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Critiques de William J. Kennedy (15)
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L'herbe de fer

Un roman qui est arrivé un peu par hasard sur mes étagères en complément d'un achat groupé de livres d'occasion. Une couverture qui évoque à elle seule l'ambiance de ce roman assez noir qui évoque ces hommes et femmes qui déambulent sur les trottoirs, ces clochards, vagabonds,hobo, sdf, quelque soit le nom qu'on leur donne, que l'on ne voit trop, plus ou que l'on ne veut pas voir et pourtant ils existent, ils sont là, ils (ou elles) ont une vie avant.



Je dois avouer que je me suis tout de suite attachée à Francis, à cet homme de 58 ans, qui parcourt les rues d'Albany en 1938, accompagné des fantômes de son passé et ils sont nombreux car Francis a eu plusieurs vies. Une vie de sportif car il a été joueur de première division de base-ball, marié et père de famille et puis un jour la machine s'enraye suite à plusieurs accidents : la perte d'un enfant, la mort d'un homme lors d'une grève, une violence pas toujours contrôlée, l'alcool et la rue.....



"C'était le dernier soir d'octobre 1938  c'était la veille de la Toussaint, cette nuit chaotique où la grâce est toujours trop peu abondante, et où les anciens morts et les nouveaux se promènent en liberté sur cette terre. (p47)"



Il se raccroche à ses relations de rue en ce jour d'Halloween, à Helen, sa compagne, ancienne chanteuse, à Rudy son compagnon d'infortune mais surtout Francis croise ses monstres à lui, les les fantômes de sa vie et ils sont nombreux. Ils l'accompagnent et lui cherche à faire la paix avec eux mais aussi avec lui-même. Depuis le temps qu'il vit dans la rue, il sait qu'il suffit de peu de choses pour que la vie des ses compagnons d'infortune ou la sienne basculent.



"En ce moment, Francis est quelque part, tout seul, et même Helen ne l'aime plus. Plus du tout. Parce que tout ce qui touche à l'amour de près ou de loin est mort, usé par la fatigue.(p184)"



C'est une déambulation poignante sur la misère, sur la déchéance, sur la survie d'un jour sur l'autre : trouver quelques pièces, un repas, un peu de chaleur. Et pourtant Francis a une famille, une femme, un fils et une fille et même un petit fils qui sont prêts à l'accueillir, à lui offrir une chance de s'en sortir mais il voit dans leurs yeux le reflet de ce qu'il est devenu et même s'ils ne lui font aucun reproche, lui sait que désormais sa vie est dehors, ailleurs. Il a tout au long du récit une sorte de dignité, de règle de vie, il n'est pas totalement déshumanisé même si l'alcool réchauffe, soigne et détruit.



J'ai été très surprise d'être autant touchée par ce roman qui a reçu le prix Pulitzer en 1984 et National Book Award en 1983, dont une adaptation cinématographique a été faite avec Jack Nicholson et Meryl Streep sous le titre Ironweed que je n'ai pas vue, je ne sais d'ailleurs pas s'il est sorti en France mais j'aimerais beaucoup voir.



Avec une écriture vivante, à la fois crue mais avec une forme de poésie, de mélancolie, de désespoir, William Kennedy, fouille au plus profond des sentiments de cet homme dont la vie a basculé et qui se retrouve confronter à sa conscience et à ses questionnements. Chacun des fantômes qu'il croise est l'occasion d'en apprendre un peu plus sur son passé et ceux de ses amis de la rue. Chacun(e) n'est pas arrivé là par hasard. Francis ne s'épargne rien, il assume ses choix et tente malgré tout de rester honnête, humain, malgré les vapeurs d'alcool, malgré le froid, malgré la faim.



Cela peut vous paraître éprouvant à lire mais l'ensemble reste emprunt de beauté dans les sentiments, les rapports entre les différents personnages. William Kennedy en fait une sorte de reportage sur les rues d'une ville, dans cette période de grande dépression, où la débrouille mais aussi le partage du peu que l'on a permet de tenir un jour de plus. Il en fait une histoire qui mêle noirceur et tendresse, violence et humanité, la lumière et l'obscurité.



Comment ne pas être touchée par ceux ou celles qui ne se réveilleront pas, engourdis par le froid et l'alcool, comme Sandra, par la violence omniprésente parce que le peu qu'ils possèdent devient objet de convoitise mais aussi par les relations qu'ils entretiennent entre eux, par ces femmes qui n'ont plus que leur corps comme monnaie d'échange, mais aussi par la fraternité dans la misère et le compagnonnage dans les beuveries. C'est un roman réaliste, qui ne juge pas, qui se veut simplement le reflet d'un monde obscur et que l'auteur a voulu mettre dans la lumière.



Son titre original Ironweed, mauvaise herbe, reflète bien qui sont ces êtres qui peuplent les villes, ils sont devenus ce que la vie, la société ou eux-mêmes en ont fait : des mauvaises herbes qui poussent sur les trottoirs, qui disparaissent parfois pour mieux réapparaître, ni tout à fait les mêmes et pourtant si identiques dans leur apparence. Ils ont une certaine force de résistance mais sont peu à peu gagnés par l'usure, les abus, l'alcool, les conditions de vie. Ce roman publié en 1983 reste dramatiquement d'actualité car dans toute période de crise, de troubles, ils apparaissent et sont une sorte de signal d'alarme.On les compare souvent à la lie de la société mais avant de se retrouver au monde de la rue, n'oublions pas qu'ils étaient des êtres comme vous ou moi.



C'est un roman noir certes mais avec un regard plein de compassion  sur ces êtres laissés au bord du chemin, déchus, mais qui cherchent, pour certains comme Francis, dans un dernier sursaut, de trouver le chemin de la rédemption et de la paix.
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L'herbe de fer

L'herbe de fer William Kennedy Editions Belfond#WilliamKennedy #NetGalleyFrance

Récompensé en 1984 par le Prix Pulitzer-Fiction , l'Herbe de fer de William Kennedy est un roman très sombre . Francis Phelan est un homme d'une bonne cinquantaine d'années. Nous sommes en 1938 à Albany , capitale de l'Etat de New-York. Clochard, alcoolique , Fann vit au jour le jour cherchant où dormir , comment trouver un dollar et s'acheter de quoi boire. L'hiver commence, Halloween , la Toussaint, ses pensées remontent loin dans le passé, n'est-il pas temps pour lui de faire le bilan? Trente ans qu'il fuit , a t'il assez couru loin des siens, de ses amis , de tous ceux avec qui il s'est battu les laissant parfois bien mal en point sur le tapis de la vie . Il lui fallait survivre à défaut de vivre. Culpabilité, regrets, remords .. "L'Herbe de fer interroge tour à tour culpabilité, pardon et rédemption."

Mais voilà l'écriture de William Kennedy ne m'a pas séduite et cette lecture m' a paru infiniment longue. Ce n'était sans doute pas le bon moment pour une rencontre avec Fann Phelan .

Un grand merci aux Editions Belfond pour ce partage.
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Le bouquet embrasé

LE BOUQUET EMBRASÉ de WILLIAM KENNEDY

1885, Albany est le théâtre de la grande foire de l’état de New York. Edward Daugherty et Thomas Maginn sont deux journalistes concurrents issus de milieux très différents mais ont tissé des liens et une amitié étrange. Edward écrit un roman, Thomas fait l’analyse d’une œuvre de Melville. Ils vont voir les prostituées de la foire. Edward a proposé le mariage à Katrina mais nourrit peu d’espoir leur différence de niveau social est énorme et ils ne l’aiment pas. Sa seule chance c’est que Leyman le grand père de Katrina a financé les études d’Edward suite à une dette dont il se sent redevable, une histoire qui remonte à l’arrivée de la famille en provenance de Galway en Irlande. De plus Edward est catholique et les parents de Katrina sont papistes. C’est finalement Katrina qui contre l’avis de son père Jacob décidera de passer outre et se mariera avec Edward.

On retrouve Albany, la ville dans laquelle Kennedy place tous ses héros, ici Edward Dougherty. Ce dernier élevé comme un riche, mais qui ne l’est pas va écrire des pièces de théâtre à forte connotation sociale et mettre progressivement en danger Katrina sa femme. Une très belle étude de mœurs, une analyse très fine des milieux sociaux de l’époque, Kennedy est passionnant dans la peinture de ses personnages.
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Vieilles carcasses

VIEILLES CARCASSES de WILLIAM KENNEDY

1958, Albany, Orson Purcell, bâtard, vit avec Peter Phelan, artiste peintre, 71 ans. Ce dernier veut organiser une grande réunion de famille et demande à Orson de s’en occuper. D’ailleurs, c’est Orson qui fait tout, il est le fils de la logeuse, Claire Purcell. Peter n’a jamais voulu reconnaître Orson comme son fils car Claire à l’époque était l’assistante et la maîtresse de Manfredo, un magicien. Le doute de Peter est d’autant plus fort qu’Orson est un expert dans la manipulation des cartes et en profite pour tricher et gagner de l’argent. Orson va donc tenter de rassembler cette famille dont les premiers Phelan arrivèrent d’Irlande en 1820 et dès 1879 Michael Phelan avait construit l’actuelle maison. De retours en arrière et de sauts dans le temps on va découvrir la fratrie de Peter, les cinq frères et sœurs, l’incroyable et sulfureuse Gisèle, la femme d’Orson ainsi que Billy le fils de Francis, le héros de « L’herbe de fer ». Francis qui n’est que rarement le bienvenu, mouton noir de la famille, vagabond, un hobo, alcoolique, perdu, abandonné par sa famille.

Cette préparation de réunion familiale est l’occasion pour William Kennedy de continuer l’étude sociologique de la famille Phelan avec Peter et Orson comme il l’avait fait précédemment avec Francis. On est toujours à Albany dans l’état de New York objet de son travail, il a en effet puisé des années durant dans les archives locales pour raconter cette saga.

Le style de Kennedy est très poétique mais les sauts dans le temps et l’espace rendent la lecture difficile. Un arbre généalogique en début de livre aide à suivre l’évolution de la famille depuis l’arrivée en Amérique. Malgré ce récit décousu on s’attache à cette famille déglinguée qui retrace aussi l’histoire des États Unis.
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L'herbe de fer

Un grand roman américain, lauréat du National Book Award 1983 et du prix Pulitzer 1984, adapté au cinéma en 1987 avec Jack Nicholson et Meryl Streep dans les rôles principaux.

Un grand roman de la grande dépression mêlant le réalisme crasse du quotidien des clochards et les apparitions spectrales des âmes blessées par le comportement de Francis. Le résultat est surprenant, à la fois drôle, sordide, poétique, cruel. La misère est dépeinte dans toute sa dureté, sans lyrisme ou apitoiement malvenus, et la galerie de personnages secondaires incroyablement marquante.

Francis n’est pas un héros. Ce n’est pas non plus un salaud, juste un homme traînant avec lui son passé, ses erreurs, ses lâchetés, et surtout sa culpabilité. C’est à cause d’elle que les fantômes lui apparaissent mais c’est aussi grâce à elle qu’il reste debout : « Au plus profond de lui-même, là où il pouvait pressentir une vérité qui échappait aux formules, il se disait : ma culpabilité est tout ce qui me reste. Si je perds cela, alors tout ce que j'aurais pu être, tout ce que j'aurais pu faire aura été en vain. »

Une quête de pardon et d’impossible rédemption d’une beauté crépusculaire dont l’infinie tristesse brise le cœur.


Lien : https://litterature-a-blog.b..
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L'herbe de fer

Francis Phelan est un clochard, il évolue au milieu des gens qui vivent dans la rue. Il boit, il se bat et se débat, il se cherche. Nous sommes en 1938 dans les rues d’Albany.



Le roman ouvre sur une scène fantaisiste mais puissante. Dans un cimetière, le personnage principal circule, au milieu des tombes, de ses proches, d’un homme qu’il a tué, de son fils mort à l’âge de 13 jours et échange avec ses fantômes avec naturel. J’ai été ferrée d’entrée par ces images. Ce qu’elles disent, ce qu’elles transmettent est indicible.



Ce livre m’a émue au plus haut point, grâce à une écriture magistrale, des passages d’une poésie infinie qui côtoient des situations tragiques, des moments d’une grande violence ou d’une grande détresse, des personnages hauts en couleurs et très attachants. Et puis tout le long du roman les morts apparaissent à Francis, lui parlent, lui pardonnent ses actes, ou non, lui rappellent des moments forts de sa vie passée. J’ai totalement accroché à cet artifice littéraire, il me semble que c’est ce qui fait le charme du livre.



Francis est un homme meurtri, abîmé par ce qu’il a vécu, par ses choix, qui n’ont pas toujours été les bons, par la culpabilité qui l’habite en permanence. Ce roman est aussi noir qu’il est tendre, aussi sombre qu’il est émouvant. Il se situe au début du vingtième siècle mais pourrait se dérouler aujourd’hui. Ces êtres invisibles ou trop visibles sur les trottoirs de nos villes, que l’on méprise, que l’on regarde avec dédain, sont les héros de ce roman. Leurs sentiments méritent notre compassion. Leur âme n’est pas à l’image de leur écorce physique, ce sont des êtres humains avec leurs faiblesses, leurs lâchetés, et leurs remords, comme tous les autres êtres humains qui masquent les leurs sous de beaux atours.



Ce roman m’a touchée, profondément.
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L'herbe de fer

Roman sombre sur la fuite d'un homme, il s'agit de Francis un hobo ou plus communément un clochard. Francis survit plus qu'il ne vit, pourtant âgé d'à peine cinquante ans en pleine années 30 et la Grande Dépression, et avec l'hiver qui approche il lui sera difficile de trouver de quoi manger, se protéger et boire.

Il fait le bilan et les fantôme de sa vie le hante, son enfant, ses amis, ses adversaires et ses remords qui seront probablement les pires. Difficile d'avancer avec la culpabilité comme boulet et c'est ce que l'auteur tente d'aborder et que le lecteur tente avec lui de comprendre, parce que cette lecture peut paraître d'une longueur incroyable si l'on ne se plonge pas corps et âme dans ces mots durs et cette vie brisée.

Un roman intéressant qui reçu de plus le prix Pulitzer de la fiction en 1984, interrogeant la mémoire des défunts pour la quête de rédemption d'un homme déchu.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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L'herbe de fer

Novembre 1938, à Albany dans l'Etat de New York, nous suivons Francis, un clochard, dans son quotidien. Nous rencontrerons ses compagnons d'infortune, la famille qu'il a laissée derrière lui, mais également en cette période où les vivants rendent hommages aux défunts, nous rencontreront ses morts. Des morts dont il porte la culpabilité, des morts qui l'empêchent sans doute de s'autoriser à vivre et qui lui apparaissent à toute heure du jour ou de la nuit. J'ai beaucoup aimé cette lecture car bien qu'elle nous fasse plonger dans une atmosphère sordide, glaciale et anxiogène, où l'alcool fait tour à tour office de bouée ou de boulet, et où le corps est violenté, malade, marchandé; elle a surtout le mérite de faire émerger toute l'humanité de Francis et de ses acolytes, de ne pas tomber dans le jugement ou l'indifférence et d'éveiller une compréhension et une compassion inconditionnelle.
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L'herbe de fer

L’HERBE DE FER de WILLIAM KENNEDY

Albany, état de New York, Francis Phelan travaille au cimetière pour rembourser 50$ qu’il doit à son avocat qui lui a évité la prison pour s’être inscrit 27 fois sur les listes électorales! Il fait équipe avec Rudy atteint d’un cancer, il lui reste 6 mois à vivre qu’il veut passer en buvant. En voyant les tombes il pense à son fils Gérald, mort à 13 jours parce qu’il l’a laissé tomber par terre. En 1901 il avait tué un briseur de grève en lui lançant une pierre, c’était un fanatique de base ball et il disparaissait à chaque saison abandonnant sa famille. Dans sa galère actuelle, il a une amie qui lui est chère, Helen, il sait que pour l’aider il doit rester sobre pour avoir un logement et de la nourriture, mais en attendant ils dorment dans une carcasse de voiture. On est en octobre 1938, Il est assailli de souvenirs, son autre fils Billy, sa fille, sa femme, il repasse dans leur quartier, achète une dinde pour Thanksgiving, dîne avec eux puis disparaît honteux, hanté par ses fantômes…

Un livre poignant, désespéré, un homme blessé, meurtri, qui malgré les ouvertures que sa famille lui fait ne peut se pardonner ses erreurs et continue d’errer en ville.

Magnifique livre dans la lignée d’un Viande à brûler de FAUXBRAS. Une belle découverte.
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L'herbe de fer

William Kennedy nous entraîne dans les pas de Francis Phelan, ancien joueur de baseball, qui à 58 ans est désormais un clochard errant dans les rues d’Albany. Nous sommes en pleine période d’Halloween, moment propice à la confrontation avec les fantômes du passé.



Le roman nous plonge dans les heures sombres de la Grande Dépression en prenant comme point d’appui le terriblement funeste sort de Francis Phelan.



L’herbe de fer est la chronique désenchantée d’une vie brisée, un voyage introspectif au cœur d’une réalité sombre.



Le récit est particulièrement séduisant dans le réalisme qu’il dégage, la personnalité terriblement humaine de Francis Phelan rongé par la culpabilité et le remords, hanté par toutes les personnes qu’il a abandonnées et en premier lieu par son fils, dont il a provoqué la mort en le laissant tomber alors qu’il changeait sa couche.



Un roman sombre, certes, mais qui n’est pas dénué de poésie tout au long de cette quête de rédemption bouleversante.



Une lecture captivante pour cette fin d’année.

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L'herbe de fer

"L'herbe de fer" nous fait suivre les tribulations de Francis Phelan dans la ville d'Albany, dont il est originaire, pendant la Grande Dépression. Une triste épopée, qui aurait pu être submergée par la dimension sordide du quotidien du héros, puisqu'en sa qualité de "cloche", Francis traîne d'abris de fortune en foyers, occupé par la quête de nourriture ou de quelques pièces pour s'acheter une bouteille. Et pourtant, le prosaïsme de cette routine est illuminé par la poésie que William Kennedy parvient à insuffler à son récit...



Cela commence avec l'introduction, dès l'entame du roman, d'éléments surnaturels, sous la forme de fantômes mis en scène comme des personnages à part entière, entretenant des dialogues avec le héros. J'avoue que ce procédé m'a au départ un peu déstabilisée, me paraissant en décalage avec le propos par ailleurs terre à terre. Mais on comprend assez vite qu'il s'agit en réalité de la matérialisation de visions qui hantent Francis. Car à presque soixante ans, cette ancienne gloire du base-ball a un lourd passé à son actif, qui semble soudain se rappeler à lui, par l'intermédiaire de ces incarnations, notamment celle de son père, mort sous ses yeux, de sa mère rigide et aigrie pour laquelle il éprouvait de la détestation, d'un homme qu'il a tué pendant la grève des tramways de 1901, du fils qu'il a eu avec Annie, son épouse, et dont il est responsable de la mort, à l'âge d'à peine quinze jours... La culpabilité conséquente lui a fait couper tout lien avec sa famille.



Au cours des quelques jours pendant lesquels nous le suivons, entouré de ses compagnons de misère, une machine à remonter le temps semble s'être mise en branle en faisant resurgir maints souvenirs -ses exploits sportifs, les bagarres, les femmes, l'amour, les orgies de picole-, l'amenant à s'interroger sur ses erreurs, ses manquements, sur cette existence parsemée d'une violence qu'il prétend n'avoir pas cherchée (mais à laquelle il est enclin !), sur son attirance presque amoureuse pour la fuite qui, une fois encore, l'amène à tourner le dos à la possibilité de rédemption qui lui est offerte... toute tentation de sombrer dans la détresse est cependant occultée par la prérogative quotidienne de survie, Francis étant "Trop occupé pour avoir le temps de se poser tranquillement quelque part pour mourir".



C'est un homme éprouvé, désabusé, parfois belliqueux, qui ne s'en laisse pas compter, mais c'est aussi un être sensible, généreux, et introspectif, tirant de ses expériences des leçons de vie aussi philosophiques ("la vie est pleine de caprices et d'occasions manquées", "une main tendue dans l'adversité est une belle chose"...) que fantaisistes ("un Italien court moins vite qu'une balle de fusil"...).



Avec ce récit à la fois touchant et vivant, William Kennedy rend à ces laissés-pour-compte leur humanité et leur dignité, en faisant d'eux des êtres singuliers, creusant sous leur piteuse apparence pour rappeler qu'ils ne sont pas que des sans-abri, mais des individus comme les autres, avec leur passé, leurs rêves, leur détresse. Avec sensibilité, sans tomber ni dans le misérabilisme, ni dans l'angélisme, il évoque la fraternité qui unit parfois ces désespérés, mais aussi la violence qui régit souvent leurs rapports.


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L'herbe de fer

Il est venu le temps du Pulitzer du mois 🎉

Pour celui de mai, j'ai choisi L'herbe de fer de William Kennedy, principalement parce que ce n'était pas un pavé (je sais, ce n'est pas glorieux comme critère de choix).

⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀

Et au moment d'écrire mon ressenti, je suis assez hésitante.

Parce que j'ai passé beaucoup de temps à lire d'un oeil sans m'attacher à Francis, ce hobo qui parcourt les rues d'Albany en conversant avec ses morts, en évoquant son passé et ce qui l'a mené à sa situation présente.

Parce qu'à d'autres moments, j'étais totalement emportée par la force des émotions transmises, comme à ce moment où Helen, élevée dans les beaux quartiers et dans l'amour de la musique, et tombée ensuite dans la pauvreté, entonne une chanson dans un bar.

⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀

Alors je choisis de retenir le beau et je me dis que ce roman était puissant, qu'il était sombre et pessimiste aussi, que William Kennedy a su offrir à la lente décadence de son héros une enveloppe rayonnante. Et que c'était un beau moment de lecture.
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L'herbe de fer

Mon avis est mitigé à propos de L'herbe de fer.

Le style de l'auteur est très agréable, il écrit très bien, c'est indéniable, et c'est l'un des points fort de cette lecture, j'ai vraiment apprécié l'écriture, les images qu'elle invoque, les émotions qu'elle provoque.

J'ai eu un peu de mal avec l'histoire, même si les personnages sont tous très attachants, en particulier Francis. On le suit dans ses pérégrinations, ses galères, et son introspection. On découvre derrière un homme qui a vécu beaucoup d'aventures, encore plus de mésaventures, et qui lutte pour survivre chaque jour, un être sensible et lucide, très altruiste également, malgré l'égoïsme qu'il semble démontrer.

N'ayant pas l'habitude de lire des ouvrages situés à cette époque, j'ai eu des difficultés à me représenter l'environnement, le contexte, j'ai parfois eu l'impression que l'histoire se passait en 1800 plutôt que dans les années 1930.

Ce roman est aussi très dur, il ne cache pas la misère ni la violence du personnage et de ceux qui croisent sa route, cette terrible misère et pauvreté, accentuée par l'alcoolisme, est parfois difficile à lire, à supporter. Plus que l'alcool cependant, Francis est hanté par son passé, et c'est une expérience intéressante d'assister à ce cortège de fantômes qui gravitent autour de lui et le plongent dans les recoins de son coeur cadenassé et de son histoire.
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L'herbe de fer

Pourtant un classique de la littérature américaine, je me faisais une joie de lire ce Grand roman.



J’ai tenu une centaine de pages avant d’abandonner.



Il faut croire que j’ai passé l’âge de lire des récits sur les vagabonds magnifiques.



Des dialogues sans queue ni tête, des personnages tellement avinés qu’ils se font manger par les bêtes sauvages.



J’ai refermé le livre sans regret.
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Billy Phelan

Octobre 1938, l'histoire s'articule autour de l'enlèvement contre rançon du fils de l'un des trois frères McCall, qui contrôlent à la fois le Parti démocrate, les bars et la vie nocturne dans la ville. Cet événement majeur mobilise les deux personnages principaux du roman - Billy Phelan (parieur et joueur par excellence) et Martin Daugherty (journaliste pour le journal d'Albany). Tout au long du roman, Billy et Martin débattent de la question: «Est-il possible d'échapper aux stéréotypes et être fiers d'être un Irlandais d'Albany ?". Kennedy explore la relation entre pères et fils; ou tout du moins la relation entre Billy Phelan et son père Francis, Martin Daugherty et son père Edward, et plus généralement Abraham et Isaac de la Genèse.

Billy Phelan est un véritable héros de fiction, un homme libre. Martin Daugherty est plus intellectuel, plus complexe. Billy et Martin partagent une vision commune (en plus de leurs relations tendues avec leurs pères): ils font fi de tout préjugé religieux, ethnique et racial, ce qui rend chacun d'eux un peu "outsider" parmi les irlandais d'Albany.

Une lecture fluide et agréable une fois chacun des personnages identifiés.
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