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Critiques de Yaa Gyasi (425)
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No home

Saga familiale qui se déroule sur trois siècles.



Commence au XVIIIè siècle.



Villages rivaux au Ghana qui font commerce d'esclaves avec les Anglais.



Navigant entre l'Afrique et l'Amérique, la destinée d'une famille brisée par la cruauté des hommes.



Chaque chapitre nous retrace la vie des ces hommes et ces femmes.



C'est un long puzzle rempli d'une galerie de personnages , pour certains attachants, et leurs conditions de vie qui ne différent guère au fil du temps ; une histoire de transmission aussi des coutumes et des croyances.



Ai décroché avant la toute fin, ceci explique le nombre d'étoiles accordées.





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Sublime royaume

Gifty est née en Alabama d'une famille ghanéenne fraichement installée aux USA.

Le père ne tardera pas à repartir au pays, laissant la mère travailler dur comme auxiliaire de vie pour élever ses deux enfants, la narratrice et son grand frère. Gifty fera de brillantes études en neuro-sciences et travaillera en laboratoire de recherche sur l’addiction chez les souris (on comprendra rapidement que ce n’est pas par hasard).



Le roman pourrait bien avoir un faux-air de journal intime, non ? Des extraits du journal de Gifty, enfant, sont d'ailleurs insérés en italique. le reste peut se lire comme les entrées successives d'un journal...

Ou alors peut-être (?) peut-il s'entendre comme un monologue destiné à un psycho-thérapeuthe...? (L'héroïne écrit : «rétrospectivement, je me rend compte que j'étais bonne pour la thérapie »)



Les récits et les pensées intimes se succèdent en tout cas, liant, au sein d'un même chapitre, bribes de souvenirs et moments présents.

Loin d'être aléatoire, cette alternance suit des fils conducteurs multiples qui donnent cohérence et grand intérêt au récit : le racisme, l'intégration, les relations mère-fille, la religion (et la manière dont elle se pratique aux USA et au Ghana), les sciences cognitives, l'addiction et ses causes...



Les différentes facettes du texte renvoient des éclairages partiels ainsi que des questions qui se posent et se reposent de manière différente au fur et à mesure que Gifty avance dans la vie, de l'enfance à l'approche de la trentaine. Cette évolution des points de vue et en même temps cette impossibilité à trouver les réponses « définitives » sont particulièrement intéressantes.



La question de la croyance au sens large est peut-être une des plus marquantes pour ce personnage : croire en Dieu au Ghana, en Dieu aux USA, croire en l'effet des prières ou des rituels, croire que la science va apporter « la » réponse, croire que son frère, sa mère, vont guérir...



L'auteure a la finesse de ne pas opposer ces croyances, elle ne seront pas contradictoires pour Gifty qui semble naviguer des unes aux autres.

Ainsi, elle écrit par exemple : «  Je ne sais pas pourquoi Jésus a ressuscité Lazare d'entre les morts, tout comme je ne sais pas pourquoi certaines souris cessent d'appuyer sur le levier et d'autres pas. Il s'agit peut-être d'une fausse équivalence, mais ces deux questions ont émergé de mon seul et unique cerveau à un moment ou un autre de ma vie, donc elles me tiennent à coeur. »



Les relations amoureuses est très peu abordées, peut-être comme si le parcours de la jeune fille l'avait rendue inapte à une « véritable histoire » ?



Et c'est peut-être ainsi qu'on ressort de ce roman : ce n'est pas une « véritable histoire », au sens habituel, que nous venons de lire, plutôt des instants de vie associés par les liens serrés qu'ils entretiennent, formant le portrait original et très touchant d'une jeune afro-américaine et de sa famille, et, en creux, le portrait d'une certaine société américaine.



L'empathie est bien présente, tant on entre intimement dans les pensées de la jeune fille, et tant les faits sont douloureux à assumer aussi.



J'ai beaucoup aimé le roman à l'exception de quelques passages des derniers chapitres (considérations un peu longues sur les sciences cognitives) qui tranchent un peu désagréablement -à mon goût- avec le rytme du reste du roman. Un rythme lent, mais rendu actif par le passage d'une époque à l'autre, d'un thème à l'autre, de manière spiralaire...



Après la lecture No Home, qui se présente comme une fresque familiale sur plus de deux cents ans, nous observons à l'inverse ici « à la loupe » quelques années seulement de la vie d'une famille : preuve que la très jeune auteure Yaa Gyasi aura plusieurs cordes à son arc !

Le Ghana et les USA sont dans ces deux romans les deux pôles entre lesquels naviguent les personnages, de manière différente et complémentaire. Avec, toujours, des structures narratives originales...
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Sublime royaume

No home reste gravé en lettre d'or dans ma mémoire de lecteur, j'attendais donc avec impatience ce Sublime royaume (soit dit en passant, je cherche encore la signification de ce  titre). Ce livre est totalement différent, il ne m'a pas procuré les mêmes émotions.

Le personnage du nouveau roman de Yaa Gyasi est certes d'origine ghanéenne, mais elle est avant tout, maintenant, américaine. Gifty est chercheuse en neurologie, elle s'amuse (enfin, ce n'est pas vraiment un jeu) avec des petites souris de laboratoire, qu'elle soumet à différentes expériences.

Elle doit accueillir sa mère. Pas facile quand on a une vie organisée et qu'on a choisi de faire une croix sur le passé. D'ailleurs l'arrivée de cette maman, qui s'enferme dans sa chambre et dans un silence assourdissant, va amener la jeune femme à se remettre en question, à  faire le bilan, même. Sa vie de scientifique qui l'a aidé à surmonter les épreuves, ses souvenirs d'un frère qui lui manque et d'un père qui n'a jamais été là finalement.

Il y a aussi ce rapport avec Dieu. Omniprésent chez une mère très croyante et que Gifty a, en alternance, prié ou renié.

Je n'ai pas ressenti d'empathie pour les personnages. Cette fille dans le questionnement permanent, jamais très sûre d'elle et ce fantôme, cette mère hors du temps, qui vient s'installer dans son appartement, et qui semble attendre. Qui ? Quoi ?

Cela n'enlève rien au talent de cette auteure promise à un bel avenir littéraire, j'en reste persuadé.

J'avais préparé quelques mouchoirs, ils sont restés dans la boîte, malgré quelques scènes émouvantes.

Mes exigences (sans doute exagérées) de lecteur et quelques événements extérieurs (coïncidence malheureuse), sont venus altérer mon jugement, mais je suis sûr que vous serez nombreux(ses) à apprécier ce roman.

Et puis, avouez-le, elle vous intrigue et vous hypnotise cette magnifique couverture rose et verte...
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No home

Prix des Lecteurs

Ce roman retrace l'histoire de l'esclavage de 1770 à nos jours, à travers sept générations d'une même famille noire et deux lignées séparées par l'histoire. Une lignée restera en Afrique, l'autre se perpétuera en Amérique.



C'est la visite du fort de Cape Coast qui a donné envie à l'auteur, alors étudiante, d'en savoir plus. Elle apprend en effet qu'au XVIIIe siècle, des jeunes femmes noires de la Côte-de-l'Or (ainsi appelait-on le Ghana) étaient contraintes d'épouser des marchands d'esclaves anglais, alors éloignés de leur famille, pour sceller les accords entre esclavagistes.

Là, sous leurs pieds, dans le fort où elles vivaient avec leurs maris blancs, et où elles élevaient leurs enfants métis, leurs époux entassaient leurs frères et sœurs noirs, en attendant de les embarquer sur leurs navires pour travailler dans les champs de coton, de tabac ou de cannes à sucre.



L'histoire est à la fois terrible et toute simple...

Effia et Esi ne se connaissent pas... Elles sont nées pourtant de la même mère, dans deux villages rivaux du Ghana. Effia, grâce à sa beauté, va épouser un blanc, le capitaine du fort, tandis que Esi, dans le cachot attend de partir définitivement pour l'Amérique.

La lignée d'Effia perpétuera le commerce triangulaire...mais devra faire face à la guerre contre les anglais et à la colonisation.

Celle d'Esi travaillera dans les champs et n'aura de cesse que de tenter de conquérir sa liberté. Elle connaîtra le travail forcé, la ségrégation raciale, la pauvreté et la violence.

Le roman se présente sous forme de courts chapitres qui alternent entre les lieux, Amérique et Afrique et les générations. Le lecteur saute donc d'une génération à l'autre, et d'une ambiance à une autre... et il faut parfois quelques lignes pour se retrouver dans l'espace et le temps.



Heureusement, l'auteur a pensé à placer un arbre généalogique des deux lignées en début d'ouvrage. Et ce qui est rare chez moi, j'ai été obligé de m'y référer plusieurs fois.

L'histoire de l'esclavage est ainsi raconté à travers les deux branches de la famille.

C'est passionnant, édifiant, instructif...et terriblement émouvant.

Les stigmates laissés par les ancêtres passent de génération en génération, et chaque individu porte le poids du passé familial... mais heureusement la fin se termine sur une note d'espoir en l'humanité.

Les jeunes vont réussir à s'accepter et à construire leur vie sans occulter ni le passé, ni leurs origines.



Mon seul regret

J'aurais aimé parfois, rester davantage en compagnie de l'un ou l'autre des personnages, car chaque génération nous offre un roman à part entière, chaque tranche de vie pourrait en effet être lue séparément, mais appartient à un tout, que nous avons la chance de connaître, nous lecteurs, alors que les protagonistes jusqu'à la fin n'en sauront rien.

Un roman à découvrir...
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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No home

Malgré l’accueil enthousiaste généralement réservé à ce livre, je suis sortie déçue de cette lecture.



J’ai trouvé le travail de l’auteur assez remarquable, tant dans la recherche historique que dans la complexité de la structure narrative, bien maîtrisée, mais cette dernière qualité a finalement été pour moi le défaut principal du livre. Trop dense. Trop de personnages. Trop d’histoires. Et le mieux est l’ennemi du bien.



J’ai apprécié la démarche de raconter l’Histoire du peuple noir au travers de l’Afrique, du colonialisme, de l’esclavage, des discriminations raciales aux USA, de la lutte pour les droits civiques. Mais le fait de la raconter sous la forme d’un arbre généalogique, bien que l’idée paraisse bonne, a rendu la narration difficile à suivre. D’ailleurs, au début je faisais un effort pour relier les personnages entre eux suivant leurs ascendants, mais j’ai finalement renoncé. J’aurais préféré qu’on suive des histoires qui racontent la grande Histoire mais sans lignées et que les ruptures d’époques et de personnages soient assumées. Malgré tout, le parti pris de changer d’époque et de personnages à chaque chapitre est déroutant, comme une succession de nouvelles dont on voudrait qu’elles forment une trame commune, et ne permet pas de s’attacher véritablement aux personnages.

A choisir, j’ai été plus intéressée par la lignée des personnages aux États-Unis que celle restée en Afrique où les choses me semblaient fort répétitives.



A chacun de se faire sa propre opinion, mais personnellement, la forme ne m’a pas convenue au point malheureusement d’empiéter sur le fond.

Je mets tout de même trois étoiles plus pour les qualités énoncées que pour le plaisir que j’en ai retiré.

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No home

D'une pierre noire. Marquées d'une pierre. Une pierre brisée qu'une mère aura confiée aux flux et aux reflux de son histoire. Une mémoire. Un marqueur. Comme une fève à coeur ouvert. Sept générations, deux cent cinquante ans d'histoire du monde. Afrique. Amérique. Côte d'Or, Ghana, Cap Coast, Fantis, Ashantis, mais aussi Britanniques, Portugais, Danois ..Néerlandais. L''eau, le feu , la pierre. Un arbre. L'arbre de Maame. La première femme, la première mère. Deux sœurs Effia et Esi.

Hasard, providence, ou destin maudit ? Une branche jetée à à la mer , une autre restée plantée en pleine terre. Le même arbre , la même chair. Des cicatrices, qui s'ouvrent et se referment comme d'immenses paupières. Rêves de feu, cauchemars de cendres et de poussières. Sables d'or et de sang. Immense roman. L'exploration mémorielle que trace sur ces pages Yaa Gyasi est bien plus large que les Racines d'Alex Haley. Elle entre dans la complexité des ramifications que les architectures des Absences, des cultures, des identités, des liens et codes sociaux et familiaux, ont « traumatiquement » engendrés. On apprend beaucoup, on comprend plus loin, on entend mieux.

Une petite question pourtant..Le titre d'origine est Homegoing, pourquoi donc a-t-il fallu que ce titre soit traduit dans la version française par No home ?…Pourquoi ?..



Astrid Shriqui Garain
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No home

Attention, coup de cœur.

Au plus fort de la traite des esclaves, nous allons suivre le destin de deux demi-soeurs qui ne se connaîtront jamais.

De 1775 de la Côte-de-l'Or à Harlem de nos jours, de génération en génération, chacun portera le poids de cette histoire.

Nous suivons leurs chaînes, leurs larmes, les coups de fouet, la drogue,...ils seront tous marqué par cet héritage. C'est divinement bien écrit et chaque chapitre est un pan de vie d'un des descendants de chacune des demi-sœurs.

Nous traversons les années, le cœur arraché.

Son professeur demande à Marjorie, la dernière descendante que nous suivons, :

" - que penses tu de ce livre

- Il me plaît

-Mais est ce que tu l'aimes ? Est ce qu'il te touche au fond de toi ?"

Moi, je peux répondre que No home m'a touché au fond de moi.

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No home

Construction diablement efficace que celle de « No home » : deux filles nées d’une même mère dans la malédiction d’un feu, engendrant deux fois sept générations, l’une condamnée à l’esclavage aux Etats-Unis, l’autre à l’isolement intérieur au Ghana, dont les histoires sont racontées en miroir l’une de l’autre à travers une plongée dans une tranche de vie de deux fois sept descendants.

Le petit miracle de récit, c’est de parvenir à reproduire dans ces instantanés de vie et l’histoire du Ghana et celle des esclaves noirs américains du milieu du 18ème siècle à nos jours, avec une puissance d’évocation étonnante pour une si jeune plume.

Voilà un roman qui mérite tous les louanges qu’on lui a fait !

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No home

Il y a certains romans qui, dès leur parution, et quoiqu'on vous en dise, vous attirent et No Home en fait partie et je ne suis pas déçue même si l'attente m'a paru longue.... Je n'étais pas la seule à vouloir le lire dans ma bibliothèque ! Et son succès est justifié.



C'est un magnifique premier roman sur le parcours de deux lignées d'une même famille (à la base deux demi-soeurs) : une au Ghana, l'autre en Amérique, séparées par des trafiquants d'esclaves.  L'une a participé à la vente d'esclaves dont la deuxième a été la victime sans que l'une ou l'autre ne le sache.



Une  aïeule commune, Maame, et ensuite une succession de destinées parallèles toutes imbibées  des racines africaines et ayant pour seule mémoire, leurs parents, parfois grand-parents mais sur des continents différents et en fin de compte si peu différentes. Une douleur profonde , un racisme provenant des blancs mais aussi au sein de la communauté noire (en fonction de la teinte de la peau), une quête de reconnaissance et de justice pour certains.



Avec cette fresque on s'aperçoit que malgré les siècles, les luttes etc.... , que ce soit en Afrique ou en Amérique, rien ne change vraiment, tous doivent supporter le regard des autres et leur propre regard sur leurs origines : métissage, exclusion, ségrégation,violence, misère, exploitation, différence et indifférence voir mépris des autres.



L'auteure, à chaque chapitre, retrace parallèlement l'histoire des deux branches familiales (je conseille fortement l'arbre généalogique du début du livre à garder sous la main car cela peut être une difficulté surtout au début de la lecture). Que se soit hommes ou femmes, chacun a du lutter pour exister, pour vivre, pour s'accomplir. Et puis ils sont tellement forts (dans tous les sens du terme) tous les membres de cette famille disloquée,  laissant leurs empreintes dans notre esprit après la fermeture du livre.



L'on ne peut être que profondément ému par ces destins broyés, anéantis. Certains passages sont bouleversants. La nature et ses éléments (eau, feu) sont des composants importants du destin des personnages, une empreinte indélébile ainsi que la magie et les symboles. L'on est pas ce que l'on est sans nos racines, sans nos ancêtres et la transmission.



C'est une lecture qui laisse des traces, qui ne peut laisser indifférent, roman historique sur plus de trois siècles,  très structuré de cette auteure à l'écriture forte et qui évite les longueurs et la facilité (même pour le dénouement).
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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No home

Un roman particulier car l'on suit deux demi-soeurs et leur descendants sur deux/ trois siècles. Un chapitre par personnage. J'ai adoré le début, suivre Effia et Esi et leur destin qui prend deux directions complétement différents à cause d'un homme. J'ai trouvé toute cette période en Afrique passionnante bien que sidérante. Par contre, si on s'attache rapidement aux personnages sur un court chapitre, je trouve que c'est moins le cas à partir des petits-petits enfants d'Effia et Esi. J'étais moins dedans, j'avais envie de rester avec les générations précédentes ! Néanmoins les passage avec Kojo puis H et ses enfants en Amérique sont intructifs, très révoltants et émouvants d'une certaine manière. C'est bien construit, on a tendance à comparer les destinés, ça fait réfléchir et c'est une écriture assez sensible et juste. Je m'attendais un peu à la fin quand même, il y a quelques facilités mais peu importe, on passe un bon moment.

Challenge USA
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Sublime royaume

Jeune chercheuse à Stanford, Gifty fait plus précisément des recherches neurologiques sur le mécanisme de la récompense, afin de comprendre le phénomène plus global des addictions. Ce que l’on peut prendre au départ comme une simple passion pour ce domaine prend très vite une autre coloration lorsque l’on comprend, progressivement, que l’addiction est au cœur de son histoire familiale et que, d’une certaine façon, la jeune femme souhaite ainsi mieux comprendre sa famille. Alors qu’elle est sur le point de mettre un terme à sa dernière recherche en cours, elle doit rejoindre sa mère, en pleine crise dépressive, dans l’Alabama, pour la ramener avec elle en Californie, et s’en occuper jusqu’à ce qu’elle se sente mieux. Ce contact avec sa mère est l’occasion d’une réminiscence douloureuse de ses souvenirs, qui va mettre à jour ses propres failles.



Dans ce roman, les époques se succèdent dans de très brefs chapitres qui permettent de découvrir par à coup l’histoire de Gifty : du choix de sa mère de quitter le Ghana avec son fils, Nana, pour venir vivre aux Etats-Unis, à celui de la jeune femme d’étudier la neurologie, et ses conséquences, tout nous est expliqué dans le moindre détail. Par cette autopsie, non seulement de sa famille, mais aussi d’elle-même, nous est livrée l’histoire tragiquement banale d’une famille afro-américaine, qui doit vivre au quotidien avec le racisme ambiant, plus ou moins latent, qui plus est dans un Etat aux relents sudistes, et qui en connaît de fait la précarité inhérente. Histoire tragiquement banale, également, d’une Amérique noyée sous ses lobbies pharmaceutiques, situation entraînant en quelques années une crise majeure de la consommation des opioïdes, au cœur des recherches et des interrogations sur l’addiction entreprises par notre jeune chercheuse. Histoire tout aussi banale, finalement, d’une transfuge de classe en la personne de Gifty, ayant gravi les échelons de la recherche à la force du poignet, qui doit apprendre à vivre avec la tragédie de son passé pour se construire, voire se reconstruire, sans pour autant renier ses origines et ce même passé.



Sublime royaume est à mon sens un magnifique roman, d’une sincérité et d’un réalisme implacables – Gifty fait en effet preuve d’une précision chirurgicale quant à décrire ce qu’elle vit/a vécu ou ressent/a ressenti, dissèque tous les évènements, sentiments, sans filtre – . Les personnages, tout comme la narration, sont d’une grande richesse, sans pour autant se noyer dans la complexité : tout est en effet limpide sous la plume de Yaa Gyasi, même les considérations neurologiques parfois évoquées dans certains chapitres pour décrire les travaux de Gifty.



Je remercie les éditions Calmann-Lévy et NetGalley de m’avoir permis de découvrir ce roman.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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No home

L'histoire de ce magnifique roman est bouleversante. À travers le portrait de plusieurs générations d'une même famille, la jeune auteure nous brosse l'histoire du Ghana et de l'esclavagisme aux États-unis. J'ai été quelque peu surprise du format puisque je ne m'attendais pas à suivre autant de personnages, mais le récit est très bien construit et vivant, alternant les continents. Et chaque destin est peaufiné. Yaa Gyasi nous en livre des bribes, mais assez pour nous toucher et nous laisser deviner ce qui a pu se passer dans les années auxquelles nous n'avons pas accès.

Ces destins sont tragiques. Côté américain bien sûr avec l'esclavagisme, les mauvais traitements, puis peu à peu l'abolition de l'esclavage mais toujours cette difficulté à vivre en tant que personne de couleur, dans le racisme, les injustices, la peur de la police, la prison pour presque rien.

Côté africain, cette branche de la famille a connu elle-aussi bien des drames. Bien que libres, les personnages semblent hanter par les gestes de leurs ancêtres et par une sorte de malédiction.

Mais ils ont tous quelque chose en commun : l'amour, l'amour de leurs enfants, leur désir de les voir heureux.

J'ai vraiment apprécié découvrir autant de générations puisqu'on suit cette famille sur presque deux-cents ans. Les personnages sont tous assez différents les uns des autres, ils sont touchants et nous nous y attachons. J'aurais d'ailleurs voulu tous les connaitre un peu plus et faire encore un bout de chemin avec eux. Et petite cerise sur le gâteau : cette fin imaginée par l'auteure est absolument magnifique !
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No home

Challenge Plumes Féminines

Challenge Voyages Littéraires



Résumer serait assez complexe. Disons qu'il s'agit de la plongée dans le commerce triangulaire entre le continent africain et les États-Unis, le tout sous le chapeautage du Royaume-Uni. Nous sommes invité.e.s à suivre l'histoire de 2 femmes, 2 soeurs qui ne se connaissent pas et qui auront un destin bien différent. L'une sera esclave et avec elle nous suivrons le long chemin jusqu'à la fin de l'esclavage et de la ségrégation, lui-même encore si long ; l'autre sera une des actrices du commerce triangulaire, dont ses descendants devront porter l'infamie sur des générations, tentant de s'en libérer.

C'est un roman choral, qui rappelle Les douze tribus d'Hattie pour la partie américaine roman choral de la ségrégation. Néanmoins, je l'ai trouvé beaucoup plus humain, plus empathique que l'histoire d'Hattie et de ses enfants. J'ai partagé les joies, les peines, les souffrances de tous ces personnages et comme j'ai pu le lire dans d'autres chroniques, je regrette que cette forme empêche de mieux connaitre les personnages, ce qui pour certains m'a vraiment frustré... Gyasi nous permet de traverser 300 ans d'histoire très simplement, à travers ses personnages, puisque un par génération prend la parole depuis les 2 soeurs ; la chronologie me semble d'ailleurs plus importante aux États-Unis qu'au Ghana, où même l'indépendance du pays est à peine évoquée, comme si elle n'avait finalement changé que peu de choses dans la vie des Ghanéens... Sauf peut-être un certain système de hiérarchie sociale parfois préjudiciable aux individus et dont certains ont tenté de se libérer, avec des réussites diverses.

J'avoue, j'ai laissé un peu de côté la symbolique du feu et de l'eau qui me semble parfois un peu artificielle ; celle de la pierre m'a semblé bien plus forte. Sa perte entraîne la perte d'une histoire et d'un pays pour les descendants d'Esi qui ne sont plus rattaché à pays d'origine et perdent qui ils sont, qui ils auraient pu être...

Je crois que je viens de lire un des livres que j'ai le plus aimé cette année (qui n'est pas encore terminée).
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No home

Ce roman ne fera pas partie de mes gros coups de coeur, mais il s'en est fallu d'un cheveu !

Quand je pense que l'auteur n'avait que 27 ans lorsqu'elle l'a rédigé, cela donne le tournis ! Quelle maturité, quelle profondeur !!!

J'ai lu pas mal de critiques sur cette saga familiale, partageant certains points de vue, en rejetant d'autres.

Pour ma part, j'ai beaucoup apprécié l'idée de la lignée coupée en deux, aux deux destins si différents, avec certaines similitudes malgré tout. J'ai trouvé cela à la fois très intéressant sur le plan historique de voir les évolutions (ou non, semble-t-il, à certaines époques !!!) des moeurs, des statuts, des mentalités... et passionnant sur le plan narratif, suivre ces "fils/filles de" (à prendre au second degré), qui tentent, chacun, de suivre leur propre voie, malgré les choix de vie plus que restreints - c'est le moins que l'on puisse dire !- et le poids, invisible mais toujours présent, de l'histoire familiale, toujours présente en filigrane.

L'écriture est fluide, plutôt classique dans son ensemble, avec une certaine distanciation qui ne fait qu'accentuer le côté tragique des différentes situations.

Ce qui m'a agacé dans le récit, est, je dois le reconnaître, néanmoins indispensable, et reflète absolument le fond de la trame. Je m'explique. Comme d'autres lecteurs, je me suis sentie frustrée par ces courts épisodes de vie, sur chacun des protagonistes. A peine une parenthèse d'un chapitre sur chacun, et hop, on passe au suivant et le précédent, la plupart du temps, n'est plus qu'à peine mentionné. Ces gigantesques ellipses agacent, titillent, on voudrait en savoir plus, l'avant, l'après,... Mais non, rien. le silence pour illustrer les maux tant passés qu'à venir.

Et pourtant, cette manière de faire est juste brillante, d'une grande intelligence, car elle renvoie au lecteur la situation des personnages, eux qui n'ont guère de contrôle sur leur existence, eux qui sont rendus anonymes par le Sort (disons l'homme blanc, pour faire moins court), eux qui ne savent plus rien de leurs origines, volées, du devenir de leur famille, de leur propre nom... Yaa Gyasi parvient à nous faire ressentir - à un moindre niveau, bien évidemment - cette frustration / fatalité qui imprègne et noie ses personnages.

Cette remarque pourrait s'appliquer aussi à la fin :

Pour conclure, je m'allie aux autres trrrrès nombreux lecteurs qui encensent cette très belle, dure, touchante et cruelle histoire d'une famille à travers les siècles.
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No home

L'histoire de l'Afrique c'est un peu comme la découverte de l'Amérique, nous ne la considérons que de notre point de vue d'Européen, fût-il émigré en Amérique du Nord. Même le beau livre de Yaa Gyasi, pourtant écrit par une auteure d'origine africaine, n'échappe pas totalement à la règle, puisque l'histoire commence quand les blancs sont là. On aimerait bien pourtant connaitre l'histoire des royaumes Ashanti et Fanti avant l'arrivée des blancs. Mais peut-être cela ne fait-il pas partie des questions à résoudre par les Africains et les afro-américains d'aujourd'hui. Penser leur histoire sans le rapport aux blancs ne reviendrait qu'à un exercice somme toute théorique.

La question se pose pour l'Amérique aussi. Elle fut "découverte" par les populations qui y arrivèrent il y a 60 ou 100 mille ans, et qui l'ont peuplée jusqu'au 15e siècle. La découverte de Christophe Colomb est la découverte européenne de l'Amérique, éventuellement précédée de quelques centaines d'années par les Northmen (Vikings).



Donc dans ce livre, il est question d'Africains dans leur rapport aux blancs. Plus précisément, les Africains de l'actuel Ghana à partir du 18e siècle et leurs descendants.

Ces rapports furent parmi les plus abominables qui se puissent imaginer, puisqu'ils reposaient sur l'esclavage. Blancs ou noirs, les humains ont réduit leurs semblables dans la pire condition qui soit et ont causé des souffrances inimaginables. Car les peuples africains se razziaient mutuellement pour alimenter le trafic. C'est très bien mis en lumière par le roman de Yaa Gyasi. Il est tout à fait intéressant de suivre l'histoire de ces peuples, à travers quelques personnages, au long des deux ou trois derniers siècles.

Voilà, j'ai donc été intéressé par ce que m'a appris et même fait ressentir ce roman. Comment se fait-il alors que je n'ai pas été happé par cette histoire, que j'ai eu l'impression d'y être extérieur? Est-ce parce que les différents personnages apparaissent dans des chapitres trop brefs pour s'y attacher vraiment? Peut-être. Mais je crois plutôt que c'est l'écriture trop lisse et la structure trop régulière de ce roman qui m'a tenu à l'écart. La construction est trop parfaite. Chaque épisode est représentatif d'une population d'origine africaine à une époque donnée. L'ensemble s'apparente finalement à une démonstration, au prix d'un approfondissement de ce que vivent les individus. Un bon livre donc, mais qui ne m'a pas touché comme il l'aurait dû.
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No home

Premier roman de cette jeune auteur américaine née au Ghana, près de Cape Coast où à l'été 2009 elle va visiter le fort qui servait à l'époque aux officiers britannique et à la traite des Noirs.

C'est une fresque dense et riche qui commence au XVIIIe siècle en Afrique avec les guerres tribales et la traite des esclaves.

Nous allons suivre les destinées opposées de deux soeurs ( du côté de leur mère) Effia mariée de force au capitaine anglais du fort de Cape Coast et Esi capturée et enfermée pour être vendue comme esclave en Amérique.

C'est l'histoire de la descendance d'Effia,en Afrique et celle d'Esi, en Amérique où on juge suivant la couleur de la peau (blanche,métissée ou noire).

L'auteur réussi a brossé au travers de cette saga familiale un tableau historique et social des Noirs en Amérique (Fugitive Slave Act, discrimination raciale,exploitation de la main d'oeuvre dans les mines de charbon, les mouvements activistes noirs, Harlem, le Jazz, la drogue...).

J'avoue qu'il est préférable de lire le livre de façon continue pour éviter de se perdre dans l'arbre généalogique (heureusement qu'il est présenté en début de roman). N'hésitez plus, un très beau premier roman !
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No home

Très beau roman relatant toute une génération d'une famille africaine, dans toute sa complexité et sa richesse.

Cela m'a ouvert les yeux sur une civilisation détruite dont on a cassé l'identité, l'héritage, la culture et qui se sent désormais déracinée, "no home". Qui n'arrive plus à retrouver leurs familles, leurs histoires et qui naît avec un fardeau, celui de ses ancêtres.



Ouch ! Cela paraît violent et difficile, dit comme cela. Mais il n'en est rien, ce roman se lit rapidement, avec attachement, légèreté. L'auteur sait très bien manier les mots pour nous immerger aussitôt dans le contexte. Ce fut un très beau voyage, une belle illustration de peuples africains et de leurs histoires. La violence et la souffrance ne m'ont pas dégoûtée ni freinée dans ma lecture grâce à une belle plume, une belle narration sans lourdeur et sans pathos.



Un beau roman sur l'Afrique qui sort du lot et qui ouvre les yeux.
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Sublime royaume

Dieu est-il le même au Ghana et en Amérique ? Et, comment le prier selon que l'on soit croyant ou scientifique ... Gifty observe sa mère désormais proche d'elle se perdre dans des pratiques "religieuses" sans fin. Mais n'est-ce-pas là aussi, pour elle, l'occasion de faire le constat de ses propres croyances ?

Des interrogations sur fond de discordances intergénérationnelles et culturelles.

Un récit foisonnant de détails, qui a le don de révéler les douleurs, les malentendus et les espoirs de deux deux parcours de vie.

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No home

Les arbres généalogiques en début de roman m'inquiètent toujours confusément, je dois bien l'avouer ;)

Y aurait-il un quelconque un risque de noyade dans un roman-fleuve ?



Heureusement, rien de tel ici. On se situe aisément dans la descendance de deux demi-soeurs ghanéennes, suivie sur sept générations.



Esi, vendue comme esclave, aura des enfants aux Etats-Unis. Effia, mariée de force au capitaine du Fort de Cape Coast, perpétuera la lignée au Ghana (Côte de l'or).



Une structure-choc : un chapitre par personnage, en descendant les générations et en alternant les lignées.



Chaque chapitre constitue presque une Nouvelle, habile mélange de l'Histoire et de l'histoire de chacun : dans les villages rivaux puis au centre de traite au Ghana, en Alabama, puis à Harlem…

Jusqu'à la surprise que réservent les dernières pages.



Cependant, cette structure même, qui fait l'originalité du livre, m'a quelque peu perturbée au fil de l'avancée du roman. Une intrigue se noue... et hop, au détour d'une page, nouveau chapitre - nouveau personnage... On fait un bond d'une vingtaine d'années et de milliers de kms pour rejoindre un autre descendant.

A la longue, cela m'a paru un peu frustrant.



Toutefois... toutefois... l'auteur l'ayant voulu ainsi, on peut aussi penser que ce sentiment d'être sans cesse arraché à des personnages attachants est inhérent cette oeuvre... et est évocateur de la condition des femmes et des hommes ballottés par leur destin d'esclaves...??

Je l'ai ressenti ainsi, finalement, et apprécié.



Un excellent roman, parfois dur, très sensible, ambitieux et original !

Une superbe évocation de la transmission « souterraine » entre les générations.

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No home

J'ai adoré le début du roman et j'aurais continué à lire uniquement l'histoire des deux sœurs (et de leurs enfants à la limite). Toutefois, puisque l'histoire se déroule sur plusieurs générations, je n'ai pas été capable de m'attacher aux autres personnages qui défilent rapidement par la suite, ce qui a enlever toute motivation à ma lecture. C'est dommage car l'histoire du début me plaisait énormément, je serais restée à cette époque beaucoup plus longtemps.
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