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Georges Magnane (Autre)
EAN : 9782070375806
160 pages
Gallimard (05/07/1984)
3.82/5   54 notes
Résumé :
Ecrit à Berlin en 1930, l'histoire se déroule en un temps où, par suite des bouleversements de la révolution, les frontières sociales sont particulièrement incertaines et les masques encore mal assujettis dans la petite société de l'émigration russe. L'évocation de ce milieu pittoresque n'est toutefois pas le seul sujet du livre. Ce serait plutôt le vertige qui s'empare de Smourov lorsqu'il cherche à se définir. Smourov a une revanche à prendre sur la vie et voudrai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Jeu de miroirs
L'action se situe à Berlin dans le milieu des émigrés russes. Le narrateur est un petit bonhomme terne et narcissique. A la suite d'une vaudevillesque histoire ( il se fait aplatir le portrait par un mari cocu) qui le met en face de lui-même , il fait une lamentable tentative de suicide. A l'hôpital, il décide qu'il existera désormais à travers ce que les autres pensent de lui. Dès lors, il se met à guetter dans leur regard, leurs propos, leurs lettres, l'image séduisante et courageuse qu'il s'invente au fur et à mesure...

C'est un roman très ludique. Il n'y a rien de réaliste à chercher, à part peut-être la propension des gens à se regarder le nombril. L'auteur joue avec les images créées par ce narrateur givré, par son double -personnage qu'on repère assez vite- et par celles que les autres ont de lui. Ces dernières nous font relire le texte de façon différente à la recherche d'indices. Donc si vous aimez Queneau, Perec et compagnie, je vous encourage à lire ce petit livre malicieux. Il y a aussi beaucoup de clins d'oeil à des thèmes et à des personnages de la littérature russe ou autre.
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Roman des premières années européennes, "Le Guetteur" (auquel il faudrait sûrement préférer son titre anglais, "The Eye") est un court condensé de toutes les obsessions littéraires de Vladimir Nabokov qui laisse errer sa plume enchanteresse et magique sur les nostalgies du passé, l'érotisme lancinant de la société ou les petits cercles de l'Ancien Régime russe en exil. Constamment caché derrière des jeux infinis de miroirs, le personnage principal - et son auteur malicieux - interroge sa propre image et la postérité de son reflet, détaché de toute obligation terrestre (il se suicide dans les premières pages).

Comme toujours avec Nabokov, le style, les délicieuses métaphores, les descriptions précises et colorées, la langue choisie, sublime, l'emportent largement sur l'intrigue. "Le Guetteur" ressemble à une longue nouvelle plutôt qu'à un épais roman, ce qui évite les longueurs. On se réjouira des personnages évoqués, typiques, si attachants ou méprisables, et des moments assurément comiques, tel cet intermède de l'au-delà avec Lénine et un esprit farceur !

Si ce roman reste celui des jeunes années, loin des complexités stylistiques et psychologiques de la période américaine, il est déjà très nabokovien dans l'âme et l'écriture ; peut-être aussi une bonne porte d'entrée dans cet univers lyrique parfois déconcertant.
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C'est l'histoire d'un homme qui se regarde à travers le regard des autres. Après s'être tiré une balle et avoir été sauvé, il semble nager dans un univers quasi-onirique où il parle d'un Smourov à la troisième personne qui le hante et qui l'intrigue. Il guette et scrute cette personnalité qui n'est autre que la sienne. J'ai trouvé cette petite histoire envoûtante car on est emporté dans les pensées d'un personnage passionné dans tout ce qu'il fait : dans son amour pour les femmes et dans sa quête personnelle. Malgré cela je n'ai pas éprouvé beaucoup de sympathie pour le personnage principal qui me semblait parfois un peu exagéré dans ses actions. L'écriture est fluide et je dirai presque poétique, ce qui rend l'histoire encore plus envoûtante. Mais en fermant le livre j'avais une sensation d'inachevé, et d'une histoire beaucoup trop rapide et c'est ce qui justifie les trois étoiles que je lui ai donné.
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"Comme chacun sait, mes livres se dinstinguent non seulement par leurtotale absence de portée sociale, mais par le fait qu'ils sont à l'épreuve des mythes : Les Freudiens voltigent tout autour avec circonspection et avidité, dévorés d'un besoin brûlant d'y déposer leurs oeufs, mais ils s'arrêtent, flairent mon texte avec perplexité et parfois même s'en écartent avec horreur. Par ailleurs, le psychologue qui se penche avec sérieux sur mes cryptogrammes cristallins étincelant sous la pluie peut y découvrir un univers mental en voie de dissolution où le pauvre Smourov n'existe que dans la mesure où..." (avant-propos)

Vous êtes émigré russe fraîchement arrivé à Berlin, précepteur de deux garçons de bonne famille qui vous méprisent , prennent plaisir à vous voir vous user la rétine jusqu'à l'extrême limite du clair-obscur. On vous téléphone, l'instant d'après on frappe à la porte, puis votre crâne ; l'on vous pourchasse sous les yeux presque ravis des garçons, qui semblent faciliter la tâche de votre agresseur. Votre adversaire anonyme vous laisse là, humilié, l'estime de soi éparpillée en mille reflets scintillant dans les pupilles adolescentes.
Alors vous regagnez votre chambre de bonne, déchirez la seule fortune dont vous disposiez, calez le canon du pistolet entre deux côtes, juste là où la vie se concentre, palpite, sublimée par sa fin propre. Et pui c'est fini, vous mourez.Mais pas votre imagination apparemment.

Et vous vous voyez. "Qu'elle n'est pas la puissance de la pensée humaine pour qu'elle puisse ainsi franchir le seuil de la mort !"

Votre esprit, votre si puissant esprit continue de fonctionner, et cherche à percer le mystère d'un indidivu aux multiples facettes Smourov, au sein d'un ballet "familia(l)mical" de l'intelligentsia russe de l'époque - de la belle et naïve Vania au juif énigmatique et paranoïaque Weinstock.

Et puis qu'il est là, il essaiera de ramasser quelques traces que vous auriez pu laisser de votre (court) passage terrestre. Histoire de le justifier. Parce qu'après tout, n'est-ce pas là l'une des questions, sinon LA question que l'on se pose tous ? Ai-je, vais-je laisser une preuve de mon existence ?
Lien : http://www.listesratures.fr/..
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Livre assez fort et étonnant par son côté onirique et les événements étonnants qui arrivent au narrateur. Un passage à tabac, un coup de pistolet et une forme d'écriture de la pensée , du rêve, des fantasmes où beaucoup de choses sont possibles comme à une femme (Vania de se trouver dans une boîte volée). Grand livre à mon sens par son style et ses personnages décalés. Une expérience forte.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Les seuls témoins de ma vigilance étaient un bec de gaz qui avait l'air de cligner des yeux à cause du vent et une feuille de papier d'emballage qui tantôt partait à la débandade le long du trottoir et tantôt entreprenait avec des manières odieusement folâtres de s'enrouler autour de mes jambes, sans tenir compte des coups de pied que je lui jetais pour me débarrasser d'elle. (p. 121)
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Ce fut brutal et terrible. La merveilleuse bulle bleutée, aux délicates iridescences, sur le flanc lustré de laquelle se reflétait l'image déformée et brillante de la fenêtre, grandit, s'épanouit et tout à coup n'est plus là ; tout ce qu'il en reste, c'est le chatouillement d'une parcelle humide qui vient vous frapper au visage. (p. 81)
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Je pense que je dus la trouver assez plaisante, cette plantureuse personne d'humeur impavide, au regard de Junon, dont la grande bouche se ratatinait en un cul-de-poule qu'elle prenait pour un bouton de rose chaque fois qu'elle tirait un miroir de son réticule pour se poudrer le visage. Elle avait des chevilles fines et une démarche gracieuse, cela fait passer bien des choses. Une chaleur généreuse se dégageait de sa personne; dès qu'elle apparaissait, il me semblait que la température de la pièce s'élevait de plusieurs degrés et, le soir, lorsque j'avais reconduit à sa porte ce gros calorifère vivant et que je rentrais seul parmi les sons limpides et les éclats de vif-argent de l'implacable nuit, j'avais froid, je me sentais glacé jusqu'aux entrailles.
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Qu'importe que je sois un rien vulgaire, un rien noble et que personne n'apprécie tout ce qu'il y a en moi de remarquable - mon imagination, mon érudition, mes dons littéraires... Je suis heureux puisque je peux me contempler moi-même : c'est passionnant, un être humain - oui véritablement passionnant !
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Je me sentais perpétuellement exposé et perpétuellement lucide ; même pendant mon sommeil, je ne cessais de m’observer, butant sur l’absurdité de mon existence, perdant la tête devant mon incapacité à jouir un instant de la vie, un conscient de moi-même.
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