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Critiques de Yaa Gyasi (425)
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Sublime royaume

J'avais adoré No home et du coup j'avais je crois certaines attentes sur ce second roman de l'auteure. Les thématiques abordées sont interessantes: désamour maternel, racisme, foi, depression...mais les bons dans le temps, et les parallèles avec l'experimentation sur les rats m'ont perdu et ont rendu la lecture un peu moins interessante pour moi.
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No home

Imaginez 14 nouvelles traitant toutes d’une femme ou d’un homme soumis(e) à la violence, l’eslavage et/ou au racisme. Imaginez maintenant un lien indestructible entre ces nouvelles, le lien du sang. Vous obtenez alors le roman historique de Yaa Gyasi qui, à partir d’Effia et Esi, deux sœurs nées sur la Côte-de-l’Or au XVIIIème siècle, évoque les 7 générations qui leur succèderont. Occasion d’évoquer de nombreux destins et leurs manières d’avoir traversé certains épisodes historiques (colonisation, guerres, révoltes et émeutes…). J’ai beaucoup aimé ce texte qui éveille les consciences et suscite beaucoup d’empathie.
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Sublime royaume

J’avais lu « no home » et j’avais beaucoup aimé. Son nouveau livre est différent; Cela commence lentement et petit à petit par une série d’allers et retours sur sa vie passée, nous découvrons la vie de Gifty.



Voici une famille ou plutôt une mère de famille qui décide de migrer légalement du Ghana aux USA, plus précisément en Alabama. Cette famille avec un, puis deux enfants s’intègre dans la vie américaine, que ce soit en appartenant à une communauté religieuse, par le sport pour Nana ou les études.



Mais la vie comme partout a ses hauts et ses bas et progressivement, la famille va se déliter et il ne restera que la mère et la fille.



Nous faisons connaissance de Gifty quand elle est chercheuse en neurosciences et fait un doctorat à L.A. Tout le livre nous aide à comprendre comment elle en est arrivé à choisir cette discipline, à se construire dans sa famille et un environnement décalé (un pied aux US et un pied au Ghana).



C’est la vie de tout un chacun avec son cortège de bonheur et de malheurs, les personnes qui vous aident et ceux qui vous rejettent, les choix que nous faisons dans la vie (sexe, alcool, drogues...), choix d’autant plus difficile que Gifty ne trouve pas de réponses concrètes que ce soit dans la religion ou la science.



Le portrait d’un oiseau blessé par la vie, qui se construit cahin caha. Une réflexion aussi sur soi : comment nous nous sommes construits ?
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No home

Une lecture incroyable. Tellement déchirante. Presque envie de perdre la mémoire pour avoir la chance de redécouvrir ce chef-d'œuvre une deuxième fois.



L'humanité avec laquelle chaque protagoniste est dépeint est vivifiante, encore plus pour les personnages qui ont vécu la mise en esclavage de leurs peuples, de leurs familles et d'elles/eux-mêmes. Il est si rare de voir une œuvre de fiction qui ne romance pas cette période historique spécifique d'une manière qui déshumanise les personnes qui ont été horriblement maltraitées, exploitées et massacrées par les colonisateurs européens, tout en évitant d'explorer leur histoire de manière brutalement voyeuriste.



La violence physique, verbale et symbolique n'est pas dépeinte de manière perverse et gore, mais plutôt avec un point de vue intelligent qui permet de saisir toute l'atrocité du colonialisme, de l'impérialisme et du racisme structurel.



À lire de préférence en VO, mais la traduction fait bien évidemment l'affaire.



J'attends avec impatience les prochaines œuvres de Yaa Gyasi !
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Sublime royaume

Sublime Royaume de Yaa Gyasi nous emporte dans un labyrinthe d’émotions et de réflexions. Elle y tisse une toile narrative complexe et envoutante, plongeant le lecteur dans les destins entrelacés de personnages vibrants et marquants. La richesse et la profondeur de son écriture vous invitent à explorer avec elle les recoins sombres et lumineux de l'histoire humaine.



À travers une prose certes lente mais surtout magistrale, Gyasi explore les thèmes universels de la famille, de la race, de la quête d'identité et de la résilience. Elle nous offre un regard poignant sur les effets de l’émigration au sein d’une famille dont le père n’arrive pas à se faire une place dans sa nouvelle vie loin du Ghana et de l’absence sous plusieurs formes : celle d’un père ayant abandonné sa famille, celle d’un frère perdant ses objectifs de vie et sa d’athlète ; ainsi que celle d’une femme tourmentée par l’abandon de son mari et la perte de son fils emporté par ses addictions. Tout cela en mettant en lumière la force et la beauté de la culture africaine et de sa diaspora, loin des clichés habituels.



Au milieu de ce tableau se trouve Gifty, chercheuse en neurologie, qui oscille entre foi et réalité scientifique ; espérant que ses expériences sur les neurones des souris soient la clé pour comprendre l’addiction et la dépression qui ont marqué sa famille.



Les personnages du livre sont dépeints avec une telle finesse et une telle humanité qu'ils semblent prendre vie sous nos yeux. Leurs parcours, empreints de douleur, de joie, de lutte et d'amour, résonnent avec une authenticité saisissante, nous invitant à nous interroger sur notre propre place dans le monde et sur les liens qui nous unissent les uns aux autres.

Mais au-delà de son exploration des thèmes profonds, "Sublime Royaume" est aussi une ode à la beauté de la langue et à la puissance de l'imagination. Gyasi manie les mots avec une habileté magistrale, créant des images et des sensations ardentes. “Sublime Royaume” est un livre à la beauté ardente et résistante. Il nous rappelle que derrière chaque histoire, il y a des vies complexes et des émotions profondes.
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No home

Milieu du 18ème, Côte de l'Or (Ghana actuel), dans les villages, les guerriers fantis et ashantis capturent leurs semblables et les vendent aux Anglais qui les enferment dans le fort de Cape Coast.



Effia, rejetée et battue par sa mère, sera mariée contre son gré à un soldat britannique, commandant du Fort Cape coast.



Esi sera capturée par des guerriers, vendue aux Anglais, enfermée dans un cachot, entassée avec des centaines d'autres femmes, avant d'être envoyée par bateau dans les plantations du sud des États-Unis.



Ce que Effia et Esi ignorent c'est qu'elles sont demi-soeurs. Deux jeunes femmes, deux destins, deux lignées familiales: Effia aura une descendance qui vivra sur la Côte-de-l'Or et Esi, une descendance qui vivra aux États-Unis.



Chaque chapitre peut presque se lire comme une nouvelle quasiment indépendante, alternant l'histoire d'un descendant d'Effia ou d'Esi, entre les États-Unis et le Ghana.





👍 Ce roman retrace de manière simple et touchante 3 siècles d'histoire du peuple africain: ségrégation, esclavage, ... On est sur des tranches de vie racontées sans tomber dans le pathos ou les clichés. Très authentiques, les histoires sont tragiques, souvent cruelles mais aussi teintées d'espoir.





👎 Le format de chaque chapitres, très indépendants, peut être déroutant. On a parfois l'impression d'une cassure dans l'histoire.





En bref, un joli roman, à la plume fluide et à l'histoire très touchante. Une jolie découverte.



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No home

Un roman choral époustouflant, haletant et exceptionnel, qui parcourt en tout trois siècles de l'Histoire du peuple ghanéen.

Tout commence avec les destins séparés précocement de deux demi-sœurs, Effia et Esi, au XVIIIe siècle à l’époque du commerce triangulaire. Nous allons suivre ensuite les parcours de vie de leurs enfants, petits-enfants, etc., sur de nombreuses générations, sur différents continents et dans des problématiques individuelles. Mais deux éléments font le fil conducteur de tous les membres de cette grande famille : un collier transmis de génération en génération et les marques indélébiles plus ou moins profondes des traumatismes du colonialisme.

Yaa Gyasi nous offre ici une grande œuvre, rendant hommage à ses ancêtres, à son pays, sa culture et faisant ce devoir de mémoire indispensable et même vital pour les survivants de ces horreurs. Horreurs qui appartiennent à la grande Histoire, mais qu'on omet volontiers.

Ce récit est également très intéressant et précis psychologiquement, dans la démonstration qu'il donne des effets des traumatismes transmis de manière transgénérationnelle.

Les nombreux personnages sont très attachants et variés, l'autrice a su les rendre tellement vivants. L'écriture est, selon moi, d'une cruauté douce, poétique et dynamique, ce qui fait toute l'originalité de la plume de Yaa Gyasi.
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Sublime royaume

Ce livre m'a permis de découvrir le Ghana.

Il retrace une belle relation mère//fille.

Il y a les secrets de famille, ce qui est tu par pudeur, par peur de faire mal, de se faire mal.

Est-ce que maman va sortir du lit ?

Petite fille, elle a eu cette responsabilité, jeune femme cela recommence.

Comment se construire, construire une vie de couple, oser fonder une famille quand on porte et qu'on nous fait porter un bagage trop lourd ?




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No home

Cette histoire est découpée en plusieurs petites histoires. A chaque chapitre nous suivons un nouveau personnage. 2 lignées différentes, tout les 2 chapitres nous suivons une nouvelle génération de chaque lignée. Je me suis perdue par moment, l’arbre généalogique au début du livre est très précieux pour s’y retrouver et se remémorer.



L’histoire de chaque personnage est intéressante, touchante, attachante, mais aussi parfois horrible. Pas facile de lire les horreurs qu’ils ont pu vivre mais il est indispensable de savoir ce pans de l’histoire. Les thèmes principaux abordés sont l'esclavage, la ségrégation, le commerce d’être humains, les coutumes.



L’écriture est fluide et riche.

Un roman bouleversant et puissant mais un peu long pour ma part.
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No home

Il est toujours difficile de parler d'une histoire dont nos ancêtres sont les instigateurs sans avoir à la fois honte et se sentir coupable. Pour essayer de passer au-delà de ces deux sentiments négatifs, j'ai décidé de me renseigner le plus possible sur le passé colonial des occidentaux et j'aime le faire à travers ce genre de roman si percutant et nécessaire que ceux de Yaa Gyasi.



Cette lecture est sûrement l'une des histoires qui restera marquée à vie dans ma mémoire tellement le destin d'Esi et de ses descendants est empli à la fois d'injustice et de persécution mais aussi d'un trop plein d'amour 💔



C'est justement de la confrontation entre ces deux demi-soeurs, l'une qui évolue du bon côté de la "frontière", protégée parmi les occidentaux, et l'autre, qui est utilisée comme force de travail par ces mêmes occidentaux, que l'on ressent au plus profond de nos entrailles le déchirement et l'injustice dans la mise en œuvre du commerce triangulaire



Ce déchirement d'abord de voir des familles séparées et meurtries dans leur chair par cette ignominie créée par la cupidité des hommes ⛓️



Et cette injustice, d'autre part, de voir Effia évoluer parmi les oppresseurs de sa propre famille, de voir son propre sang coulé à travers la chair meurtrie de sa demi-sœur et de ses descendants. En outre, en installant cette histoire de manière transgénérationnel l'autrice permet au lecteur une réflexion intense et attristante sur les conséquences d'un tel système inhumain. L'autrice réussit le tour de force de nous émouvoir jusqu'aux larmes tout en tentant de faire vaincre l'amour sur la haine, la famille sur l'ennemi et l'humanité sur la barbarie. C'est pour moi un livre qui bouleverse sa façon d'appréhender le colonialisme et qui est à cet égard primordial. Je remercie donc l'autrice d'avoir partagé ce récit qui se veut réconciliateur ❤️
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No home

Histoire, poésie, amour, combat, voilà quelques mots pour résumer ce livre poignant.

Je suis d'abord tombé sous le charme de cette couverture colorée puis de cette histoire qui coule au fil des générations.



Le sujet de l'esclavage et du racisme n'est pas si facile à traiter. Et je trouve que le livre l'a très bien fait. On développe plusieurs périodes et plusieurs situations très différentes tout en ayant une analyse historique, mais aussi humaine.

Chaque personnage a une histoire propre et forte. On passe à chaque chapitre comme si on passait à un nouveau livre, mais tout se lie très bien. J'ai dégusté chaque récit tout en étant impatiente de connaître la fin.



Qui dit plusieurs générations dit plusieurs personnages. Chaque personnage a son chapitre, c'est clair, mais c'est aussi facile de s'y perdre. L'autrice nous déroule dès le début du livre l'arbre généalogique que nous découvrirons par la suite. Schéma qui m'a toujours suivi, parce que j'ai parfois eu du mal à raccrocher les wagons.

Aussi lié au nombre important de personnages, les histoires sont brèves. Une trentaine de pages par histoire, ce qui m'a parfois donné un goût de trop peu. Certaines histoires sont plus complexes, riches ou émouvantes et j'aurais eu envie d'en savoir plus.



➡️ En bref, un très très beau livre plein de sentiments, de magie et qui mêle parfaitement histoire et fiction.
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No home

Ghana, États-Unis, deux lignées familiales du 18ème siècle à nos jours.

Et un roman bouleversant.

(Je vais être longue à en parler, désolée, mais c’est comme ça avec les livres bouleversants.)

Il commence par un arbre généalogique. Yaa Gyasi ne s’y embarrasse pas de familles nombreuses, non, de chaque côté elle suit avec obstination une branche, une seule ; la ligne ténue de la mémoire familiale.

Dans chaque chapitre on suit un des descendants lors d’un moment important de sa vie, mais avec assez de passé pour lui donner chair et émotion, et assez d’Histoire pour embrasser deux siècles et demi sur deux continents.

Au début il y a Maame, Maame dont on saura peu de chose sinon que, lorsqu’elle apparaît dans le roman, elle vient de mettre au monde une petite fille puis s’est aussitôt enfuie seule, "dans le feu". C’est la lignée d’Effia, la Fanti du Ghana côtier.

Ensuite, dans un autre village au Nord, Maame a un autre époux, une autre enfant : c’est la lignée d’Esi, l’Ashanti de l’intérieur des terres.

Ces deux demi-sœurs ne se rencontreront jamais, et pourtant vont se côtoyer sans le savoir pendant quelques mois, dans le fort de Cape Coast : Effia comme l’épouse d’un soldat anglais, Esi comme captive destinée au navire négrier vers l’Amérique.

Les chapitres de ce roman alternent donc l’histoire de la lignée ghanéenne, l’histoire de la lignée américaine.

Chacune des deux branches va être poursuivie par sa propre malédiction.

"Il est comme le pêcheur qui jette son filet dans l'eau. Il ne garde qu'un ou deux poissons dont il a besoin pour se nourrir et rejette les autres à l'eau, pensant que leur vie redeviendra normale. Personne n'oublie qu'il a été autrefois prisonnier, même s'il est à présent libre."

Du côté africain, la mémoire du feu se transmet au travers de mariages d’amour et de traditions qui résistent à l’évangélisation, à l’occupation, aux guerres.

Du côté américain, une ligne maintes fois brisée : pas de transmission, des destins chaotiques. Là c’est l’horreur de l’esclavage, du racisme, de la ségrégation.

"En Amérique, le pire qui pouvait vous arriver était d'être noir. Pire que mort, vous étiez un mort qui marche."

C’est une œuvre d’une ambition étourdissante, et pourtant d’une écriture intimiste, émouvante, superbe.



Traduction d’Anne Damour.



Challenge ABC 2023-2024

Challenge Globe-trotter (Ghana)

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No home

Un roman-mémoire sur deux familles noires qui se croisent, se mêlent et se déchire face aux horreurs de la traite négrière, de l’esclavagisme, de la ségrégation jusqu’au racisme d’aujourd’hui. Un récit sur la façon dont les Blancs ont participé activement à la déshumanisation d’une couleur.



Je dois avouer que pour les deux derniers chapitres j’ai dû laissé passer du temps avant de le reprendre pour digérer toutes ces informations dont je n’avais pas connaissance. Un puissant récit historique qui retrace plus de 3 siècles de colonialisme et les retombées désastreuses des blancs privilégiés sur les familles afro-américaines actuelles. Un roman nécessaire pour la leçon qu’il donne tout en offrant au passage une admirable écriture.
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No home

Roman très intéressant, sur l’esclavage en Afrique et aux USA. On suit la destinée des descendants de 2 demi-sœurs, Effia the Beauty et Esi dont l’une se retrouve mariée à un esclavagiste, et l’autre est envoyée aux US pour travailler dans une plantation, après avoir été violée. Le reproche qui a beaucoup été fait à ce livre, tant au Ciervo Blanco que sur le Net, c’est qu’il est simple dans son écriture. C’est vrai que l’anglais n’est pas très complexe. Mais comme l’a fait remarquer un membre du club de lecture, peut être que pour raconter des faits terribles comme l’esclavagisme, on a pas besoin d’utiliser des termes complexes et qu’au contraire, il est nécessaire de rester dans la simplicité. Quoi qu’il en soit, ça permet une lecture en VO plus fluide et donc d’avancer assez rapidement. Une autre critique fréquente est le saut d’un personnage à l’autre, qui ne permet pas au lecteur de s’identifier, d’être en empathie avec le personnage. Moi, j’ai trouvé au contraire que ces changements donnaient un caractère dynamique et je me suis aperçue que plus j’avançais dans les chapitres, plus j’avais envie de passer à un autre personnage, ne serait-ce que pour savoir ce qu’il est arrivé aux parents car parfois les chapitres s’arrêtent brutalement et il y a du suspens.



Un des points positifs de cette œuvre, c’est qu’elle nous donne à voir l’esclavage sur la Côte d’Or dans l’actuel Ghana et pas seulement aux USA où on a déjà gravé dans l’esprit des films comme 12 years a slave, Free State of Jones, la Couleur des Sentiments (the Help), le Majordome ( the Butler), The Color Purple et des séries comme Underground, des bouquins comme ceux de Toni Morrison-Beloved. Du coup, on a le droit à des descriptions de lutte intestine entre Asantes et Fantes ( 2 peuples se partageant le territoire), les enlèvements de femmes, les razzias, pillages, ventes et commerce avec les Anglais d’esclaves d’autres tribus…tout un pan de l’histoire qu’on connait sans vraiment connaître. Cette partie du commerce triangulaire un peu oubliée. J’ai trouvé absolument passionnant les comparaisons civilisation blanche et civilisation noire, et le dégout des Européens pour des actions qu’ils pratiquaient eux-mêmes. Par exemple, la polygamie des tribus se retrouve chez les colonisateurs qui en général étaient mariés en Grande-Bretagne et prenaient une femme parmi les locaux. C’est le cas de James senior qui marie Effia. Ce livre est truffé de réflexions pertinentes sur ce que ça veut vraiment dire d’être noir-est-ce seulement une couleur ? ou un état d’esprit ?



Ce livre aborde aussi l’acculturation et donc la perte de culture originelle, la culture ouest-africaine. On le voit avec la fille d’Esi qui a perdu son Twi et qui ne se souvient que de quelques mots murmurés par sa maman avant d’avoir été arrachée/séparée d’elle. Cette acculturation est forcée comme le montre la scène de torture décrite (par coups de fouet pour chaque mot prononcé en dialecte africain ou même pour chaque silence qui devrait selon les maîtres être remplacé par un mot en anglais. Il y a aussi un passage sur les run away, ces esclaves qui s’enfuyaient des plantations-comme le tentent Sam et Ness et il est également question de ces femmes qui tuaient leurs bébés pour leur éviter de vivre une vie d’esclave, à jamais enchaînés.



Le symbole du feu. Transmission de l’héritage, de la peur de ce feu jusqu’à Marjorie.



Mon personnage préféré : Willie sans hésitation. D’abord parce que les protagonistes féminins de ce roman sont bien plus développés que les personnages masculins ( peut être parce que l’auteure est une femme elle-même) et parce que j’admire son combat et tout ce qu’elle a du subir, jusqu’à entendre son fils lui dire qu’elle n’est pas courageuse, alors qu’elle a tout quitté, sa vie en Alabama pour fuir les lois Jim Crow et se retrouver à New York, à Harlem où tout est plus grand, plus impersonnel, rien à voir avec Pratt City. Elle fait tout pour aider son mari, et il l’a quitte pour fonder sa propre famille après l’avoir presque violée devant des camarades de boulot blancs pervers et ignobles. Puis, quand elle pense avoir retrouver un homme sur qui compter, ce dernier la laisse aussi avec un enfant en plus ( Joséphine). Plus tard, elle devra gérer l’addiction aux drogues de son fils, les enfants de sa fille…autant dire que cette femme est admirable. Quant à Sonny, il est le personnage qui sert à Yaa Gyasi pour critiquer les conditions déplorables que vivaient les Noirs à NYC ; elle nous montre que Harlem, ce n’est pas seulement les clubs de jazz et les église qui vibrent des sons du gospel non, c’est aussi un quartier de drogués, où il y a peu d’espoir d’avancer socialement ( toutes les femmes sont femmes de ménage ou nanny pour des familles Noirs riches, qui cela dit en passant, ne peuvent même pas accéder au quartier blanc, et sont comme entre deux mondes, isolés de la population noire mais pas assimilés à la population blanche, où des familles nombreuses s’entassent dans des appartements minuscules… Marjorie est aussi un personnage très intéressant, c’est elle qui permet à l’auteure de mettre en lumière les discriminations à l’école et dans les universités-comme le fait que son ami allemand Graham ne l’invite pas au bal de promo parce que ses parents ne sont pas d’accord-quand elle écoute le garçon s’excuser platement au téléphone, elle est déjà résignée : elle le savait. H. est un personnage particulièrement intéressant parce qu’il travaille dans les mines dans des conditions complètement aberrantes : 10h par jour avec une certaine quantité à produire et si chacun ne fait pas sa part, le risque d’être battu jusqu’à ce que mort s’ensuive, la nuit enchaîné avec 10 autres détenus. Le mépris de Thomas pour ses « collègues » noirs montre bien que même s’il se trouve dans la même situation, il se considère bien au-dessus d’eux. Cf Zola Germinal.



Marcus ne fait pas partie de mes personnages favoris mais il m’a permis dans savoir plus sur son père Sonny et me rendre compte qu’il a réussi à se sauver de lui-même en allant dans un centre de désintoxication. J’ai bien aimé le final, bien qu’un peu prévisible : le retour aux origines, là où tout a commencé et l’union entre l’eau (Markus) et le feu (Marjorie) avec cette connexion qui s’établie entre eux, après tout ils sont cousins très éloignés.



Yaw et son poste de professeur dans une école locale permet au lecteur de prendre conscience une fois de plus du travail de sape européen sur les mentalités ouest-africaines : l’anglais serait la langue la plus raffinée, de l’élite et le twi/asante la langue du peuple, des plus démunis.



En bref, un roman à lire.
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No home

Roman habilement construit où chaque chapitre raconte les faits marquants de la vie d'un personnage différent. Chaque personnage est rattaché à une même ancêtre ghanéenne, une branche est restée au Ghana, l'autre a vécu aux États-Unis car victime de l'esclavage.

Le développement sur plusieurs générations depuis le 18ème siècle jusqu'à nos jours est également habile car il fait bien ressortir la marche de l'histoire, notamment celle de l'esclavage puis de la ségrégation aux États-Unis.

Chaque histoire individuelle est habilement conduite, a retenu mon attention.

Ce qui m'empêche d'être complètement enthousiaste sur ce très bon roman est que je n'ai pas eu le temps de m'attacher aux personnages, que le fil historique des évènements m'a paru trop démonstratif, chaque personnage étant emblématique d'une situation.
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No home

Une jolie découverte que ce titre est une lecture très intéressante. Au début je me suis sentie un peu perdue par la construction du roman et la succession des personnages, mais cela n'a été que pour un temps. Les thèmes abordés sont forts, et au fil des années et des générations on voit l'évolution des choses, ou pas tellement finalement. Si vous avez l'occasion de le découvrir n'hésitez pas.
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No home

Roman magistral! J'ai apprécié chacun des personnages dans leurs luttes, leurs victoires et leurs défaites, des personnages admirables dans leur vulnérabilité, avec parfois des fatalités et toujours de la pugnacité. Une saga familiale en un seul tome. Il me tarde de lire son deuxième roman!
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No home

Un très beau livre qui m’a mis une claque tant le sujet de la traite des noires est un sujet cher à mon cœur

Ici traité avec beaucoup d’intelligence et de pudeur, des moments difficiles, des passages plus durs.



Les personnages de ce livres nous bousculent
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Sublime royaume

Nous partageons les pensée d'une jeune femme qui affronte avec courage bien des problèmes. Ca parle de rapports mère/fille ou frère/soeur, de mort, de religion, d'exil, de drogue, de dépression, de recherche en neurosciences (eh oui !). Des sujets très divers !

Si les réflexions sur la religion m'ont peu passionnée, j'ai trouvé les chapitres sur la recherche très intéressants et vraisemblables. J'ai lu dans les remerciements que l'auteure s'est inspirée du travail d'une amie, ça se ressent !

C'est un livre dépaysant à double titre : l'héroïne et sa famille viennent du Ghana, et ils vivent en Alabama, ce qui doit paraitre exotique même aux new-yorkais ;)

Le seul bémol c'est qu'on passe sans transition de ses pensées de jeune adulte à ses souvenirs d'enfance ou d'adolescence, et on a parfois du mal à s'y retrouver.

Une lecture intéressante donc, je recommande !



#Challenge "plumes féminines"

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No home

Lecture qui fut pour moi un peu tumultueuse.

Le livre n’est pas en soi une lecture mouvementée – la chronologie des évènements est d’une linéarité très plan-plan qui ne laisse aucune marge à l’inattendue ou l’imprévisible.

D’ailleurs, le roman évoque une histoire déjà plus ou moins connu qui passe par les colons en Afrique qui profitent de la traite des esclaves au combat pour les droits civiques aux Etats-Unis. Rien de nouveau sur le soleil – la particularité du livre repose sur quelques petits évènements parsemés ci et là dans le roman qui donnent un éclairage plus complet de l’histoire des Etats-Unis et celle du Ghana.

Au final, la lecture a duré 5 jours et fut digne des meilleurs roller-coaster au monde (la modestie, je ne connais pas). Mon appréciation du livre a changé tout du long, plus j’avançais et plus celle-ci a été légèrement égratignée par des défauts qui se sont accentués avec le temps.

Même si le roman reste un bon roman qui réussit à captiver l’intérêt du lecteurice et à l’impliquer dans le récit, pour le reste, ce fut pour moi un peu trop léger. C’est ce que je reproche à ces romans pseudo-historiques : il est difficile en 400 pages d’arriver à creuser l’ensemble des liens de cause à effet, de préciser les détails et les sources, de retranscrire un réel travail de recherche sur les évènements historiques racontés. Certes un livre de fiction n’est pas fait pour cela mais se contenter de lister les évènements sans les incarner vraiment (ou à peine), cela ne remplit même pas les objectifs de la fiction : vivre les évènements, nous plonger dans un autre siècle, créer de l’empathie avec des personnages.

Il faut dire que seule la fin m’a convaincue : j’ai ressenti un meilleur engagement de l’autrice, une histoire plus intime et personnelle qui avait bien plus de force que le reste.

En soi, une bonne lecture malgré tout que j’ai beaucoup aimé commenter en story tous les jours et qui m’a donné l’opportunité d’en apprendre davantage sur le Ghana. Mais au-delà, le livre reste somme toute assez oubliable.
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