AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de William McIlvanney (46)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


 Étranges loyautés

Jack Laidlaw est un flic solitaire, abandonné, désespéré, qui n'est plus soutenu que par sa rage contre la société, "comme un vide chargé de colère". Dans ce 3e épisode de la trilogie de William McIlvanney il mène une bien curieuse enquête, celle de savoir ce qu'il est arrivé à son frère, mort à 38 ans, ivre, renversé par une voiture, au terme d'années d'alcoolisme et de décrépitude. Qu'a-t-elle fait, cette société, à ce jeune homme brillant, droit, plein d 'espoir en l'avenir? Que nous a t'elle fait à tous, quelles trahisons, quelles hypocrisies ont façonné les vies de chacun? Avons nous su choisir les bonnes loyautés?





Nos projets avaient été poussières, poussières de soleil.





Ces questionnements essentiels ne vont pas empêcher le flic philosophe d'aider de son binôme, moins porté sur l'interrogation existentielle, à coffrer de sales personnages à l'avantageuse façade d'homme honnête.



Ce roman très introspectif, écrit brillamment, avec les tripes de la révolte, assaisonné d'un humour vengeur, donne furieusement envie de reprendre la série du départ.
Commenter  J’apprécie          10
 Étranges loyautés

Etranges loyautés.



Cette fois c’est Laidlow qui prend la parole et nous entraîne dans sa lugubre folie. Son frère est mort. Renversé par une voiture. Un soir de beuverie. Jack, Jack Laidlow, n’accepte pas cette disparition et va tenter d’en comprendre le sens et la raison. Il part dans la ville où vivait Scott, son frère, pour interroger les gens et découvrir « la » vérité.





Bien entendu Brian Harkness, maintenant marié et Bobie un nouveau collègue, assurent l’incontournable contradiction .L’odieux inspecteur Milligan est curieusement mis en quarantaine par McIlvanney.



On est au début des années 80, Jack a « dans les quarante » et la main de fer de Maggie n’étreint toujours pas son cœur d’artichaut. Glasgow est inerte. Seuls les malfrats s’agitent un peu et faute de personnages récurrents chez les gentils constituent finalement l’unique corps social écossais manipulé par l’économie libérale. Triste réduction. Incroyable aveuglement…



Loin de sa femme Laidlow s’évertue à décevoir sa maîtresse. (On a du mal à comprendre d’ailleurs pourquoi ces femmes choisissent de vivre avec un flic alors même qu’elles connaissent les implications, soit par expérience soit pour avoir lu n’importe quel polar à deux balles.)



En tout cas, Jack se retrouve seul dans un appartement sans charme et sans provisions, à « enfiler des caleçons propres » (sic) à défaut de perles. Pur masochisme qu’entretient, fiévreusement et sans humour, tout son entourage.



Allez ! Mieux vaut aller enquêter et harceler les gens, compris la veuve au comportement hautement improbable plutôt que d’écouter les conseils d’apaisement de ses collègues. Le narrateur est un policier mais le roman ne l’est plus. Et c’est le policier qui est la victime…de ses fantasmes obsessionnels.



Il est clair que le train a déraillé, même si l’énigme du frère se transforme en conspiration, même si la case « Hôtellerie » du jeu de l’oie (de lois...) métaphorique reprend du galon entre deux stations dans les bars. (Seule concession à la loi qu’il fustige, Jack s’est mis au soda citron à la place du Whisky à l’eau lorsqu’il doit conduire une voiture : bravo !), on sent parfaitement arriver avec la conclusion la fin du personnage lui-même. Case 63, au plus loin des marges au plus près du trou noir.



Pas d’enterrement pour Jack qui poursuit son chemin sans nous… et revient vingt ans plus tard trainer son ombre dans les rivages noirs des librairies.



A lire les uns après les autres avec pugnacité.









Commenter  J’apprécie          62
 Étranges loyautés

« Cette pensée fut les funérailles que je lui offris dans l'instant. »



Quel plaisir de retrouver Jack Laidlaw. J'aime ce personnage, flic malheureux et amateur de philosophie « Unamuno dit quelque chose comme : lorsqu'un homme perd la perception de sa propre continuité, c'est fichu pour lui. Il a le cul qui pend à la fenêtre. Désolé, Miguel, si je ne te cite pas très exactement. ».



Dans ce roman, son frère Scott est décédé dans un accident, passé sous les roues d'un véhicule. Laidlaw sombre, sans pour autant perdre son sens de l'humour et son collègue pour le soutenir.



« - Seigneur, je me fais de la bile pour toi. (...)

- Brian, dis-je. Pourquoi n'as-tu pas revêtu une belle robe ample et fleurie ?

- Quoi ?

- Si tu veux jouer à ma mère au moins, habille-toi pour le rôle.

- Va te faire voir, et pour une fois dans ta vie, écoute, tu veux bien ?

- Ma mam-mam, elle a jamais parlé comme ça. »



« Vers la fin Scott était passé maître dans l'art du mépris de soi. » Laidlaw ne comprend pas. Il sombre jusqu'à ce qu'il se décide à savoir ce qui s'est passé dans la tête de son frère. Il se décide à rencontrer toutes les personnes qui ont pu côtoyer Scott dans les derniers temps. Une femme, une bagarre dans un bar, de l'alcool, des peintures... Il découvre des pans de vie et un autre accident, un homme que Scott connaissait, a été écrasé par une voiture voici quelques temps. Étrange... Laidlaw remontera le fil pour découvrir la vérité et un morceau de lui, aussi. Étranges loyautés.



« Oh ! Que de mensonges nous nous disons à la lumière du jour sur ce que nous sommes dans l'obscurité. »
Commenter  J’apprécie          202
 Étranges loyautés

"Ceux qui aiment la vie prennent des risques, ceux qui ne l'aiment pas prennent une assurance.....Dans l'acte de vivre, on gagne en perdant gros, on perd en gagnant petit".*



Avec ce remarquable roman dit policier, on est dans la lignée de Graham Greene (Le troisième homme) ou John le Carré (La Taupe/Les gens de Smiley) autant romans policier ou d'espionnage que quête visant à donner un sens à l'absurdité de vivre...



Au départ la mort de Scott Laidlaw, copieusement ivre renversé par une voiture à la sortie d'un pub....Ensuite, à force de remuer l'eau qui dort, la mise à jour de meurtres impliquant un grand voyou et la mise à nu d'étranges loyautés aux sombres souterrains qui se parent d'une apparence respectable...



Jack Laidlaw, le frère, policier de son état, mène alors une recherche qui réveille les ténèbres qui nous assombrissent..."Et si tu regardes dans un abîme, l'abîme regarde aussi en toi". dit une citation. Elle s'applique ici totalement.



On vit autant dans l'action de l'enquête qui prend forme sous nos yeux que dans l'ensemble de ce flux de pensées permanentes cherchant à définir une règle de conduite claire dans un monde chaotique.



Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman policier de cet acabit...



*p 179
Commenter  J’apprécie          20
 Étranges loyautés

Une véritable découverte après avoir lu Harkness d'antonio Pereira. Tous les Laidlaw, j'adore ! L'auteur est plein d'esprit et d'humanité. Envie d'aller à Glasgow !
Commenter  J’apprécie          20
 Étranges loyautés

Par le récit des errances, presque plus philosophiques que policières, McIlvanney dresse un portrait saisissant d'un homme en quête de vérité. Étranges loyautés, dans sa prose affûtée, atteint au sommet du roman noir par cette question d'une vertigineuse simplicité : quelle loyauté devons-nous à nos idéaux ? Un roman à lire absolument par la singularité de sa vision du monde.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          30
 Étranges loyautés

William McIlvanney et son détective Jack Laidlaw faisaient partie de mes projets de lecture depuis longtemps. Allez savoir pourquoi, je différais sans arrêt cette lecture, les couvertures de la collection Rivages/Noir, leur graphisme éteint, le parti pris de tout écrire en capitales d’imprimerie, le papier des livres avec son apparence «plus recyclé que loi tu meurs», les format des livres, trop petit, la fonte des caractères minuscules, des tas de raison à chier qui m’ont servi d’alibi pendant des mois, jusqu’à ce que ce mois d’août, la pénurie de livres à lire me mettent face à Etranges Loyautés. Ce n’est peut-être pas celui par lequel il faut commencer, mais c’est le seul que j’avais sous la main à ce moment là.

Ecrit en 1991, il y a donc 24 ans, le livre date un peu. Dans le genre on a eu l’occasion de lire des choses assez sublimes dans ces 24 dernières années, mais j’étais lancé, je ne pouvais plus reculer.

Jack Laidlaw est flic. A Glasgow. Un bon détective. Catalogué «Franc tireur» par sa hiérarchie. Classique. Il hait les juges et les autres flics. Il éprouve une compassion certaine pour les délinquants qu’il est obligé de déférer devant la justice. Il dénie la capacité des magistrats à comprendre les êtres humains que lui arrête et que eux doivent punir.

«Sous ces perruques, quelles cervelles étranges se confisaient dans le Porto, quels crânes se conservaient au vinaigre de leurs préjugés ?»

D’ailleurs précise-t-il ces gens-là ne connaissent pas le formulaire UB-40 :

«Un formulaire pour les allocations de chômage ? Et qu’est-ce donc que cela ?» (Page 17)

(Je rappelle, à toutes fins utiles que UB-40 est le nom d’un groupe de reggae célèbre fondé en 1978 http://ub40.global/)

l’entrée dans le roman n’est pas évidente, mais l’écriture, les formules de MCilvanney et la curiosité pousse le lecteur à continuer.

Celui-ci comprend vite que Jack se laisse aller. Il a divorcé de Ena qui a la garde de leurs trois filles, Moya, Sandra et Jackie.

Son frère cadet, Scott est mort dans un accident de voiture. Il a une compagne occasionnelle, Jan, avec laquelle il pourrait se marier :

«Les femmes me sidèrent toujours par leur clairvoyance. Elles sont capables de faire un futur du présent, d’un simple baiser, une relation, d’un enlacement, un avenir. Jan voyait en nous deux un avenir, elle persistait à voir cet avenir malgré tout, même si j’en étais incapable.» (Page 40)

Son collègue Brain Harckness et sa femme Morag sont toujours là pour lui remonter le moral.

Profil classique donc, de flic irascible et torturé, mais bon professionnel, à l’image d’un Harry Hole, d’un Wallander, d’un Montalbano, d’un Carvalho, ou d’un Mario Conde, sauf qu’ici, le contexte a un arrière goût de tourbe et de vieux whisky, de l’Antiquary, d’eau des lochs, et de pubs où des gens chantent, de ciel gris mais complice.

« Elle offre donc comme presque tout ce qui est écossais, une nature double. Elle est à la fois rugueuse et lisse, dure et gentille. Il est possible que les visiteurs soient obligés de découvrir ses côtés durs. Sa gentillesse sera toujours plus directement accessible. Au point qu’on pourrait pardonner au touriste de passage de se demander si on n’y a pas appris aux mouettes à faire dans le pot.» (Page 76)

Jack souffre de la mort de son frère Scott. Il en endosse la responsabilité, et en assume une culpabilité (qui l’amène, contre l’avis de ses proches, à ouvrir une enquête privée pour laquelle il prend une semaine de congés :

«C’était une mort qu’il me fallait sonder, fouiller, mais non pour des raisons de police, bien que par le biais éventuel de méthodes de police.» (Page 21)

Bien entendu, on comprend vite que Jack a raison. Même si au fonds la mort de Scott reste un banal accident, Jack veut remonte la chaîne des événements qui ont précédé cet accident, et dont la motivation remonte loin dans le passé du petit frère...

La dernière fois qu’ils se sont vus, Jack préférant entrainer son frère cadet dans une mémorable tournée de pubs, n’a pas prêté attention à la seule phrase importante prononcée par Scott : «Je quitte Anna psalmodia-t-il avant de s’étendre à nouveau et de s'endormir.»

Ce souvenir lancinant le hante, et c’est à partir de ce petit rien, et c’est peu, qu’il a entendu mais n’a pas écouté, que Jack va lancer son enquête.

« Ce fut là mon dernier véritable souvenir de lui vivant, un souvenir à vrai dire pas si mauvais. Libre à ceux qui croient que le vie se mesure à ces convenances de souhaiter de derniers souvenirs plus gentillets que ceux qu’ils aiment.» (Page 47)



A Graithnock il recherche les traces de son frère, auprès de ses collègues, de sa veuve et de ses amis.

Là, il découvre une image de Scott peu conforme à celle du petit frère cadet, l’artiste brillant, qui lui était familière.

Autour d’un tableau peint par son frère, La cène des cinq, et retrouvé dans le garage de la maison vide, abandonnée et mise en vente par Anna, il recompose ce qu’avait été la vie et le passé étudiant de Scott.



Etranges loyautés interroge la capacité que nous avons à oublier ou à nous souvenir. Sommes nous comptables de ce que les autres ont été ou ont représentés pour nous à un moment donné de leur vie, et avons-nous le droit de surgir du passé en leur demandant de rendre des comptes.



Le sujet est passionnant. Tout au long des 460 pages du roman, Jack Laidlaw se débat dans ce questionnement qui pour lui signifie beaucoup et se traduit par un marché de dupes qu’il veut passer avec lui même : suis-je dans le passé de mon frère ou dans mon présent avec ceux que j’aime ?



Jack Laidlaw est un torturé, il ne comprendra jamais pourquoi sa compagne Jan et son collègue Brian le dissuadent de se lancer dans cette enquête qui laissera des traces. Lui pense qu’il est toujours préférable de ne pas se voiler la face et d’affronter la vie.

Eux pensent que le courage est de vivre dans le présent avec toutes les lacunes, les renoncements et les lâchetés, selon l’éthique de Jack, que cela sous-entend.



Accessoirement, l’enquête sur Scott permet à Jack de résoudre une affaire criminelle qui implique des personnes appartenant au passé de Scott.



Un roman dont la lecture s’avère difficile au début, mais qui entraîne le lecteur, avec Jack, dans une recherche désespérée de la vérité.



La force de l’écriture de McIlvanney est de faire monter en puissance la pugnacité obsessionnelle de Jack et et l'incompréhension qu’elle suscite chez ses proches.



J’avoue, en fermant ce livre, sur la phrase « Je regrettai de ne plus avoir de whisky.» ne pas avoir regretté de l’avoir ouvert un jour.



A lire absolument
Commenter  J’apprécie          221
 Étranges loyautés

Jack Laidlaw est un homme intranquille, dont l'esprit, jamais ne trouve le repos. Dans son travail de flic, il a appris que le bien et le mal ne sont pas deux états séparés, qu'entre eux, il n'existe pas de frontière précise et stable. Dans sa vie sentimentale, rongé par ses culpabilités, ses doutes existentiels, et la conscience de ses faiblesses, il ne parvient pas à pérenniser sa récente liaison amoureuse avec Jan, dont la patience s'émousse face à cet homme indécis et torturé : «Pourquoi les ténèbres te fascinent-elles à ce point ? », lui demande-t-elle.





La mort accidentelle de son frère Scott plonge davantage encore Jack dans l'obscurité. Incapable d'accepter cet accident fortuit causé par une voiture aléatoire, il prend des congés, pour retracer, sans plan précis, le cours de la vie de Scott jusqu'à son issue tragique. Une voiture aléatoire ? Il veut savoir quand cet accident a commencé : au milieu de la rue ? Dans le pub avant qu'il sorte ? Dans le fait qu'il buvait trop ? Dans les raisons qui faisaient qu'il buvait trop ? Pourquoi Scott a-t-il changé brusquement avant sa mort ? Encombré par ces questions, auxquelles il n'est pas sûr de trouver des réponses, Jack entame un pèlerinage écossais, à la rencontre de ceux qui ont côtoyé Scott et qui vont l'aider à tamiser les cendres froides de son défunt frère, pour expliquer, ou accepter sa disparition.





Bienvenue dans le monde très sombre de William McIlvanney, qui comme nul autre, avec une tendresse à fleur de peau, prête vie à des personnages déboussolés, broyés par une économie moribonde ou une vie difficile, quelquefois délinquants. Mais tous ont en commun de maintenir coûte que coûte une solidarité de classe, une fraternité, en cultivant des valeurs qui rendent leurs existences honnêtement habitables, la loyauté, la vérité, des idéaux. L'auteur est maître dans l'art de créer une atmosphère, grâce à une langue d'une grande beauté, dans laquelle la poésie affleure constamment, l'humour est pratiqué comme une seconde nature, les émotions possèdent d'infinies facettes. Il entraîne ses lecteurs au coeur de l'Ecosse qu'il célèbre à chaque page, les invite à partager avec Jack sa recherche éperdue, mélancolique, et peut-être vaine, de vérité, sur les traces nostalgiques de son passé.
Commenter  J’apprécie          20
Docherty

Le traducteur a adopté pour les dialogues une sorte de patois qui ne correspond à rien en français et rend les dialogues ineptes et incompréhensibles. En écossais ce patois correspond à une langue parlée par des gens mais la ''traduction'' venue de la tête du traducteur empêche de comprendre ce que les gens se disent et est lassante. Dommage ce pourrait être un bon livre.
Commenter  J’apprécie          02
Etranges loyautés

William McIlvanney ne se présente plus. Passé maître du roman noir écossais, sa disparition en 2015 a stoppé net le destin de son personnage central si efficace, Jack Laidlaw. Lui non plus ne se présente plus. Non conventionnel, tenace, sans peur et avec un intérêt certain pour la justice. Ce roman porte l’empreinte de l’auteur et de son héros. L’histoire démarre sobrement pour monter en intensité avec ce style fort et prenant. Laidlaw a du mal à faire le deuil de son frère renversé par une voiture. Un flic reste un flic et il doit connaître la vérité sur cet accident. Qu’est-il vraiment arrivé ce jour là à Scott ? Laidlaw va tenter de retracer le passé de son frère, au moment de l’accident mais aussi bien avant, pour mieux le cerner, le connaître et tenter d’éclairer cette affaire. Son enquête va le mener très loin dans un passé que certains tentent d’oublier. Sa femme en premier, Anna, qui ne va pas être ravie de voir débarquer le frangin justicier. Mais Laidlaw est comme ça. Il doit découvrir qui se cache derrière l’homme au manteau vert. L’intrigue va nous emporter lorsque Jack va mettre en évidence le décès brutal de Dan Scoular, Big Man, dans un autre accident. De voiture bien sûr ! Renversé lui aussi ! Un lien entre les deux affaires ? S’il existe, aussi ténu soit-il, Laidlaw le trouvera et fera ce qu’il faut. Faites lui confiance ! Lorsqu’on referme ce livre, on ne peut qu’être admiratif de l’écriture de cet auteur. Une structure narrative sans défaut, des rebondissements et des histories dans l’histoire distillées avec justesse. Une belle maîtrise pour un récit tout aussi prenant. Laidlaw s’attaque à gros, très gros cette fois. Il lui faudra percer la carapace de ceux dont la loyauté peut être remise en cause. Que d’étranges loyautés dans ce livre. Un régal ! Et quelle fin ! Comme écrit l’auteur : “la loyauté à l’égard de la vérité et la loyauté envers les idéaux que notre nature professe “. Tout est dit !
Lien : https://cafenoiretpolarsgour..
Commenter  J’apprécie          10
Laidlaw

Ce roman noir est paraît il un classique. L intrigue est mince, le roman daté, (ce qu’on ne peut lui reprocher évidemment) , sa lecture donne l’impression désagréable que l auteur s écoute parler , à force d’ effets de style à répétition et de considérations philosophiques vaseuses. Je lui ai trouvé enfin une morale douteuse. Bref, vous l’aurez compris, je n’ai pas du tout aimé.
Commenter  J’apprécie          00
Laidlaw

Un polar écossais qui se veut clairement un roman d'ambiance. Une jeune fille a été agressée et assassinée et nous connaissons très vite le nom du coupable. Le duo d'enquêteurs est formé par l'inspecteur Laidlaw et son adjoint Harkness. Laidlaw est un flic secret dont le mariage bat de l'aile et, tout au long du roman, son adjoint s'efforce de trouver la meilleure façon de l'aborder. La langue est belle, poétique par moments. J'avoue toutefois avoir été déçu par ce roman. J'avais tant entendu parler de cet auteur comme du père du roman noir moderne. À l'arrivée, un bon polar d'ambiance mais pas le chef-d'oeuvre annoncé selon moi.
Commenter  J’apprécie          30
Laidlaw

Référence littéraire utilisée par Pierre LEMAITRE dans Travail soigné, Laidlaw m'était totalement inconnu et ne pouvait qu'interpeller ma curiosité d'amateur de romans noirs.



Noir, le roman l'est incontestablement. On est à Glasgow, en Ecosse, dans les années 1970. Cela fait déjà un moment que la ville a entamé son déclin économique et démographique, engendrant de fait une pauvreté croissante et une montée en puissance de la pègre, seule à même d'exploiter la misère humaine. Comme souvent dans le genre, l'inspecteur Jack Laidlaw est un flic dépressif et alcoolique. Il porte toutefois un regard aiguë sur la société dans laquelle il vit et n'accepte ni la langue de bois ni l'hypocrisie de ses congénères ; il s'impose un devoir de vérité, tant sur la société écossaise, que sur les affaires criminelles sur lesquelles il travaille.



Il doit justement enquêter sur un crime sexuel abominable. Bien sûr son objectif est de retrouver le meurtrier, afin de le faire juger et condamner à la mesure de ses actes. Mais il veut aussi le protéger de la vindicte populaire qui, sous l'influence des truands de la ville, tente de se substituer à la justice. Telle est l'une des conséquences de la déliquescence d'une société en voie de paupérisation.



Grâce à cette approche, Laidlaw est un roman bien plus original qu'il n'y parait de prime abord, sa dimension sociale étant particulièrement pertinente. Pour cela la narration de William McILVANNEY se structure autour d'une multiplicité de points de vue qui enrichissent un contexte pesant et une atmosphère sordide. Le lecteur observera par exemple la colère mal dirigée du père de la victime ou le silence résigné de la mère ; il appréciera surtout l'humanisme torturé de Laidlaw qui, si l'on devait lui trouver une quelconque filiation, pourrait être le fruit du croisement littéraire entre le commissaire Maigret (qui cherche plus à comprendre les criminels qu'à les juger) et le flic anonyme de Robin COOK (pour sa sensibilité exacerbée).



Laidlaw est donc une lecture tout à fait intéressante et recommandable aux amateurs de romans noirs.
Commenter  J’apprécie          130
Laidlaw

Laidlow.



« Plus grande révélation du roman policier depuis Chandler » (Ross McDonald), « la pure essence du roman policier écossais » (Peter May), voilà la pompe discrète qui accompagne la réédition de la trilogie « Laidlow » chez Rivage noir.



On découvre dans le premier opus, éponyme, le fameux inspecteur dans une enquête sans surprise puisqu’on sait d’entrée qui est l’assassin et le violeur anal d’une jeune fille de douze ans. Cela se passe à Glasgow en 1977 au début des quinze ans de gouvernement Thatcher (on remarquera que ce nom n’est jamais prononcé dans aucun épisode), un Glasgow à peine esquissé, décrit en huis clos, en jeu de l’oie avec sept cases « bar », une case « prison », une case « hôtellerie » et ainsi de suite jusqu’à la conclusion en spirale quand Laidlow fait un six.



Une série de personnages « pittoresques », truands et gens de la rue, constitue l’essentiel du corps social dans lequel l’inspecteur évolue. Une femme et trois enfants qu’il trompe (case hôtellerie) complètent le tableau et nourrissent l’angoisse et la culpabilité de cet inspecteur de 41 ans qu’accompagnent dans son périple à petits pas le gentil inspecteur Harkness et le vilain inspecteur Milligan (case prison) entre deux bars où l’on sirote des whiskies à l’eau et des bières (case puits).



En 1977 il ne faisait pas trop bon d’afficher son homosexualité. Edward Heath à qui Maggie a succédé en sait encore quelque chose aujourd’hui puisqu’on l’accuse après sa mort. Le sujet, au cœur de l’énigme (qui n’en est pas une) est donc bien choisi mais il n’est pas traité. Tout le monde se gausse avec des allusions graveleuses et les états d’âme sont soigneusement évités réservant au seul Laidlow le droit de s’interroger sur la limite qui sépare la loi de la vérité comme fondement (si on peut dire dans un tel cas). Car c’est sans doute dans cette approche quasi obsédante du rôle de la justice que Laidlow et William McIlvanney qui tire les ficelles en coulisse retiennent notre attention et nous aident à tourner les pages. Laidlow ose des rapprochements entre l’Al Capone local et Albert Camus et s’attendrit autant sur la victime que sur le bourreau.



Milligan représente clairement le mépris des victimes. Pour lui peu importe qui est coupable pourvu que quelqu’un soit derrière les verrous. Cette absence totale de compassion est peut-être au bout du compte la seule référence à Maggie T.(fille d’épicier revancharde et cruelle) .



Parfois de grands moments sans air : Laidlow pédale dans le vide (autour des pages 200) et nous le regardons, sidérés, dans sa solitude et sa manière récurrente d’être pessimiste et vain.



Conçu comme une grande exposition, ce roman est censé préparer le suivant « les papiers de Tony Veitch ». Ce qui lui confère nécessairement un caractère inachevé.



Commenter  J’apprécie          70
Laidlaw

Les éditions Rivages poursuivent leur magnifique travail de réédition en s’attaquant cette fois-ci à l’œuvre de William McIlvanney, considéré, à juste titre, comme l’un de grands auteurs du roman noir écossais. Il s’agissait de remettre au goût du jour un romancier injustement oublié auquel pourtant bon nombre d’écrivains comme Ian Rankin ou Val MacDermid rendent régulièrement hommage. C’est avec Docherty, roman social sur les mineurs de Glascow, que William McIlvanney débute sa carrière, avant d’entamer une quatuor de romans noirs mettant en scène l’inspecteur Jack Laidlaw. Il sied de prêter une attention soutenue en ce qui concerne l’ordre de la quadrilogie qui débute avec le roman éponyme Laidlaw, suivi de Les Papiers de Tony Veich et qui s’achève avec Big Man et Etranges Loyautés. Voilà pour les recommandations.



Datant de 1977, Laidlaw met en scène tout d’abord un Glascow qui n’existe plus avec ses grands ensembles de quartiers ouvriers et une pègre atypique essentiellement basée dans les quartiers périphériques de la ville en fonction de la confession religieuse des habitants. La conglomération protestante est dirigée d’une main de fer par John Rhodes. L’homme incarne une espèce de patriarche aussi impitoyable qu’inquiétant auprès duquel les ouvriers peuvent demander de l’aide comme le fera le père de la victime qui a toujours été incapable de développer le moindre sentiment d’affection vis à vis de sa fille. La perte de son enfant ne chagrine pas ce père désormais dépouillé de son sujet d’animosité. Pour compenser cette colère et cette dureté qu’il ne peut plus faire valoir, il devra canaliser sa haine et la diriger vers le jeune meurtrier. Le tout est de savoir si cet homme aussi dur qu’honnête parviendra à franchir le pas en devenant un meurtrier à son tour.



Pègre, policiers, meurtriers, on est pourtant bien loin avec Laidlaw du roman policier au sens classique du terme. Avec maestria William McIlvanney dresse le sombre portrait social d’une ville dont il maîtrise tous les aspects. Glascow devient une terrible scène dramatique sur laquelle l’auteur déploie une mécanique insidieuse de colère et de haine. Plutôt que de s’intéresser au meurtrier, l’auteur s’emploie à décrire le ressentiment et la détresse des gens face à un acte aussi abjecte. Il parvient à mettre en perspective ce désarroi terrible qui pousse les différents protagonistes vers leurs derniers retranchements.



Et puis il y a bien évidemment le personnage principal qui sort tout de même de l’ordinaire. Oui il y ce schéma classique du policier atypique, peu apprécié de ses collègues. Mais Jack Laidlaw est un personnage qui transcende les clichés. Il personnifie ces flics lucides et humanistes tout à la fois qui se dressent contre les a priori et les schémas simplistes de leurs collègues. Paradoxalement cela ne fait pas de Jack Laidlaw quelqu’un de meilleur, bien au contraire. Dépressif, solitaire, Jack Laidlaw est un personnage parfaitement antipathique que seul le jeune Harckness est en mesure d’apprécier, même s’il est parfois tenté de suivre les opinions tranchées et brutales de l’inspecteur Milligan. A force de cogiter et de se poser des questions sur le sens des actes criminels auxquels il est confronté, Jack Laidlaw ne fait qu’irriter sa hiérarchie et ses partenaires qui ne peuvent lui opposer que des certitudes factices, sans aucun fondement. Jack Laidlaw les renvoie à leur propre vacuité qui ne peut susciter qu’indignation et incompréhension. Pourquoi se poser des questions lorsque l’on est flic alors qu’il y a la certitude de la mission à accomplir.



"Laidlaw ne dit rien. Il était penché sur le guichet, écrivant sur son bout de papier lorsque Miligan entra, une porte de grange sur patte. Ces derniers temps il jouait les chevelus pour montrer qu’il était libéral. Cela faisait paraître sa tête grisonnante plus grande que nature, une sorte de monument public. Laidlaw se souvint qu’il ne l’aimait pas. Ces derniers temps il avait été au centre de pas mal des interrogations de Laidlaw quant à savoir ce qu’il faisait. Associé à Milligan par la force des choses, Laidlaw s’était demandé s’il était possible d’être policier sans être fasciste."



Il était temps de redécouvrir la belle écriture de William McIlvanney et même s’il date, un peu, Laidlaw reste un roman terriblement actuel qu’il vous faut lire dans les plus brefs délais.
Commenter  J’apprécie          30
Laidlaw

William McIlvanney est mort en 2015 et à cette occasion j'ai lu du bien de ses bouquins, qui sont ressortis en Poche en français. J'ai donc choisi celui-ci, qui était je crois le premier avec ce héros récurrent, Laidlaw. J'aime beaucoup l'Ecosse mais ce bouquin a confirmé que je préfère les histoires qui se passent à Edimbourg ou sur les îles, je connais moins Glasgow. Le bouquin est peut-être bien en version originale mais il doit être difficile à traduire et pour moi ce n'est pas une réussite, il faudrait avoir le texte en anglais pour vraiment comparer, et je ne suis pas spécialiste mais le résultat est là : cela m'a gênée. Bref, l'histoire est plutôt banale (rivalités entre policiers, bas-fonds de Glasgow…). J'ai trouvé aussi les innombrables considérations sur la vie assez longues et ennuyeuses. Certes, le personnage principal a une personnalité particulière, on aime ou pas, pour ma part je n'ai pas senti d'empathie particulière. Déçue.
Commenter  J’apprécie          90
Laidlaw

Amateurs de romans noirs, de fines descriptions, d'immersion sociale de contextes particuliers, le Glasgow mal famé des années 70, voilà une bonne pioche. Pour le peu que l'écriture toute en allusions, que les répliques à énigmes ne vous rebute pas, vous vous régalerez. Pour les autres, cela risque d'être déstabilisant, dur à suivre. Personnellement, j'ai été séduit par l'approche sensible de cet inspecteur Laidlaw, en opposition avec son collègue Milligan, trop sûr de lui. La construction du récit, qui passe d'un protagoniste à l'autre, structure l'ensemble, les émotions passent, fortes, variées.
Commenter  J’apprécie          30
Laidlaw

Conseillé par Pierre Lemaitre
Commenter  J’apprécie          20
Laidlaw

Du pur humour anglais qui rend l'intrigue moins intéressante surtout qu'elle ne joue pas sur les effets de surprise. J'aurais pu citer une bonne partie du livre pour ce qu'on appellerait aujourd'hui des punchlines.

Laidlaw, un inspecteur pour le moins inhabituel, qui n'a de certitudes que ses doutes, doit, en 300 pages, éclaircir une affaire filandreuse d'homicide sur jeune fille dans le Glasgow des années 1970, où un homosexuel est un pédé, où un père de famille se sent autorisé d'interdire à sa fille de fréquenter un catholique et à sa femme de le contredire!

L'inspecteur Laidlaw m'a fait penser à l'inspecteur Morse de Colin Dexter (sauf que Laidlaw se dévoile un peu plus, on connaît son prénom!)





Commenter  J’apprécie          80
Laidlaw

L'assassin de Jennifer Lawson, 18 ans, 24 Ardmore Crescent, Drumchapel, qui n'est pas rentrée après une soirée en boîte avec sa copine, est immédiatement désigné au lecteur. Ce n'est donc pas dans le suspense de sa découverte que réside l'intérêt de Laidlaw. Mais j'y pense, où peut bien se situer l'intérêt d'un roman noir écrit en 1977 par un écossais connu jusqu'alors comme poète ou auteur d'un roman social sur la vie des mineurs ?





Nous y voilà. William McIlvanney, faute de connaître les codes du polar, invente les siens, dans une ville qu'il connaît sur le bout des doigts et dans ses moindres pubs, Glasgow, célèbre en 1977 pour abriter le plus grand HLM d'Europe, et “des décharges architecturales où on a déversé les gens comme on fait pour la gadoue”. Il crée Laidlaw, un inspecteur qui traîne un mal-être et une culpabilité existentiels que ne soignent pas ses lectures favorites, Camus, Kierkegaard et Unamuno dont il cache les ouvrages dans un tiroir de son bureau, comme on cache de l'alcool. Père de 3 enfants, encore vaguement marié à Ena, mais dans ces conditions conjugales peu stimulantes, pourquoi ne pas la tromper ?







Dans cette première enquête dédiée à Laidlaw, l'auteur ne confie pas à son héros 3 fois utilisé dans son oeuvre romanesque, la mission primordiale d'arrêter le meurtrier. Non, la priorité, c'est de le soustraire à la vengeance du père, qui a rameuté ses potes pour faire justice lui-même. Père meurtri certes par la mort de sa fille, mais qui a aussi perdu son souffre-douleur préféré et unique. La mère est transparente, une femme qui ne craint pas le pire puisqu'elle l'a toujours attendu.





Laidlaw rend visite à John Rhodes, un malfrat influent qui n'est pas une Mary Poppins avec du poil sur la poitrine. Parce qu'ils sont du même côté cette fois, celui de ceux qui n'aiment pas les violeurs et tueurs de gosses, Laidlaw demande à Rhodes de retirer l'assassin de Jennifer du circuit aussi vite que possible, avant de revenir à la bonne et saine délinquance habituelle quand il sera arrêté.





En dehors de visites systématiques dans tous les pubs existants de Glasgow, il ne se passe pas grand chose dans Laidlaw, pourtant l'enquête aboutit. Pourtant, il s'agit d'un très grand roman dans lequel la langue poétique est essentielle, pimentée d'un humour noir sophistiqué et de dialogues brillants. Les images sont d'une richesse inédite : « le soleil de Glasgow était de sortie, tristement lumineux, comme un oeil qui aurait la cataracte », « Il distribua des baisers hâtifs comme autant d'ecchymoses ».
Commenter  J’apprécie          30




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de William McIlvanney (224)Voir plus

Quiz Voir plus

Le Maroc

Sayyida al Hurra a gouverné une ville marocaine durant 27 ans, de 1518 à 1542, de quelle ville s'agit-il ?

Marrakech
Salé
Taza
Tetouan

17 questions
263 lecteurs ont répondu
Thèmes : histoire , marocCréer un quiz sur cet auteur

{* *}