnam, et dont le soleil a tanné la peau à des degrés différents.



Un roman puissant et profond, associant recherches historiques, méditations politiques, études ethnologiques et profilages psychologiques, pour une lecture qui laisse leur part à l'émotion et au burlesque.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Le Sympathisant

Ce roman m'arrive tout auréolé de ses deux prix incitant de ce fait ma curiosité. Je remercie au passage Babelio et les éditions Belfond de m'avoir donné l'occasion de lire ce roman que je n'aurai pas forcément découvert de moi-même.



Selon un proverbe chinois, les vainqueurs sont rois, les vaincus brigands. L'Histoire est écrite par les vainqueurs. Or, voici que ce roman au souffle puissant nous donne à entendre la voix des vaincus. Mais pas vraiment, mais pas seulement.



En effet, si le narrateur dont on ne saura jamais le nom au long des plus de 400 pages du roman semble être du côté des vaincus du Sud Vietnam dont il partage le sort et la condition de réfugié aux Etats-Unis, il est en fait une taupe communiste infiltrée parmi les Sud Vietnamiens. Cette identité double reflète le maître mot de ce magnifique roman que j'ai lu d'une seule traite : l'ambivalence.

Le narrateur est qualifié de bâtard, né d'un père français et d'une mère vietnamienne, partagé entre deux appartenances, n'appartenant à aucun sang. Il a fait ses études aux Etats-Unis et possède une vaste culture occidentale mais des souvenirs de coutumes et de comportement orientaux. Il se convertit aux idéaux communistes des gens du Nord à l'orée de l'âge adulte mais partage et comprend les aléas de la vie des Saïgonnais. C'est un espion communiste mais aide à torturer les sympathisants vietcong capturés.



Le roman oscille ainsi entre deux points de vue, deux tendances, comme le style de l'auteur qui passe d'une réflexion philosophique sur l'exil à des considérations tout à fait terre-à-terre, d'une ironie décapante à une tendresse désabusée envers certains de ses personnages, d'une scène d'une intense poésie à l'action la plus violente et la plus répugnante qui soit (les scènes de torture physique et morale sont quasiment insoutenables).

Ce roman est réellement le fruit d'un métissage réussi, d'une compréhension aiguë des Américains, de leur mode de vie à leur politique mais également de la façon de penser des Vietnamiens, de leur âme même. Aucun des deux camps ne sort grandi de cette fresque historique. Au contraire, on reste avec le sentiment d'un immense gâchis, de gens manipulés par plus puissants et plus cyniques, qui s'accrochent à un rêve, celui d'un pays souverain et démocratique digne d'un peuple né d'un dragon et d'une fée, de la légende et de l'imaginaire.



J'avoue ne pas mettre attachée aux personnages, trop plein de vice et d'ombre pour être aimables mais j'ai cru en eux, en l'épaisseur que leur a donné l'auteur. Je me suis laissée emporter par l'évocation tragique et amère des derniers jours de la République du Sud Vietnam, par le désarroi des immigrants fraîchement arrivés dans un pays inconnu, le déclassement et la misère...bref j'ai pu

comprendre la vie de cette communauté particulière.



L'auteur a le sens de la formule, de la phrase qui commence par dire une chose et finit par dire tout autre chose. J'en profite pour saluer le travail remarquable du traducteur car son travail rend justice à l'oeuvre.



En résumé, un roman d'une grande richesse militante, maîtrisé de bout en bout et qui permet de replonger dans une des pages les plus chaotiques de l'Histoire de l'Extrême-Orient.
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Le Sympathisant

Le Sympathisant nous plonge dès la première phrase dans l'ambiance ; avec un incipit qui sonne comme une confession, nous savons d'emblée à quel type de héros nous avons affaire : « Je suis un espion, une taupe, un agent secret, un homme au visage double ». En fait, tout le livre, et c'est un choix narratif original, est au sens propre une confession.



Ces premiers mots renvoient bien sûr aux maîtres du genre. On pense à Graham Greene (L'Agent secret, Un américain bien tranquille) et à John le Carré (La Taupe). Il est d'ailleurs fait référence dans le livre, comme par un effet de miroir, à Un Américain bien tranquille et à son personnage Alden Pyle (page 136). Logique, nous sommes à Saïgon. le narrateur, dont on ne connaîtra jamais le nom, a écrit un mémoire sur le livre de Graham Greene. Mais ici, le narrateur à la double face ne peut se contenter du côté Pyle… car il est plutôt de l'autre bord !



Le Sympathisant est un agent communiste infiltré qui roule en réalité pour le Viêt-Cong, et qui, après une première période aux côtés des Français d'Indochine, dont nous retiendrons du récit quelques madeleines de Proust bien croustillantes (les biscuits Petit Ecolier), aura passé presque toute sa vie aux côtés des Américains, en adoptant « l'American way of life » pour mieux se fondre dans le décor et mieux observer ses ennemis.



Cette position l'amène à tout moment à devoir trancher des choix cornéliens intenables. Si les situations sont prises au début avec cocasserie et humour par le narrateur (avec un rire que l'on peut toutefois qualifier de « jaune »), le ton général ne tarde pas à plonger dans la désillusion, l'amertume et la noirceur.



Le héros cornélien peut s'aventurer sur le terrain de la tragédie grecque, une sorte de voyage au bout de l'Enfer personnel. Car contrairement aux apparences, on est plus ici chez Cimino que chez Coppola. Notre homme dont on ne connaît pas le nom a fait un pacte avec ses deux amis d'enfance, Bon et Man. Un pacte du genre : on se mélange nos sangs et on devient des frères à vie, ce qui va quand même un peu plus loin que la simple fanfaronnade du juré craché par terre. Or, Bon deviendra le bon soldat du Sud-Vietnam, anticommuniste, assassin sans sourciller des basses oeuvres de l'armée en exil, un peu bourrin mais pour la bonne cause. Man lui, deviendra l'officier traitant du narrateur, resté au pays, anticapitaliste et commissaire politique de l'autre bonne cause. Trois frères, deux camps, un frère dans chaque camp et le troisième au milieu. le narrateur, le traître quoi qu'il puisse arriver, devra choisir. Ou pas. le drame peut donc se jouer.



L'effet cornélien est renforcé par le choix de personnages archétypaux, dont on ne connaît jamais les noms. Ce procédé donne un côté allégorique et théâtral à la tragédie. Certains des personnages (mais pas tous) sont nommés par leur rôle : le général, Madame (la femme du général en question), L'adjudant glouton, le congressman, L'Auteur, le Comédien, etc. Dans cette tragédie, les personnages, tout comme le narrateur, avancent masqués.



Un épisode du roman évoque le tournage mouvementé du film Apocalypse Now de Francis Ford Coppola. L'auteur (avec un a minuscule) ne s'en cache pas, et cite dans sa postface sa source d'inspiration. L'American way of life montre alors un visage plus cynique et beaucoup moins souriant.



Mais le pire reste à venir, avec la confession d'un souvenir occulté, l'aveu des méthodes de torture de la CIA, à la guerre comme à la guerre, c'était pour la bonne cause n'est-ce pas mon général ?



Quant aux camps de rééducation de l'autre bonne cause, auxquels le narrateur, le « sympathisant », sera confronté tout en restant fidèle jusqu'au bout à ses convictions, ils montrent in fine comment se terminent généralement toutes les idéologies révolutionnaires.



Je m'interroge sur la phrase de Man, le commissaire politique, qui écrit à son agent de terrain dans une correspondance cryptée : « Ne reviens pas. On a besoin de toi en Amérique, pas ici. C'est un ordre. » A posteriori, cela ressemble plus à une mise en garde qu'à un ordre de mission secrète, cela sonne comme une mise à l'abri de son frère de sang, comme l'aveu d'un mauvais choix idéologique et d'une cause qui tourne mal.



Presque tous les personnages du roman, sympathiques et pleins de bonnes intentions au départ, se révèlent être les bourreaux ou les victimes d'un système, guidés par leur aveuglement idéologique. le sympathisant est un livre étonnamment ambitieux pour un premier roman, qui donne à réfléchir, mais qui en n'adoptant aucun autre point de vue que celui de son narrateur au double visage, brouille les pistes et reste finalement assez ambigu dans son éventuel message.



Pour terminer, je remercie comme il se doit l'éditeur Belfond et Babelio de m'avoir fait découvrir ce premier roman d'un écrivain prometteur qui possède déjà à son palmarès le Prix Pulitzer fiction 2016.
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Le Sympathisant

Je sens que mon commentaire ne sera pas apprécié, mais pas grave je vais quand même l'écrire.



Je ne me suis ennuyer ferme, pourtant je ne lis que des éloges sur ce roman, comment se fait il que je me soit ennuyer au point de ne pas le finir ?

j'ai trouver l'écriture tellement redondante dès les premières pages, j'ai insisté et re insisté, encore et encore depuis plusieurs jours mais à la moitié j'ai abandonné car je le lisais de plus en plus en diagonale.

La magie devrais opérée ici vu les bonnes critique, personnellement non, cela ne fonctionne pas.



Je remercie tout de même très sincèrement babelio et Belfond pour l'envoie du livre qui m'a tout de même fait très plaisir, je suis désolé de ne pas l'avoir apprécier à sa juste valeur.
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Le Sympathisant

Ce roman est la confession d’un homme à un commandant non identifié. L’homme est gardé dans une cellule d’isolement et le commandant n’intervient jamais, sauf dans la dernière partie du récit. On apprend au bout d’un moment qu’il s’agit d’une confession écrite. Le narrateur, dont on ne saura jamais le nom, se définit comme une taupe, un espion. En effet, pendant 5 ans, il a été aide de camp infiltré auprès d’un général, chef de la police secrète à Saïgon alors qu’il soutient les révolutionnaires du Nord Vietnam.



Le narrateur est un jeune homme célibataire né en 1945, qui subit ce qu’il considère comme une double peine car il est à la fois né hors mariage et né d’un père étranger. Il a souvent été traité de bâtard et de métis (Amérasien). A 14 ans, il s’est choisi lors d’un pacte de sang, deux frères de sang, Bon et Man, qui ont chacun pris des chemins politiques différents. Man est révolutionnaire et Bon n’a pour seul objectif que de tuer des communistes suite aux drames qu’il a vécus.



Le récit de l’agent double commence en avril 75 quand il doit évacuer Saïgon lors de la chute (ou de la libération suivant le camp dans lequel on se trouve) de la ville et le départ des Américains. Le départ du Vietnam se déroule dans des conditions dramatiques, l’auteur retranscrit parfaitement l’atmosphère de panique et de pagaille le jour de la débâcle. Les évacués survivants se retrouvent réfugiés aux États-Unis, dispersés aux quatre coins du pays.

Réfugié quant à lui à Los Angeles, l’agent double accepte également une mission de consultant technique sur un film tourné aux Philippines car il veut faire évoluer l’image des Asiatiques dans le cinéma.



L’auteur glisse tout au long de son récit de multiples exemples qui définissent la psychologie et la culture orientales : la corruption qui sévit partout, le goût du complot, la pratique du marchandage, la perception des femmes par leur mari comme de charmants lotus, l’importance des poètes, la pratique des châtiments corporels à l’école et en famille… Il se pose comme ethnologue des Asiatiques mais aussi des Américains avec un regard plein de mordant sur le rêve américain, et relève les différentes façons qu’ont les Américains d’exprimer leur mépris culturel envers les Asiatiques. Il interroge la question de la culture au travers des propos de son amie japonaise rencontrée en Californie "Est-ce qu’on demandait à Kennedy s’il parlait le gaélique, s’il avait visité Dublin ? Alors pourquoi sommes-nous censés ne pas oublier notre culture ? Est-ce que ma culture n’est pas ici, puisque je suis née ici ?" Le narrateur est très sensible à la condescendance qu’il perçoit chez les Américains, il sent qu’ils lui renvoient son infériorité à cause de ses origines, sa sensibilité ethnique est touchée.



L’auteur explore également de nombreux types de dualités dans ce récit sur un agent double, c’est une sorte de fil rouge de ce roman. Il s’agit de la double identité, du double langage, de l’ambivalence des sentiments car l’agent double éprouve de l’affection pour le général qu’il trahit. Le narrateur se définit comme un homme à deux cerveaux, qui a la capacité de voir n’importe quel problème des deux côtés « Rappelle-toi, tu n’es pas une moitié de quoi que ce soit, tu as tout en double ! » lui disait sa mère.



Il n’est absolument pas difficile de s’y retrouver entre les différents personnages du récit car si le nom du narrateur n’est jamais donné, il en est de même pour la plupart des autres personnages qui sont nommés selon leurs caractéristiques physiques ou comportementales « le capitaine grisonnant », « le mitrailleur costaud », « le lieutenant insensible », « le gardien sans visage » ce qui nous évite de nous perdre parmi de multiples noms à consonances étrangères. Le récit est chronologique mais truffé de digressions toujours habilement introduites et jamais lassantes. Il nous parle d’identité, d’amitié, de trahison, de culpabilité, de nostalgie du pays et des difficultés de l’exil. « Pour un être humain, la plus grande souffrance est de perdre son pays. »



J’ai trouvé que l’auteur nous faisait parfaitement rentrer dans la peau d’un agent double qui doit toujours porter un masque, qui doit toujours jouer un personnage et rester indéchiffrable. J’ai été captivée de suite par l’histoire, les personnages, le contexte historique et j’ai trouvé la dernière partie qui met en scène la rééducation par la torture absolument magistrale. J’ai trouvé le personnage principal très attachant, il m’a touchée dans son besoin d’être aimé, de vouloir parfois ôter son masque. J’ai été émue par les visions des fantômes qui le hantent.

C’est un texte fort, engagé et réaliste. Même si j’ai, à certains moments, trouvé cette lecture assez exigeante, elle est restée passionnante du début à la fin. Ce roman, premier roman de Viet Thanh Nguyen, a reçu le prix Pulitzer 2016.
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Le Sympathisant

Je suis bien ennuyée pour cette chronique car je constate que les critiques sont toutes enchanteresses pour ce livre. Et je dois dire que, personnellement, je n'ai pas aimé. Enfin, ce n'est pas que je n'ai pas aimé, c'est le style de l'écriture qui m'a déplu et m'a rendu la lecture fastidieuse.

Nous entrons de plein pied dans le conflit qui a secoué le Vietnam et nous y entrons de façon originale. Nous découvrons cette page d’histoire à travers la confession d’une taupe, d’un espion, d’un être jouant double jeu. Il veut sauver sa peau alors il crache le morceau, pour parler crûment. Et il raconte, raconte… tout, sans état d’âme. La fuite avec sa sélection de ceux qui peuvent vivre et les autres ; l’intégration au sein de la société américaine, le sacrifice d’un homme pour sauver sa peau, l’amour…

Il n’y a aucune ambigüité sur le narrateur, même s’il reste anonyme tout au long du livre. Dès la première phrase, il se présente comme « un espion, une taupe, un agent secret, un homme au double visage ». Pourquoi, parce qu’il est un bâtard issu de l’amour fugace d’une mère vietnamienne et d’un père curé français. Donc pas tout à fait vietnamien lui-même, pas tout à fait français, bref notre narrateur se sent apatride et ne doit rien à personne. De ce fait, il plonge avec délice dans une double vie d’agent secret. Capitaine de la police secrète, il dit oui d’un côté pour mieux dénoncer de l’autre. Aux premières loges de tout évènement, c’est un témoin précieux de cette page historique. Pro américain à certains moments et anti américain à d’autres, il profite des différents systèmes qui s’offrent à lui. Ne voyant que son profit, il n’hésite pas à sacrifier des innocents pour conserver sa vie.

Bref, un récit complet, fascinant, instructif.

Mais... car plus haut, j'ai dit que je n'avais pas "aimé". C'est un récit à une voix puisque c'est la confession de notre sympathisant. Qui dit récit à une voix, dit récit terne, monocorde, monotone… Bref, tout est écrit sur le même ton. Et là, ça casse le plaisir de lecture, enfin pour moi. J’aime avoir des dialogues, des changements de ton, un rythme qui s’accélère ou au contraire qui ralenti pour mieux nous faire ressentir les tensions. Là, rien. Le narrateur est devant sa feuille blanche et plonge dans ses souvenirs.

Cela reste néanmoins un témoignage intéressant et une bonne lecture.
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Le Sympathisant





Le narrateur, écrit ses confessions , dans un lieu que l'on imagine être plus ou moins une prison et précise d'emblée qu'il est un espion .



Nous sommes dans le cadre de la fin de la guerre du Vietnam. Le sud a perdu, les Américains remballent et rentrent chez eux , entraînant une poignée de Vietnamiens qui échapperont ainsi à une mort quasi certaine. Le narrateur fait partie de ceux là .



Une fois aux USA, ces exilés doivent redonner du sens à leur vie, difficile quand on passe du haut au bas de l'échelle sociale, difficile quand on fait partie des perdants d'une guerre... Néanmoins les Vietnamiens exilés s'organisent et rêvent même de revanche, de retour au pays en grands vainqueurs... Le narrateur, qui maintient toujours un lien avec les communistes à travers un de ses amis de jeunesse, envoie régulièrement des informations sur les projets de rébellion des expatriés. En parallèle, il doit soutenir le Général, son supérieur et lui prouver son attachement à la juste cause de la reconquête du pays, en organisant quelques meurtres d'hommes estimés comme traitres ou dangereux.



Le projet d'un reprise du pays s'affirme et une poignée d'hommes est envoyée en reconnaissance via la Thaïlande. Le narrateur est un élément de cette équipe ...



L'auteur de cette confession, se situant comme espion , il peut donner un double éclairage à cette guerre, côté Nord, côté Sud, de même il peut se situer sur le versant américain et vietnamien, connaissant les deux cultures. Le tout fait que ce roman n'a rien de manichéen et ne se limite pas à l'opposition des "bons" et des "méchants".



L'évolution du héros , au fur et à mesure de sa confession,la fragile flamme d'humanité qu'il cherche à garder au long de ces moments complexes et effrayants, est partie prenante de la tension que l'on ressent tout au long du roman et qui ne limite pas celui-ci à un roman de guerre, il est plus que cela.



C'est un roman très prenant , riche et complexe qui "travaille" encore après qu'on l'ait fermé !



Mes remerciements à Babelio et les éditions Belfond qui m'ont permis de découvrir ce texte .
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Le Sympathisant

Je remercie l’opération Masse critique de Babelio et les éditions Belfond pour m’avoir fait découvrir ce roman vers lequel je ne serais pas forcément allé spontanément. En effet, l’espionnage ou la guerre ne sont pas mes thèmes de prédilection. Malgré tout, j’ai beaucoup aimé ce livre …alors pourquoi ? Et bien, parce que si la guerre et l’espionnage sont bien des éléments capitaux du roman, l’essentiel est dans la psychologie, les sentiments, la culture et l’humanité.

C’est un récit intense, dense, profond et très bien écrit : l’auteur a ce qu’on appelle « le sens de la formule » et de nombreuses phrases sont percutantes et / ou drôles ! Il manie avec beaucoup d’habileté l’ironie et le second degré.

Il s’agit de la confession d’un agent double, alors qu’il est détenu par les communistes : double origine et culture d’abord puisqu’il est né d’un père français qu’il a très peu connu et d’une mère vietnamienne, il est donc toujours considéré comme étranger : oriental chez les Américains, occidental chez les vietnamiens. Il décrit très bien cette impression de ne jamais vraiment se sentir « chez soi », de n’être accepté nulle part, les différences culturelles incompatibles. Il est né au Vietnam mais a fait des études supérieures aux Etats-Unis. Officiellement capitaine et assistant d’un général de l’armée du Sud-Vietnam, il est en fait un agent au service des communistes. Sa particularité est de toujours réussir à analyser les situations de différents points de vue. Il raconte la chute de Saïgon, sa fuite vers les Etats-Unis, les difficultés rencontrées par les réfugiés, leur progressive intégration et sa résistance : il transmet des informations codées pour prévenir des organisations qui se mettent en place pour essayer de revenir se venger et stopper la révolution communiste au Vietnam.

Au final, j’ai beaucoup aimé ce roman, plus que ce que j’imaginais au départ. J’ai beaucoup apprécié le style percutant et imagé de l’auteur, ses traits d’humour, son analyse de l’ambiguïté des sentiments et des engagements quand ils s’opposent les uns aux autres, les conflits de loyauté auxquels il est confronté, la force des engagements et des convictions. J’ai aussi beaucoup appris sur la guerre du Vietnam, ses causes et conséquences, ses enjeux ! Je conseille donc à tous de se lancer dans la lecture de ce grand roman ! C’est intelligent, profond et drôle.

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Le Sympathisant

SYMPATHISANT : n. m. : personne qui approuve les idées et les actions d'un parti sans y adhérer.



Le narrateur est une taupe, un animal clandestin embarqué dans un camp qui n'est pas le sien. Pourquoi une taupe ? Il faudrait rechercher l'étymologie spécifique de celui qui se fait passé pour ce qu'il n'est pas pour pouvoir vivre sereinement auprès du camp qu'il combat. C'est là toute l'ambiguïté du roman. Viet Thanh Nguyen a inventé un narrateur omniscient - puisque informé par les deux camps - tout à fait conscient de son impuissance - puisque obligé à agir dans l'ombre et rarement directement.



"Je suis un espion, une taupe, un agent secret, un homme au visage double. Sans surprise, peut-être, je suis aussi un homme à l'esprit double. Bien que certains m'aient traité de la sorte, je n'ai rien d'un mutant incompris, sortie d'une bande dessinée ou d'un film d'horreur. Simplement, je suis capable de voir n'importe quel problème des deux côtés".

Ainsi s'ouvre le Sympathisant, par des mots dont la limpidité cachent autant qu'ils ne livrent. Le narrateur dont nous ne connaîtront jamais l'identité est un bâtard, le fruit de l'amour irrespectueux d'une Vietnamienne et d'un curé français. Il espion du Nord auprès des américanophiles du Sud, capitaine de la police secrète. L'idée de Viet Thanh Nguyen est intéressante, jouer sur le double langage, la double culture, la bâtardise qui guette chacun de nous, cette peur de tout perdre des deux côtés que l'on se penche. Il cherche à être le plus précis tout en oubliant le flou de façon tout à fait consciente. Viet Thanh Nguyen a les idées claires, ne dit-il pas : " en tant que non-Blanc, il savait, comme moi, qu'il fallait être patient avec les Blancs, lesquels étaient facilement effrayés par les non-Blancs. Même avec les Blancs progressistes, on pouvait aller trop loin ; avec les Blancs moyens, on ne pouvait aller à peu près nulle part."

Difficile de se remettre d'une telle sentence. Comment prendre ce roman ? Il y a de multiples manières. En tant que Blanc, non-Blanc, Occidental, Oriental ? le narrateur est un bâtard mais si les deux camps marquent le même irrespect à son égard, il se revendique comme non-Blanc. Implicitement, alors mêmes les bâtards sont dans la bonnes catégories, non ?



La bonne idée de Viet Thanh Nguyen est alors une idée follement dangereuse. Sous couvert d'une prose aussi limpide qu'elle tend à éviter toute nuance, le roman cherche alors à racheter aux yeux occidentaux un mal qu'ils auraient TOUS commis envers le Vietnam. Eh oui, ici aussi le bien et le mal s'affrontent puisque nous l'avons compris, seule la double culture du narrateur lui confère l'omniscience. Pour tous les autre c'est l'enfer : une seule vision pour eux, un seul paradis, un seul bonheur. le Sympathisant, c'est notre mea culpa, le roman que l'on autorise et qui nous ridiculise - il n'y a pas d'autre mot - en bloc.



Au delà de cette critique, quel bonheur de lecture ! La prose est tout à fait réjouissante, pleine de métaphores, emplie de liberté de ton et d'un humour percutant. Les pages consacrés à Apocalypse Now, si elles confèrent là aussi au ridicule en finissant par honorer l'oeuvre, sont vraiment réussies. Elles marquent un tournant notable dans le roman en instillant un peu de drame, ce dernier étrangement absent depuis la scène inaugurale de toute beauté : la chute de Saïgon.



Même si je ne partage pas l'ambition de l'auteur et si je me trompe quant à sa vision des choses, le Sympathisant est un moment rare de lecture. Pour moi il est sujet à débat, on ne peut pas tout en aimer. Cette façon un peu facile de limiter les protagonistes et de les faire se rencontrer aux moments opportuns est un réflexe un peu simpliste, cinématographique. C'est d'ailleurs la belle ironie du roman. Il étrille Apocalypse Now et sa vision on ne peut plus caricaturale du peuple vietnamien et propose en contre-pied une intrigue dans laquelle Hollywood s'engouffrerait sans en changer un seul signe. La pierre de rosette permettait une traduction en trois langues, le Sympathisant offre une solide seconde version du mythe vietnamien, le roman rassembleur n'a pas encore été écrit.



(merci à Belfond et Balelio pour l'envoi)
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Le Sympathisant

Avant de me lancer dans la critique proprement dire de ce livre, je remercie encore Babelio et les Editions Belfond pour l'envoi de ce " sympathisant ".

C'est une plongée dans un épisode douloureux du passé que nous fait faire Viet Thanh Nguyen. La guerre du Vietnam, qui n'a pas fini de faire couler de l'encre et d’être à l'origine de certains grands succès cinématographiques est au centre de ce livre.

Pour une fois, le narrateur n'est pas un ancien soldat américain, mais un vietnamien. Cet homme, dont nous ne saurons jamais le nom est déchiré par son ambivalence. Il est métis ( et il précise bien en plus affublé du statut de bâtard ), officiellement d'appartenance politique sud vietnamienne , mais en réalité communiste.

Il débute son histoire en racontant la chute de Saïgon et la fuite de certains réfugiés aux États Unis. Le narrateur va évoquer de manière fort pertinente les difficultés d’intégration de ces " migrants".

L'histoire se lit avec beaucoup d’intérêt, on a envie de savoir ce qui va se passer pour le narrateur qui essaye de poursuivre ses idéaux et aussi sa mission. En effet, il est une taupe au service de l'armée nord vietnamienne.

La lecture de cette histoire m'a renvoyée à certains films qui parlent de cette époque et qui m'avaient beaucoup marquée. Apocalypse Now évidemment ( l'auteur cite d'ailleurs Coppola à la fin de son livre ), mais aussi Platoon et surtout La déchirure ( oui, je sais, l'histoire ne se déroule pas au Vietnam, mais au Cambodge...)

Une plongée dans une époque pas si lointaine que ça et on n'a pas toujours pas fini avec les boat-people, même s'ils ne viennent plus du même endroit...
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Le Sympathisant

L’écrivain et universitaire est un réfugié. Enfant, il a fui la guerre du Vietnam pour les Etats-Unis. « Le Sympathisant », son premier roman, est l’anti-« Apocalypse Now ».
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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Le Sympathisant

Quel livre ! Quel choc !



Un très grand merci à Babelio et aux Editions Belfond pour m'avoir permis de lire ce livre. Et surtout, un énorme merci à Viet Thanh Nguyen de l'avoir écrit.



Quel livre ! Oui, je l'ai déjà écrit, mais cette répétition est volontaire. La quatrième de couverture parle de "révélation littéraire de l'année", ce n'est pas exagéré.



Un capitaine, fils d'une très jeune fille et d'un curé français, espion, raconte son histoire à partir de la chute de Saigon. En disant ça, je ne déflore pas le sujet, car j'en dis à peine moins que la première phrase de l’œuvre. Nous voilà entrainés dans une histoire mouvementée et extraordinaire, entre l'Asie et l'Amérique.



C'est fort, intense, sans concession. Le mode d'écriture fait parfois perdre un certain dynamisme à l'histoire, mais c'est pour mieux replonger dans les tourments du capitaine.



J'avoue ne pas avoir une grande expérience du ou des prix Pulitzer mais s'ils sont tous du même tonneau, il faut s'y précipiter de toute urgence. C'est d'une force et d'une richesse extraordinaires.



Je pense que c'est le livre pour lequel j'ai fait le plus de citations, plus ou moins longues, mais je ne me suis pas forcé car il y a tant de courts extraits que j'aurais aimé faire partager aux collègues de Babelio.
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Le Sympathisant

Zut, me direz-vous, encore un roman sur le Vietnam ! En effet... Sauf que celui-ci ne ressemble pas tout à fait aux autres.

Écrit par un Américain d'origine vietnamienne, il raconte l'histoire des véritables perdants, ces Sud-Vietnamiens qui ont dû fuir leur pays sur des rafiots surpeuplés pour se soustraire aux déportations, aux équipes de déminage et à la rééducation forcée à laquelle voulaient les soumettre « pour leur bien » leurs gentils frères du nord. Un sauve qui peut tragique qui a conduit les plus chanceux d'entre eux jusqu'aux rivages de l'Amérique des années soixante-dix, une Amérique raciste, traumatisée par son échec et peu encline à faire une place à cette nouvelle minorité.

Toute l'histoire du Sympathisant est racontée par un narrateur anonyme, individu pas toujours fréquentable, que traversent la plupart des lignes de faille de la société vietnamienne : catholique, dans un monde majoritairement bouddhiste, marxiste, mais fasciné par le mode de vie et la culture occidentales, il est un espion communiste infiltré dans les rangs de l'armée capitaliste ; mais surtout, pour ses compatriotes, ce n'est qu'un « bâtard », né de mère vietnamienne et de père français : cette faute originelle lui est constamment reprochée et l'empêche de s'insérer dans quelque milieu que ce soit.

En résultera une personnalité complexe et douloureuse, jusqu'à la transformation finale du personnage, dont je ne dirai rien pour ne pas déflorer une intrigue extrêmement soignée.

Le Sympathisant, de Viet Thanh Nguyen, est un roman puissant, qui traite de la condition de l'exilé, et de la difficulté que celui-ci éprouve à se reconstruire une fois qu'il a coupé les ponts avec sa terre natale.

C'est aussi le livre des grandes amitiés et des idéaux défigurés, à l'image du visage d'un des amis du narrateur, calciné par le napalm (on songe à Dorian Gray).

C'est enfin à une satire férocement drôle de l'Amérique et de l'american way of life que se livre ce Persan d'Extrême-Orient, qui écrit régulièrement des lettres chiffrées à une mystérieuse parente :

« Oh, le nuoc-mâm ! Comme il nous manquait, chère tante, comme plus rien n'avait de goût sans lui, comme nous regrettions ce « grand cru » de l'île de Phu Quoc, avec ses cuves remplies des meilleures anchois pressés ! Les étrangers aimaient dénigrer ce condiment liquide et âcre, à la couleur sépia très foncée, pour son odeur supposément atroce, ce qui donnait un autre sens à l'expression : «  Ça ne sent pas bon ici », car c'est nous qui ne sentions pas bon. De même que les paysans de Transylvanie arboraient des gousses d'ail pour repousser les vampires, nous nous servions du nuoc-mâm pour tracer une frontière avec ces Occidentaux incapables de comprendre que ce qui ne sentait vraiment pas bon, c'était l'odeur nauséabonde du fromage. Qu'était le poisson fermenté comparé au lait caillé ? »

En dépit de quelques longueurs dans sa partie centrale (largement compensées par un "finale" digne du 1984 d'Orwell), le Sympathisant est une fresque superbement écrite et qui ne laissera personne indifférent.



Un grand merci aux Éditions Belfond et à Babelio pour cette excellente lecture.
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Le Sympathisant

Je suis un espion, une taupe, un agent secret, un homme au visage double. Sans surprise, peut-être, je suis aussi un homme à l’esprit double.



Avec ces mots, Viet Thanh Nguyen commence son roman. Deux phrases qui jettent les bases de ce qui se révélera être l’un des principaux thèmes de celui-ci, le conflit intérieur du narrateur.



Le Sympathisant nous parle de la guerre du Vietnam et de ses conséquences, de loyauté, d’identité, et de difficulté à s’adapter à une nouvelle culture et à une réalité.

Né au Vietnam en 1971, l’auteur fuit le pays avec toute sa famille après la chute de Saigon, et rejoint les États-Unis en cargo, comme des milliers de boat people.

Il est très intéressant d’avoir cette vision, ce témoignage du point de vue des Vietnamiens, et bien comprendre les intentions innocentes et idéalisées avec lesquelles les Américains sont entrés dans cette guerre, de même que leurs difficultés à admettre leurs erreurs, leur mauvaise gestion du conflit.



La première partie du roman, concernant la chute de Saigon et la fuite des Américains et des futurs expatriés, est assez prenante. On plonge sans peine dans ce chaos si bien décrit par l’auteur. Ajoutez à cela quelques séquences d’archives visionnées sur YouTube, et vous pouvez imaginer facilement le chaos, le sauve-qui-peut général où chacun, du général à la prostituée, essaie de faire valoir son ayant-droit, son laissez-passer pour fuir le pays.



La seconde partie, plus lente, manque cruellement de suspense et d’action pour réussir à maintenir toute mon attention. On y retrouve les principaux personnages, à Los Angeles, leur terre d’accueil.

Les exilés découvrent leur vie américaine, une vie où la plupart ont perdu tous leurs acquis sociaux et la reconnaissance dont il jouissait chez eux. Quant au personnage principal, il vit sa vie d’agent double, se fondant dans la masse pour passer inaperçu, et rendant compte à son supérieur au Vietnam de tout mouvement suspect ou idéologie de la part des réfugiés pouvant constituer un danger vis-à-vis du pouvoir communiste en place.

Mon manque d’intérêt atteint des sommets avec la réalisation d’un film en Thaïlande dans lequel notre espion est engagé comme consultant par le réalisateur.

Bien qu’étant à deux doigts d’arrêter cette lecture, l’écriture intelligente de l’auteur et cette envie de connaître la suite et la fin des aventures du narrateur me donnent le courage de continuer. Les derniers 20 % du livre sont franchement aussi bons que le début, mais constituent certainement la partie la plus perturbante de l’ouvrage.



La guerre du Vietnam constitue un événement marquant et sensible de l’histoire des États-Unis.

Quarante années ou deux générations plus tard, Viet Than Nguyen apporte une nouvelle approche de celle-ci et avec le recul actuel pose la question du sens de la révolution et de la guerre.

L’attribution du Prix Pulitzer 2016 à ce livre a suscité maints débats, principalement au sein de la société américaine. Le Sympathisant n’en reste pas moins une œuvre complexe, pas toujours facile à lire, mais avec des qualités littéraires indéniables.
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Le Sympathisant

1975. En pleine guerre du Vietnam, la ville de Saïgon est en proie aux assauts répétés des communistes. Dans ce chaos, un général et son capitaine doivent décider quels sont les personnes qui pourront accéder aux places limités dans les avions qui les mèneront vers les Etats-Unis, terre de paix. Ce que le général ignore, c’est que son capitaine est en réalité un agent double au service des communistes. Alors que leur vie tente de se reconstruire en Californie, le capitaine ne cesse de faire des rapports à son ami resté au Vietnam, tout en essayant de garder son identité secrète …



J’ai pu lire ce roman grâce au comité de lecture Cultura qui nous a permis (à un petit groupe de lecteur et moi-même) de découvrir certains romans de la rentrée littéraire afin de donner notre avis à leur sujet. Nous avions le choix sur une liste et pouvions choisir ceux que l’on voulait. J’ai donc jeté mon dévolu sur ce roman qui a reçu le prix Pullitzer 2016. L’idée d’un agent double métissé en pleine guerre du Vietnam m’a de suite interpellé et j’avais hâte de connaitre son histoire.



Nous suivons donc le héros, un jeune homme dont nous ne connaitrons jamais le nom. Agent double, il fuit le Vietnam avec ses compatriotes avec l’aide des américains avant de tenter de reconstruire sa vie sur ce continent. J’ai aimé l’idée de ce roman avec ce personnage qui, en plus d’être un espion au service de la révolution, est également un métis mi vietnamien, mi américain. Au fil de la lecture on se rend alors compte que la quête identitaire est un thème important du roman. En effet le héros ne cesse de décrire sa situation, son vécu pas toujours évident, sa difficulté à trouver sa place dans un monde où tout est compartimenté et dans lequel tout ce qui ne peut pas être mis dans une case est mis de côté. Ces épreuves et questionnements du personnage principal le rendent vraiment attachant, on compati à sa situation. Bien sûr le fait qu’il soit agent double complexifie encore sa personnalité et j’ai trouvé intéressant de découvrir toutes ses réflexions à propos de ce qu’il est, ce qu’il souhaite et sa façon de voir le monde.



L’histoire met également en avant la difficulté des expatriés vietnamiens à refaire leur vie aux Etats-Unis. Ces derniers se présentent comme des héros, des sauveurs qui, par le fait, garde une sorte de supériorité vis-à-vis des exilés. J’ai aimé ces passages qui nous font prendre conscience du comportement qu’ont pu avoir les occidentaux envers un peuple différent d’eux. Cette volonté de se montrer accueillant mais en gardant une certaine distance, ne voulant pas se mélanger à cette nouvelle population. Même si les vietnamiens sont reconnaissants et heureux d’avoir pu échapper aux communistes, ils ne se retrouvent pas dans cette nouvelle vie si éloignée de la leur en terme de vécu, métier, nourriture, bref de culture et ne souhaitent que retourner au pays. On ressent donc vraiment les différences entre les deux peuples.



Même si l’histoire est intéressante, ma lecture a été un peu laborieuse du fait de la structure du roman. Les paragraphes sont en effet assez conséquents et souvent les dialogues sont directement intégrés à la narration (pas de présence de tirets ou de guillemets). De ce fait, je ne savais pas toujours s’il s’agissait d’une discussion ou de réflexions des personnages. Je pense que ma lecture aurait été un peu plus agréable si le roman avait été un peu plus épuré.



Malgré cet aspect négatif, ce fut une belle lecture. Le talent d’écriture de l’auteur est indéniable avec beaucoup de phrases « critiques », pleines de bon sens et de réalité. Le genre de citations qui fait réfléchir et qu’on aime garder dans un petit carnet.
Lien : https://dreamingwithboooks.w..
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