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Citations de William Cliff (39)


dans la rue les rickshaws alors commencent
leurs infernales pétarades et les
autos n'arrêtent pas de klaxonner
les vaches iront brouter près des rigoles
les déchets entassés à leur usage
oh qu'il est doux de voir leur si paisible
marche au milieu de la foule qui grouille
ou bien attelées à des charrettes on les
fera tirer le joug avec leur bosse
et s'en aller au milieu du trafic comme
des vaisseaux calmement fendant les flots
balançant en mâture leurs deux cornes
que leur maître peut souvent avoir co-
loriées ou ornées de divers plumets
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61.
Dans cette ville il y avait un marché
où je m'arrêtai à une bizarre échoppe,
où des gens souriants vous faisaient à manger
et cuisaient votre viande à l'abri d'une hotte.

Je me souviens d'avoir aimé la nourriture
que vous me fîtes, gens d'on ne sait quel pays,
je n'osai pas vous demander quelle nature
était la vôtre dans cette ville d'exil,

ni quelle était cette langue que vous parliez
avec la belle humeur qui vous était propice
parce que j'étais plus que vous un étranger
dans ce lieu qui me serait bientôt un supplice,

cet Oxford si pétri de l'Orgueil qu'il proclame
sans soupçonner l'Ennui énorme qui le damne.
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Comment triomphiez-vous dans la plus sombres des batailles
Celle où l'on prend le goût de poignarder sa propre chair?

C'est que sans doute vous étiez au dedans de vous-mêmes
déjà pareils à ces déserts où le vent vous promène
ravagés de désastres et le coeur plus que confondu

d'avoir essuyé sur la terre un sanglant anathème
qui vous fit préférer le sel de la mer inhumaine
à l'inhumanité des humains qui vous ont déçus
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ATTENDRE


Cinquante fois, cinquante fois que j’ai été traîner
mon espoir comme un mollusque sa glu dans ce bar noir
d’insectes grouillants, cinquante fois pour te voir, j’ai vu
mil sacs humains ignorant tout de toi, ignorant tout
de moi, indifférents à ton absence, à ma présence
isolée aussi insignifiante qu’était la leur
groupée par trois ou quatre avec pour toute connaissance
ce savoir qu’on est trois ou quatre ensemble en ce bar noir
d’insectes qui ne se connaissent pas — Cinquante fois
j’ai bu un stout en attendant sans trop y croire
tout en croyant qu’en attendant quelques minutes encore
juste quelques minutes... mais les minutes passaient
et je m’enfonçais dans la nuit comme en un lac de boue.
Cinquante fois quand le trou noir du bar s’était vidé
et qu’il m’avait vomi comme un bousier mal digéré,
cinquante fois j’ai repris mes pieds fatigués et j’ai
mesuré les rues de la nuit avec mon désespoir.
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"There was nothing but that savage Ocean between us and Europe."

approche approche-toi monstre brutal
viens donc vomir selon ton habitude
tes filandreux rouleaux d'algue et d'écaille
en ricanant de ton rire d'écume
il me semble aujourd'hui que ton allure
se fait plus vive aurais-tu pas comme une
désir de bouffer quelque humain destin
pour te venger qu'à tes deux flancs l'on joue
à défier ta force à coups d'engins
qui te surmontent et volent sur tes joues
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Un silence insolite est tombé sur notre équipage
on n'entend plus que lui le vent siffler entre les câbles
et les poissons volants bruiter en rechutant dans l'eau
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William Cliff
triste triste triste



11

triste triste triste est l'infini désert arabique
     la tristesse est écrite
jusque sur la face des gens qui en tout temps font la
     grimace au vent à la
poussière et au soleil on entend racler la gorge
     et cracher les gros glaires
qui leur remontent du poumon pour avoir toujours à
     respirer l'aride air
sans pitié labourant leur sang de sa stérile haleine

le bus danse sur le tarmac craqué de tous côtés
     à droite la Mer Rouge
avec ses plants pétrolifères empestant l'atmosphère
     à gauche le désert
borné au lointain horizon par l'arabique chaîne
     et dedans les turbans
les longues robes majestueuses mais crasseuses
     et le tabac qui fume
incessamment et les regards qui vaguent tristement
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PETIT INSECTE HUMAIN

Petit insecte humain qui rampes sur la terre
Dont l’incertain destin te désole et t’atterre
quand par un soir d’été tu t’en vas plein de doute
écoutant la rumeur qui vient d’une autoroute,

et qu’elle te semble extraordinaire quand même
et palpitante l’existence que tu mènes
malgré les cruautés qui sévissent parfois
entre quelques cités travaillées par des voix

méchantes qui font que comme des sales bêtes
les hommes s’entretuent pour d’ineptes prétextes,
oui par ce soir magique qui s’intensifie,
tu dis merci de pouvoir vivre cette vie

et dans le matin déjeuner assis dehors
recevant du soleil ses merveilleux trésors.
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Un papillon de nuit
  
  
  
  
Un papillon de nuit est venu sur ma lampe
pendant que je lisais Stevenson magnifique
racontant son passage en l’Atlantique immense
et puis traversant en train toute l’Amérique.

Et comment il vécut au bord du Pacifique
à San Francisco où j’ai séjourné un peu,
racontant la froideur de l’océan rythmique
s’écrasant sur le sable avec un bruit furieux.

Le papillon de nuit s’est terré Dieu sait où
pour ne plus déranger mon merveilleux voyage
où Stevenson insiste qu’il attend beaucoup
de sa plume pour solder un gros arrérage :

son père heureusement revient à la raison
et consent à lui faire enfin une pension.
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William Cliff
Attendre

Cinquante fois, cinquante fois que j’ai été traîner
mon espoir comme un mollusque sa glu dans ce bar noir
d’insectes grouillants, cinquante fois pour te voir, j’ai vu
mil sacs humains ignorant tout de toi, ignorant tout
de moi, indifférents à ton absence, à ma présence
isolée aussi insignifiante qu’était la leur
groupée par trois ou quatre avec pour toute connaissance
ce savoir qu’on est trois ou quatre ensemble en ce bar noir
d’insectes qui ne se connaissent pas — Cinquante fois
j’ai bu un stout en attendant sans trop y croire
tout en croyant qu’en attendant quelques minutes encore
juste quelques minutes... mais les minutes passaient
et je m’enfonçais dans la nuit comme en un lac de boue.
Cinquante fois quand le trou noir du bar s’était vidé
et qu’il m’avait vomi comme un bousier mal digéré,
cinquante fois j’ai repris mes pieds fatigués et j’ai
mesuré les rues de la nuit avec mon désespoir.

William Cliff- Homo sum ( 1973)
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AU PRINTEMPS


Extrait 3

Au printemps il est temps de faire des allées
et venues pour quêter de nouvelles giclées,
sortir sur le pavé des rues mal éclairées,
retrouver dans des bars nocturnes de quoi boire
et imbiber encor notre improbable histoire
d’envols, de parousies dans des ciels pleins de gloire.
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j'accroche à mes pensées l'idée suspecte
de durer sans savoir à quoi durer
à longueur de journées je me répète
de continuer à vivre et respirer
regarde à travers l'air cet épervier
dont le vol est miné par la fatigue
il dure néanoins dans l'air liquide
sans savoir à quoi sert tout son effort
ainsi l'on voit nombre d'humanoïdes
s'efforcer de durer jusqu'à leur mort
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dans l'épais chicken soup
de l'Océan Indien
je prends des bains de merde
et je m'affale
devenant l’ingrédient du flot
au même titre
que les vides noix de coco
qui roulent échouent et qui s'effritent
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JE VEUX DE LA POÉSIE
  
  
  
  
Je veux de la poésie, de la poésie
pour charmer la déroute de mon existence,
mon âme désire qu’elle se rassasie
avant d’aller plonger dans sa sombre échéance.

Car il y a dans l’air une forte appétence
vers un éblouissement profond et nouveau
que mon encre écrivant sur cette page blanche
veut se réciter pour enchanter mon cerveau :

miracle du soleil qui brille sur la terre
après les longues pluies qui nous ont désolé,
printemps qui justifie que point ne désespère
l’immensité du cœur se sentant appelé

loin de la pollution qui insulte à l’emprise
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enfant le chant des oiseaux m'était à ce point cruel
que j'aurais voulu les chasser de tous les points du ciel
afin d'avoir la liberté d'y monter et mourir
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la ‘matière’ n’est pas le tout d’un cours…



la ‘matière’ n’est pas le tout d’un cours, il y a aussi la ‘manière’, certes, j’ai eu des moments où dans mon discours quelque chose devait mettre en alerte, c’était imprévu et cela sortait parce que cela n’était pas prévu et donc entrait pour cette raison très en avant dans un cœur non prévenu, l’adolescent se souviendra longtemps d’une trace qui est entré en lui et qui a fait fleurir un important écho qu’il écoute encore aujourd’hui, peut-être ainsi lui était-il arrivé de recevoir Dieu sait quelle chose qui depuis lors est restée ainsi rivée dans son âme où elle s’est enclose.
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MESSE DU DIMANCHE


Extrait 2

Parfois quelqu’un tombait évanoui alors
l’on ouvrait un carreau pour que l’air du dehors
vienne un peu oxygéner l’atmosphère épaisse
pendant que lentement pieuse la grand-messe

avançait, avançait jusqu’à la communion
où l’on se bousculait mais pas en rangs d’oignons :
c’est par de longs détroits qu’il nous fallait atteindre
le banc pour recevoir l’hostië sacro-sainte.

Enfin l’on arrivait à L’Ite missa est,
le prêtre bénissait la foule, alors c’était
une autre cohue pour sortir de la chapelle
où le peuple en coulant de partout s’interpelle :

on s’arrête, on se parle et ça n’en finit pas
de fort s’entrechoquer et de marquer le pas,
et pourtant l’on eût dit que toute cette foule
jouissait d’avoir été prise par la houle

formidable qui a rompu pour ce dimanche
le cours inexorable de son existence.
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J'aime la liberté sans doute, mais la mienne n'est pas au pouvoir des hommes, et ce ne seront ni des murs ni des clefs qui me l’ôteront. Cette captivité, monsieur; me parait si peu terrible , je me sens si bien que je jouirais de tout le bonheur que je puis encore espérer dans cette vie
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« Je fis à vélo un tour complet de sa personne et m’arrêtai près de lui. C’était René qu’il lisait. Je mis mon bras sur son épaule et, à haute voix, lu toute une page du livre. Puis, me penchant sur son épaisse bouche, je l’embrassai un très long temps, libérant l’abondance d’un cœur dilaté à craquer. »
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tu te retires et masques ton visage
en un verger remué par le vent
dont les bras alourdis de fruits sauvages
saignent de l'encre et dont le chant souvent
jette des cris bizarres d'épouvante
appels que l'on ne comprend pas appels
qui surgissez de ce verger appels
vomis d'entre ces bras chargés de fruits
vous nous travaillez l'âme et votre fiel
vient du néant ou s'épaissit la nuit.
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