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Critiques de Vladimir Vertlib (31)
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L'Etrange mémoire de Rosa Masur

Ce livre est à jamais, l'occasion de rencontrer, Rosa Masur, extraordinaire bout de femme de quatre-vingt douze ans, juive russe, émigrée en Allemagne, dans la petite ville de Gigricht, plus de cinquante ans après la fin de la deuxième guerre mondiale. Elle se définit elle-même,"je suis atypique". Elle est atypique, coriace et terriblement marrante ! Bien que son histoire ne le soit pas autant....

A l'occasion de son 750 iéme anniversaire, la ville organise un concours intitulé "5 000 marks offerts à des témoins de l’histoire", pour un projet de livre-anniversaire, qui s'appelle ,“Étrange patrie. Une patrie à l’étranger”, et a pour but l'intégration des étrangers. Rosa qui a un fils invalide et une belle-fille et vit avec l'aide de l'Etat et celui de son petit-fils, ne va pas manquer cette offre alléchante.

La vieille dame a traversé le XX iéme siècle et deux guerres, et son histoire n'est pas des plus communes. Elle va nous la raconter à travers des interviews en russe réalisés par le traducteur de la municipalité....une histoire qui débute dans la bourgade de Vitchi, en Biélorussie, en 1910 ou 1911.....dix ans vont s'écouler, où Vitchi et sa communauté juive sera livrée aux Allemands , aux bolcheviks, aux Blancs antirévolutionnaires, aux Polonais ou tout simplement aux bandes, mélange hétéroclite d’anciens soldats, de vagabonds et de prisonniers évadés.....le siège de Leningrade,où la faim entraîne la consommation de bouillon à base de colle de papiers peints, de l'animal domestique de la maison,de pain à la farine mélangée à la sciure de bois, de lanières de cuir et de semelles de chaussures....et même...de chaire humaine ("C'est incroyable tout ce qu'on est capable de manger")....et l'histoire d'une survivance en tant que juif dans la Russie de l'après-guerre.



Les Juifs, les Noirs, les Femmes...toute sorte de discrimination y passe...pas toujours facile à lire mais la personnalité exceptionnelle de Rosa Masure allége toutes les difficultés, toutes les injustices et la méchanceté humaine au-delà de toute imagination ....



Je n'aime pas les livres traitant d'histoire et encore moins l'histoire du XXiéme siécle, mais ce livre ne vous inquiétez pas, n'en est pas vraiment un . C'est l'histoire d'une femme juive hors du commun,intelligente, sensible,futée, drôle, et qui ne manque pas de courage.....même face à Staline.



"L'Etrange mémoire de Rosa Masur", publié en février 2016, a remporté le Prix Adelbert Von Chamisso et le Prix Anton Wildgans. Si ça vous tente, un excellent roman, superbement écrit avec humour malgré la noirceur du sujet. Un grand plaisir de lecture !
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Lucia et l'âme russe

Lucia Binar, digne vieille dame amatrice de poésie, n'a plus qu'une aspiration dans la vie : habiter en paix jusqu'à la fin de ses jours (plus très nombreux, d'après elle) dans son appartement de la rue des Maures à Vienne, dans lequel elle a toujours vécu. Oui mais voilà, cela s'annonce mal : ce vendredi son repas chaud n'a pas été livré à l'heure et on lui conseille de manger des biscottes jusqu'à lundi, une jeune personne androgyne lui demande de signer une pétition pour faire changer le nom de la rue, jugé politiquement incorrect, et le propriétaire de son immeuble rêve toujours de déloger ses locataires peu rentables pour rénover le bâtiment et le relouer ensuite à prix d'or. Et pour arriver à ses fins, tous les moyens sont bons, à défaut d'être légaux: il laisse des toxicomanes squatter le rez-de-chaussée et faire la nouba toute la nuit, il fait oeuvre « humanitaire » en installant des candidats réfugiés au premier, organise des pannes d'eau, de courant et d'ascenseurs, ...



D'ailleurs, à propos d'ascenseur, c'est par la grâce des caprices d'une de ces cabines volantes qu'Alexander et Elisabeth se sont rencontrés avec fracas. Ils filent désormais un imparfait amour, qui doit s'accommoder des exigences de la baby-sitter du fils d'Elisabeth, et de la libido en berne d'Alexander, qui craint tellement la panne qu'il préfère passer la nuit à raconter sa vie à sa chère et tendre. Laquelle néanmoins ne perd pas tout dans l'histoire, puisque de toute façon elle n'arrive pas à oublier le père de son enfant, tué dans un accident, et qu'elle vient d'être embauchée comme assistante par l'employeur d'Alex. Viktor Viktorovitch, ledit employeur, n'est ni dentiste ni avocat, encore qu'il mente probablement autant que ceux-là réunis. Il est plutôt du genre gourou, catégorie mentaliste, et utilise dans ses spectacles le vecteur de « l'âme russe » pour atteindre « l'Esprit universel ». Oui madame. Et comme il n'est peut-être pas aussi charlatan qu'il en a l'air, tous ces personnages finissent, comme par magie, par se télescoper dans cette histoire loufoque, moqueuse et mordante.



Ce roman est bien écrit, bien construit, il est drôle et se lit très vite. Mais j'ai l'impression que des choses m'ont échappé. C'est peut-être dû au contexte viennois, que je ne connais pas. J'en ai compris que ce récit nous propose une variation sur un thème connu, dénoncé ici avec une ironie féroce: celui des riches marchands d'immobilier et de recettes de développement personnel qui font leur beurre sur le dos de la précarité. Et qu'ici, entre fatalité et espoir, la morale est sauve. Cette fois-ci.



En partenariat avec les Editions Métailié.
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Zèbre dans la guerre

Une famille plutôt tranquille dans un pays de l'Est. Le père très actif sur les réseaux sociaux ne s'arrête pas, même quand sa ville fait l'objet d'une forme de révolution. Il met en danger son entourage jusqu'à ce qu'il lui soit demandé de cesser promptement pour sauver des vies. Voilà un roman original sur l'impact des téléphones et réseaux sur des évènements si exceptionnels. En plus d'une écriture moderne, détendue. La lecture est agréable, et sa version de Sodome et Gomorrhe drôlement revisitée...
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L'Etrange mémoire de Rosa Masur

Vladimir Vertlib, est venu s'installer en Autriche sur les pas de Kafka, non à Vienne mais à Salzbourg, pour s'y baigner dans la musique baroque, cette ville qui fut pour moi, à l'age15 ans, un enchantement, musiques de chœurs, musiques de chambre, musiques de réconciliation, ici les carillons ne rythment pas les prières, mais la musique. On ne viendra plus le faire chanter, Lui le juif errant, car il chante déjà, L’étrange Mémoire de Rosa Masur.





Peut-on imaginer pire cauchemar, que de devoir manger feu le grand-père, à petits feux, pièce par pièce, à n'en laisser que les os ! L'une des pires horreurs vécues par Saint-Pétersbourg, "Leningrad", pendant les deux années de blocus, par une population affamées sciemment, face à l'armée Nazi. Comment imaginer que des enfants disparaissaient. L'étrange mémoire de Rosa a gardé intact ces années de guerre qu'elle a partagé avec Macha sa voisine, et ses enfants Kostic et Sheila.





Vladimir Vertlib né à Léningrad, a voulu raconter l'histoire d'une famille juive au long de ce siècle, catapulté dans des guerres fratricides entre des pays de culture chrétienne, Il a exprimé avec la lucidité d'un historien, et le parti pris d'un agnostique, que la pire des identités était l'identité juive, il fallait fuir, ou s’attendre à mourir d'un jour à l'autre. Absurde ! Kafkaien au sens le plus glauque, le plus noir, demain vous serez recherché, pour être pendu ou décoré ?



Kostic a pu intégrer une école supérieure de mécanique, où règne un certain Sergueïev le Doyen appelé le roi des juifs. Il faut savoir qu'après la guerre, après 1945, le nombre de juifs admis en classe supérieure était limité à un pourcentage inférieur à 5 %.

Kostik fera une faute d'orthographe sur un devoir de traduction, il oublie le r de Stalingrad. Certes cette traduction de russe en allemand, Stalinegad, ne donne aucune trace de subversion. Mais la blague en russe est connue Stalinegad, signifie Staline fumier.

Kostic est suspendu, puis arrêté. Un drame kafkaïen de plus.





Cette fois Rosa se lance à l'assaut du Kremlin, elle obtient un rendez-vous avec le bon père du peuple, de sa bouche émergent, deux phrases ubuesques : "Des talmudistes, des ergoteurs, des joueurs nés, dit-il". "Les juifs vous êtes un peuple rusé, le jeu, vous avez ça dans le sang". Puis il se mit à rire, "vous êtes une femme futée et courageuse, Rosa Abramovna. Vous me plaisez."page 369.



Ainsi, pour toutes les raisons imaginables, et inimaginable, aucun des membres de la famille de Rosa, n'a pu se soustraire à une arrestation, ou à un emprisonnement, ou pire à la mort.





Malédiction, peut-être, car être née dans le village de Vitchi, en 1907, c'est être biélorusse. "C'était l'époque où les arbres pointaient encore vers le ciel". Moyshe fut le premier à m'apprendre que le monde tel que nous le connaissions allait bientôt disparaître. "Nous nous sentions en sécurité au village aussi longtemps que nos voisins nous laissaient en paix comme nous ils marchaient pieds nus parler aussi bien le yiddish que nous le biélorusse".

Mais le village, proche de la frontière allait voir se succéder, russes, allemands, russes, allemands, russes...



Portrait d'une femme, le portrait de Rosa, une femme confrontée en permanence à son identité juive, qui selon, les hauts de cœur de l'histoire, frôle soit la vie, soit la mort. Oui quel étrange mémoire, d'avoir gardé cette fibre familiale, la seule qui mérite d'être entretenue, sauvegardée. Quelles doses de courage et d'humour faut-il cultiver, pour ne pas sombrer quand on perd des enfants, que l'on vous a confié, que la victoire est amère quand elle apprend qu'un de ces enfants a été sauvé alors que ses parents et toute sa famille ont disparu.



Livre bouleversant qui ne tombe pas dans le sentimentalisme, qui exprime crûment comment des êtres singuliers ont été pris en otage parce qu'il fallait trouver des boucs émissaires. Livre totalement kafkaïen, car il n'y a aucune logique à percevoir dans la communauté juive des hommes et des femmes rusées, filous, et de chercher à les honorer à travers un prix d'une haute valeur. Absurde ! Bien sûr !
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L'Etrange mémoire de Rosa Masur

Après avoir découvert Vladimir Vertlib avec son dernier roman, Zèbre dans la guerre, lors de la Masse Critique fiction, ma curiosité était attisée. Je me suis lancée dans ce roman bien plus ample et ambitieux, dont le publication originale est déjà ancienne (2001), mais traduit en 2016 seulement en français grâce aux éditions Métaillié.



Je suis un peu triste de n'avoir pas entendu parler avant de cet auteur, il me semble qu'il n'a pas le succès qu'il mériterait. J'ai l'impression que le public français n'est pas facilement perméable aux thèmes des romans russes. Si ce roman a été écrit en autrichien, langue de l'auteur dont les parents ont émigré de Russie dans les années 70, il traite effectivement de la vie en Union soviétique, et plus spécialement des situations qu'ont subies les juifs entre pogroms du temps des tsars, occupations diverses, exécutions dans le cadre de la solution finale, persécutions arbitraires...



Des sujets pas forcément très bien connus par les français avouons le, même si avec le conflit russo ukrainien certaines thématiques ont pu être mises sur le devant de la scène. Difficile dans notre pays marqué de longue date par l'emprise du communisme sur les journalistes et intellectuels de réaliser l'ampleur l'antisémitisme du stalinisme et des persécutions contre les juifs.

Ou tout simplement d'être informé des faits historiques concernant les exécutions de juifs durant la seconde guerre mondiale. La shoah a aussi eu lieu, massivement, sur le sol de l'Union soviétique, et si les exécutions n'étaient pas le fait des citoyens soviétiques, ils ont pu en être complices, voir auxiliaires ou simplement soutiens.



Le lecteur accompagne donc une vie de tribulations à travers les évènements terribles relatés par Rosa Abramovna, vieille dame juive née en Biélorussie, ayant vécu sa vie à Leningrad puis St Petersbourg, et dorénavant immigrée dans une bourgade allemande. Vieille dame qui ne manque pas d'humour et de malice... et l'auteur non plus, ce qui rend la lecture plaisante et parfois franchement drôle, malgré la teneur hautement dramatique des faits.



J'ai particulièrement apprécié l'astuce littéraire inventée par Vladimir Vertlib pour offrir un cadre à son récit, en traçant au passage une satire du bien pensantisme occidental. Rosa déballe effectivement ses souvenirs à l'occasion d'un concours organisé par la ville, qu'elle espère bien remporter. Cadre qui permet d'introduire le doute sur l'affabulation de Rosa sur certains épisodes. Mais le récit prouve aussi au lecteur que l'héroïne, en bonne mère juive, ne recule devant rien pour son Kostik!

Car l'enjeu c'est un prix, une grosse somme d'argent qui permettrait à Rosa de réaliser le rêve de son fils : voir Aix en Provence, en vrai. Vont ils voir Aix ??



Le thème du face à face avec le dictateur qui fait basculer un destin est un topos des récits qui abordent les régimes autoritaires. Pour être attendue, acmé du roman, la rencontre de Rosa avec Staline telle que Vertlib l'invente est vraiment originale.

La plume de l'auteur est volontiers poétique, tragique, satirique, volontiers philosophique. Mais le tout avec une drôlerie fidèle à l'idée que l'on a de l'humour juif: face aux persécutions, le rire n'est pas le moindre des soutiens.

La forme est également mouvante, passant de narration au passé, au présent, parfois épistolaire, Rosa entretenant un dialogue outre tombe avec sa meilleure amie, décédée pendant le siège de Leningrad.



J'ai vraiment été enthousiasmée par ce roman, très différent de Zèbre dans la guerre, même si l'auteur y tire le même fil, du passé au présent... J'espère que d'autres œuvres de Vertlib seront traduites, je lirai avec plaisir le 3eme roman actuellement publié toujours chez Métaillié, Lucia et l'âme russe.

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Lucia et l'âme russe

Bon, autant le dire tout de suite, j'ai eu du mal à mener à bout cette lecture et il me semble tout simplement que le sens profond m'a complètement échappé.

Et pourtant, le titre m'avait vraiment attirée. Pour la petite histoire, Lucia est le surnom que des copains anglais m'ont donné en référence aux livres de E. F Benson : le cycle de Mapp et Lucia - publié de nouveau récemment chez Payot- (oh, si vous ne connaissez pas… C'est un pur délice, très très anglais…) Bref, avec une copine, MAP, nous allions tous les étés à Londres faire les quatre cents coups… Quant à l'âme russe, j'ai déjà raconté ici et là, (j'ai tendance à radoter un peu) que ma grand-mère paternelle était russe. Bref, Lucia et l'âme russe, c'était forcément pour moi ! En plus, sur la 4e de couv, il est question d'un de mes romans russes préférés : Le Maître et Marguerite de Boulgakov.

Donc imaginez mon attente et du coup, ma déception !

Le sujet, hum, hum, ça coince (beau début de chronique). Une vieille femme, Lucia Binar, immobilisée chez elle pour cause de clavicule cassée lors d'un accident de bus, attend que les services sociaux lui livrent son repas. Mais rien ne vient, et lorsqu'elle parvient enfin à joindre le service d'urgence sociale, une employée un peu débordée se moque d'elle et l'invite à manger les biscottes ou les gaufrettes qui traînent dans son placard. Très bien, se dit Lucia, elle ne perd rien pour attendre, celle-là !

Arrive ensuite un étudiant, membre de l'association « Non au racisme dans nos rues » : il souhaite que la rue des Maures Mohrengasse soit rebaptisée la rue des Carottes Möhrengasse, ce qui fait évidemment beaucoup rire Lucia, elle qui est née et a toujours vécu dans cette rue de Vienne. Elle a traversé tout le XXe siècle dans cet appartement et elle ne le quittera que les pieds devant. « Lorsque notre rue fut pavoisée de croix gammées, j'avais cinq ans. Lorsque les derniers juifs de notre quartier ont été déportés, j'en avais neuf ; lorsque sont tombées les premières bombes, j'en avais dix ; durant la bataille de Vienne et à la fin de la guerre, peu de temps après, j'en avais douze ; quand l'Autriche a été de nouveau libérée, j'en avais vingt-et-un ; quand les premiers travailleurs immigrés sont arrivés dans notre quartier, j'en avais trente-trois. » Mais l'immeuble est de plus en plus mal fréquenté : des squatters y vivent et le propriétaire trouve cela très bien car au fond, il souhaite le départ de ses occupants afin de récupérer son immeuble. Lucia va devoir se battre pour rester…

Le XXIe siècle ne se présente pas très bien pour elle...

Puis, un autre personnage entre dans le roman : Alexander, un jeune émigré russe. Il se retrouve plus ou moins coincé dans un ascenseur fou avec une jeune femme, Élisabeth. Cet incident les rapprochera et un peu plus tard, Alexander se mettra à lui raconter sa vie, la mort de sa tante, sa rencontre avec un certain Viktor Viktorovitch, une espèce de charlatan-magicien qui veut créer une entreprise pour aider les gens à se découvrir et à voyager dans l'âme russe, ses relations avec ses demi-sœurs Ludmilla et Polina, ses mésaventures avec son beau-frère… La pauvre Élisabeth qui l'écoute raconter ses histoires est d'une patience… Elle en redemande même…

J'avoue que, de mon côté, j'ai vite été rassasiée par les propos d'Alexander, me suis perdue dans le sens général du texte, à la recherche d'une unité et d'une réelle progression narrative et rien ne m'a vraiment amusée dans cette histoire un peu forcée.

J'ai bien compris tout de même que Vienne apparaît comme une ville où les gens sont racistes, xénophobes, antisémites, que la modernité fait peur à certains personnages qui semblent avoir du mal à faire le lien entre leur vie d'autrefois et les grands changements actuels (ère du numérique etc, etc...)

J'ai cependant trouvé le personnage de Lucia attachant : ancienne institutrice et dévoreuse de livres, elle cite régulièrement des œuvres, connaît des vers par coeur et l'on sent que la littérature l'aide à surmonter les difficultés de l'existence. « Ma soif de mots est plus forte que mon désir de m'alimenter d'une nourriture plus substantielle que des poèmes. » J'aurais aimé que le roman soit davantage centré sur ce personnage plein d'humour et n'ayant pas l'intention de se faire dicter une ligne de conduite quelle qu'elle soit…(J'ai eu l'impression de retrouver un peu Aaliya Saleh, le personnage d'Une vie de papier de Rabih Alameddine.)

Oui, bien sûr, c'est une oeuvre originale, étrange, excentrique à souhait, bien déjantée, les événements improbables et les rencontres folles s'accumulent mais l'on peine (moi en tout cas) à y voir clair. Si quelqu'un peut me venir en aide… Je suis disposée à prendre en compte toutes les interprétations que vous me proposerez...


Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Zèbre dans la guerre

Né à Saint-Pétersbourg en 1966, Vladimir Vertlib n'a passé que ses 5 premières années en Russie avant que sa famille émigre en Israël puis se fixe définitivement en Autriche. Depuis 1995, Vertlib a publié de nombreux livres mais Un zèbre dans la guerre n'est que sa troisième traduction en français, aux éditions Métailié. Eu égard à la qualité de ce roman, et à ses fortes résonances avec l'actualité, il pourrait bien être le livre qui va faire connaître son auteur plus largement dans notre pays. Impossible de ne pas penser à la guerre en Ukraine, que la parution initiale du livre a précédé, dans un récit qui raconte une ville soumise à des bombardements incessants, alors qu'un conflit oppose les forces gouvernementales à une armée de rebelles. Cette cité, d'ailleurs, telle qu'elle est décrite, ressemble énormément à Odessa. C'est par le prisme d'un homme banal, prénommé Paul, que Vertlib nous décrit la vie quotidienne d'une famille qui résiste comme elle peut à la peur, aux pénuries et à la propagande du régime provisoire. Paul, qui vient de sa faire humilier sur les réseaux sociaux, tente de reconquérir sa dignité, au moins vis-à-vis des siens mais l'entreprise est loin d'être gagnée. L'auteur a choisi le ton de la satire pour cette dystopie qui autrement aurait de quoi faire frissonner. Il tire à vue, avec un humour féroce, sur la corruption des dirigeants, la versatilité des foules, la dangerosité d'Internet, et plus largement sur la capacité de veulerie des êtres humains. Kafka et Orwell ne sont pas loin mais restent quelques îlots de tendresse, comme l'amour d'un père et de sa fille adolescente, au milieu de ce théâtre de l'absurde et de l'atroce où l'on impute aisément les temps difficiles aux étrangers et aux minorités qui dérangent. Et pendant ce temps-là, un zèbre en liberté contemple sans sourciller le chaos de la cité. Quant à Paul, il raconte à sa fille l'histoire de la femme de Loth dans une version pour le moins fantaisiste mais comment croire à quelque chose encore dans un monde qui a perdu toute raison ? A sa manière, Un zèbre dans la guerre dépasse le cadre du roman pour devenir une étude sociologique très poussée, avec en sus un véritable talent pour l'ironie mordante et pour la dérision, qui ne font qu'amplifier l'acuité et l'intensité d'un des meilleurs livres de ce début d'année.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Métailié.
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Zèbre dans la guerre

Écrivain autrichien né en 1966 à St Petersbourg, Vladimir Vertlib est encore peu connu en France, mais ses œuvres, publiées en allemand, sont présentées par les éditions Métaillié depuis quelques années. Je remercie cet éditeur et Babelio de m'avoir permis de le découvrir grâce à une opération de Masse Critique.



J'ai donc pu lire en avant première ce dernier opus de l'auteur, "Zèbre dans la guerre", roman caustique et dérangeant, dérangeant car il nous plonge dans une situation étrangement familière, et totalement taboue, celle de l'irruption de la guerre dans le quotidien d'une famille qui nous est contemporaine. Familière car ce texte publié en février 2022 évoque une "opération de police élargie" menée par un gouvernement contre des rebelles aussi brutaux qu'ils sont hétéroclites, et se déroule dans une ville cosmopolite et portuaire qui ressemble fort à Odessa...



C'est une donc une écriture du présent en train de se vivre que le lecteur est appelé à partager, et c'est une expérience assez troublante. Vladimir Vertlib construit l'équilibre de son roman entre violence et farce, autour de son héros (ou anti héros), Paul, ingénieur entre deux âges, père de famille sans trop de substance. Ce héros incarne la banalité du citoyen moderne, aux valeurs démocratiques convenues, plus enclin à discourir sur les réseaux sociaux avec des inconnus qu'à créer du lien avec ses voisins. Paul est pourtant un brave type qui aime sa fille adolescente, agace sa femme, et subit sa mère au quotidien.



Mais le jour où les rebelles prennent le pouvoir dans la grande cité cosmopolite, il va devenir une célébrité malgré lui... Un zèbre dans la guerre, décalé et perdu, à l'instar de ce quadrupède échappé du jardin zoologique par la force des combats, qui erre dans les rues de la ville occupée.

Chronique de la guerre dans l'intimité d'une famille, chronique de la médiocrité des comportements individuels quand se jouent les drames collectifs, le roman cherche à déranger le lecteur en instillant la satire dans le drame, la violence dans la banalité.



Si Vertlib écrit au présent une guerre qui se déroule, son écriture s'enracine dans le passé. Passé incarné dans le roman par le vieux couple de voisins juifs du héros. Persuadés que le temps de la persécution est de retour pour leur peuple, c'est eux qui ramènent Paul, par leur témoignage et bien malgré lui, dans le camp de la fraternité.

On retrouve ainsi au cœur du roman la douloureuse mémoire des juifs d'union soviétique, histoire familiale de l'auteur dont les parents ont quitté l'URSS dans les années 70 pour s'installer en Israël. Un zèbre dans la guerre retentit des échos des nouvelles d'Isaac Babel, de la lumière dorée des ruelles d'Odessa et de ses bandits cosmopolites. Ruelles où les juifs, martyrisés par l'histoire, ont été remplacés par toute une population bigarrée qui ne suscite pas moins de haine et de méfiance.

Que reste t'il des juifs qui ont peuplé l'Ukraine si massivement, mais aussi la Russie ? Vladimir Vertlib offre à cette mémoire l'espace de son écriture.
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Zèbre dans la guerre

Ce roman original intitulé "Zèbre en guerre" est étrangement prémonitoire puisqu'il a été publié avant la guerre en Ukraine.

Une uchronie à l'humour noir décalé (comme en atteste le caractère insolite du titre et de l'image), mettant en scène un anti-héros qui se révèle être un drôle de zèbre dans une drôle de guerre !

A découvrir sans plus attendre aux @EditionsMétailié dès le 16 février prochain !



L'auteur autrichien, Vladimir Vertlib, qui a publié "L’Étrange Mémoire de Rosa Maur" et "Lucia et l'âme russe", écrit sur le mode tragi-comique et se délecte dans la description de situations burlesques. Mais, derrière le grotesque et le rire, ce maître de l’ironie évoque, avec une clarté limpide, le tragique de l’individu livré à l’arbitraire de la politique, de la violence, de la guerre, et au pouvoir ambigu des réseaux sociaux.



Depuis la crise du Covid, une ville côtière d’Europe de l’Est, peuplée de Russes et d'Ukrainiens, est le théâtre d'opérations policières élargies contre les terroristes. Alors que la guerre civile fait rage, Paul, un ingénieur de trente-six ans au chômage, a osé vitupérer sur les réseaux sociaux contre l'opinion d'un haut-gradé du camp contestataire. le Général Boris Loupovitch.



Paul est alors pris à partie par ce leader politique qu’il a menacé ouvertement sur Internet. Après avoir été arrêté, son interrogatoire est enregistré et publié sur les réseaux sociaux. Sur cette vidéo humiliante, Paul, apeuré, finit par uriner dans son pantalon. Il est alors libéré, mais stigmatisé par ses concitoyens. C'est le début de sa triste notoriété sur les réseaux sociaux où il est désormais surnommé honteusement "le pisseur" !



Dans cette spirale de violence qui s'enclenche pour lui et sa famille, un spectateur nonchalant, placide, les observe et se promène sur ce théâtre de guerre tragi-comique, comme le témoin d'une scène grotesque. Il s'agit d'un zèbre, qui surgissant du chaos, s'est enfui du zoo de la ville, suite à un bombardement.



Ce zèbre représente le personnage décalé de Paul, dont l'auto-dérision et l'humour noir lui permettent de survivre à un régime dictatorial absurde, tout comme au pouvoir de manipulation de son image sur les réseaux sociaux, avides de répandre des "fake-news". L'auteur nous brosse le portrait satirique effrayant, avec beaucoup d'ironie, des conséquences d'idéologies destructrices sur nos sociétés modernes.



Mais, à la fin du roman, il nous laisse aussi un message émouvant, plein de tendresse, grâce à la complicité d'une fille envers son père : il lui raconte des légendes amusantes pour fuir le monde réel si étrange et se réfugier dans l'imaginaire qui est la seule échappatoire pour ne pas sombrer dans la folie.



Je tiens à remercier les @EditionsMétaillié et Nathan chez @Babelio qui m'ont donné l'opportunité de découvrir, en avant-première, ce roman plein de poésie et d'humour dont l'atmosphère onirique m'a un peu fait penser au merveilleux film de Roberto Benigni intitulé "La Vie est belle".



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Zèbre dans la guerre

En choisissant ce roman dans Masse critique de janvier 2024 je me demandais sur quoi j’allais tomber. Je m’attendais à quelque chose de décalé, déjanté.



Paul, un ingénieur en aéronautique au chômage depuis la fermeture de son entreprise suite à la guerre civile, pour passer le temps surfe sur les réseaux sociaux et derrière son écran ose dire certaines choses très violents jusqu’au jour où celui qu’il a insulté, en l’occurrence un haut gradé du nom de Boris Loupovitch, va être arrêté et interrogé. Son interrogatoire sera filmé et mis en ligne à son grand dam puisqu’il n’a pas réussi à tenir ses sphincters de sa vessie. Ilva donc acquérir une certaine notoriété sous le quolibet de « pisseur ».

Mais cela va avoir des conséquences sur le reste de sa famille et notamment de sa fille qui va se retrouver isolée. Face à cet acharnement, un zèbre (échappé du zoo lors de son bombardement ?) se balade tranquillement dans la ville.

On pourrait identifier Paul à ce zèbre, tous deux vivent leur vie dans un monde dans lequel ils ont perdus leur repère et en utilisant les outils à leur disposition mais pas de la meilleure façon.

Ce roman nous montre à quel point nos sociétés actuelles ont perdu l’essentiel et que le développement de certaines technologies, qui si au départ est positif, peut s’avérer vite destructeur si on n’en donne pas le mode d’emploi.

Cependant le roman est loin d’être noir car on voit bien que Paul ne sait pas toujours utiliser à bon escient les cartes qu’il a en main mais on découvre qu’il déborde d’amour pour sa femme et sa fille et aussi pour sa mère même s’il a très maladroit dans sa démonstration. C’est comme s’il vivait sur une autre planète, il ne perçoit pas la perfidie de certaines personnes.

J’ai beaucoup aimé ce roman qui m’a fait sourire et m’a fait découvrir un monde différent. La vie dans les pays ayant longtemps été soumis (encore peut-être par confort dirai-je) à la dictature est indescriptible pour nous occidentaux et de voir que certains auteurs arrivent à e parler avec autant d’humour et de dérision est un bon moyen de les découvrir. Bonne pioche.


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L'Etrange mémoire de Rosa Masur

Nous sommes au crépuscule du XXème siècle et la ville allemande totalement fictive de Gigricht fête le 750ème anniversaire de sa naissance. À cette occasion, elle prévoit l'édition d'un livre-anniversaire montrant la bonne intégration des étrangers en Allemagne. À la clef, et pour ceux qui seront retenus pour ce projet intitulé « Étrange patrie, une patrie à l'étranger », une prime de 5000 marks. Parmi ces communautés, il y a celle des Juifs russes qui, après la chute du Mur de Berlin, ont pu demander asile à l'Allemagne : « son pays s'est déclaré prêt à laisser entrer un contingent restreint de Juifs russes, mais seulement ceux dont l'origine juive est irrécusable ». Un comble tout de même pour un pays qui entre 1933 et 1945 n'a pas eu de mal à prouver l'identité de nombreux Juifs qu'il a menés à l'anéantissement. Culpabilité ? C'est vraisemblable... Difficile de prouver son origine lorsque tout a été confisqué ou a brûlé et que l'on n'a définitivement plus rien !. Mais il en faut plus pour décourager Rosa Masur ! C'est une maligne qui sait à qui s'adresser pour obtenir de vrais  faux papiers! De toute façon, si elle n'avait pas été maligne, elle n'aurait pas atteint les 91 ans dans les espaces géographique et historique dans lesquels elle a vécu... Moyennant finance, Rosa reçoit la fausse preuve de sa pourtant véritable identité juive et ainsi l'autorisation de résider en Allemagne avec son fils Kostik, sa belle fille Frieda et son petit fils Sacha. Pour toucher la prime de 5000 marks, elle va devoir raconter son histoire, celle d'une femme juive qui a traversé la quasi-totalité du XXème siècle. Et quelle histoire passionnante ! Rosa Masur est née vers 1910 à Vitchi, petit shtetl de Bielorussie, où cohabitent tant bien que mal Juifs et Gentils. Sa mère a déjà deux enfants lorsqu'elle se remarie avec son père qui ne partage pas son désir d'émigrer au Canada. Comme lui dit son grand-père : « Personne ne sait ce qui vous attend en Amérique. Nous vivons dans ce coin depuis des siècles, nous y serons encore dans cent ans, à moins que d'ici là le Messie ne nous ait délivrés de tous les maux ». Le grand-père de Rosa ne s'est pas avéré un esprit très clairvoyant…. La famille ne part donc pas ! Dans cette société juive traditionnelle où l'éducation des garçons prime sur celle des filles, le chemin de la petite Rosa croise celui d'un personnage très atypique : Reb Jacob Weiss, melamed. Dans le Yiddishland d'avant-guerre, le melamed dispense traditionnellement au Heder, l'école primaire juive de garçons, les rudiments de judaïsme et d'hébreu. Mais Jacob Weiss veut à tout prix enseigner aux filles et même si la communauté le prend pour un meshugge (un fou), elle finit par accepter. Le melamed communique à Rosa un amour des livres qui ne la quittera jamais.

La communauté juive d'Europe, en particulier celle de l'est, a vécu un vingtième siècle particulièrement tourmenté et tragique et Rosa s'avère en être un témoin sûr et loquace. Le communisme du début du vingtième siècle était pourtant prometteur : l'Union soviétique prévoyait d'abolir les frontières entre les états socialistes, de briser les chaînes du prolétariat, d'anéantir le capitalisme et de traiter tous les peuples sur un pied d'égalité « Plus de pogroms, ni marchands ambulants, ni rabbis miraculeux, ni Luftmenschen (…) juste des ouvriers » déclare avec convivtion l'enthousiaste frère de Rosa à un interlocuteur sceptique ! Mais l'Union soviétique prend rapidement ses distances par rapport à ces belles idées. L'antisémitisme reste la toile de fond du régime. Kostik, le fils de Rosa, brillant étudiant dans le domaine scientifique, se voit refuser l'entrée de plusieurs écoles supérieures prestigieuses aux examens desquelles il a pourtant obtenu les meilleurs résultats. Les traditions sont tenaces et les Juifs continuent d'être considérés, entre autres, comme les principaux agents du capitalisme et comme le peuple déicide d'autre part! Les Juifs ont l'obligation de combattre dans les rangs de l'armée lors des deux conflits mondiaux mais Rosa n'obtient pas l'autorisation d'ériger un monument à la mémoire des Juifs de Vitchi, dont ses parents, dénoncés par des habitants « bien intentionnés » du shtetl et fusillés par les nazis. La fin de la Seconde guerre mondiale est hélas bien loin d'avoir mis un terme à cela : « Tu ne sais pas qu'il y a eu des pogroms après la guerre, que les soldats juifs qui reviennent du front sont accueillis par des slogans nazis et que les autorités font mine de ne pas les voir et que l'on dit des Juifs que c'étaient des tire-au-flanc et des lâches pendant la guerre ? » lui dit son cousin Isaak. Par ailleurs, il faut aussi se méfier des voisins car bien qu'elle soit juive, il arrive aussi à Rosa d'être soupçonnée d'avoir des sympathies nazies. En effet, elle est traductrice de l'allemand vers le russe et le fait de posséder un ouvrage en langue allemande peut être interprété comme de la propagande fasciste !

Le siège de Léningrad imposé pendant 900 jours par la Wehrmacht est aussi l'occasion pour les peuples de se dresser les uns contre les autres. La faim, particulièrement éprouvante y provoque une déshumanisation et des actes peu communs : Rosa et ses enfants sont contraints de manger leur chat Mourka et des enfants sont parfois enlevés pour être mangés… Pourtant Rosa continue malgré tout de croire à la bienveillance du communisme comme elle continue longtemps de croire que les atrocités commises par les nazis contre les Juifs ne sont que pure invention.

L'invraisemblable rencontre de Rosa avec le camarade Staline en vue de résoudre le problème des études de Kostik est dans la pure tradition du conte yiddish ! Vraisemblance et invraisemblance s'y cotoyent. Habile ré-imagination d'une vieille histoire ! Humour juif ! Totalement absurde mais très efficace!Vladimir Vertlib est né en 1966 en URSS de parents juifs et vit désormais en Autriche. Il est probable qu'il ait trouvé inspiration dans l'histoire de sa propre famille pour écrire l'immense page de vie de Rosa. Un livre passionnant du début jusqu'à la fin ! Très belle lecture !









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Lucia et l'âme russe

Je ne m'avance que rarement sur les terres littéraires autrichiennes. Pour être honnête, j'ai une connaissance assez limitée de la litterature de ce pays, et mis à part Zweig, je ne pense pas en avoir lu beaucoup. Mais c'était avant que mon chemin croise celui de Vladimir Vertlib.

Dans Lucia et l'âme russe, il est question d'une dame âgée qui vit seule et qui ne veut déménager de son immeuble de la Große Mohrengasse sous aucun prétexte. Dans ce combat, couplé à la recherche d'une Elisabeth du genre cynique, elle va rencontrer la faune la plus hétéroclite de Vienne.



Je ressors de cette lecture charmée et déstabilisée. Charmée par cette foule de personnages, par une écriture tout en finesse émaillée de citations poétiques, par une fantaisie proche parfois du burlesque. Et déstabilisée parce que je ne sais pas vraiment sur quel terrain je me suis aventuré, entre réalisme social, litterature fantastique et charlatanisme. J'ai l'impression d'avoir croisé un ovni litteraire et ça ne m'a pas déplu, loin de là. Il y a dans cet immeuble une folie douce, qui finit par déborder dans la rue, dans la ville. J'ai trouvé quelques longueurs dans le texte, mais je me suis quand même laissée porter par l'atmosphère du roman, par l'âme russe du titre, entre démesure et mysticisme.



Je ne sais pas si je vais de ce pas me plonger dans un autre roman autrichien mais je serais curieuse de lire L'Etrange mémoire de Rosa Masur. Si c'est du même tenant, c'est une oeuvre forcément intéressante !
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Zèbre dans la guerre

Dans une ville d'Europe de l'est dévastée par une guerre civile, un ingénieur Paul, s'épanche sur internet. Il est alors pris à partie par un leader politique et de fil en aiguille devient la risée d'internet et de ses voisins.

Il va alors complètement s'absorber dans ce drame personnel alors que la guerre civile fait rage dehors, au point que tous les animaux du zoo de la ville sont relâchés dans la ville et que les rues sont envahis par les chiens errants.

J'ai eu du mal à rentrer dans cette histoire mais elle a finalement réussi à me captiver.

J'ai aimé la plume pleine d'humour et de satyre. C'est fluide et agréable. Je me suis surprise à pouffer de rire plusieurs fois.

Le texte est parfois totalement loufoque, on ne sent pas le stress de l'ambiance dans lequel évolue les personnages. Il y a beaucoup de critiques et de satyre sur les politiques. On ne sait pas dans quel pays a lieu l'histoire mais ça pourrait être n'importe quel pays d'Europe de l'est.

Paul est complètement auto-centré sur sa vie, la honte qu'il subit sur internet et sa fille Léna et sa femme Flora.

La ville subit un confinement et des pénuries alimentaires, des animaux se baladent en liberté dans la ville dont ce fameux zèbre que l'on retrouve tout du long de cette histoire.

Beaucoup de fil rouge se suivent le long de cette histoire. C'est agréable à lire et délicieusement drôle.

C'est un livre qui parle de sujets d'actualité mais qui ne se prend pas au sérieux.
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Zèbre dans la guerre

.Vladimir Vertlib est autrichien d’adoption, et russe d’origine : ce sont ces mêmes origines qui à l’évidence l’inspirent à chaque roman, celui-ci ne faisant pas exception. Ce roman-là a été écrit avant l’attaque de 2022 de l’Ukraine par la Russie . L’auteur parle beaucoup d’exil dans ses œuvres précédentes, notamment dans celles qui n’ont pas été traduites en français, de la migration depuis l’ex-URSS vers l’Europe de l’Ouest et Israël. Ici, il parle de guerre, de ces pays et villes, c’est le cas ici, qui subissent un coup d’état, qui sont occupés du jour au lendemain par une armée étrangère,ou une milice, un groupe de dissidents, de séditieux qui veulent imposer leurs règles.





Cette ville est sans nom. C’est pour cela qu’elle m’a fait penser à Épépé de l’auteur hongrois, Ferenc Karinthy. Tout juste sait-on qu’elle se trouve à l’est de l’Europe et que les noms ont des consonances slaves. Vladimir Vertlib parsème son texte d’indices qui nous amène à penser à l’endroit qu’il a en tête, lui l’Autrichien qui trouve ses origines en Russie. Notre anti-héros s’appelle Paul Sarianidis, il est marié avec Flora, médecin, ils ont une fille de doux ans Lena. Ils vivent ensemble avec la mère de Paul, Eva. Deux membres d’une milice viennent frapper chez lui pour l’amener devant un militant. Ce dernier n’est pas n’importe qui, c’est l’homme que Paul a copieusement insulté dans l’un de ses commentaires sur les réseaux sociaux au cours d’une dispute virtuelle avec un internaute tout aussi virtuel. Les choses tournent au ridicule, Paul ressort de cet entretien avec une vidéo de lui qui devient virale, en train de s’uriner dessus de peur alors qu’il est interrogé. Paul a à peine le temps de penser à la façon de réparer son honneur que la guerre civile éclate : les anciens protagonistes proches du pouvoir deviennent indésirables, et la population, qui était loin d’être favorable au renversement de régime, s’accoutume de mieux en mieux à ses nouveaux bourreaux. On se pose la question constamment de savoir de quelle ville il est question, j’ai pensé à Odessa, ou Sébastopol mais Marioupol, également, possède une ouverture sur la mer. Ou un mélange de ces villes et d’autres d’Ukraine. L’essentiel, c’est que sous-tend le récit, une guerre qui n’est pas nommée ainsi, mais désignée par l’acronyme OPE, opération de police élargie (contre les terroristes), comme si cela ne nous rappelait rien, cette fameuse Opération spéciale chère à Poutine.



Paul est un drôle de zèbre : c’est un ingénieur au chômage qui tourne en rond chez lui. Un homme quelconque, ni particulièrement courageux, ni remarquable en quoi que ce soit, il subit tout ce qu’il se passe autour de lui avec ses sursauts de conscience et d’héroïsme. Un être un peu naïf, la tête dans les nuages qui voient les choses à travers un écran de fumée, les orages du début de roman qu’il compare à la foudre de Zeus, lui l’ingénieur en aéronautique, est bien ramené à la réalité par sa fille qui est capable de lui nommer la désignation exacte du chasseur qui a déchiré le ciel, un WS-1B.



Vladimir Vertlib, comme dans Epépé, utilise la parodie pour construire un double d’une réalité que l’on connaît déjà, qui nous semble vaguement familière, sans que l’on puisse avec exactitude établir un lien effectif avec des lieux et événements précis. Les méthodes dans les dictatures, et les guerres d’invasion, sont toujours les mêmes. Parodie parce que Vladimir Vertlib a décidé de prendre les choses, avec distance, sous le signe du rire, de la moquerie, de l’autodérision qu’il soit franc ou jaune : malgré la gravité de la situation, qui ressurgit telle quelle ponctuellement à certains points de la narration, quelques passages ont provoqué quelques francs éclats de rire. Et ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé dans une lecture. L’auteur autrichien s’épanche notamment sur les excès et mauvaises utilisations des réseaux sociaux dans lesquels son personnage Paul est tombé les deux pieds dedans, dans lesquels nous sommes d’ailleurs peut-être tous tombés ( Qui n’a pas été énervé par un commentaire d’une personne lambda sur Facebook ou autres réseaux sociaux ? ) Et c’est décrit avec tellement de justesse que ça en devient hilarant, même si Paul ne le vit pas de cette façon, ce que l’on peut comprendre dès lors que l’on se met à sa place.



Ce roman décrit une société de l’instantanéité, des réactions, des informations, des opinions, qui se retournent aussi vite qu’une doudoune réversible, où les réseaux sociaux sont devenus les catalyseurs de cette temporalité accélérée, où les coups d’Etat se succèdent, les informations s’enchaînent tout comme la virulence des réactions, où personne ne prend plus le temps de rien. Paul est au beau milieu de tout ce cyclone, où tout vole dans tous les sens, il traverse les événements comme il peut, avec leur non-sens, leur absurdité. Un drôle de zèbre qui ne fait que passer.
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L'Etrange mémoire de Rosa Masur

Dans une petite localité allemande imaginée par l'auteur, Girgricht, la mairie décide de faire éditer, pour le 750 ème anniversaire de la naissance de la petite ville, un livre montrant la bonne intégration des étrangers.

Un curriculum vitae est demandé à un représentant de chacune des communautés installées à Girgricht.

Parmi ces communautés, il y a celle des Juifs russes.

Une indemnité journalière de 50 marks est prévue et, après l'édition du livre, une prime de 5000 marks.

Il s'agit de marks car l'action se déroule dans les années quatre-vingt-dix.

Notre héroïne, Rosa Masur, Juive russe nonagénaire, se porte candidate. Son but ? Gagner ce prix afin d'offrir à son fils, Kostik, le voyage à Aix-en-Provence qu'il rêve d'accomplir depuis des années.

Le récit de Rosa Masur commence dans un village de Biélorussie en 1907, à la fin du régime tsariste et au début de la Révolution d'Octobre.

Après l'enthousiasme au début de l'ère soviétique, ce sont tous ses travers qui sont traités avec humour.

Puis c'est l'invasion de l'URSS par l'Allemagne nazie et l'éprouvant siège de Leningrad.

Dans les années qui suivent la fin de la guerre et jusqu'à la mort de Staline, ce sont les persécutions antisémites des autorités soviétiques (quotas d'étudiants juifs dans les universités, l'affaire des "assassins en blouse blanche")

Tout le cynisme de la bureaucratie soviétique nous est montré.



Ce livre de Vladimir Vertlib est plein de sensibilité.

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Das besondere Gedächtnis der Rosa Masur

Nous sommes au crépuscule du XXème siècle et la ville allemande totalement fictive de Gigricht fête le 750ème anniversaire de sa naissance. À cette occasion, elle prévoit l'édition d'un livre-anniversaire montrant la bonne intégration des étrangers en Allemagne. À la clef, et pour ceux qui seront retenus pour ce projet intitulé « Étrange patrie, une patrie à l'étranger », une prime de 5000 marks. Parmi ces communautés, il y a celle des Juifs russes qui, après la chute du Mur de Berlin, ont pu demander asile à l'Allemagne : « son pays s'est déclaré prêt à laisser entrer un contingent restreint de Juifs russes, mais seulement ceux dont l'origine juive est irrécusable ». Un comble tout de même pour un pays qui entre 1933 et 1945 n'a pas eu de mal à prouver l'identité de nombreux Juifs qu'il a menés à l'anéantissement. Culpabilité ? C'est vraisemblable... Difficile de prouver son origine lorsque tout a été confisqué ou a brûlé et que l'on n'a définitivement plus rien !. Mais il en faut plus pour décourager Rosa Masur ! C'est une maligne qui sait à qui s'adresser pour obtenir de vrais faux papiers! de toute façon, si elle n'avait pas été maligne, elle n'aurait pas atteint les 91 ans dans les espaces géographique et historique dans lesquels elle a vécu... Moyennant finance, Rosa reçoit la fausse preuve de sa pourtant véritable identité juive et ainsi l'autorisation de résider en Allemagne avec son fils Kostik, sa belle fille Frieda et son petit fils Sacha. Pour toucher la prime de 5000 marks, elle va devoir raconter son histoire, celle d'une femme juive qui a traversé la quasi-totalité du XXème siècle. Et quelle histoire passionnante ! Rosa Masur est née vers 1910 à Vitchi, petit shtetl de Bielorussie, où cohabitent tant bien que mal Juifs et Gentils. Sa mère a déjà deux enfants lorsqu'elle se remarie avec son père qui ne partage pas son désir d'émigrer au Canada. Comme lui dit son grand-père : « Personne ne sait ce qui vous attend en Amérique. Nous vivons dans ce coin depuis des siècles, nous y serons encore dans cent ans, à moins que d'ici là le Messie ne nous ait délivrés de tous les maux ». le grand-père de Rosa ne s'est pas avéré un esprit très clairvoyant…. La famille ne part donc pas ! Dans cette société juive traditionnelle où l'éducation des garçons prime sur celle des filles, le chemin de la petite Rosa croise celui d'un personnage très atypique : Reb Jacob Weiss, melamed. Dans le Yiddishland d'avant-guerre, le melamed dispense traditionnellement au Heder, l'école primaire juive de garçons, les rudiments de judaïsme et d'hébreu. Mais Jacob Weiss veut à tout prix enseigner aux filles et même si la communauté le prend pour un meshugge (un fou), elle finit par accepter. le melamed communique à Rosa un amour des livres qui ne la quittera jamais.

La communauté juive d'Europe, en particulier celle de l'est, a vécu un vingtième siècle particulièrement tourmenté et tragique et Rosa s'avère en être un témoin sûr et loquace. le communisme du début du vingtième siècle était pourtant prometteur : l'Union soviétique prévoyait d'abolir les frontières entre les états socialistes, de briser les chaînes du prolétariat, d'anéantir le capitalisme et de traiter tous les peuples sur un pied d'égalité « Plus de pogroms, ni marchands ambulants, ni rabbis miraculeux, ni Luftmenschen (…) juste des ouvriers » déclare avec convivtion l'enthousiaste frère de Rosa à un interlocuteur sceptique ! Mais l'Union soviétique prend rapidement ses distances par rapport à ces belles idées. L'antisémitisme reste la toile de fond du régime. Kostik, le fils de Rosa, brillant étudiant dans le domaine scientifique, se voit refuser l'entrée de plusieurs écoles supérieures prestigieuses aux examens desquelles il a pourtant obtenu les meilleurs résultats. Les traditions sont tenaces et les Juifs continuent d'être considérés, entre autres, comme les principaux agents du capitalisme et comme le peuple déicide d'autre part! Les Juifs ont l'obligation de combattre dans les rangs de l'armée lors des deux conflits mondiaux mais Rosa n'obtient pas l'autorisation d'ériger un monument à la mémoire des Juifs de Vitchi, dont ses parents, dénoncés par des habitants « bien intentionnés » du shtetl et fusillés par les nazis. La fin de la Seconde guerre mondiale est hélas bien loin d'avoir mis un terme à cela : « Tu ne sais pas qu'il y a eu des pogroms après la guerre, que les soldats juifs qui reviennent du front sont accueillis par des slogans nazis et que les autorités font mine de ne pas les voir et que l'on dit des Juifs que c'étaient des tire-au-flanc et des lâches pendant la guerre ? » lui dit son cousin Isaak. Par ailleurs, il faut aussi se méfier des voisins car bien qu'elle soit juive, il arrive aussi à Rosa d'être soupçonnée d'avoir des sympathies nazies. En effet, elle est traductrice de l'allemand vers le russe et le fait de posséder un ouvrage en langue allemande peut être interprété comme de la propagande fasciste !

le siège de Léningrad imposé pendant 900 jours par la Wehrmacht est aussi l'occasion pour les peuples de se dresser les uns contre les autres. La faim, particulièrement éprouvante y provoque une déshumanisation et des actes peu communs : Rosa et ses enfants sont contraints de manger leur chat Mourka et des enfants sont parfois enlevés pour être mangés… Pourtant Rosa continue malgré tout de croire à la bienveillance du communisme comme elle continue longtemps de croire que les atrocités commises par les nazis contre les Juifs ne sont que pure invention.

L'invraisemblable rencontre de Rosa avec le camarade Staline en vue de résoudre le problème des études de Kostik est dans la pure tradition du conte yiddish ! Vraisemblance et invraisemblance s'y cotoyent. Habile ré-imagination d'une vieille histoire ! Humour juif ! Totalement absurde mais très efficace!Vladimir Vertlib est né en 1966 en URSS de parents juifs et vit désormais en Autriche. Il est probable qu'il ait trouvé inspiration dans l'histoire de sa propre famille pour écrire l'immense page de vie de Rosa. Un livre passionnant du début jusqu'à la fin ! Très belle lecture !
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Lucia et l'âme russe

« Lucia et l’âme russe » est un roman de Vladimir Vertlib, un auteur d’origine russe qui vit maintenant en Autriche. De fait, métaphoriquement, on verra dans ce livre ‘l’âme russe’ prendre possession des habitants d’un quartier de Vienne – où comment le récit, l’émotion brute, la magie et un peu de chaos peuvent venir épicer et infléchir le cours d’une société sclérosée par les procédures et la bien-pensance.

Lucia, une octogénaire, vit seule à Vienne, dans un appartement qu’elle a toujours occupé. Encouragés par le propriétaire de l’immeuble, Willy, qui voudrait se débarrasser des habitants historiques du bâtiment pour entreprendre un programme immobilier, des squatteurs, migrants et SDF envahissent progressivement les lieux. Pourtant Lucia est bien décidée à rester chez elle jusqu’à sa mort; elle trouve un allié et se lance à la recherche d’une certaine Elisabeth, qui pourrait bien l’aider à contrer les desseins de Willy…

Vladimir Vertlib réussit un portrait très convaincant de cette vieille dame ‘indigne’, qui a vu les transformations de son quartier au fil des évènements historiques et politiques du XXème siècle, et qui aujourd’hui décide de se battre, malgré le poids de l’âge, la vulnérabilité, la fatigue, et bien sûr une résistance à adopter les nouvelles technologies. Au travers de multiples situations souvent burlesques, Vertlib pointe au fil des pages des symptômes du mal-être d’une société autrichienne pourtant favorisée. A cet égard, le récit d’Alexander sur les évènements terribles ayant mené à son départ de Russie forme un contre-point glaçant aux petites misères des pays occidentaux. Pourtant, c’est bien à la fameuse ‘âme russe’, qu’il faudra faire appel pour espérer un heureux dénouement, et la folie, l’irrationnel, qui surgissent par petites touches à peine perceptibles tout au long du livre, s’embrasent et prennent le pouvoir lors d’une scène finale d’anthologie – quand, dans l’espace clos d’une salle de spectacle, Vertlib met en scène avec virtuosité le choc de la réalité et de la fiction. Pour la suite, cliquez sur le lien !
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L'Etrange mémoire de Rosa Masur

J'ai lu ce livre dans le cadre de Masse Critique, . Et je remercie les Editions Métailié et Babelio de me l'avoir envoyé.

Car j'ai adoré! C'est un vrai bijou, un régal.



Rosa Masur, vieille Juive russe de 92 ans, raconte son histoire à un préposé d'une petite ville Allemande, Gigricht, qui, pour fêter ses 750 ans, offre 5000 marks à ceux qui ont quelque chose d'intéressant à raconter.



Rosa Masur et sa famille ont traversé tout le XXème siècle, ses guerres, le nazisme, la montée de Staline, la famine, la misère, l'antisémitisme.

Rosa raconte son histoire, depuis son enfance jusqu'à aujourd'hui, le tout sur un fond historique réel. Les épisodes les plus dramatiques sont décrits avec pudeur. L'humour est présent à tout moment. Ce roman soulève un voile sur l'histoire de la Russie, de façon délicate, tout en montrant les atrocités et injustices.



J'ai eu du mal à accrocher pendant les 2 ou 3 premiers chapitres (sans doute à cause des noms russes, des noms de villes inconnus pour moi), et ensuite, au fur et à mesure que je lisais, je me suis retrouvée happée par ce livre formidable. J'ai souri de certaines situations comiques, j'ai enragé de certaines autres. J'en suis sortie admirative pour cette femme courageuse, instruite par l'histoire des juifs dans cette partie du monde, enchantée par le style simple et fluide de l'auteur Vladimir Vertlib (et de la traductrice Carole Fily, ne l'oublions pas).



Je vous le conseille vivement.
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L'Etrange mémoire de Rosa Masur

Son livre est traversé à la fois par le souffle russe et l’humour désabusé de la littérature juive d’Europe centrale.
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L'Etrange mémoire de Rosa Masur

Quels secrets peuvent bien nous cacher 92 ans de mémoire ? Cette question, je me la suis souvent posée en plongeant dans les yeux de ma grand-mère. A quoi pense-t-elle ? me suis-je souvent demandée. A son air absent, j’ai souvent cherché des raisons. Dans quelle partie de sa mémoire est-elle partie fouiner ? Qu’a-t-elle vue que je ne saurais connaître ? Face à tant d’inconnues, on se sent tout petit. Mes grands-parents sont nés en 1920 et pourtant, en lisant le récit de la vie de Rosa Masur, j’ai eu l’impression de lever le voile sur une partie de ma propre histoire familiale. Car autant se le dire, quand on a vécu près d’un siècle, on en aurait des choses à raconter.



Le livre débute au milieu des années 90, dans un appartement communautaire de Leningrad. Alors que la politique du rideau de fer a définitivement tiré sa révérence, on s’attend à ce que le renouveau fasse place nette sur de soixante-dix de communisme. Mais c’est bien la misère humaine qui nous attend à la porte de cette cuisine partagée. Prostitution, pauvreté, alcoolisme : la vie en ex-URSS offre bien peu de perspectives.



Voici le début d’un récit qui nous entraîne dans un flash-back historique balayant un siècle brinquebalant, porté par deux guerres mondiales et des combats idéologiques traduits en véritable chaos politiques. Rosa Masur est une femme courageuse : enfant juive pendant les pogroms biélorusses, elle devient une jeune femme passionnée par l’ère nouvelle de la lutte des classes. Communiste convaincue, elle se bat corps et âme pour ériger l’égalité. Rosa rencontre la haine, le racisme, la faim, le froid, le cannibalisme, les bombes, mais en toutes autres luttes de pouvoir, l’histoire de Rosa Masur est surtout celle de l'amour indéfectible d'une mère qui fait tout pour protéger ses enfants.



Pour résumer…



Comment pourrait-on rester insensible à cette épopée qui prend un sens tout particulier lorsqu’on prend connaissance du parcours de l’auteur. Né en 1966 à Leningrad, Vladimir Vertlib est à l’image de Rosa : un évadé.



Un seul regret toutefois : L’étrange mémoire de Rosa Masur se concentre sur les années de guerre et sur les heures sombres du socialisme mais gâche un peu la fin de vie du personnage principal. Les derniers chapitres sont centrés sur la déchéance physique de cette femme qui a tant vécu. Un parti pris un peu triste…



Ma note…



17/20
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