AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Xavier-Marie Bonnot (305)


L'amour, c'est ce vide persistant, l'inquiétude et le tourment.
Commenter  J’apprécie          352
Contrairement à ma mère , mon père n'a jamais été croyant et ne donne aucun signe de doute sur une éventuelle vie après la mort . Il nous a toujours enseigné que la mort , c'est comme quand on coupe le courant .Plus rien car plus d'énergie pour faire fonctionner la machine . Aussi simple que ça. ( p 59)
Commenter  J’apprécie          270
Ce n'est pas une surprise, Le Caire. C'est un choc. À tous les coups. Un carambolage de rues. Des immeubles qui tamponnent un ciel brûlant. Et la misère et la fortune se télescopent. Une ville droite, stridente et malheureuse. Une mégapole à plat, sous des planches et des briques, rongée par les tas d'ordures.
Partout, l'air tremblote, à coup de klaxon et de mélodies qui chaloupent. Et aux balcons, et sur les toits, les antennes rondes et sales qui écoutent le monde, grandes oreilles tendues vers le ciel jaune.
Commenter  J’apprécie          240
Pierre n'aime pas recueillir des confidences, surtout celles de sa sœur. Les épanchements et tout ce qui dégorge de l'âme et du cœur bousculent sa pudeur. Tout bouillonne en lui mais il maîtrise le feu.
Commenter  J’apprécie          230
Moncef s'exprime en français, pour que sa sœur ne comprenne pas. Chacun de ses mots force Rodolphe à regarder dans les yeux cette Égypte qu'il veut ignorer. trop rassuré de n'en admirer que le socle ancien.
Commenter  J’apprécie          200
On a beau se dire non croyant ou sceptique, la mort vous pousse à faire ou penser des trucs totalement irrationnels. La raison n'a pas sa place dans la mort. Mais le sacré, oui. Le sacré qui pue l'encens trouve son emploi dans le grand chambardement de la mort. Les idées rationnelles, non. C'est le drame des non-croyants.
Commenter  J’apprécie          190
En rentrant de l'entraînement, juste avant la prière du soir, elle vit une exécution, place du Paradis, un homosexuel balancé depuis le toit d'un immeuble d'une dizaine d'étages. Un cri déchirant. Le corps s'écrasa, un bruit amorti, comme un sac mou qu'on jette, et celui du bois qui craque, les os qui se cassaient. La foule hurlait la gloire de Dieu.
[Note personnelle : quand je vois des militants LGBT soutenir le Hamas, j'ai l'impression de voir des dindes soutenir Thanksgiving. Quelle stupidité !]
Commenter  J’apprécie          183
A chacune de ses contorsions, sa torche jette des éclats monstrueux dans les ténèbres.
Commenter  J’apprécie          170
Irène s'endort petit à petit, bercée par la voix mûre et profonde de son fils. Il dépose un baiser sur son front fiévreux et se retire. Les sanglots ne viennent pas. Miloud a dit un jour, simplement, que la mort fait partie de la vie, qu'elle s=est comme le point au bout d'une phrase.
"Le grand livre ne finit jamais, raïs. Nous ne sommes que des petites phrases. Mais chaque phrase, chaque mot compte."
Commenter  J’apprécie          170
"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve."

Djalâl AD-DÎN-RÛMÎ,
mystique persan (1207-1273)
Commenter  J’apprécie          170
Rodolphe aide Noah à descendre de la voiture et lui tend ses béquilles.
- Comment te sens-tu ?
-Comme une femme dont le cœur saigne aujourd'hui. Mon pauvre pays. Pauvre Egypte !
Commenter  J’apprécie          160
Une porte de prison va s'ouvrir, une jeune femme attend un photographe. La haïr est facile ; la comprendre, c'est se mettre devant un miroir, y voir les échecs d'une époque, la dérive d'un siècle.
Commenter  J’apprécie          140
" La divinité quittera la terre et remontera au ciel, abandonnant l'Égypte, son antique séjour, et la laissant veuve de religion, privée de la présence des dieux. [...] Alors cette terre sanctifiée par tant de chapelles et de temples sera couverte de tombeaux et de morts."
Hermès TRISMÉGISTE,
traduction de Louis Ménard,
Librairie académique Didier, 1867, p. 147
Commenter  J’apprécie          140
Ça l’a fait muette. Pendant de longues semaines, elle n’a dit que les petits mots du quotidien. Rien de plus. Le reste, les mots des sentiments, ceux qui viennent de l’âme et qui bafouillent la tristesse et le plaisir, la joie et la terreur, ils sont restés au creux de son ventre. Amira ne veut pas les prononcer, ces mots, elle sait qu’elle devra un jour, parce que parler ou même balbutier, c’est mettre hors de soi.
Commenter  J’apprécie          130
Il y a la rumeur.
Les égouts de la société ne sont pas des lieux de silence. Tout le temps ça crie. Ça parle. Ça pleure. Ça jouit. Des râles de brutes qui s'enculent.
Et puis des grilles qui claquent. Des haut-parleurs qui gueulent des ordres.
La prison n'est qu'une immense rumeur.
Commenter  J’apprécie          130
L’hiver 1932 est une saison de mauvais augure. Le froid semble avoir figé la crasse de Berlin sur les plaques de neige qui persistent aux coins des rues. Un taxi dépose Wilhelm Furtwängler sur Mohrenstrasse, dans le quartier massif des affaires et des maisons de l’État, chic et bien ordonné. Adolf Hitler l’attend à l’hôtel Kaiserhof, de l’autre côté de la Wilhelmplatz, à deux pas.

Le chef d’orchestre marche un instant, histoire de se détendre. Il n’aime pas rencontrer les hommes politiques et encore moins les nationaux-socialistes. Une jeune femme le dévisage et lui donne un sourire radieux, belle dans la blondeur froide du matin.

Au kiosque à journaux, Furtwängler aperçoit sa photo. Le Berliner Tageblatt annonce le concert qu’il doit donner ce soir, au Staatsoper : Un Requiem allemand et Première Symphonie de Brahms. Une pure merveille, souligne l’article. Un chef au sommet de son art. Les autres canards consacrent leurs unes aux élections législatives. Der Stürmer pend à un papillon de métal. Une caricature, pleine page, représente un homme mal rasé, aux yeux lubriques et au gros nez crochu. Un titre en gothique, rouge et noir : « Les Juifs sont notre malheur ».

L’hôtel Kaiserhof est un immense palace qui date du siècle dernier. Grand luxe et limousines secrètes qui patientent à la porte. La direction ne cache pas ses sympathies nationales-socialistes. Les membres du NSDAP y sont régulièrement invités, le patron est un ami. La chancellerie du Reich se trouve en face. Une place à traverser si jamais les nazis sont élus.

Les élections législatives sont dans deux jours. Adolf Hitler veut connaître les sentiments de Furtwängler vis-à-vis de Bayreuth. Car les relations entre le maestro et Winifred Wagner ne sont plus au beau fixe.

Un an plus tôt, Furtwängler a voulu piloter un avion pour se rendre à Bayreuth, première fois qu’il y participe. Winifred Wagner souhaitait faire un coup d’éclat en invitant Arturo Toscanini, l’immense gloire internationale. L’avion du chef allemand subit des avaries, on manque casser du bois et y rester. Furtwängler arrive en retard pour les répétitions de Tristan. Winifred Wagner n’apprécie pas ce qu’elle interprète comme une regrettable légèreté et encore moins Tietjen, l’administrateur du festival, un nazi convaincu.

Cette année-là, on célèbre l’anniversaire de la mort de Cosima Wagner et de son fils Siegfried. Toscanini tient forcément le haut de l’affiche. Il a précédé Furtwängler au festival et il est de très mauvaise humeur, malade paraît-il, déjà que son caractère n’est pas facile. Les deux chefs n’ont pas tardé à se détester cordialement. Furtwängler s’est taillé la part du lion dans la programmation, à lui l’Héroïque de Beethoven, à Toscanini Une Ouverture pour Faust de Wagner, œuvre mineure pour un maestro de sa taille.

Durant les répétitions, Tietjen ne cesse pas de rapporter les réflexions désobligeantes du chef sur Winifred Wagner. Et puis, Toscanini quitte le festival dans une colère monumentale, parce que du public assiste aux répétitions et qu’il ne le supporte pas, à l’inverse de Furtwängler qui adore ça. Sans parler de cette ambiance brune que le chef italien renifle partout et qu’il déteste. Le soir du concert, Furtwängler dirige comme jamais, des femmes s’évanouissent. On pourrait en rester là mais le chef se permet de critiquer, directement dans la presse, les choix artistiques de la belle-fille de Wagner. Une sorte de crime de lèse-majesté qu’elle ne lui pardonne pas. L’arrogance a ses limites. Furtwängler gagne deux cent mille marks par an alors que Strauss ne dépasse pas les quatre-vingt mille. De quoi se plaint-il en permanence ! Winifred ne décolère pas, le chef à qui elle sert du « très cher ami » s’occupe de tout et tire sans cesse la couverture à lui.

Hitler demande :

– Si nous sommes élus, reviendrez-vous à Bayreuth ?

– C’est une question difficile. La balle est dans le camp de la famille Wagner.

Hitler sourit, une drôle de mimique de garçonnet gêné de poser des questions, un peu gauche dans sa manière de faire des compliments. Furtwängler s’attendait à un personnage impressionnant, un type gonflé d’orgueil et de revanche, un ancien de la Grande Guerre, croix de fer, avec un regard droit et froid, comme on en rencontre si souvent. Les actualités montrent sans cesse un tribun dégoulinant de haine et de sueur, de colère et de revanche. Il se trouve face à un garçon coiffeur qui cherche ses manières, un tantinet efféminé.

– Winifred Wagner est une amie personnelle, dit Hitler. Elle est acquise depuis toujours à la mission historique du national-socialisme. À notre plus grande cause ! C’est elle qui m’a fait parvenir du papier quand j’étais en prison et que j’écrivais Mein Kampf !

Adolf Hitler réfléchit et s’assombrit soudain. Engoncé dans un costume noir de grand prix, il a presque l’air élégant. Furtwängler l’observe, amusé et inquiet à la fois. Il connaît les actions de la SA* et le programme des nationaux-socialistes. Il en croise partout, de ces vauriens en uniformes quand il déambule dans Berlin ou les autres villes d’Allemagne. On a beau lui dire que ce sont tous des battus de la crise, des laissés-pour-compte, il n’en démord pas : tous des voyous et des ratés à qui l’ont fait miroiter les délices du petit pouvoir ! Cette populace saura cravacher les élites, les bons, les intelligents, si jamais elle prend d’assaut la démocratie. De ses yeux bleus pareils à de l’acier, Hitler épie chaque expression du maestro comme quelqu’un qui s’y connaît en hommes et qui sait jauger avec certitude.
Commenter  J’apprécie          120
...Parce que la foule est en liesse aujourd'hui comme jamais, et plus on approche du temple, plus elle vibre de toute sa ferveur.
Le peuple se lâche, part en tourbillons, dans la transe, comme les sages soufis. Plus on l'opprime, plus il laisse l'exaltation le soulever, il s'enfièvre dès le matin.
Des joueurs de flûte sont assis en tailleur sur des nattes, à même le sol, des gargotiers préparent des beignets de pois chiches dans de grands bacs de friture aux odeurs épaisses. À l'ombre, des hommes tirent sur leur s narghilés, puissamment, avant de recracher la fumée charbonneuse entre leurs dents en touches de piano.
Commenter  J’apprécie          120
La famille de Sayed appartenait à ces clans légendaires des premiers temps de l'égyptologie. Ils ont aidé bien des archéologues à débusquer des momies royales dans des caches connues d'eux seuls. Au début du siècle dernier, quand les souverains ont été découverts et qu'ils ont quitté la rive des morts pour descendre le Nil en direction du Caire, les femmes ont fait de longs cortèges funéraires sur le passage des sarcophages, s'arrachant les cheveux, pleurant et criant comme elles le faisaient lors des funérailles royales deux ou trois millénaires plus tôt. Les anciens racontent que toute la vallée n'était qu'une lamentation, un long cri lugubre.
Commenter  J’apprécie          120
Si ces gens-là sont ici, c’est que, contrairement à ce qu’on cherche à nous faire croire, nous ne sommes par des Français à part entière, mais des Français entièrement à part. (Aimé Césaire)
Commenter  J’apprécie          110
_ La dernière fois que je suis venu ici, dit Miloud en levant les bras vers ciel, un milan s'est envolé. Il se tenait là quand je l'ai surpris. Il s'est dirigé vers la tombe de la grande reine.
Pour mieux appuyer sa démonstration, il soulève une pierre sous laquelle il a dissimulé une plumette du rapace, une pointe d'aile rousse et noire.
_ Regarde.
Selon les récits mythiques, Isis se métamorphose en milan, son oiseau symbole au vol léger, qui plane, lâchant une poignée de cris pareils à des miaulements mélancoliques, puis subitement change de direction en quelques battements d'ailes gracieux pour annoncer, selon les anciens, des présages. Rarement, il quitte les cultures, les roselières et les grands arbres proches du Nil pour planer jusque vers les flancs de la montagne. Sur certaines fresques, Isis est représentée avec les ailes du milan.
_ Je pense qu'on a trouvé la tombe de la princesse cachée, raïs.
Commenter  J’apprécie          110



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Xavier-Marie Bonnot (757)Voir plus

Quiz Voir plus

L'étrange cas du dr Jekyll et mr Hyde

Qui est M.Utterson?

Un policier
Un notaire
Le frère de Mr Hyde
Un scientifique

13 questions
500 lecteurs ont répondu
Thème : L'étrange cas du Dr Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis StevensonCréer un quiz sur cet auteur

{* *}