« La montagne, ça vous gagne », dit un vieux slogan publicitaire. Les personnages du roman de
Xavier-Marie Bonnot lui ont tout donné à cette montagne, et y ont beaucoup perdu au contraire…
Neige et glaciers, éblouissants. de quoi rendre fou. Vivre dans cet environnement montagneux, loin des grandes villes, en contact avec une nature majestueuse mais qui ne fait aucun cadeau, est le lot d'une bonne partie des personnages du roman. Des terriens, de ceux qui vivent proches de leur environnement, mais loin des leurs. Bref, ils préfèrent les congères à leurs congénères.
La dame de Pierre est un roman noir dans sa définition la plus noble. Imposant par son environnement, admirable par la manière dont les sentiments sont décrits, majestueux par la plume qui sert à raconter cette histoire.
Un récit de mort, bien sûr, mais pas que, oh non. Des thématiques fortes y sont déployées, entre amour, folie, dépassement de soi, ou encore acceptation de l'autre tel qu'il est.
Bonnot pousse ses personnages dans leurs derniers retranchements et nous plonge dans leurs esprits torturés par la vie. Un exploit que d'exprimer tant d'émotions contradictoires au travers de ces hommes et ces femmes qui sont tous des taiseux.
L'auteur ne cherche pas le sensationnalisme. de l'ordinaire surgit l'extraordinaire. Un roman sans énormes surprises, certes, mais qui est totalement en phase avec le genre d'histoires qui y est raconté (l'auteur est là pour nous parler de gens, pas pour faire des tours de passe-passe scénaristiques).
Un peu à la manière d'un
Franck Bouysse dans son roman
Grossir le ciel,
Xavier-Marie Bonnot décrit bien les ingrédients qui conduisent au drame. de sa plume tantôt sèche, tantôt poétique, il raconte une histoire de « vrais » gens, qui pourrait paraître banale. Mais c'est tout le contraire, car il touche au coeur et aux tripes et nous rend proche de personnes qui n'ont rien de bien accueillant à la base.
Oui, c'est le bon mot : tout cela sonne vrai. Sonne juste, sonne humain. Loin de ces romans noirs qui ne mettent en avant que la noirceur du monde, Bonnot met en avant l'ambivalence entre lumière et ténèbres, avec intensité et humanité.
Par ces qualités-là,
La dame de Pierre touche le lecteur profondément et avec une belle subtilité.
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