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Payot - Marque Page - Will Wiles - Attention au parquet !
Nous vivons une époque formidable, et pas seulement grâce à la pénicilline, aux toilettes à chasse d'eau et au chauffage central : nous pouvons dorénavant survoler les nuages. Et ceux-ci tiennent leurs promesses de beauté sublime.
Et le concert ? Supportable et j'avais eu l'agréable surprise de reconnaître la musique. Comme c'est le cas pour toute la musique classique : Oh, n'est-ce-pas-la-musique-pour-la-publicité-du-café-Nectar-de-Jacques-Vabre ?
« Tous les hôtels sont des interfaces entre le connu et l’inconnu. Vous occupez une chambre à un étage. Le reste n’a pas d’importance. Vous vous trouvez dans un lieu inconnu, entouré d’étrangers, et l’hôtel doit vous mettre à l’aise, pour que vous vous sentiez à votre place. Ce sont des illusions structurées. Des environnements psychoactifs modelés. Des mirages. »
Depuis toujours, je crois que les hôtels sont des endroits particuliers, des endroits importants. Puissants. Dans un hôtel, on devient une personne différente. On reste soi, mais avec de nouvelles possibilités, un nouveau potentiel. Et j’ai cherché des carrières qui me permettraient de passer le plus de temps possible à l’hôtel, afin de vivre dans la peau de cet homme hôtelisé, amélioré, libre. (…) Ce monde dans lequel je vis, c’est comme une ville immense peuplée uniquement de passants, de gens qui y restent quelques jours avant de rentrer chez eux. Cette ville, ce monde, j’y vis. Je ne suis pas un passant. J’habite ici.
Moquette café au lait, bureau avec siège en acier et osier, écran plat au mur et, bien sûr, peinture abstraite insipide. Comme toutes les autres chambres d'hôtel que j'avais connues: neutre, familière, évasive, inscrite dans aucun style et dans aucune culture. J'avais lu que les palettes de couleurs des grandes chaînes hôtelières étaient pensées pour la lumière artificielle, car on savait que les clients ne verraient guère leur chambre qu'à la nuit tombée. Le même principe devait s'appliquer aux tableaux sur les murs - et je repensai alors à la femme du bar, à ce qu'elle avait dit à propos des tableaux. Le bourdonnement indistinct semblait être un peu plus fort à présent; ce devait être la clim, ou le minibar sous le bureau. C'était un son doux, presque apaisant, signe que j'étais entouré de systèmes perfectionnés qui assuraient mon confort.
Les meubles sont comme ça. Utilisés et appréciés selon ce pour quoi on les a crées, ils absorbent cette expérience et la relâchent dans l'atmosphère, mais si on les achète seulement pour l'effet qu'ils produisent et qu'on les laisse se languir dans un coin, ils vibrent de mélancolie.
Adam et moi avions la même position au sujet des phrases creuses chères que s’échangent les hommes : nous les haïssions. Il m’avait fait découvrir le terme « fonction phatique » qui désigne l’usage purement social de la parole, détachée de tout rôle de transmission du sens : quand on vous demande « ça va ? » sans attendre de réponse sincère. Du bruit, disait-il, du bruit inutile, des parasites sur la bande passante humaine. Eliminez tous les énoncés phatiques, et les interactions deviendront bien plus efficaces. C’était sa vision du monde, et elle me plaisait infiniment. Terminés, les bavardages vides et les coups de coudes complices. Mais nous avions transformé cette conviction commune en un refrain personnel, un jeu pour deux joueurs seulement : quand nous nous croisions, nous tâchions de faire durer les échanges phatiques le plus longtemps possible, en répétant les mêmes clichés, les mêmes expressions toutes faires, pour ne surtout rien dire, jusqu’à ce que l’un des deux craque et que nous puissions parler de choses réellement importantes.
Ma stupeur refluait, mais j’avais du mal à former des phrases capables de décrire ma nouvelle réalité sans paraître délirantes. Les mots étaient là : hôtel, couloir, reliés ; distordu, courbe, infini. Mais les assembler… ça ne marchait pas. J’avais peur de ce que j’allais dire, d’articuler ce que je n’aurais jamais voulu croire.
DAY TWO
There is a moment between sleeping and waking where one is free. Consciousness has returned, but awareness has yet to rip away the thin screen between the waker and his surroundings, his reality. You float free of context, in no place - not sleeping, not fully awake, not at the mercy of the unknowns of the subsconcious, and not yet exposed to the dull knowns of care and routine. It is at this point, between two worlds, that I think I am happiest.
...
"- Quand elle est venue ici, elle a passé son temps à critiquer : la nourriture, le vin - et de tapoter la bouteille. Nous avons du vin italien ici, du vin français ! Le communisme c'est fini. Nous avons du vin australien et - la critique atteignit son paroxysme - du jus de fruit californien ! Château Minute Maid, cuvée 7-Up ! Elle a passé son temps à critiquer ! Je pense qu'elle a trouvé la ville très sale et qu'elle n'en a pas aimé les habitants."