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Critiques de Viet Thanh Nguyen (149)
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Jamais rien ne meurt

Nous ne la connaissons que de loin car elle n’a pas concerné notre patrie. Du moins, à part quelques brèves mentions, je n’ai pas souvenir de l’avoir étudié en Histoire. J’étais donc étonnée et très curieuse lorsque nos chemins se sont croisés lors de la masse critique Babelio. Et ne parlons pas de ma joie en apprenant quelques jours après que j’allais le recevoir...



Il m’intriguait, je peux maintenant le dire, avec raison. Ceci n’est pas un roman. Ceci n’est pas une nouvelle. Ceci est un essai. Mais pas n’importe quel essai. Il s’agit d’un essai assez exhaustif (selon moi) qui tente de nous exposer le points de vue des deux parties : les États Unis et le Vietnam.



Les faits sont relatés avec simplicité et partialité par l’auteur, qui n’hésite pas à documenter ses propos, à les illustrer par de nombreux exemples. Derrière cet essai se cache un travail de recherche et de réflexion remarquable qui nous pousse à réfléchir sur le devoir de mémoire.



Des questions, il s’en pose tout le long. De la guerre du Vietnam, oui il en parle. Et pourtant au delà de cette guerre, il nous amène à nous questionner. Car le devoir de mémoire : oui. Mais de quelle mémoire parle-t-on? Que choisissons-nous de retenir, et surtout, comment le transmettons-nous aux nouvelles générations?
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Jamais rien ne meurt

Je tiens tout d'abord à remercier Babelio ainsi que la maison d'éditions puisque j'ai reçu ce livre dans le cadre d'une masse critique.



Encore une fois, je sors dans ma zone de confort avec un essai. Encore une fois, je ne sais pas trop comment chroniquer ce genre de livres, mais encore une fois, j'ai été ravi de le lire.



Je fais partie de ces personnes qui n'ont jamais eu de cours sur 'la guerre de Vietnam', nous n'avons d'ailleurs jamais parlé de l'invasion des Français au Cambodge, etonnant, n'est-ce pas ? Mais bref. Le Vietnam est un pays qui m'interesse et je souhaiterais y vivre quelques mois, ou années dans le futur, alors je m'interesse à l'histoire du pays. Et je trouve que cet essai est un très bon condensé à propos de la guerre, des champs de bataille qu'il y a pu y avoir, non seulement pour le Vietnam, mais aussi pour le Cambodge et le Laos, et ses armées. On y traite aussi de la Corée du Sud, d'à quel point la décision qui a été prise pour la guerre du Vietnam a été importante et décisive pour leur développement et ce que ce pays est aujourd'hui. J'ai d'ailleurs adoré cette partie, je n'avais jamais réfléchi à tout ça, il y avait des informations que je n'avais même pas.



On y parle de la mémoire, est-ce qu'elle importe tant que ça, ou bien le contraire. Qui a le devoir de mémoire, quand, et pourquoi. A quel moment ça devient une pure publicité, à quel moment ça tourne à la superficialité grâce, ou plutôt à cause des Americains et de leur besoin de faire des films de guerre où ils sont les sauveurs, les gentils. D'ailleurs, personnellement je ne suis pas attiré par ce genre de films donc je n'avais absolument pas toutes les références qui sont dans le livre, même pas Apocalypse Now, oui peut-être suis-je inculte... Dans tous les cas, l'auteur nous 'spoil', si je peux dire', le film pour que nous puissions comprendre où il veut en venir, et fort heureusement d'ailleurs. Peut-être que je jetterais un coup d'oeil à ces fameux films pour me faire ma propre idée, même si après avoir lu ce bouquin, j'aurais peut-être une autre vision des choses que si je les avais vu sans connaître l'histoire de cette, ou plutôt de ces guerres. Il y a aussi un passage sur les jeux vidéos, et encore une fois, je suis une fan de jeux vidéos mais pas ceux concernant la guerre, alors je n'avais aucune idée du fait qu'un des Call Of se déroule au Vietnam. Je n'aurais jamais pensé apprendre ce type de choses en ouvrant ce bouquin, et pourtant...



Et puis, il y a la guerre. La vision de chaque armée, le fait que pour les Américains, ce soit quelque chose de jouïssif à regarder, puisque les images restent. Je ne mets pas tout le monde dans le même sac, tout comme l'auteur, il parle dans tous les cas du fait que nous ne pouvons être sûrs que les méchants aient été réellement méchants, et l'inverse pour les gentils, toute personne est à la fois humaine et porte un brin, ou plus, d'inhumanité en soi, mais c'est important de souligner que les Americains ne sont pas tout à fait les héros/sauveurs des films.



C'est une lecture très intense, surtout en ces temps difficiles. Et je dois bien l'avouer, j'ai eu du mal à débuter,à rentrer dedans correctement. Les chapitres sont longs, denses, mais on s'y fait, et j'ai dévoré le livre une fois lancée. Le début est juste long, je trouve qu'on ne voit pas très bien où on met les pieds, où l'auteur veut nous emmener, bien que savoir pourquoi cette guerre est appelée Guerre du Vietnam par certains, et Guerre Américaine par d'autres reste intéressant.



Je tiens aussi à souligner le fait qu'on parle de monuments réels, qui existent encore, qui sont à visiter bien qu'ils ont l'air compliqué à trouver. Je me suis fais une petite liste d'ailleurs.



Les photos dispercées dans le livre font parfois froid dans le dos, les oeuvres en particulier, mais rien n'est trop sanglant, c'est ce dont j'avais peur et.. ça va. Les descriptions sont parfois crues, mais vraies. Je suis quelqu'un de sensible, mais ce qui est choquant, c'est l'integralité de l'Histoire, et non les détails, bien qu'ils soient glaçants.



Il y a énormément de références, qui sont toutes à la fin du livre. Si vous les regardez toutes une par une, ça prends un temps fou alors je vous conseille de simplement les lire à la toute fin, je trouve cela plus agréable.



Un grand merco à l'auteur pour son travail, c'est un essai dense, encore une fois, mais important. Il y a d'ailleurs une partie littérature et je vais me noter les bouquins référencés pour plus tard. Je suis contente de sortir de plus en plus de ma zone de confort, contente que ce genre d'essais soit publié en France, aussi.



L'exercice de la note me paraît un peu deplacé lors des essais, encore plus pour celui ci. Mais j'ai beaucoup aimé apprendre tout ça et, encore une fois, je suis reconnaissante du travail de recherches de l'auteur.
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Jamais rien ne meurt

Après avoir découvert l’autrice Kim Thuy à l’automne dernier, j’ai eu envie d’en savoir plus sur cette guerre qui a forcé sa famille à fuir le Vietnam.



Cette guerre, appelée en France (comme aux Etats-Unis) « la guerre du Vietnam » et désignée au Vietnam comme « la guerre Américaine », se confond pour moi avec des références cinématographiques (américaines) telles que Forest Gump, Apocalypse Now, Good Morning Vietnam… Un imaginaire fait de « Napalm et de tropiques », peuplé de vétérans rongés par les cauchemars et les flash-backs et par les manifestations pacifistes de quelques hippies idéalistes.



« Jamais rien ne meurt » est un essai exigeant qui interroge cette guerre à travers le prisme de la construction de la mémoire collective. Né au Vietnam puis réfugié aux Etats-Unis, Viet Thanh Nguyen en fait également une quête d’identité qui ne peut se satisfaire d’une approche duale de la guerre et de son souvenir qui opposeraient les « bons » et les « méchants ».

Tout au long de cet ouvrage, dense mais passionnant, il analyse le processus industriel de création mémorielle en examinant par exemple des photos devenues célèbres, des cimetières militaires ou encore des monuments aux morts. Il étudie également le rôle de l’industrie du cinéma, laquelle représente un frein à la construction d’une mémoire éthique qui demanderait de se souvenir de la même façon de nos semblables et des autres comme autant d’humanités, mais surtout d’inhumanités mêlées.

A la lecture de cet essai, j’ai pris conscience que certaines constructions des « industries de la mémoire » pouvaient être très problématiques voire dangereuses.



Un grand merci à Babelio et aux Editions 10/18 pour cette découverte qui m’a donnée envie d’aller lire les autres œuvres de cet auteur, notamment son premier roman « Le Sympathisant », pour lequel il a reçu le prix Pullitzer en 2016.
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Le Dévoué

Après un séjour en centre de rééducation, Vo Dahn se retrouve à Paris, accompagné de son ami Bon et des deux fantômes omniprésents qui parasitent ses pensées. Il faut gagner son pain, et l’emploi quasi fictif dégotté auprès du boss n’est pas suffisant : c’est dans ce trafic de drogue que les deux hommes se lanceront, au risque de se retrouver au coeur de conflits de territoires hautement risqués ! Hébergé provisoirement par une égérie sulfureuse, Vo Danh tentera de peaufiner ses convictions politiques et philosophiques mises à mal par les aléas de ses pérégrinations.





C’est un Paris cosmopolite et politiquement incorrect, au coeur des années 80, qui se dessine à travers les aventures de celui qui se nomme lui-même le Bâtard fou. Beaucoup d’humour, très souvent très noir, dans ce roman musclé qui pose les questions de l’identité et des choix politiques. Les dialogues sont ciselés et empreints d’une ironie mordante. Le racisme est pointé dans ses excès absurdes et son manque de logique.



Du suspens aussi, étant donné les situations inextricables et les pièges auxquels s’exposent nos deux pieds nickelés du deal, et c’est souvent in extremis qu’ils s’en sortent, à tel point que l’on ne serait qu’à peine étonné de se retrouver au paradis en compagnie Vo Danh et de ses comparses.



Ne pas avoir lu le premier volet des aventures de Vo Dahn n’est pas un obstacle, mais donne tout de même envie de découvrir Le sympathisant qui avait obtenu le Prix Pulitzer et le prix du meilleur roman étranger en 2016.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Le Dévoué

En 2017 sortait en France Le Sympathisant, qui était l'oeuvre de l'auteur amérasien Viet Thanh Nguyen, auréolé du prix Pulitzer 2016 et le prix du meilleur roman étranger en 2016.



Viet Thanh Nguyen, avait fait brillamment irruption sur la scène littéraire américaine avec Le Sympathisant (Belfond, 2015), Né en 1971 dans le sud du Vietnam et réfugié à 4 ans aux Etats-Unis,



Ce roman ample et dense avait l'ambition formidable de traiter de la guerre du Vietnam et de porter un regard inédit sur les vietnamiens loin d'Apocalypse Now et autre Platoon où ils étaient souvent de simples silhouettes sans incarnation.



Viet Thanh Nguyen – qui enseigne la littérature à l’université de Californie du Sud – en livre la suite.



Dans Le Dévoué, on retrouve Vo Danh, l’agent double du Sympathisant.un premier roman sur l’après-guerre du Vietnam couronné par le prix Pulitzer.



Après un séjour en centre de rééducation, Vo Dahn se retrouve à Paris, accompagné de son ami Bon et des deux fantômes omniprésents qui parasitent ses pensées. Il faut gagner son pain, et l’emploi quasi fictif dégotté auprès du boss n’est pas suffisant : c’est dans ce trafic de drogue que les deux hommes se lanceront, au risque de se retrouver au coeur de conflits de territoires hautement risqués



Hébergé provisoirement par une égérie sulfureuse, Vo Danh tentera de peaufiner ses convictions politiques et philosophiques mises à mal par les aléas de ses pérégrinations.



Le Dévoué est un grand roman politique sur l’identité et sur l’Histoire qui rattrape les individus malgré eux. .



Les dialogues, ironiques et cinglants, épinglent le racisme sous jacent .. Contrairement au sympathisant qui tournaient en ridicule les pensées droitières, ici ce sont la bien pensance des gens de gauche qui est épinglée avec humour et une extraordinaire acuité.Alternant avec les genres- roman d'espionnage à la John Le Carré , comédie déjantée, tragédie historique, grande fresque ou déchirements intimes, Le dévoué est une formidable suite, encore plus flamboyante et fuilde que le premier volet !



Pour ceux qui n'auront pas lu le premier, on a vraiment envie de découvrir Le sympathisant c'est vous dire à quel point cette suite est réussie !!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le Dévoué

En plongeant le héros du Sympathisant dans le Paris des années 1980, le romancier vietnamo-américain Viet Thanh Nguyen propose, avec Le Dévoué, une superbe suite.
Lien : https://www.lexpress.fr/cult..
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Le Dévoué

À l'heure où on déplore le clivage politique, il décrit les malheurs de ceux qui font le pont entre deux camps opposés.
Lien : https://www.lapresse.ca/arts..
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Le Dévoué

Je ne doute pas qu'il sache écrire, ce Nguyen, bien sûr, mais sa prose de parade n'est vraiment pas mon truc. Je lui ai donné 100 pages. C'était peut-être moi, mais c'était vraiment ennuyeux, même si les thèmes du colonialisme, du capitalisme et du communisme (les trois c) sont assez intéressants. N'a pas fini, donc pas de note.
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Le Dévoué

Je découvre l’auteur, Prix Pullitzer pour un autre de ses roman.



J’ai aimé son personnage de communiste vietnamien qui croit au communisme. Mais y croit-il vraiment ou a-t-il plutôt été endoctriné ?



J’ai aimé sa découverte du Paris de 1981, son racisme, sa jet-set.



J’ai aimé ses discours sur le colonialisme et sa haine des Blancs.



J’ai aimé les surnoms qu’il donne aux personnes qu’il croise : les 7 nains, Mona Lisa, le videur eschatologue…



Mais j’ai eu du mal à comprendre son être double dû à son passage dans les camps de ré-éducation.



J’ai eu peur du Boss et de son marteau pour régler les problèmes (le simple fait d’imaginer les dégâts m’a suffit).



J’ai souri chaque fois que Sonny et l’adjudant glouton apparaissaient au héros, comme des sortes de conscience, car il les a tué avant de s’enfuir en France.



Un roman qu’il est difficile de résumer en quelques personnages et quelques situations.



Un roman qui sous ses aspects burlesques nous parle de la colonisation et ses dégâts.



Quelques citations :



Les vrais terroristes ce sont les Etats. Qui tue le plus, une combattante de la liberté ou un Etat-nation ? (p.281)



… blanchir les profits sanglant de la colonisation était la seule forme de lessive que les hommes blancs faisaient eux-Mêmes. (p.351)



L’image que je retiendrai :



Celle des ao dai que portent toutes les femmes vietnamiennes dans ce roman.
Lien : https://alexmotamots.fr/le-d..
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Le Dévoué

Je suis retournée voir ma critique du premier roman de Viet Than Nguyen, Le Sympathisant, dont Le dévoué est la suite. Une lecture que j’avais fort appréciée pour les bonnes raisons qui justifient habituellement l’excellence d’un roman récipiendaire d’un prix littéraire tel que le Pulitzer. Cette voix particulière qui porte la narration, discourant sur les ravages d’une guerre honnie (celle du Vietnam), la structure originale et l’écriture que j’avais qualifiée d’élégante.

Et bien, je n’ai pas retrouvé cet élan littéraire dans le second volet; j’ignore si c’est dû à une traduction peu avantageuse ou si la charge émotionnelle du premier s’est essoufflée. Quoi qu’il en soit, c’est encore lui qui parle; Vo Danh, le dévoué, arrivé à Paris en 1979, un boat people comme son ami Bon, rescapés d’un camp de rééducation vietnamien. Tous deux en proie aux angoisses existentielles et aux souvenirs pénibles, Vo Danh tente de se refaire une tête tandis que Bon projette plutôt une sombre vengeance destinée à tous les communistes qu’il croisera sur son chemin. Dans les délires de Vo Danh, provoqués par les déchirements d’une identité trouble, on a droit à des envolées oratoires qui n’épargnent aucun doctrine sociale ou politique. Communisme, socialisme, capitalisme, communautarisme, fascisme, bolchevisme et bien sûr le colonialisme longuement décrié, tous passent au tordeur de l’analyse cynique et heureusement humoristique de notre dévoué.

J’avais accordé quatre étoiles au premier et ce sera donc trois étoiles pour celui-ci, résultant de la légère déception ressentie.

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Le Dévoué

Merci à Netgalley et aux éditions Belfond pour cette lecture. J'avais eu la chance de lire le Sympathisant, aussi j'ai eu envie de découvrir la suite des aventures de ce héros si particulier. Car de lui, on ne connait toujours pas son nom, mais seulement son surnom Vo dahn soit"Le bâtard." Tout juste sorti du camp de rééducation communiste dans lequel on l'avait laissé, il se retrouve à Paris, chez une femme baptisé la "tante". Celle-ci très implantée dans les milieux intellectuels parisiens va entraîner notre héros dans les nuits parisiennes. Et il va se découvrir un talent certain à revendre de la drogue, à ses risques et périls....



Dans cette suite directe, on retrouve la plume clinique de l'auteur. Très instruit sur les sujets qu'il aborde, et voulant à travers son héros, raconter un pan de son passé, il a toutefois ajouté de l'humour et des situations cocasses à des propos graves. Ainsi sous couvert de legéreté, il aborde l'évolution de la société parisienne des années 80. on parle immigration, communisme, espionnage, intégration et traffic de drogue... Il a gagné en fluidité, en lyrisme, ce qui rend ce deuxième roman encore plus facile à lire que le premier.



Les personnages, certains nouveaux, d'autres que l'on connaît déjà sont toujours aussi bien écrits. Gagnants en truculence, et en profondeur, ils sont faciles à apprécier. On en apprend plus sur leur passé, ce qui a motivé leurs choix, et les a conduits dans ces rues sombres...



Une histoire brillante mélange parfait d'humour et de noirceur, qui fait mouche une fois de plus.




Lien : https://livresforfun.overblo..
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Le Dévoué

VIOLENT

C'est sans doute le livre le plus violent que j'ai lu dans ma vie. Scènes de tortures, de meurtres, d'orgie, de beuveries, de folie ...

Ce roman est le deuxième tome du « Sympathisant », qui racontait la vie pendant et après la guerre du Viêt Nam d'un agent double vietnamien. J'avais beaucoup aimé ce livre, dur, mais d'un humour féroce. Et quel style magnifique ! Il y avait une fin et ça ne demandait pas de suite.

Mais apparemment, Viêt Thanh Nguyen voulait écrire un second opus plus politique pour dénoncer le colonialisme français en Indochine. Son mépris des Français en est gênant.

Le livre se passe à Paris dans les années quatre-vingt, où on a l'impression que la capitale n'est peuplée que de gangs de dealers algériens et asiatiques qui se battent pour des histoires de territoires... Quelle tristesse !

Chaque page ou presque est matière à démontrer toutes les horreurs que les Français ont infligés aux peuples qu'ils ont colonisés. Le répéter pendant quatre cents pages devient carrément indigeste.

Je me demande si le message que veut à l'évidence faire passer l'auteur atteint son objectif. Est-ce que les Français dans leur grande majorité sont honteux de leur passé colonial ou ne voient-ils dans ce passé que des faits historiques ?

Tous les peuples à travers les siècles ont été tour à tour colonisateurs ou colonisés. Il faut en avoir conscience et passer à autre chose.



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Le Dévoué

Si je veux être honnête, je dois avouer que je n'ai pas réussi à le terminer. Seule raison, le thème du trafic de cannabis a gêné mon appréciation de ce roman. Le thème de la drogue ne collait pas avec cette belle écriture, cette belle observation de la France et des français. Le narrateur d'origine vietnamienne a mieux décrypté nos forces et nos faiblesses que bien des écrivains français. Il a cette sensibilité que j'admire tant chez beaucoup de mes amis d'origine vietnamienne. Il n'a pas été pour rien bardé de plusieurs prix littéraires (Pulitzer et meilleur livre étranger).

Autre intérêt de ce roman, l'auteur nous emmène également un peu aux Etats Unis ; là encore, belle réflexion.

Son écriture, son style, sa lecture humaine sont admirables.

C'est juste moi, qui suis pourtant une grande lectrice de romans policiers ou thriller, qui n'ai pas apprécié cette trame sur fond de cannabis dans cette oeuvre.

Donc pas de note, elle aurait un parti pris trop personnel
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Le Dévoué

L’écrivain américain, auteur en 2015 du « Sympathisant », en livre la suite avec « Le Dévoué ». Il y poursuit, sous la forme d’un thriller flamboyant, sa critique du colonialisme et du racisme.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Le Sympathisant

Le Sympathisant est la longue confession d'une taupe communiste dans l'armée sud vietnamienne pendant la guerre du Vietnam et après.

Le livre débute sur la chute de Saïgon, en avril 1975. Les Américains évacuent le pays dans la précipitation et consentent à emmener avec eux quelques cadres vietnamiens et leur famille. Le narrateur fait partie de ceux-ci. Après un passage par l'île de Guam, il racontera, dans un premier tiers, les affres de l'exil à Los Angeles, la vie morne et désargentée d'anciens soldats devenus pompistes ou vendeurs de nems: Ces Niakwés dont on attendait reconnaissance éternelle et surtout discrétion. Mais le sympathisant n'est pas un pleurnichard et il relate cette existence avec beaucoup d'humour. Il la raconte également (par lettre codées) à son contact communiste désormais cadre de la Révolution. C'est à la fois drôle et pathétique et je n'ai pu m'empêcher d'y voir un parallèle avec les soldats vaincus de la République espagnole.

Le second tiers est consacré au tournage d'un film qui ressemble à un mix entre Rambo, Apocalypse now et Voyage au bout de l'enfer. Notre sympathisant y est engagé en tant que "conseiller asiatique" car, évidemment, c'est un film fait par des Américains qui entendent représenter l'histoire du Vietnam de leur seul point de vue et sans donner le moindre rôle parlant aux figurants asiatiques. Toute la question est là: le Vietnam n'a-t-il été qu'un figurant de la guerre froide ?

Enfin, le dernier tiers (le moins bon de mon point de vue) est consacré à la tentative désespérée, par un commando, d'aller "reprendre le Vietnam". C'est l'occasion de constater ce que les vainqueurs ont fait de l'Indépendance et de la Liberté: une prison, un archipel, de camps de "rééducation", un pays d'affamés et de paranoïaques. C'était bien la peine d'avoir vaincue la première puissance mondiale.

Le défaut principal du Sympathisant c'est qu'il est trop long. 80 pages de moins auraient été plus digestes. Cependant, c'est un excellent roman sur l'identité et la guerre froide.
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Le Sympathisant

Lecture décevante. Le personnage principal, agent double, n'est pas assez fouillé, alors qu 'il y avait matière pour cela. L' auteur semble s'être fourvoyé et être passé à côté de son livre
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Le Sympathisant

Le film va bientôt sortir, je fais donc une petite critique

de ce chouette livre.



Les tribulations d'un espion communiste infiltré dans l'armée sud-vietnamienne au moment où Saïgon tombe et que tout le monde se précipite vers les derniers hélicoptères pour fuir les hordes rouges qui déferlent. C'est le point de départ peu banal de cet excellent bouquin, Prix Pulitzer 2016 pour la fiction.



Écrit à la première personne, le récit est une confession (au sens stalinien du terme!), par laquelle ce capitaine évoque son évasion du Vietnam, sa vie de réfugié, et les basses œuvres qu'il est obligé d'accomplir pour le compte de militaires revanchards, réfugiés comme lui à Los Angeles, et bien décidés à continuer cette guerre perdue. Notre héros, fidèle à la cause communiste, va se retrouver à jouer un double jeu parfois amusant, souvent sinistre.

Réfugié apparemment modèle, il analyse l'Amérique des années 70 avec ses travers, ses films et son épouvantable optimisme , et se retrouvera à jouer un rôle dans une super-production hollywoodienne qui ressemble beaucoup à un "Apocalypse Now" . Le tournage du film, un morceau de bravoure du livre, n'est pas sans rappeler aussi le rôle de Hollywood dans la schizophrénie galopante et orchestrée de l' Amérique vaincue.



Le mélange des genres, entre espionnage, analyse sociologique, et satyre de l'Amérique post-Vietnam fonctionne à fond. Entre meurtres peu glorieux , politiciens véreux, mercenaires en attente de retour au combat et CIA aux manettes, la partie politique du livre est intéressante. Mais ce qui frappe le plus c'est le parcours personnel de notre héros, un être qui attribue à sa naissance ambiguë (mère vietnamienne, père français) sa propre inclination à la sympathie, cette capacité de comprendre l'autre, son ami comme son ennemi, et qui fait de la dualité duplicité/ fidélité le rythme même de sa vie.

Ce livre se lirait presque comme une comédie, mais dans les derniers chapitres, la résolution du conflit interne chez ce sympathisant infiltré / exfiltré, vire à l'horreur, et la lecture devient alors beaucoup moins légère... .

La prose de ce bouquin est tout simplement superbe, un niveau de langue soutenu très au-dessus de beaucoup de livres US que j'ai lus récemment. Cet auteur a clairement avalé un thésaurus et son sens de la formule est étonnant (j'ai rempli un carnet à vouloir noter certaines d'entres elles) . J'espère que la version française lui est fidèle. Que le héros soit cultivé et presque raffiné ne gâche rien .

Quoiqu'il en soit, malgré un scénario un peu alambiqué, et un ascenseur émotionnel inattendu, ce bouquin est tout fait passionnant. Une belle réussite, que je vous recommande, guys et guyzettes!
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Le Sympathisant

Que dire de cet opus sinon que son Pulitzer est tellement tellement mérité!!!!

Cette histoire de taupe, dont on suit la vie, la confession plutôt puisque prisonnier d'un camp, est superbe. Elle allie l'Histoire, l'histoire, les sentiments complexes d'amour, d"amitiés, l'exil, le déracinement et la volonté d'appartenir à quelque chose... Elle nous bouleverse en nous mettant le nez dans ce que fut la vie des Vietnamiens quelque soit leur côté pendant la guerre, les objets qu'ils étaient aux yeux du Monde et principalement des Américains, la survie, la famine, mais en même temps, ce formidable instinct d'être un être humain coûte que coûte, de continuer à exister d'une façon ou d'une autre, là-bas ou ailleurs, se reconstruire, se construire, s'adapter, vivre...

C’est tout cela que l'auteur parvient à nous faire passer, avec une écriture riche, dense, parfois poétique, parfois crue, mais toujours juste.

Un formidable livre dont la traduction est impeccable à mon sens. Bravo, encore bravo!!

A lire, vraiment!!

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Le Sympathisant

« C’étaient de bons élèves, comme moi. Ils avaient bien appris leur leçon, et moi aussi, alors si tu pouvais éteindre les lumières, si tu pouvais couper le téléphone, si tu pouvais arrêter de m’appeler, si tu pouvais te souvenir que toi et moi nous avons été et sommes peut-être encore les meilleurs amis du monde, si tu pouvais voir que je n’ai plus rien à avouer, si le navire de l’Histoire avait suivi une autre route, si j’étais devenu comptable, si j’étais tombé amoureux d’une autre femme, si j’avais été un amant plus vertueux, si ma mère avait été moins mère, si mon père était parti sauver des âmes en Algérie plutôt qu’ici, si le commandant n’avait pas besoin de me transformer, si mon propre peuple ne me soupçonnait pas, s’il me voyait comme un des siens, si on oubliait toutes nos rancœurs, si on oubliait la vengeance, si on admettait que nous sommes tous des pantins manipulés par d’autres, si on n’avait pas fait la guerre entre nous, si certaines d’entre nous ne s’étaient pas appelés nationalistes ou communistes ou capitalistes ou réalistes, si nos bonzes ne s’étaient pas immolés, si les Américains n’étaient pas venus nous sauver de nous-mêmes, si nous n’avions pas acheté ce qu’ils nous vendaient, si les Soviétiques ne nous avaient jamais appelés camarades, si Mao n’avait pas cherché à les imiter, si les Japonais ne nous avaient pas appris la supériorité de la race jaune, si les Français n’avaient jamais cherché à nous civiliser, si Hô Chi Minh n’avait pas été dialectique et Karl Marx analytique, si la main invisible du marché ne nous tenait pas par la peau du cou, si les Anglais avaient battu les insurgés du Nouveau Monde, si en voyant l’homme blanc les indigènes avaient simplement dit, Certainement pas, si nos empereurs et nos mandarins ne s’étaient pas battus entre eux, si les Chinois n’avaient pas régné sur nous pendant mille ans, s’ils s’étaient servis de la poudre autrement que pour faire des feux d’artifice, si le Bouddha n’avait jamais existé, si la Bible n’avait jamais été écrite et Jésus-Christ jamais sacrifié, si Adam et Ève folâtraient encore dans le jardin d’ Eden, si nous n’étions pas les descendants du dragon et de la fée, si leurs chemins ne s’étaient pas séparés, si cinquante de leurs enfants n’avaient pas suivi leur mère dans les montagnes, si cinquante autres n’avaient pas suivi leur dragon de père dans la mer, si le phénix de la légende était vraiment né une nouvelle fois de ses cendres au lieu de s’écraser et de brûler dans nos campagnes, s’il n’y avait ni Lumière ni Verbe, si le Paradis et la Terre ne s’étaient jamais séparés, si l’Histoire n’avait jamais existé, ni comme farce ni comme tragédie, si le serpent du langage ne m’avait pas mordu, si je n’avais jamais vu le jour, si ma mère n’avait jamais été pénétrée, si tu n’avais plus besoin de corrections, et si je ne voyais plus ces visions, s’il te plaît, pourrais-tu me laisser dormir ? »

(p. 447 à 449)



Rassurez-vous, cette phrase (2914 signes espaces compris) est sans doute la plus longue phrase du livre…

Si vous doutiez encore du fait qu’aucune guerre n’a jamais opposé les Bons aux Méchants, si comme moi, vous avez grandi en regardant les images de cette « sale guerre », si elle vous a fait connaître les mots impérialisme, communisme et même pourquoi pas idéalisme, si vous avez cru qu’en se battant, on construirait un monde meilleur, si vous avez été surpris de constater combien la mémoire collective est oublieuse, si à cette indignation-là ont succédé bien d’autres indignations sans que fondamentalement la marche du monde n’ait été modifiée… alors, sans doute, vous laisserez-vous emporter par la lecture âpre de ce roman…

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Le Sympathisant

Tout d'abord, je remercie NetGalley et les éditions Belfond pour l'envoi de ce roman dont la 4ème de couv' m'avait titillée!



Le sympathisant est un petit pavé dense, complexe et riche mais avant tout, c'est la confession d'un bâtard.

Bâtard par sa naissance d'une mère sud-vietnamienne et d'un prêtre français. Il ne sera jamais accepté par les siens.

Bâtard et déraciné de sa terre natale, réfugié aux États-Unis au moment de la débâcle américaine lors de la guerre du Vietnam, dans les années 70. Il ne sera jamais intégré sur sa terre d'accueil et restera orphelin de sa terre d'origine.

Bâtard dans une existence louée à l'idéologie communiste du Vietcong alors que son quotidien est aux côtés des sud-vietnamiens et des américains. En choisissant l'espionnage, il renonce à sa propre essence.

Bâtard, finalement, car il n'a même pas de nom dans ce roman...



La plume de l'auteur est caustique, noire et n'épargne rien ni personne. Si le moteur de cette confession est un passage dramatique de l'Histoire, le conflit vietnamien, elle ne donne aucune leçon: l'ombre et la lumière forme un couple aux facettes changeantes et troubles.



L'Histoire est trop souvent un ramassis de dates indigestes et de résumés stériles alors que l'humain en est le terreau trop souvent occulté.

Avec Le sympathisant, c'est l'intimité d'un chaînon entre les ennemis d'une même terre, vietcongs et sud-vietnamiens, entre deux idéologies opposées, le communisme totalitaire et l'impérialisme américain.

C'est l'intimité de l'enfant de ce couple qui se déchire sans issue.

Si le choc est idéologique, l'auteur analyse finement et souvent avec humour le choc également culturel de l'Orient et de l'Occident. Quand le Sympathisant est nostalgique de sa terre et de ses spécificités sociales, il n'en reste pas moins admiratif de l'américan way of life.

Paradoxe de l'espion qui bataille parfois pour préserver la "pureté" de ses convictions quand il épouse, dans les apparences, une cause opposée...



Où se situe la vérité et les mensonges quand l'homme est déchiré entre ses deux frères de sang, Man et Bon. Man, agent communiste et Bon, bras armé du sud? Quand l'un est à ses côtés et l'autre, resté au pays? Quand la loyauté et l'amitié se disputent la morale?

Quand l'homme vit et s'abreuve au sein capitaliste alors que ses convictions intimes sont inverses?

Quand l'abandon par les alliés d'hier ne résiste pas à l'horreur des camps de rééducation des gagnants d'aujourd'hui?



Ce roman va bien au-delà du choc des idéologies politiques véhiculé par la guerre du Vietnam, c'est une grande fresque humaine de la scène de théâtre hypocrite de la société: les personnages sont les masques interchangeables de chacun. Madame, l'Auteur, le Capitaine, le Général ne sont que les symboles de l'ambivalence identitaire de tout un chacun.

En ne donnant pas de nom à son personnage, l'auteur nous renvoie, à des degrés moindres à nos propres contradictions, au combat entre notre nature profonde, nos convictions intimes et les concessions que nous sommes obligés de d'adopter dans la société dans laquelle nous évoluons. C'est la sphère intime qui s'entrechoque avec l'intérêt général et les girouettes gouvernantes.



Je dois bien avouer que j'ai arrêté ma lecture par certains moments. Les récits à la première personne m'ennuie parfois par leurs longueurs, leur égotisme et leur redondance. Toutefois l'histoire est captivante et l'analyse du déracinement du personnage est passionnante. Elle est faite de mille petits riens et de blessures profondes. C'est le deuil de son statut et de ses repères, l'assassinat d'un passé, un échouage dans l'inconnu, une agression perpétuelle de ses racines et la difficulté à s'intégrer dans un monde qui n'est pas le sien. L'auteur alterne grandes réflexions quasi-philosophiques avec des anecdotes plus légères. Je pense que la scène du calamar restera inoubliable!



Viet Thanh Nguyen évoque avec pudeur et retenue les Boat People, symbole de la répression communiste sur le peuple vietnamien, tout comme le racisme des américains envers les témoins vivants de leur défaite. Que ce soit la politique occidentale ou le communisme révolutionnaire, le sympathisant en dévoile les violences et manipulations, les mensonges et les libertés idéologiques. Les idées volent, s'envolent, endoctrinent, emprisonnent, trahissent et au final, les morts de chaque camp rougissent du même sang la terre qui les porte.



Le sympathisant est un premier roman auréolé du Prix Pulitzer. Je suis totalement allergique aux bandeaux sur les bouquins et prix de toutes sortes. Mais pour le coup, pour sa trame historique, ses réflexions justes et dérangeantes sur l'âme humaine et ses critiques sociétales, je trouve que c'est une récompense justifiée et méritée pour une jeune plume puissante et profonde!
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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