Citations de Virginie Despentes (3416)
Menue et effacée, elle était doucement dingue, comme le sont parfois les gens tranquilles et intégrés.
C'est de travailler qu'est dégueulasse, pas de travailler ici en particulier…
Le pire chez nos contemporains, c'est pas qu'ils aient l'esprit aussi étroit, c'est cette tendance à vouloir ratiboiser celui du voisin. Qu'il y en ait pas qui rigolent trop, sinon ça les embrouille.
Recevant sa radiation, Vernon s'était dit que àa allait peut être le motiver pour trouver "quelque chose".Comme si l'aggravation de sa précarité pouvait avoir une influence bénéfique sur sa capacité à sortir de l'impasse dans laquelle il s'était embourbé....
Il s'habillait comme un Playmobil endimanché et sortait des conneries de mec de droite, dix avant que ce soit à la mode. A cette époque la chose était si atypique que cela avait un certain cachet.p24
Mais l'amitié fait ça: on apprend à jouer sur le terrain de jeu des autres.p20
C'était des conneries, ces groupes de parole. Ca n'allait jamais au coeur du problème: sans la colère, qu'est-ce qu'il devenait? Un type qui se la ferme quand on lui vole la place de parking qu'il attend depuis 10 minutes? Une lavette qui ne répond pas quand un merdeux de 15 ans insulte sa meuf dans la rue? Un pion muet quand son collègue lui laisse 10 sacs de merde à répartir alors que c'est pas son taf à lui?Toute la journée, il se faisait entuber. Quelle attitude devait-il adopter? Siffloter en sachant qu'il appartenait à la classe sociale des punching balls, des paillassons, des urinoirs? Le mec du groupe disait toujours ça- qu'il ne fallait pas tout mélanger et mettre sur le même plan la politique, les sentiments et les petites frustrations. Va faire le tri
Cette histoire est trop déséquilibrée, elle est en demande de tout et lui n'a besoin de rien. Elle flippe d'être un genre de caprice. le conte de fée à deux euros, le truc fatal, qu'elle regrettera. Le bonheur ne tombe sur la tête à personne, comme ça, gratos, sans qu'on ait rien demandé, rien mérité, rien découvert. Comment ça se fait qu'elle n'y a pas pensé plus tôt?
Tu sais ,Lucie,c'est uniquement une question de chance et d'acharnement.ça semble impossible au départ mais sans qu'on sache comment,une piste se révèle et ça devient une simple question de fatigue à gérer
Les pieges ou on se prelassait comme un con, une fois qu'ils se refermaient pour de bon, c'etait trop tard pour se rendre compte.
Les gens etaient devenus une sorte d'entité abstraite, hostile, mais facilement conjurable: Il suffisait de filtrer ou decrocher et etre odieux pour qu'on me foute la paix.
Je ne veux pas fuir le conflit pour ne pas dévoiler ma force et risquer de perdre ma féminité.
Qu'ils soient faits l'un pour l'autre ne faisait doute ni dans la tête de l'un ,ni dans la tête de l'autre .Ils n'avaient pas encore l'age de savoir que l'avenir dure longtemps et qu'un jour ou l'autre ça se complique .
Ces choses-là n’étaient pas pour elle. Les choses douces, les choses de la complicité, de la confiance, de l’âme sœur, les choses de l’amour.
Le bonheur ne tombe sur la tête à personne, comme ça, gratos, sans qu’on ait rien demandé, rien mérité, rien découvert.
Et on t’a prévenu, pour Zorro, qu’il existait pas pour de vrai
Elle était née comme ça : superbe. Idiote au point où ça en devient poétique et troublant. L’imaginer lâchée dans ce monde avec sa cervelle amoindrie et les nichons qu’elle se payait la rendait follement excitante. Perpétuellement en danger, menacée et ayant besoin d’un homme. Elle m’écoutait avec une telle avidité, riant généreusement à n’importe quelle pauvre blague, que je me suis demandé un moment si elle ne me prenait pas pour quelqu’un d’autre.
Je suis la gourde mal payée qui vient de se taper quinze jours de planque pour surveiller une adolescente nymphomane, défoncée à la coke et hyper active. Une de plus. Depuis bientôt deux ans que je travaille chez Reldanch, on ne me confie que ça : la surveillance des adolescents. Je ne m'en suis pas plus mal tirée qu'un autre, jusqu'à ce que Valentine disparaisse.
Ce matin-là, j'étais à quelques pas derrière elle, dans les couloirs du métro. Il ne m'était pas très difficile de passer inaperçue dans la cohue quotidienne, la petite décollant rarement les yeux de son iPod. Quand j'ai passé les portes, une femme âgée, corpulente, a fait un malaise devant moi et j'ai eu le réflexe de tendre les bras en la voyant partir vers l'arrière. Ensuite, au lieu de la déposer où elle était et de me dépêcher pour ne pas lâcher la cible, je suis restée une minute auprès d'elle, le temps que s'arrêtent d'autres gens. Ça faisait déjà deux semaines que je filais Valentine. J'étais convaincue que je la retrouverais au café à côté de son bahut, en train de se goinfrer de muffins et de Coca, comme tous les matins, avec d'autres gamins de son école, assise un peu en retrait, gardant sa petite distance, tranquille. Sauf que ce jour-là, Valentine a disparu. Possible qu'elle ait fait une mauvaise rencontre. Évidement, je me suis demandé si elle m'avait repérée, si elle avait profité de l'événement pour me semer. Mais je n'ai jamais eu la sensation qu'elle se méfiait. Pourtant, à force de leur coller au cul, les ados, je commence à les connaître.
Contrairement à son habitude, elle n'est pas venue s'inquiéter de moi quand j'étais au lit. Elle est restée devant la télé, comme une connasse qui manque de feeling, incapable de sentir le désastre quand il est au milieu de chez elle.