Viviane Koenig

Un femme actrice ! Jamais les dieux ne permettront une telle horreur !

Sitôt la louve partie, un pic-vert, l'oiseau de Mars, ôte les feuilles qui gênent les nouveaux-nés. [...]
Puis il bat des ailes pour les rafraîchir et éloigner les insectes.
Sous l’œil attendri du dieu, le pic-vert frappe le tronc du figuier et les oiseaux chantent afin de distraire Romulus et Rémus. [...]
Chaque soir, la louve revient nourrir les jumeaux.
Ainsi, au fil des jours, Romulus et Rémus grandissent et forcissent. Ils ignorent que leur père, le divin Mars, a chargé ces animaux de les protéger.

Une journée bien remplie nous apportera un doux sommeil, une vie bien employée nous apportera une mort paisible.

— Jadis, une pierre vivait solitaire dans les collines parmi les fleurs et les herbes folles. Elle jalousait ses semblables qu’elle apercevait sur la route en contrebas. Un jour, n’y tenant plus, elle s’y laissa rouler. Il était trop tard quand elle comprit son malheur. Dorénavant, tachée de boue ou de poussière, elle souffrait sous les roues des chariots, les sabots ferrés des chevaux, les souliers des hommes et les excréments d’animaux. Piétinée, elle contemplait sa colline, ce paradis qu’elle avait si sottement quitté.
— Regrettait-elle ?
— Oh que oui ! Tel est l’avenir de ceux qui quittent une vie paisible pour s’installer chez les méchantes gens de la ville.

Sadako était courageuse, ses camarades de classe le sont tout autant. L'injustice et la cruauté de sa mort les révoltent. Ils pensent qu'ils ne l'ont pas assez aidée. Ils regrettent...
Mais qu'ont-ils à regretter? Qu'auraient-ils pu faire en plus de leurs visites et de leurs petits cadeaux?
Rien.
Jamais Sadako ne les rejoindra en première année du collège. Jamais elle ne gagnera les courses de relais avec eux. Jamais elle ne remportera une médaille d'or aux Jeux olympiques.
Une dizaine d'entre eux veulent agir, agir afin que personne n'oublie leur amie. Ils décident alors de finir les mille grues et de faire un vœu.

L'oeil se forme au contact de ce que l'on contemple, la technique s'apprend de la même manière, alors regarde et imite!

Il analysait, il décortiquait, le regard fixe, le corps inerte, mais l'esprit en ébullition, et il se moquait de l'image de paresseux indécrottable qu'il donnait ainsi.

Le jour où Grand Dieu crée le monde, il commence par modeler un Homme à la peau noire, aux jambes fines, aux cheveux crépus et à l'esprit vif. Satisfait de sa belle créature, Grand Dieu l'installe sur Terre dans une jolie case ronde, près d'un arbre à palabres. Puis il crée le Soleil, la Lune et les Étoiles, la Pluie, les animaux à poils, les animaux à écailles, les animaux à plumes et les bananiers, beaucoup de bananiers.
(Extrait du " Le voleur de banane", page 209)

Tu dors ?
Tomiko entre dans la chambre à pas de loup.
Non, je rêve, murmure Sadako pour ne pas réveiller sa voisine de lit. Tu es gentille de passer me voir si souvent.... Viens, on monte sur la terrasse.
Attends une minute ! Chuchote son amie, connue pour son impatience et sa curiosité sans bornes... d'où viennent ces grues en papier à la queue leu leu sur ton lit ? Elles sont mignonnes comme tout !
Les fillettes échangent un sourire complice. Toutes deux adorent faire des origamis, et ceux-là sont particulièrement réussis.
[…]
L'infirmière me les a apportées ce matin, explique-t-elle dans l'ascenseur. Des lycéennes de Nagoya les ont fabriquées et envoyées à l'hôpital par la poste pour nous faire plaisir.
C'est mieux qu'une distribution de médicaments, mais moins efficaces !
Je crois que tu te trompes, Tomiko. Ce n'est pas sûr du tout.
Comment ça « pas sûr ? »
Ces grues en papier possèdent un extraordinaire pouvoir anti-cafard !

Votre roi Arthur va établir, ici même, une table qui sera ronde, afin que les chevaliers bretons qui s'y assiéront soient égaux. Il n'y aura de place d'honneur pour aucun d'entre eux ! A la droite du roi, un siège restera vide en souvenir de Jésus-Christ. Ce sera la place réservée au chevalier qui découvrira le saint Graal...

- Se battre ne sert à rien.
- Si, à retrouver mon honneur et ma fierté !
- Doux Sire, ce ne serait que batailles sans fin et morts par centaines... Non, prouvons que vous êtres roi car Dieu le veut.

(Arthur et Merlin)

Les prières achevées, le prêtre bénit Uterpendragon et Ygerne.
- De cet anneau, je vous épouse, et de mon corps, je vous honore, dirent-ils tour à tour en échangeant leurs bagues.

Il n'existe pas une légende du roi Arthur, mais des légendes, qui se complètent, se contredisent ou se répètent. [...]

Cette épopée remonte au temps de la chute de l'empire romain, à la fin du V° siècle, époque des Grandes Invasions. Elle est née au nord de la Manche, en Grande-Bretagne, et plus au sud, en Bretagne française, dans un royaume rêvé qui, vraisemblablement, n'exista jamais. Comme toutes les belles histoires, elle voyage beaucoup dans toute l'Europe, au rythme des poètes musiciens qui, inlassablement, la racontent, la chantent, la modifient, l’améliorent au gré de leur imagination.

Ce n'est que bien plus tard, à partir du XII° siècle, que ces récits sot mis par écrit. Les auteurs, fort nombreux, parlent alors d'un temps qui leur est inconnu, mais dont ils rêvent toujours.

Seth en a assez d'entendre les louanges d'Osiris le roi parfait, le sage, le juste, le bon... Il patiente depuis des milliers d'années. Aujourd'hui, il laisse la jalousie envahir son coeur. Il veut être le nouveau roi-dieu

Le divin Hermès protège-t-il vraiment ces fuyards ? Il a du mal à l’accepter. Pourtant il l’a vu, l’a entendu en rêve, il a compris son message et… Il désobéit. Par crainte de la colère royale, il passe outre. Maintenant il se demande quand et comment le dieu aux sandales ailées le punira. Chef de la Police ou pas, il est dans sa main. Tout homme qui oublie les conseils divins mérite une punition, lui comme les autres. Quel sera son châtiment ? Peu importe le lieu, le jour et la manière, il l’imagine effroyable !

Arrivé sur une allée bordée de sphinx de pierre, d’arbres et de fleurs, Théocrite ralentit le pas, admiratif devant tant d’harmonie et de beauté. Il laisse passer la foule et finalement s’arrête, oubliant sa hâte de saluer le Stratège.
- Ô dieux, c’est magnifique ! murmure-t-il.
Sur sa droite, des bateaux s’accommodent du peu d’espace, dans un port aussi minuscule que ravissant. Sur sa gauche, une haute muraille sculptée, peinte de couleurs vives, s’orne de mâts interminables au sommet desquels des drapeaux claquent au vent. Des statues colossales encadrent l’immense porte qui s’ouvre dans ce mur.
- C’est le temple de Ptah, explique son guide, le grand dieu de Memphis, le créateur du monde pour les Égyptiens d’ici.

Vais-je retrouver ceux que j'aime avant l'hiver ? J'en doute. Après tant de batailles, de morts, d'avancées et de reculs, après la traversée de la Meuse par l'ennemi qui progresserait vers l'ouest, comment nos chefs peuvent-ils conclure par de vibrants "L'heure de la victoire est proche !" ?

Bien sûr, depuis un moment, je sentais que "ça" venait, mais quand "ça" arrive, "ça" impressionne. Je vais donc, moi aussi, voir la guerre de près, la vraie, avec des morts et des blessés dont je serai peut-être.

Étrangement, les squelettes ne bougent pas ni pour eux ni pour les visiteurs ni pour les gardiens. Mais moi, je les vois, comme mes cousins. Alors? En quoi sommes-nous différents des autres humains? Folie familiale ? Hallucinations? Ou privilège inouï ? Je préfère la troisième solution.

Lorsque tu dors, surveille toi-même ton cœur, car un homme n'a personne un jour de malheur.