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Critiques de Vladimir Nabokov (666)
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Feu pâle

FEU PÂLE de VLADIMIR NABOKOV

Si Nabokov est universellement connu pour sa Lolita, on parle peu de ses autres livres et notamment de Feu Pâle, une œuvre difficile à qualifier, pas vraiment un roman mais assurément un ovni littéraire.

Le livre se décompose en trois parties, la première est la narration de la rencontre à l’université américaine de New Wye entre John Shade, poète et enseignant, et Charles Kinbote, professeur de littérature zemblienne. Ce dernier explique leur amitié et la manière dont il récupère à la mort de Shade le manuscrit d’un poème qu’il venait de terminer.

La seconde partie est la transcription du poème en lui même, 999 vers au lieu des 1000 prévus. Le poème est découpé en quatre chants, parle d’un jeune garçon (Shade)dont les deux parents, ornithologues, sont morts quand il était très jeune. Il fût élevé par sa tante Maud, ce fût un enfant malade, un genre d’avorton, sujet aux évanouissements. Suivent ensuite de longues considérations sur la mort, la vie après la mort, le Paradis et la réincarnation ainsi qu’un éloge de la beauté, comment la rechercher. C’est sombre et décalé mais rempli d’oiseaux( les dix premiers vers parlent de la mort d’un oiseau contre une vitre)il semble y avoir une énigme policière qui mentionne Sherlock Holmes et des syllogismes dont celui ci «D’autres hommes meurent, mais moi je ne suis pas un homme, donc je ne mourrai pas »

La troisième partie, la plus longue, est celle des commentaires de Kinbote sur le poème. Il va donc reprendre des mots, des phrases et en donner son interprétation et c’est là que tout part en plein délire, car Kinbote va raconter à travers l’analyse des vers de Shade l’histoire du royaume de Zembla dont il semble avoir été roi. Ces commentaires ne seront qu’un prétexte à nous donner des détails sur ce pays qui adore le régicide, dont une quinzaine de rois ont trouvé des morts violentes. Tout revient vers Zembla. Kinbote pensait que Shade lors de leurs conversations avait intégré dans son poème l’histoire de son pays mais à chaque fois qu’il le faisait, sa femme Sybill lui demandait de l’effacer. Il ira jusqu’à faire sortir de Zembla un assassin pour le faire arriver sur le campus pour le tuer!



On peut penser que Nabokov, de façon extrêmement érudite, a voulu se moquer des critiques et autres exégètes qui fourmillent dans les universités. Il s’est sûrement bien amusé avec ce texte qui a suscité de multiples analyses. Beaucoup d’humour et d’ironie qui font penser un peu à Cortazar ou Borgès.
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Lolita

Après avoir vu le film de Stanley Kubrik, je me suis dit qu’il n’est pas possible que le livre de Nabokov soit aussi mauvais que le film où est absent totalement la sensualité et où Lolita est une gamine plus agaçante qu’autre chose. Alors je me suis plongée dans ce foisonnant roman et suis passée par toutes les émotions. Déjà estomaquée par l’écriture, absolument merveilleuse langue travaillée sans lourdeur et qui m’a fait relire souvent des passages pour le plaisir des mots. Pendant tout le temps avant leur fuite, Humbert m’a dérangée, son amour avoué, revendiqué des nymphettes, les descriptions de la peau de Lolita, comment il l’a caresse, même dans sa tête avant de le faire physiquement. Ensuite, quand Lolita lui échappe, j’ai éprouvé bizarrement de la tristesse pour lui car malgré tout, il l’aime viscéralement et sa passion les détruit tous les deux. Quant à Lolita, elle l’aguiche par moment parce que c’est évident qu’elle se rend compte de suite du pouvoir qu’elle a sur lui. Et puis c’est toute son enfance qui s’envole et là, comment ne pas être bouleversé ? Je vous conseille la lecture du « journal de L. » de Christophe Tison, aux éditions de la Goutte d’or, en complément de Nabokov. Là, plus cru, on y sent vraiment le vrai calvaire psychologique et physique de Lolita, l’auteur ayant été lui aussi victime de pédophilie, on est loin des tourments d’Humbert, on est dans la destruction d’une personnalité. Pour en revenir à celui de Nabokov, un roman que l’on n’oublie pas, qui reste dans le cœur, poignardé.
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Lolita

Lol, Lola, Lolita

Lolita aura fait couler beaucoup d’encre. Pour ou contre, je ne suis pas là pour juger, mais pour parler d’une des oeuvres majeures du XXe siècle. Et par la même occasion, d’une histoire d'amour. Peu classique il est vrai, mais une histoire d'amour quand même.

Humbert Humbert cherche un coin tranquille pour écrire son bouquin. Il arrive chez Madame Haze, qui veut lui louer une chambre, mais très vite cette dernière l’énerve par son babillage. Il s'apprête à quitter l'endroit, quand son regard tombe sur Dolores, la fille de la maison. Elle a douze ans, un visage adorable, un corps d’enfant gracile, un regard prometteur. Humbert, qui n'est attiré que par de très jeunes filles, tombe sous son charme et décide de prendre pension chez Madame Haze. Cette dernière, pour qui un homme comme Humbert est une aubaine à ne pas laisser passer, décide de lui mettre le grappin dessus.

Humbert, bien entendu, n’éprouve aucun intérêt pour cette femme d'âge déjà mûr - elle a une trentaine d'années ! -, mais Dolores, surnommée Lola ou Lolita, l’a ensorcelé. Aguichante, allumeuse, elle se frotte à lui et saute sur n’importe quel prétexte pour le toucher, lui prendre la main, s’asseoir sur ses genoux.

Pour pouvoir rester près de la fille, Humbert épouse la mère. C'est un peu l’enfer pour lui, mais l'enfer ne durera pas. Un jour, Madame Haze, devenue Madame Humbert, tombe sur le journal intime de son mari, gardien de son amour inavouable pour la jeune Lolita. Cette découverte la tuera, mais ouvrira à Humbert les portes d’un paradis au goût de soufre.

Commence alors pour Humbert et Lolita une vie sombre et de luxure. Amours coupables ? Perversité ? Qui est responsable ? Très vite, Humbert devient l'esclave de Lolita, tout en étant son cerbère. Ce qui n’était au début qu’une attirance hors normes pour une fillette se transforme peu à peu en amour fou, torturant, obsessionnel. Un amour qui envahira la vie d’Humbert, au point de le rendre quasi fou. On se prend à le comprendre, à le plaindre, à vouloir lui offrir sa Lolita qui sans cesse lui glisse entre les doigts.

Au-delà de l'histoire, il y a l’auteur, l’écriture somptueuse d’un virtuose. Des phrases si belles qu’on les recopie et qu'on les mange des yeux et puis du cœur, et puis de l'âme. Des mots si forts qu'ils remuent l'intérieur, et puis des phrases à couper le souffle.

Bref, c’est un livre à côté duquel on ne peut pas passer, de cela je suis sûre et certaine.
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Lolita

Lo-lii-ta.

J'avais ce roman en ligne de mire depuis pas mal de temps et j'ai souhaité l'aborder avec le recul nécessaire pour ne pas entrer dans le jugement. Le sujet est grave, certes, mais je me suis davantage intéressée à l’œuvre en elle-même. A la psychologie des personnages. A l'écriture aussi.

Qualifier ce roman d'horrible parce que le sujet est horrible ne me semble pas objectif. Nabokov m'a beaucoup impressionnée (je n'avais rien lu de lui) et je fais partie des gens qui ont aimé Lolita. (Le livre).

Pourtant, je n'ai pas aimé Lolita (un personnage que j'ai trouvé antipathique ou que l'auteur a rendu antipathique) mais j'ai suivi avec intérêt les pensées délirantes de Humbert (que j'ai trouvé "attachant" d'une certaine manière ou que l'auteur a rendu "attachant").



Je l'ai même trouvé drôle. Oui. Dans la première partie principalement. C'est d'ailleurs celle que j'ai le plus appréciée. La deuxième, avec le passage à l'acte, dérange forcément. On dépasse la zone de fantasme, on entre dans la préméditation, l'assouvissement. Et on finit dans la névrose.





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Lolita

J'ai été intrigué par cette oeuvre après la lecture de "Lire Lolita à Téhéran" d'Azar Nafisi. L'auteur professeurs de lettres en Iran, utilise cette oeuvre pour discuter des conditions de la femme après l'arrivée au pouvoir de l'Ayatollah Khomeini. Les jeunes femmes étant abusées dès l'âge de 12 ans par de vieux époux de 50 ans avec la bénédiction des parents et des religieux au pouvoir. Un parallèle recherché avec Lolita, la pédophilie, bien évidemment condamnée ici dans une démocratie. Lolita de Vladimir Nabokov, écrit en anglais en 1955, est une oeuvre romanesque, les confessions d'un professeur de lettre aux Etats-Unis Humbert-Humbert (HH), pédophile de jeunes filles pré-pubères, désignées les nimphettes, et qui abuse Dolores Haze 12 ans, qu'il appelle sa Lolita. C'est une longue confession d'un grand malade. Ce n'est pas un être pervers au sens où il ne prend pas plaisir à faire souffrir. Au contraire on découvre un amour passionné qui fatalement ne peut être réciproque et dans les faits un amour destructeur. Il en en a eu conscience au terme de sa confession : "Elle chercha ses mots. Je les suppléai mentalement, lui (l'ami), il lui a brisé le coeur. Toi, (HH) tu as simplement brisé ma vie". Et aussi "Rien ne pouvait faire oublier à ma Lolita la lascivité infâme que je lui avais infligée". Et encore: "Mais la chose la plus horrible...que la plus misérable des vies de famille était préférable à cette parodie d'incestes qui à la longue était le mieux que j'eusse à offrir à cette enfant perdue".

Le récit narratif nous permet de réaliser la complexité de la pathologie de HH : nous vivons d'une certaine façon ses troubles, ses pulsions, ses émotions... En conséquence de ce choix narratif nous n'avons que peu de connaissances du vécu, des souffrances de Lolita, la victime et pas davantage de l'auteur qu'il ne faut pas confondre avec le narrateur HH. Depuis cette oeuvre, une parmi les meilleures de la littérature américaine du XXième siècle, le terme nymphette et lolita sont devenus des mots communs pour qualifier une jeune fille de sensualité précoce. Je rassure le lecteur, ce roman n'a rien d'un ouvrage vulgaire de pornographie. Il s'agit d'un drame passionnel qui décrit avec talents les pulsions d'un adulte, HH pour une jeune enfant, Lolita dont il assurait la tutelle après la séparation des parents puis le décès de la mère. Incontestablement un chef d'oeuvre.
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Lolita

Paru en 1955, Lolita, de Vladimir Nabokov a connu le scandale, la censure puis un immense succès : plus de 50 millions d’exemplaires vendus en 50 ans (source). Sa notoriété est si forte qu’une Lolita désigne dans le langage courant une nymphette, une préadolescente délurée.



Le sujet est d’une audace marquante : la pédophilie. La hardiesse sulfureuse a payé : le vent des critiques de moralité a attisé le brasier de la notoriété. Et pourtant, seuls des lecteurs primaires peuvent y voir un éloge de la pédophilie. Le narrateur et héros, Humbert Humbert, souffre de graves troubles psychiques. Avant de connaître (bibliquement) sa Lolita de 12 ans, il a été plusieurs fois interné : c’est un malade mental, déprimé et paranoïaque.



Dans les années 50, le sujet est passé « à l’arrache ». Je suis persuadé qu’en 2011, il serait bloqué à la fois par le politiquement correct, père d’une pensée unique appauvrissante, et par la psychose de la pédophilie qui tourne parfois à la chasse aux sorcières.



Un des thèmes du roman est l’ambivalence du double rôle de Humbert Humbert, à la fois père (adoptif) et amant (passionné). La tragédie devient touchante quand on s’aperçoit que sauf au début où elle se donne volontiers, Lolita n’éprouve pas d’amour pour son amant, elle ne fait que subir. D’autres femmes traversent la vie du narrateur, elles l’aiment sincèrement mais lui est obsédé par la « nymphescence », en pauvre malade qu’il est. Cette capacité à émouvoir est propre à l’œuvre d’art littéraire.



Le style est flamboyant. Nabokov possède une richesse de vocabulaire époustouflante surtout quand on songe qu’il a écrit en anglais tandis que sa langue maternelle est le russe. De nos jours, son style apparaît si soutenu qu’il vire au précieux, mais peut-être faudrait-il dépoussiérer la traduction qui date d’un demi-siècle. Il y a quelques longueurs lors de digressions, inévitables dans une œuvre de 500 pages au format poche.



Le récit ne manque pas d’humour corrosif. Le narrateur décrit au vitriol les personnages qu’il croise. Son œil est à la fois lucide et médisant. Voici comme il dépeint par exemple sa première femme :

« Bientôt, Humbert eut sur les bras une massive et bedonnante baba, avec une poitrine ballonnée, des jambes trop courtes et un cerveau quasi inexistant. »

Et lorsqu’il décrit le « corps » médical, avec lequel il n’est jamais tendre :

« Étranges créatures que ces infirmières fessues qui sont toujours si pressées et font si peu de choses. »



Quel est le message ? La morale ? Nabokov répond : « (…) Lolita ne contient aucune leçon morale. À mes yeux, un roman n’existe que dans la mesure où il suscite en moi ce que j’appellerai crûment une volupté esthétique, à savoir un état d’esprit qui rejoint (…) d’autres états d’esprit dans lesquels l’art – c'est-à-dire la curiosité, la tendresse, la charité, l’extase – constitue la norme. De tels livres sont rares. Tous les autres ne sont que des fadaises de circonstance. » Fin de citation.



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Lolita

Même réaction que lorsque j'ai récemment terminé Guerre de Céline… « Bon, je l'ai lu, c'était pesant mais bien écrit ».

Ce fut long, très long. Car une fois passée la première centaine de pages, la structure est très répétitive : le Narrateur et Lolita voyagent en voiture, elle fait un caprice, il cède, ils ont une relation, ils repartent en voiture, il pleure… Et surtout, il y a le malaise provoqué par la situation elle-même, d'autant qu'elle est répétée encore et encore. Lolita est objectivée, réifiée. Seul son corps compte pour le Narrateur, qui n'a pas accès à ses pensées – et qui ne cherche même pas à les lire d'ailleurs. C'est donc le Narrateur qui voit une histoire d'amour, qui voit des sentiments et de la tendresse que lui porte Lolita. Nous, lecteurs post me-too, lecteurs plus sensibilisés aux questions de viol, d'inceste, de pédophilie, nous ne voyons pas de l'amour.

Et mon malaise de lectrice a été renforcée par la force évocatrice du style, et le recul sur lui-même du Narrateur. Rien n'est dit de façon crue, au contraire, le Narrateur parle de qu'il fait à Lolita de façon très pudique, voire très poétique – il se prend d'ailleurs pour un poète, il écrit des vers. On ne trouvera ainsi pas le mot viol, ni même le mot sexe, mais des métaphores délicates. Les poètes français de la Renaissance qu'étudie le Narrateur étaient moins prudes et plus directs… Et surtout, le Narrateur séduit malgré ses actes par l'analyse qu'il donne de lui-même. Il a beaucoup d'auto-dérision, il se moque de lui-même, il interpelle son lecteur qu'il cherche à apitoyer et à flatter, il semble mêmes s'amuser à varier son style, recréant un dialogue théâtral de boulevard, une confession pathétique…

Le Narrateur est donc un monstre, mais il écrit bien... Et c'est finalement ce qui m'a fait continuer ma lecture, cette réflexion sur le pouvoir de l'écriture.
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Lolita

Prouesse littéraire, artistique ou comment de l'horreur naît la beauté. Comment expliquer que Nabokov nous tend sa main, que nous la prenons sans jamais la lâcher alors que nous lisons les confessions d'un pervers pédophile ? Est-ce le côté voyeur, la possibilité de regarder à travers le trou de serrure et voir le MAL ? L'écriture est magnifique, envoûtante. Cette oscillation entre la beauté et l'abject, la magnificence de Lolita telle que décrite par Humbert Humbert, son amour fou pour elle face à sa perversion, son insatiable envie de satisfaire ses désirs sans avoir la moindre compassion pour cette enfant. Le lecteur est ainsi sans cesse ballotté, presque compatissant avec Humbert Humbert quand il perd sa dulcinée pour aussitôt se rappeler qu'il est un odieux pédophile qui pleure plutôt la perte de son objet sexuel que la disparition de l'être aimé.

La fin, une véritable farce, conclue parfaitement à le fois le destin d'Humbert Humbert que le roman.

Un chef d'oeuvre qui n'a rien perdu de son aura, ou autrement dit d'une modernité saisissante et effroyable !
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Ada ou l'ardeur : Chronique familiale

Ce livre a pour moi une histoire : offert par un ami dans les années 70 ,la brouille entre nous le relégua dans les enfers de ma bibliothèque . Le temps passa , l’ami disparut ,et en cette année 2021 ,l’ouvrage émergea ,léviathan poussiéreux , de rayons oubliés. J’emploie la métaphore à dessein car il s’agit d’un roman monstre :700 pages bien tassées entrelaçant de nombreux thèmes autour d’un fil directeur sulfureux : l’amour de l’adolescence à l’extrême vieillesse d’un frère et d’une sœur Ada et Van Veen . Un amour passionnel, charnel (ô combien !), semé de tempêtes, de séparations crêve-cœur et de retrouvailles extatiques. Le cadre en est une Terre alternative où l’histoire (Etats -Unis et Russie sont mêlées ),la science (pas d’électricité mais des tapis volants), la littérature (les nouvelles de Maupassant sont écrites par une vieille préceptrice de la famille) ont pris un chemin parallèle . Autour de cela une myriade de personnages secondaires burlesques ou tragiques, des variations de ton de la comédie au drame (Lucette la flamboyante mal aimée ) , des digressions (parfois indigestes, je l’avoue ) sur le Temps , l’entomologie (passion de Nabokov) ,la botanique , des surgissements de russe , de latin . Mais dans ce foisonnement surgissent comme un rêve sensuel la lumineuse beauté des amours adolescentes dans l’Arcadie du château d’Ardis , la finesse dans l’analyse de la passion et la poésie du langage . Un très grand livre !
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Lolita

Chef d’œuvre de la littérature américaine, plein de poésie, de belles métaphores, l’écriture et le style sont superbes, le vocabulaire riche et peu usité.

LE sujet sulfureux et connu de tous, sur lequel tout le monde a un avis, il n’y a qu’à voir le nombre de critiques sur ce site, est évidemment la pédophilie. Déviance abordée ici via le regard de l’homme à abattre, au combien sympathique et attachant, qui est assez lucide pour mettre des mots sur ses maux, et qui pourtant explique avec tendresse l’amour qu’il porte à cette belle nymphette. Véritable amour, puisque, passé l’âge de l’adolescence, il l’aimera encore, toujours, elle le hantera jusqu’au bout.

Cette lecture est très perturbante puisque je n’y ai vu, dans la 1ere partie tout au moins, que rêves, désir, amour, H.H veut prendre soin de sa dulcinée et l’aimer avec délicatesse, vibrer auprès d’elle.

La seconde partie, parfois fastidieuse à lire car souvent trop longue, traite, en plus de ce qu’il lui fait subir, de la folie du protagoniste, que l’on sent poindre et grandir au fur et à mesure, pour envahir purement et simplement sa vie, et les pages qu’il rédige. On ressent notamment cette jalousie étouffante, traduction de la folie de cet homme, qui le brûle de l’intérieur et dont il ne peut se départir. La manipulation est aussi de mise et l’auteur l’a tout aussi bien décrite que le côté attachant du personnage dans la 1ère partie. Cela m’a d’ailleurs arraché une grossièreté tellement ce qu’il avait dans sa tête était révoltant et insupportable.

L’écriture est brillante et on vit dans la tête de ce fou, dévoré par la maladie qui le terrasse et contre laquelle il ne peut lutter.

Ce déviant, qui malgré sa lucidité, ne peut s’empêcher de trouver cette petite parfois capricieuse, aux lectures inintéressantes sans même se rendre compte que ce qu’il lui reproche n’est qu’une absence de maturité, une normalité pour une enfant de 12 ans. Alors, certes, la demoiselle est entreprenante, n’a pas froid qu’aux yeux et se montre peu farouche, mais elle est avant tout une petite fille paumée, élevée dans un milieu que H.H trouve d’ailleurs médiocre, lui, homme distingué européen qui se retrouve plongé dans cette strate de la société américaine peu évoluée.

Ce livre, à l’écriture magnifique, jamais vulgaire, a pour seul bémol la longueur de la seconde partie, description des paysages américains, cependant remarquablement documentée.

J’en garderai cependant un très beau souvenir, marquant, car le sujet difficile est bien abordé, sous un angle peu commun, osé, et ce d’autant plus que le personnage est attachant.

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Lolita

Lolita.

Résumé en une phrase : l’histoire d’un pédophile.

Si on s’arrête à ça, on ne voit pas l’intérêt de lire. Culturellement, on a déjà un point de vue bien arrêté sur la question, et ce n’est pas un roman qui va nous amener à revoir notre opinion, est-ce que c’est bien ou mal, est-ce que c’est un magnifique amour ou un abject abus de faiblesse.

Mais Lolita n’est pas un article de presse où il faut juger un homme et ses actes. C’est de la littérature, où la forme compte bien plus que le fond. Et dans ce roman, quelle forme ! L’écriture est ici aussi jouissive que ce que le sujet est dégueulasse !

A chaque évolution de la pensée de Humbert, le rythme change, le registre change, et toute l’écriture est modulée pour suivre les états d’âme de ce narrateur et les faire ressentir au mieux par le lecteur. Là où le fond (la pédophilie) n’aurait provoqué que dégoût et mépris, la plume de l’auteur m’a réellement transporté à travers toute une palette d’émotions : pendant 400 pages, Nabokov m’a projeté dans la tête d’Humbert, et je me suis senti passer du dégoût à l’envie, de la honte au désir, de la lassitude au mépris, de l’agacement à l’ennui, de la haine à la mélancolie.

Lolita. Un bouquin qui peut difficilement laisser indifférent.

[NB: lu dans sa version originale]
Lien : https://toccacieli.wordpress..
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Lolita

J'ai tournée 20 ans autour de ce bouquin avant d'oser m'y plonger. J'ai essayé de voir le film et je n'ai pas pu aller plus loin que la première 1/2 heure à l'époque. Et puis tout d'un coup, après avoir revu les meilleurs moments "d'apostrophe" où Pivot recevait "Le Maître" Nabokov je me suis dit : Il faut que tu le lise. Dont acte et ....

Eblouissement total ! Quel bouquin nom d'une pipe, il mérite son aura et je ne peux en dire davantage que les deux premiers lecteurs en tête de gondole, c'est un bouquin magistral, dérangeant et atypique qui n'a pas pris une ride.



Vincentf et Fredho ont dit parfaitement tout ce qu'il y avait à en dire, rien à ajouter, seulement à saluer davantage.
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Lolita

« Lolita », c’est l’histoire d’un amour passionné et physique qu’éprouve un homme d’âge mûr, Humbert Humbert, pour une jeune adolescente américaine, Dolores, douze ans.

« Lolita », c’est en fait la confession d’Humbert Humbert, écrite depuis sa cellule de prison dans laquelle il attend son procès pour meurtre. Lorsqu’Humbert Humbert fait la connaissance de la fille de sa logeuse Charlotte, il voit en la jeune adolescente prénommée Dolores la réincarnation d’un amour de jeunesse perdu. Dans son esprit dérangé, Dolores devient Lolita, une nymphette qui éveille en lui la passion, le désir et la luxure. Dès lors, obsédé par la jeune adolescente, Humbert va tout faire pour s’en rapprocher et assouvir ses fantasmes…



A sa sortie, le livre fut l'objet d'un énorme scandale et fut même censuré dans certains pays. Malgré cela, "Lolita" se vendit à des millions d'exemplaires et est aujourd'hui, considéré comme l'un des classiques de la littérature moderne.

« Lolita » c’est avant tout une histoire trouble où les deux protagonistes ont chacun leurs vices et leurs faiblesses. On qualifierait aujourd’hui Humbert Humbert de pédophile (ce qu’il est). Pour autant, l’histoire n’est pas si simple. On découvre à la lecture du roman qu’il ne s’agit pas simplement du bien et du mal, du vice et de la vertu, du sordide face à l’innocence. Humbert Humbert est un être détraqué, avide d’assouvir son désir. Mais ses désirs ne sont pas seulement charnels. Il aime d’une passion dévorante sa Lolita et souhaiterait que cet amour soit partagé. Mais ce n’est pas le cas… et c’est ce qui le rend faible.

Dolores de son côté n’est pas une simple adolescente « innocente et pure » et on a du mal à la voir en une simple victime. Elle est à la fois naïve, fragile, superficielle, peste, insupportable, crédule... Aguicheuse, elle joue très consciemment de son pouvoir sur Humbert Humbert. Il n'en reste pas moins qu'elle a tout juste 12 ans et qu'elle subit une relation qu'elle n'a pas choisie. Ce roman met donc en scène deux personnages à la psychologie très complexe, d’où son intérêt.

Pour terminer, face aux personnes qui pensent qu’Humbert Humbert n’est pas un pédophile, je répondrais que c’est ici tout l’art littéraire de Nabokov de nous le faire croire. Oui, on s’apitoierait presque sur le malheur de cet homme. On penserait presque qu’il n’est pas vraiment un pédophile monstrueux. Et bien si ! Prenez un « Humbert » dans la réalité, c’est-à-dire un homme de 40 ans qui désire sexuellement une petite fille de 12 ans à peine. Peu importe qu’il dise qu’il l’aime, peu importe que cette jeune adolescente paraisse aguicheuse. Il calcule et manipule pour obtenir l’objet de son désir. Les pulsions d’Humbert (et les actes que l’on devine) sont le fait d’un pédophile.

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Lolita

Lolita, un roman qui est pour moi un chef-d’œuvre dû à l’exercice littéraire auquel s’est prêté Vladimir Nabokov. Avec une plume qui n’a rien de vulgaire, il réussit grâce à de multiples détails à nous emporter dans la narration de Humbert Humbert, cet homme qui va abuser de celle qui va devenir sa belle-fille, âgée seulement de 12 ans. Grâce à des éléments qui relèvent du conte, du monde de la féerie, parfois même de la pitié, Humbert Humbert nous donne la sensation que l’horreur n’existe pas, parfois même qu’il est la victime de cette nymphette comme il l’appelle. Or, c’est lui l’abuseur et le pédophile et c’est Lolita, cette jeune femme de 12 ans qui est la victime de cet homme qui va abuser d’elle physiquement mis aussi mentalement. Vladimir Nabokov le montre avec autant de talent que le récit de Humbert Humbert. Des phrases cruelles et terribles qui montrent toute la souffrance de la jeune fille.



Ce roman est un chef-d’œuvre, car Vladimir Nabokov fait glisser le lecteur dans cette narration, dans l’histoire que veut se raconter cet homme qui parait si parfait, si intelligent. Et qui parfois fait tout de même prive d’une certaine conscience des actes qu’il commet pour mieux se replonger dans une sorte de dédoublement terrible. Nabokov nous entraîne avec violence, avec une plume incroyable avec lui nous faisant parfois oublier à nous aussi l’horreur à laquelle on assiste.



Ce roman n’a rien de la promotion de la pédophilie. D’ailleurs dans le prochain livre dont je vous parlerai, lors d’une proposition de l’adaptation du roman, Nabokov refusait qu’on puisse prendre une fille pour jouer le rôle de Lolita. D’ailleurs, plein d’éléments dans le roman montre cela et je trouve assez moderne cette dénonciation de cette société ou nombre d’hommes abusaient de jeunes filles... Je pense que les dernières actualités le prouvent.



Assurément, ce roman n’est pas simple à lire tantôt pour la plume qui demande une concentration, tantôt pour l’horreur qu’on découvre sans encore une fois, de vulgarité, d’obscénité très crue.



À lire, tout simplement.
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Lolita

Il est rare que j’attende quelques jours avant de formuler une critique. Or, cette fois-ci prendre du recul était nécessaire.

Il serait dommage de réduire Lolita à roman pédo-pornographique. Il est vrai, on suit tout au long de l’histoire les pensées de Humbert Humbert, un homme de lettres plutôt décrit comme séduisant, mais qui est un prédateur sexuel notamment sur les fillettes… et sa belle-fille Lolita.

Évidemment, ce n’est pas facile à lire et l’atmosphère est très dérangeante. Mais il faut justement reconnaître à l’auteur une narration incroyable qui rajoute à cette pesanteur : appel à nos sens constants avec beaucoup d’évocations, dissection de la pensée d’Humbert Humbert comme si nous étions dans sa tête, un voyage à travers les États-Unis riche en détails et en points de vue…

Parfois, on marcherait presque sur le fil de la compassion avec H, parfois on s’en dégage avec dégoût… ici réside toute l’ingéniosité de Nabokov qui joue avec son lecteur.

Bien que le sujet soit difficile, c’est un livre qui mérite d’être lu.
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Ada ou l'ardeur : Chronique familiale

ADA ou L’ ARDEUR de VLADIMIR NABOKOV

Le héros c’est le Docteur Van Veen, fils du riche et célèbre Démon Van Veen, personnalité de New York. Le château d’Ardis, est la propriété de l’oncle de Van, Daniel Veen, amateur d’art, »poltron sentimental »,marié à Marina, amoureuse de théâtre et mère d’Ada, une enfant très spéciale, une petite »verbivore », l’héroïne du roman. C’est dans cet incroyable château qu’ils se rencontrèrent. La première fois que Van vint dans ce lieu il se souvint du dîner avec les parents d’Ada, il y avait un architecte espagnol, Alonso, qui étudiait l’idée d’une piscine artistique, il ne parlait pas anglais, les Veen ne parlaient pas espagnol! A table le grand jeu de Daniel Veen était d’éviter que Marina parle théâtre et pour se faire il lançait Ada sur des questions de botanique où elle était intarissable. Après le dîner Ada fit découvrir ses jeux et son endroit chéri, son »larvarium ». Van quand il eut 94 ans se souviendrait toujours de cette première journée. Van et Ada sont supposés être cousins, ce qui n’empêchera pas leur relation de se développer cet été là, leur premier baiser dans le salon de musique, d’ailleurs Lucette les a vus, c’est la sœur cadette d’Ada, elle va aussi être amoureuse de Van. C’est un soir d’incendie dans une grange qu’ils restèrent seuls au château et consommèrent voluptueusement. Avec le temps ils ne se souviendraient plus, exactement, quand »la fraîcheur de son âme avait été déflorée ». Ils resteront de longues années sans se voir, Ada sera mariée, Van aura une vie amoureuse intense, ils envisageront des enfants tout en s’interrogeant sur leur lien de parenté par très évident.

Si l’histoire est passionnante, ce n’est pas la raison principale pour laquelle vous lirez Ada, c’est pour le monde que crée Nabokov et son style. On imagine être aux États Unis mais tous les noms sont russes et au final on est dans un univers imaginaire fait des souvenirs d’enfance de l’auteur et de sa réalité américaine. Quant au style, Nabokov s’en donne à cœur joie, allitérations, jeux de mots, mots valises, métaphores, tout y passe sur fond d’érudition qui, disons le, peut lasser. C’est un livre brillant, intelligent, un peu pervers,, Lucette et Ada ont un côté nymphette, et puis quand même Ada et Van sont cousins, enfin…
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Lolita

Un classique dérangeant au possible de part son sujet mais écrit avec virtuosité.



J'ai aimé la construction narrative ( roman noir, road trip, confession journalistique ) et la psychologie des personnages très développée.



Etre dans la tête d'un pédophile est une expérience très singulière et je salue l'audace et l'intelligence de Nabokov.



J'ai été toutefois souvent dégoûtée par les scènes de pédophilie décrites, qui, s'en jamais être clairement explicites, sont décrites avec une plume enchanteresse rendant la lecture presque insoutenable.



Comme pour Le Jardin des Supplices de Mirbeau que j'ai lu en parallèle, le contraste entre la beauté et le lyrisme de la langue et l'horreur de la réalité crée un sentiment mitigé chez le lecteur, le soumet à rude épreuve.



Un roman à découvrir absolument tant l'expérience de lecture est insolite et percutante.



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Le Guetteur

Jeu de miroirs

L'action se situe à Berlin dans le milieu des émigrés russes. Le narrateur est un petit bonhomme terne et narcissique. A la suite d'une vaudevillesque histoire ( il se fait aplatir le portrait par un mari cocu) qui le met en face de lui-même , il fait une lamentable tentative de suicide. A l'hôpital, il décide qu'il existera désormais à travers ce que les autres pensent de lui. Dès lors, il se met à guetter dans leur regard, leurs propos, leurs lettres, l'image séduisante et courageuse qu'il s'invente au fur et à mesure...



C'est un roman très ludique. Il n'y a rien de réaliste à chercher, à part peut-être la propension des gens à se regarder le nombril. L'auteur joue avec les images créées par ce narrateur givré, par son double -personnage qu'on repère assez vite- et par celles que les autres ont de lui. Ces dernières nous font relire le texte de façon différente à la recherche d'indices. Donc si vous aimez Queneau, Perec et compagnie, je vous encourage à lire ce petit livre malicieux. Il y a aussi beaucoup de clins d'oeil à des thèmes et à des personnages de la littérature russe ou autre.
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Lolita

[CRITIQUE SANS SPOILERS]



« J'aimerais maintenant introduire l'idée suivante. On trouve parfois des pucelles, âgées au minimum de neuf et au maximum de quatorze ans, qui révèlent à certains voyageurs ensorcelés, comptant le double de leur âge et même bien davantage, leur nature véritable, laquelle n'est pas humaine mais nymphique (c'est-à-dire démoniaque) ; et ces créatures élues, je me proposer de les appeler "nymphette"».



Dès le début du récit, le ton est donné. Dans sa longue confession, Humbert Humbert ne compte pas taire la vision du monde qui accompagne sa pédomanie. Il ne compte pas non plus taire les péripéties et détails sordides de sa relation avec Lolita. C'est elle, la « nymphette » qui subira la passion maladive d'un pédophile notoire.



Humbert est prêt à tout pour rester proche de Lolita. Il parvient tout d'abord à se faire loger chez sa mère, Charlotte Haze. Cette dernière tombe éperdument amoureuse du gentleman et lui pose un ultimatum : se marier ou partir. Humbert accepte le mariage pour rester proche de la fillette, âgée alors de 12 ans et lui de 37. Finalement, Charlotte meurt dans un accident de voiture et Humbert se fait passer pour le père biologique, emportant Lolita dans une vadrouille à travers le Middle East.



Beaucoup de lecteurs ont vu dans Lolita une apologie de la pédophilie. Je ne pense pas que ce soit le cas. Il est aisé de confondre la compréhension et l'explication avec l'excuse. Nabukov propose ici un cas d'espèce. Il ouvre le crâne de Humbert et donne à voir un tabou : le point de vue de la pédophilie par un pédophile suffisamment éduqué pour enrober ses pulsions de rhétorique et de rationalisation. « Je vais vous dire quelque chose de très étrange : ce fut elle qui me séduisit », déclare Humbert.



Humbert justement, est le personnage principal du roman. On ne voit Lolita qu'à travers ses yeux. Elle, est l'arabe de l'Étranger de Camus. On ne connaît que ce qu'elle daigne d'expliciter face à Humbert : des paroles, des gestes, des mimiques. Le reste est hermétique. Humbert lui-même ne la connaît pas vraiment tant il l'idéalise. Au fur et à mesure de l'histoire, il s'enferme d'ailleurs dans un monde qu'il construit : il vit avec l'image de Lolita plus qu'avec Lolita elle-même (qui ne cesse de grandir et ne sera bientôt plus nymphette), il va de ville en ville pour fuir une réalité qu'il ne contrôle pas, il se laisse happer par la folie.



Au-delà de l'audace narrative, Lolita est d'un style littéraire aux qualités indéniables. Le narrateur enveloppe sa laideur morale d'une esthétique discursive fascinante. Il a le sens de la formule, du mot juste, de la référence bien placée. C'est peut-être cela qui produit un malaise : l'esthétique est au service d'un contenu vicieux. Le cépage a un bel arôme, mais il demeure dégoûtant une fois en bouche. Et ce n'est pas un mauvais cru pour autant.
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Machenka

Berlin 1925

Le cadre de ce court roman est celui d’une pension où résident des émigrés russes chassés par la révolution. Toute l’intrigue se joue en quatre petits jours…

On y retrouve Ganine, jeune homme de 25 ans au chômage, et Alfiorov, la quarantaine, qui attend impatiemment que sa femme arrive de Russie : Il ne l’a pas vu depuis 4 ans et elle vient enfin d’obtenir les papiers pour sortir de Russie. Cette femme est la Machenka du titre.

Ganine, après une période de suractivité, tombe dans la dépression.

Il reste avec une maîtresse Ludmila qu’il n’aime plus, par apathie jusqu’au jour où …il voit une photo de Machenka …et où il se souvient…de son premier amour à 16 ans…



L’écriture m’a beaucoup plu : les images de la pension sont percutantes (on entend le train de la gare voisine faire trembler les murs), les images sont surprenantes et poétiques, Ganine est très ambigu (amoureux ? criminel ? voleur ? fou ? )



Il s’agit du premier roman de Nabokov et il semble que celui ci ait une part autobiographique importante. En tout cas j’ai trouvé le ton très juste : l’évocation tout en nostalgie et ressentiment de l’exil, la nostalgie de son premier amour.



Tout au long du livre, la place des trains est importante : la pension est tout contre une gare, l’énigmatique Machenka doit arriver au train de 8h05 le samedi suivant, Ganine se souvient d’une rencontre en train quand il habitait encore en Russie et à la fin, il quitte Berlin pour la France en train… ce leitmotiv du train m’a énormément fait penser à « La modification » de Michel Butor….



La fin de ce livre est parfaite…
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