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Critiques de Yaa Gyasi (425)
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No home

Écrit par une toute jeune auteure américaine née au Ghana, No home collectionne récompenses et succès de librairie aux États-Unis. En première approche, le livre se présente comme un ensemble d'histoires courtes, une suite de tranches de vie de personnages d'origine africaine, captées au fil de l'Histoire de l'Afrique de l'Ouest et de l'Amérique du Nord. C'est en fait une vaste oeuvre romanesque, une fresque historique et sociale sur deux cent cinquante ans, une saga familiale aux pages tantôt émouvantes tantôt révoltantes.



Il me paraît souhaitable de connaître le sens et la cohérence du livre avant d'en engager la lecture.



Lors d'un séjour d'été dans son pays natal, Yaa Gyasi avait visité le Fort de Cape Coast, lieu de mémoire de la traite négrière, pratiquée pendant plusieurs siècles dans les pays d'Afrique de la façade Atlantique. Au Ghana, ce trafic, aussi lucratif qu'ignoble, s'était mis en place presque naturellement, lorsque le peuple Ashanti, victorieux de guerres tribales, capturait trop de prisonniers au regard de ses besoins propres en esclaves. Les surplus étaient vendus aux Anglais, puissance coloniale établie, qui entassaient les malheureux dans les cachots de forts côtiers comme celui de Cape Coast, avant de les embarquer pour un voyage de cauchemar vers les Amériques, où les survivants rejoignaient les contingents d'esclaves dans les plantations de coton, de tabac ou de canne à sucre.



L'idée d'un roman avait dès lors point dans l'esprit de la jeune femme, qui se destinait à la littérature. Fille d'un professeur de lettres, Yaa Gyasi aura travaillé à son livre pendant quatre ans dans le cadre d'un atelier d'écriture, au sein d'une université américaine.



Tout commence au dix-huitième siècle, au Ghana, alors appelé la Côte-de-l'Or. Deux jeunes filles, demi-soeurs sans le savoir car nées dans des villages ennemis, se trouvent inopinément au même moment, sans le savoir non plus, au Fort de Cape Coast. L'une, Effia, mariée d'autorité au gouverneur anglais de la région, vient de s'y installer dans un appartement luxueux. L'autre, Esi, enlevée dans son village, y est enfermée dans un cachot en sous-sol, en attendant d'être déportée outre-Atlantique.



No Home est l'histoire des descendants d'Effia et d'Esi, génération après génération, les uns au Ghana, les autres aux États-Unis. Dans chaque lignée, les personnalités sont façonnées par les transmissions familiales et par des phobies remontant aux racines. Leurs expériences marqueront à leur tour leur descendance.



Dans la lignée africaine, le métissage culturel et une éducation en Angleterre ouvriront les consciences, et conduiront au rejet d'un mode de vie ancestral dans l'élite du royaume Ashanti, agrémenté par les immenses profits provenant d'un commerce indigne. Rupture, drame, retour aux sources, émancipation, émergence d'une identité propre dans une Afrique qui cherche sa voie dans la modernité, avec au final, un départ librement choisi pour l'Amérique.



Dans l'autre lignée, les parcours sont désespérants. Malgré sa portée symbolique majeure, la grande abolition plonge les anciens esclaves dans la misère et l'exclusion. En butte aux vindictes des populations blanches, condamnés aux travaux forcés à la moindre suspicion de faux-pas, ils constituent une main d'oeuvre corvéable à bas prix. le rêve d'un Nord bienveillant restera une illusion. La ségrégation conduira les descendants d'Esi à Harlem, où ils ne trouveront que pauvreté, surpopulation, insalubrité et insécurité. Les plus fragiles se réfugieront dans les drogues dures et la délinquance. Mais il arrive qu'une individualité émerge, comme Marcus, un étudiant sérieux, qui voudra comprendre les racines de la colère transmise par son père.



Marcus rencontrera Marjorie, véritable double de l'auteure, dont le père instituteur au Ghana, avait choisi de s'installer aux Etats-Unis. Tout les rapprochera : un lointain cousinage de sang qu'ils ignorent, une fraternité de destin qu'ils assument, une attirance mutuelle qu'ils découvrent, et qui leur apportera, à l'un comme à l'autre, la pièce manquante dans l'élaboration de leur identité. Pour construire leur vie, sans oublier d'où ils viennent.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Sublime royaume

Cette lecture est un partenariat avec Net Galley et les Éditions Calman Levy je les remercie pour leur cadeau.



Une belle couverture numérique donc et là je regrette encore une fois que le livre ne puisse pas être dans ma bibliothèque. La couverture est de style Art Nouveau avec de belles couleurs et un terrain de basket semble-t-il.



Yaa Gyasi a été découverte avec "No Home" qui se trouve dans ma bibliothèque mais que je n'ai pas encore lu. Ce n'est donc que par le nom et un bouche à oreille des plus élogieux que j'ai voulu lire son dernier roman.



Livre de la rentrée littéraire 2020 qui est riche de beaucoup de livres qui font envie.



Concernant ma lecture je sors un peu bizarre ... Je crois qu'elle a eu du mal à m'accrocher.



Comment vous expliquer cette sensation... Je pense que la narration par Gifty qui a du mal à prendre place dans sa vie n'est pas étranger à ce sentiment de mise de côté...



En effet, Gifty, deuxième enfant de la famille et mise de côté d'abord par sa mère qui se serait contentée de son premier enfant, son fils adoré Nana. Et puis enfant abandonnée par son père le Chin Chin qui abandonne d'ailleurs toute sa famille pour retourner au Ghana son pays d'origine.



La narratrice Gifty nous délivre peu à peu son histoire d'enfant émigrée aux USA en Alabama et aussi de sa vie de chercheuse en laboratoire.



J'ai eu du mal à la cerner, comme le peu de personnes qui la connaisse finalement.



Elle va se construire dans ce retrait, que sa mère et le statut d'émigré lui ont imposés. Autant dire une construction très difficile et une personnalité façonnée par tous ces éléments.



J'ai donc eu du mal à rentrer dans son histoire et à avoir de l'empathie tant Gifty s'efface en tant que personne.



Toute sa vie elle sera mise de côté et sa vie sera aussi entachée par le drame qui touchera sa famille, le décès de son frère Nana. Elément central de l'histoire de ce livre.



Son frère Nana est celui qui connaissait le mieux Gifty et celle-ci aura à cœur d'essayer de comprendre pourquoi son frère était devenu dépendant à la drogue. Ce sera d'ailleurs sont sujet de recherche.



Ce grand frère qui n'a pu être sauvé par le Dieu tant chéri de sa mère et dont la perte détruira beaucoup de choses et dont sa mère ne se remettra jamais.



On a dans ce livre des réflexions sur la religion et le rapport à celle-ci quand on devient adulte.



Mes lectures du moment s'interessent à la religion, souvenez vous de Sam. On suit Gifty dans son rapport à la religion tout au long de sa vie, enfant puis adulte. On a aussi une reflexion sur la pratique d'une même religion qui peut différer d'un continent à l'autre.



J'ai donc un avis un peu mitigé sur cette lecture car je l'ai trouvée assez plombante et j'ai eu du mal à cerner Gifty tant elle se dévoile si peu, tant elle ne vit pas pour elle même mais pour les autres et s'effaçant beaucoup trop... Les événements positifs de sa vie ne sont pas assez mis en avant et ça m'a pesé.





Lecture en demi teinte pour moi

car cette histoire au final a pesé sur mon moral.

Il est beaucoup question de dépression, de deuils ...

Mais bon, la vie ne se passe pas toujours dans un sublime royaume...

Je vous invite à découvrir Gifty qui se dévoile petit à petit,

tout doucement sans faire de bruit.



#SublimeRoyaume #NetGalleyFrance




Lien : https://imagimots.blogspot.c..
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No home

Yaa Gyasi signe avec No home (titre original : Homegoing... pourquoi ne pas l'avoir gardé pour la parution française si c'était pour remettre un titre en anglais?) son premier roman. Et quel roman! Sept ans de travail et de recherches lui ont été nécessaires pour aboutir à une chronique familiale courant sur deux siècles et demi. Le résultat en est un récit abouti, maîtrisé et, surtout, vibrant de véracité et d'émotions.



Tout débute au milieu du XVIIIème siècle dans une région d'Afrique nommée la Côte de l'Or, qui deviendra deux siècles plus tard le Ghana. Y vivent plusieurs tribus dont les Fantis sur le littoral et les Ashantis plus à l'intérieur des terres. En donnant le jour à deux enfants de pères - et tribus -différents, Maame fonde deux branches généalogiques au destin divisé. La première de ses filles, Effia la Belle, grandit dans un village fanti associé aux Anglais du fort Cape Coast dans le commerce d'esclaves.

Quant à sa demi-soeur, Esi, née et élevée chez les Ashantis, une razzia sur sa communauté l'envoya dans les cachots infects du fort. Sa branche de l'arbre généalogique arrachée à la terre d'Afrique, elle resta enfermée avec des dizaines et des dizaines d'autres femmes dans une pièce petite et sans ouverture autre que la porte verrouillée. Sale, piétinant jusqu'aux chevilles dans une pestilencielle masse de terre nue, d'urine et d'excréments, en proie aux angoisses et aux assauts des gardes britanniques, des semaines en enfer, avant d'être envoyée, marchandise humaine, enchaînée dans les cales d'un navire, dans une plantation du Sud des États-Unis. Tomber de Charybde en Scylla...



Si le récit suit une progression chronologique, il n'est pas à proprement parler linéaire. Chaque doublon de chapitres concerne une nouvelle génération issue des deux demi-soeurs qui jamais ne se rencontrèrent. Les évolutions et aléas de l'Histoire se révèlent à travers les histoires des descendants de Maame. Une partie en Afrique, entre vie tribale et occupation croissante des Blancs. Lautre aux États-Unis, entre esclavagisme, ségrégation raciale et vie entre l'Alabama et Harlem.



Les nombreuses recherches de l'auteure permettent une véritable plongée dans ces vies tourmentées. J'y ai découvert beaucoup de choses, à commencer par les structures sociales et les modes de vie des Akans, terme générique rassemblant Ashantis et Fantis.

Mais les propos didactique ne sont pas, loin de là, les seuls atouts de No home. Le roman est servi par une belle narration qui fait la part belle aux émotions et sentiments qui agitent les divers membres de cette vaste famille. C'est avec peine que j'ai laissé la dernière génération en refermant l'ultime page du livre. Yaa Gyasi, née au Ghana avant de partir vivre aux États-Unis avec ses parents à l'âge de deux ans, n'a pas seulement mis ses connaissances au service du récit; on sent que celui-ci est rédigé aussi avec les tripes.



A l'image d'écrivains comme Toni Morrison ou Alex Haley, Yaa Gyasi s'inscrit avec ce premier roman dans un courant littéraire explorant les conditions de la population noire en Amérique. Et elle joue d'emblée, à mon avis, dans la cour des grands.
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Sublime royaume

Gifty, américaine d'origine ghanéeenne, est une jeune chercheuse de 26 ans qui a consacré la première partie de sa vie à faire des expérience sur des souris des laboratoire .



Alors qu'elle doit accueillir chez elle, sa mère, femme diminuée et dépressive qui n'est plus que l'ombre d'elle meme,. Gifty se lance dans une longue réflexion introspective .

Amenée à lire le journal intime qu'elle tenait dans son enfance, la voici qui s'interroge sur cette passion des sciences qui s'avère être à l'opposé des croyances ancestrales de sa famille originaire du Ghana pour tenter de comprendre pourquoi sa vie familiale est si complexe.



Ce roman qu'on pourrait, si on osait ( allez on ose) sous titrer "Des souris et des femmes" s'inscrit pleinement dans les nombreux romans de la rentrée sur la difficulté d'etre une femme noire dans notre monde moderne - on pense à Fille femme autre , des Baisers parfums tabac ou sur un Soupçcon de Liberté .



Beaucoup de sujets sont abordés, celui du poids de la religion, du racisme, du choc des générations pour les familles issues de l'immigration, dans ce roman captivant aux grilles de lectures particulièrement riches et contemporaines.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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No home

Voici un livre qui m’a été conseillé de lire par la communauté Babelio l’année passée et encore une fois je ne peux que 'être reconnaissant .Grace a cela j’ai découvert un roman incroyablement puissant et qui risque bien de devenir un classique du genre.

Ce livre nous fait voyager entre l’Afrique et l’Amérique au fil des chapitres qui sont en quelques sortes les branches d’un arbre généalogique géant et qui s’étale sur plusieurs générations.

Nous commençons par nous retrouver en Afrique noire, en pleine période de traites des esclaves.

L’auteur alterne subtilement le destin de 2 familles tribales au destin fort différent. Le deux connaitront l’esclavagisme mais de points de vue différents.

Deux destins qui se croisent, s’éloigne avant de se retrouver à nouveau.

Un livre puissant ou l’on avance au fil des pages et donc au fils des années avec énormément de plaisir.

Un vrai coup de cœur, une magnifique voyage dans le temps alliant histoire de l’esclavage, souffrance et une grande dose d’humanisme.

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Sublime royaume

Un sublime roman sur la quête d'identité d'une jeune chercheuse américaine d'origine ghanéenne qui voit sa mère revenir chez elle pour combattre une dépression qu'elle a connu de nombreuses années auparavant.

Une enfance où le père n'a pas tenu son rôle et est reparti au pays, où l'éducation religieuse a une très grande place, où le frère est un prodige du sport et où le drame n'est pas loin.

Une jeune femme qui a dû cacher ses émotions pour ne pas submerger sa mère bataillant avec ses propres démons.

Le parallèle de sa vie de chercheuse et de l'histoire de son frère est très intéressant. Son rapport avec Dieu et ce qu'elle a laissé et gardé de toute son éducation religieuse m'a le plus marquée.

Histoire d'une famille mais surtout d'une femme avec beaucoup d'amour qui marque ce roman malgré la difficulté de montrer ses sentiments entre les protagonistes. On ressent de la douceur, de la fragilité, contrebalancé par sa force de vie et la ténacité dans ses recherches.

L'histoire du racisme est peu abordé mais tout de même présent tout au long du récit.

#Netgalley
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No home

Ghana, États-Unis, deux lignées familiales du 18ème siècle à nos jours.

Et un roman bouleversant.

(Je vais être longue à en parler, désolée, mais c’est comme ça avec les livres bouleversants.)

Il commence par un arbre généalogique. Yaa Gyasi ne s’y embarrasse pas de familles nombreuses, non, de chaque côté elle suit avec obstination une branche, une seule ; la ligne ténue de la mémoire familiale.

Dans chaque chapitre on suit un des descendants lors d’un moment important de sa vie, mais avec assez de passé pour lui donner chair et émotion, et assez d’Histoire pour embrasser deux siècles et demi sur deux continents.

Au début il y a Maame, Maame dont on saura peu de chose sinon que, lorsqu’elle apparaît dans le roman, elle vient de mettre au monde une petite fille puis s’est aussitôt enfuie seule, "dans le feu". C’est la lignée d’Effia, la Fanti du Ghana côtier.

Ensuite, dans un autre village au Nord, Maame a un autre époux, une autre enfant : c’est la lignée d’Esi, l’Ashanti de l’intérieur des terres.

Ces deux demi-sœurs ne se rencontreront jamais, et pourtant vont se côtoyer sans le savoir pendant quelques mois, dans le fort de Cape Coast : Effia comme l’épouse d’un soldat anglais, Esi comme captive destinée au navire négrier vers l’Amérique.

Les chapitres de ce roman alternent donc l’histoire de la lignée ghanéenne, l’histoire de la lignée américaine.

Chacune des deux branches va être poursuivie par sa propre malédiction.

"Il est comme le pêcheur qui jette son filet dans l'eau. Il ne garde qu'un ou deux poissons dont il a besoin pour se nourrir et rejette les autres à l'eau, pensant que leur vie redeviendra normale. Personne n'oublie qu'il a été autrefois prisonnier, même s'il est à présent libre."

Du côté africain, la mémoire du feu se transmet au travers de mariages d’amour et de traditions qui résistent à l’évangélisation, à l’occupation, aux guerres.

Du côté américain, une ligne maintes fois brisée : pas de transmission, des destins chaotiques. Là c’est l’horreur de l’esclavage, du racisme, de la ségrégation.

"En Amérique, le pire qui pouvait vous arriver était d'être noir. Pire que mort, vous étiez un mort qui marche."

C’est une œuvre d’une ambition étourdissante, et pourtant d’une écriture intimiste, émouvante, superbe.



Traduction d’Anne Damour.



Challenge ABC 2023-2024

Challenge Globe-trotter (Ghana)

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Sublime royaume

J'avais adoré le premier roman de l'autrice "No home", une véritable réussite ! Et youpi ! j'ai gagné son 2e roman grâce à Masse Critique. Merci à Babélio et aux Editions Calmann Lévy de m'avoir permis de le découvrir.



Un point positif : ne pas avoir reproduit le schéma du premier roman. Innover totalement, c'est un beau challenge qd son premier texte a été un succès. Donc bravo à l'autrice sur ce point.



Mais voilà, c'était long, lent, trop long, trop lent..... Je me suis traînée dans ce livre. Pourtant les thématiques abordées sont intéressantes : le racisme, l'immigration africaine aux USA aujourd'hui, les addictions, la dépression, la science, la religion, la foi.... En fait il y avait peut-être trop de thèmes abordés. Et du coup on perd le propos de l'autrice. Je pense être restée à la surface de tout, des personnages, de l'histoire, des thèmes abordés.... Le débat science/religion, dans notre pays laïc et cartésien, est plus du domaine de l'histoire que du sujet d'actualité (eh oui "elle tourne" ! pour plagier Galilée)

J'attendais peut-être trop de ce second roman après avoir tant apprécié son premier (que je recommande vivement).

Une déception en un mot.
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No home

Que dire ? Yaa Gyasi a un bel avenir d'écrivain devant elle !

No Home est une mise en abyme époustouflante de l'histoire de l'esclavage noir, un long cheminement du 18ème siècle à nos jours. Maame, la mère originelle, mit Effia au monde avant de s'enfuir en mettant le feu dans le village de son maître. Libre, quelques années plus tard, elle accoucha d'une deuxième fille, Esi. C'est ainsi que deux branches issues de Maame vont suivre leur route, l'une vers l'Amérique et l'esclavage, l'autre en pays Ashanti au centre des guerres tribales, l'une née du feu, l'autre de l'eau.

Yaa Gyasi nous fait voyager sans cesse d'une branche à l'autre à travers les descendants qui se succèdent. 400 pages : 3 siècles de domination blanche qui décidera du sort des enfants de Maame. Et une pierre noire qui se transmettra de parent à enfant.

Chaque nouveau personnage, rencontré auparavant encore enfant, ouvre un nouveau roman que j'aurais voulu lire, qui aurait pu exister : James, qui renie sa famille de chefs et vivra dans la misère quand, de l'autre côté de l'océan, Ness cherchera vainement à retrouver le visage de sa mère à laquelle elle a été arrachée enfant. H, qui n'aura que cette lettre comme prénom et ne connaîtra rien de l'existence de ses frères et sœurs car sa mère, pourtant née affranchie, sera enlevée alors qu'elle était enceinte pour être revendue comme esclave. Et Yaw, l'homme brûlé, né de la Femme Folle et de l'Homme Estropié.

Les deux branches nées de Maame sont représentées au début du roman, ce qui permet de se plonger régulièrement dans le vertige du temps et des destins. Yaa Gyasi réussit en évoquant des vies singulières à retracer une Histoire universelle, tout semble y être. J'ai retrouvé des petites traces de livres lus récemment sur le peuple noir américain, Toni Morrison ou Ann Petry, on sent l'influence d'autres grands auteurs dont elle se revendique d'ailleurs.

C'est en tout cas un grand beau roman que je regrette d'avoir terminé. Mon coup de cœur des quatre derniers mois.
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No home

Quand j’ai ouvert ce roman, je m’attendais à lire une saga emportée par un souffle puissant. Or, ce n’est pas du tout cela. Certes, on suit sur trois siècles les deux branches d’une famille africaine dont l’une est déportée en Amérique tandis que l’autre reste au Ghana, sur la côte de l’or. Mais c’est un voyage que j’ai d’abord trouvé peu inspiré, avec ses chapitres courts, sagement alternés et banalement chronologiques, chaque génération ayant droit au récit d’un épisode symptomatique de sa vie. Et puis j’ai fini par retrouver la voix d’un genre qui me passionnait enfant et j’ai compris que Yaa Gyasi avait écrit une cosmogonie, un de ces récits de création du monde, généralement flanqués de l’arbre généalogique des dieux y ayant contribué. L’univers tente de surgir du chaos, jouet de forces antagonistes dont peu à peu il se défait pour trouver un équilibre. Le feu des combats entre les Ashantis et les Fantis pour contrôler le commerce des esclaves, l’eau du voyage vers l’infamie et le mépris composent la double malédiction de l’homme noir, descendant à la fois de l’esclave et du trafiquant d’esclaves.

« Comment parler de l’histoire de son arrière-grand-père H sans parler aussi de celle de grand’ma Willie et des millions d’autres Noirs qui avaient émigré au Nord, fuyant les lois Jim Crow ? Et s’il mentionnait la Grande Migration, il lui faudrait parler de ces villes qui absorbèrent ce flot d’hommes et de femmes. Il lui faudrait parler de Harlem. Et comment parler de Harlem sans mentionner l’addiction de son père à l’héroïne – les séjours en prison, le casier judiciaire. Et s’il abordait le sujet de l’héroïne à Harlem dans les années 1960, ne faudrait-il pas aussi parler de la prolifération du crack dans les années 1980 ? »

Yaa Gyasi ne se contente pas d’identifier cette double malédiction, elle imagine in fine la réconciliation du feu et de l’eau. Il faut dire que ce roman est sorti aux USA en 2016 pendant qu’un très charismatique métis présidait à leur destinée. La version française a réfuté le titre originel de « Homegoing » et l’a remplacé par « No home ». Il est vrai que cette version est sortie en 2017 et ce nouveau titre semble prendre acte du désespoir amené par le nouveau locataire de la Maison Blanche...
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No home

Titre : No home

Auteur : Yaa Gyasi

Editeur : Calmann Levy

Année : 2018

Résumé : Au XVIII ème siècle, le commerce triangulaire bat son plein en Afrique de l'ouest. Au Ghana, la belle Effia épouse un anglais et mène une existence confortable au fort de Cape Coast. Dans une geôle de cette caserne, Esi tente de survivre aux conditions inhumaines d'internement. Les deux femmes ne se connaissent pas, ignorent leur existence respective alors qu'elles sont en réalité demi-soeurs. L'une sera expédiée aux Etats-unis où ses descendants connaitront l'esclavage et la violence alors que le lignage de l'autre devra vivre dans l'infamie d'avoir participé à ce trafic barbare.

Mon humble avis : L'esclavage : thème récurrent de la littérature mondiale. De La case de l'oncle Tom de Harriet Beecher-Stowe au récent Underground Railroad de Colson Whitehead, en passant par le marquant Racine d'Alex Haley ou encore La couleur pourpre d'Alice Walker, nombres de magnifiques romans ont traité de ce sujet grave et marquant. No home, le texte dont nous parlerons aujourd'hui, était présenté comme un phénomène, un texte fort narrant l'évolution de deux familles africaines sur trois cent ans d'histoire. Deux familles au destin opposé, l'une sera traînée à fond de cale aux Etats-unis pour y devenir esclave tandis que l'autre restera sur ses terres, maudite d'avoir participé au monstrueux commerce triangulaire. Evidemment le sujet me paraissait passionnant, évidemment personne ne peut rester insensible au destin de ces peuples asservis, pourtant je dois avouer que la lecture de ce bouquin fut une grande déception et je vais tenter de vous en expliquer les raisons. L'écriture de Gyasi est simple, agréable à lire mais c'est la construction du roman qui m'a posé problème. No home est constitué de paragraphes courts, chacun narrant le destin de l'un des membres des deux familles à travers les siècles. Le lien qui les relie est ténu - un bijou en l'occurrence -, et chaque histoire peut se lire comme une nouvelle, avec assez peu d'interaction entre les personnages et les époques. Dans ces conditions il est difficile de s'attacher aux personnages, difficile de s'y retrouver, difficile de se sentir concerné par ces destins disparates. Au début du roman, l'auteur nous livre un arbre généalogique, outil fastidieux mais indispensable pour tenter de suivre les pérégrinations des protagonistes de ce texte. Je m'y suis référé, je me suis accroché et même si certains chapitres sont superbes, même si le sujet est édifiant, j'ai fini le roman en roue libre, avec l'envie furieuse de passer à autre chose. A priori beaucoup ont adoré ce roman qui devient au fil du temps un phénomène d'édition mondiale, tant mieux pour l'auteur et pour l'éditeur. Pour moi, malheureusement, la forme l'a emporté sur le fond.

J'achète ? : Non, pour toutes les raisons évoquées plus haut. Les grands sujets ne font pas obligatoirement de grands romans, c'est regrettable mais No home est , à mon humble avis, un roman mineur sur un sujet majeur.
Lien : https://francksbooks.wordpre..
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No home

Sublime !

Un voyage entre deux continents avec un dénominateur : l'esclavage. La lignée d'une famille de la naissance de l'esclavage à nos jours : percutant !



Yaa Gyasi a réussi grâce à un travail rigoureux et une écriture précise à entraîner le lecteur à adhérer à l'histoire de chacun de ses personnages. La précision du style d'écriture et l'organisation du déroulé de l'histoire de cette famille entraîne un profond respect du lecteur envers l'auteure et de fait le récit qu'elle en fait. En effet, ce livre relève plus d'un témoignage que d'un roman. Le lecteur se retrouve témoin et s'intègre à l'histoire. Il l'a vit, voit les images, ressent les sentiments de chacun et éprouve un profond respect à la lecture de chacune des pages.



Pour ma part, un livre d'une excellente qualité. Chaque instant est lu et découvert avec intérêt. La traduction est parfaite. Il s'agit de littérature, pas d'un simple livre. A ne pas manquer. Bravo aux éditions Calman Levy d'avoir cru en ce premier roman, ce qui pour ma part m'a fait découvrir une grande auteure.







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No home

La clé de ce roman nous est livrée avant même qu’il ne commence, par l’arbre généalogique imprimé en ouverture du livre et auquel on pourra toujours se référer si, de chapitre en chapitre, on perd le fil du récit. Maame, esclave Ashanti, donnera naissance à deux demi-sœurs Effia et Esi. Deux sœurs qui ne se connaîtront jamais et qui formeront chacune une lignée de cet arbre, l’une ghanéenne et l’autre américaine.

Nous sommes au milieu du XVIIIe siècle, au moment où la traite des esclaves n’est plus seulement l’affaire des colonisateurs britanniques, mais participe aussi du jeu de pouvoir entre les tribus qui peuplent La Côte de l’Or (qui deviendra le Ghana). Les Ashanti étendent leur domination et font payer leur expansion territoriale en esclaves. Car ils ont compris, après les Fanti, que de cette façon ils s’attireront les bonnes grâces des Anglais. Voilà le premier choc de ce roman qui va balayer plus de deux siècles d’Histoire : les Noirs ont activement participé à la traite de leurs semblables et n’avaient rien à envier aux colonisateurs quant à la cruauté de leurs pratiques. Esi va pouvoir le constater après sa capture, durant son séjour dans les geôles de Cape Coast, au bord du Golfe de Guinée, et la traversée vers le Sud des Etats-Unis.

Sa demi-sœur Effia aurait pu la croiser, puisqu’elle demeure dans la même ville. Remarquée par James Collins, le nouveau gouverneur britannique, elle est achetée pour 30 livres et amenée dans son hôtel particulier à Cape Coast.

Les chapitres vont alors alterner, suivant tour à tour le parcours de l’une et de l’autre, le mariage d’Effia avec un Anglais et la naissance de leurs enfants d’une part, la vie dans le sud de l’Amérique d’autre part. Le chapitre intitulé Kojo retrace la peur des esclaves qui avaient réussi à fuir. En vertu de la loi statuant sur les modalités de leur capture et leur renvoi à leur propriétaire, le fils d’Esi – qui comme nombre de ses congénères s’appelle désormais Freeman – ne vit que dans la hantise d’être capturé. Une épée de Damoclès qui est aussi accrochée au-dessus de tous les membres de sa famille. Il se verra aussi confronté aux lois de ségrégation qui ont officiellement pris la suite de l’esclavage. Rappelons que les lois dites Jim Crow, nouveau choc, resteront en vigueur jusqu’en 1964 !

Génération après génération, jusqu’au «pèlerinage» au Ghana de la narratrice, on va découvrir que les enfants d’Effia n’auront pas une vie plus enviable que ceux d’Esi. Car les métisses sont rejetés par les Blancs autant que par les Noirs. C’est le cas du fils d’Effia qui ne pourra revendiquer ni la blancheur de son père, ni la noirceur de sa mère. Ni l'Angleterre ni la Côte d'or. Ajoutons que son homosexualité ne va pas arranger les choses.

Côté américain les enfants de ces Noirs qui ont émigré par milliers pour fuir les lois Jim Crow, se retrouvent dans des ghettos, comme ce quartier de Harlem à New York.

No Home s’inscrit dans la lignée de Racines d'Alex Haley, d’Amistad, le film de Steven Spielberg ou encore de Beloved de Toni Morrison en y ajoutant le rôle joué par les Africains eux-mêmes dans l’asservissement de leurs compatriotes. Le fruit de recherches menées à la fois au Ghana et dans son pays permet en effet à Yaa Gyasi (qui a immigré aux États-Unis avec sa famille à l'âge de 2 ans) de briser bien des tabous et de rebattre les cartes du bien et du mal. Oui, il y avait des Anglais et des Américains progressistes, oui, il y avait des Noirs qui ont su, avec cynisme et sans aucune morale, profiter d’un trafic qui malheureusement perdure sous une autre forme aujourd’hui. Mais, comme en d’autres temps, la question de l’allégeance aux troupes occupantes reste posée. Face aux fusils et à la puissance, y compris du point de vue technologique, le choix de la résistance valait sans doute à un suicide.

On saluera donc la performance de Yaa Gyasi qui, a 26 ans, réussit le tour de force de construire un roman formidablement bien documenté sans jamais tomber dans le jugement de valeur et à nous proposer une galerie de personnages que nous ne sommes pas prêts d’oublier !
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No home



En entrant dans le roman de Yaa Gyasi, je ne m'attendais pas à parcourir une telle fresque historique. Quel roman ! Un vrai coup de cœur pour moi.



Sur un peu plus de deux siècles, nous accompagnons les différents membres d'une lignée qui prend sa source au Ghana.

La construction du roman est vraiment intéressante. Chaque chapitre est consacrée à un membre d'une famille, que l'on peut situer grâce à un arbre généalogique placé en début d'édition. En alternant les deux branches de l'arbre, on passe de descendant en descendant. Chaque chapitre se termine "en cours de vie", jamais sur une conclusion, jamais sur une fin d'époque ou de cycle. Et on reprend le récit, deux chapitres plus loin, avec le descendant direct du personnage précédent; parfois plusieurs décennies plus tard. Et c'est au cours de l'histoire de ce descendant, qu'on en apprend un peu plus, sans s'étaler, sur ce qu'il s'est passé depuis qu'on a quitté son parent.

C'est vraiment astucieux car ce procédé permet de déployer une saga de grande envergure, sur un peu moins de 500 pages tout en ne laissant pas de goût de trop peu.

Bien entendu, si l'histoire des protagonistes est intéressante, c'est surtout l'enchaînement de faits historiques et sociologiques, vus bien souvent par le petit bout de la lorgnette, qui est le sujet principal du roman.



Et en quelques heures, on passera du Ghana pré-colonial à celui du début du 21e siècle et on embarquera vers l'Amérique avec ceux qu'on a vendu comme esclaves pour se retrouver dans le Manhattan d'aujourd'hui. En Afrique, on assistera aux marchandages avec les anglais, on verra que parfois ce sont les africains eux-mêmes qui fournissaient les esclaves, on assistera à l'évolution, pas toujours heureuse, des moeurs tribales. De l'autre côté de l'océan, on vivra au Sud, dans les champs de coton, on passera au nord après la guerre de Sécession, mais toujours on aura ce "black lives matters" en tête.



Une lecture passionnante, enrichissante, dépaysante... Une lecture coup de cœur, à recommander à ceux qui veulent avoir une vue d'ensemble de ce qui a façonné la "civilisation noire" à travers le monde et qui veulent comprendre, à défaut de pouvoir les ressentir, les tensions qui animent parfois certaines communautés.
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Sublime royaume



Comme d'autres lecteurs et lectrices j'étais précédemment tombée sous le charme fou de No home, et pleine d'espoir je me sentais très confiante quand je démarrai ce deuxième opus de Yaa Gyasi.

Hélas, dès les premières pages, alors que mon cerveau n'imprimait pas, alors que je ne ressentais rien pour ces personnages, qu'aucun univers ne semblait se dessiner dans mon esprit pourtant avide de voyages littéraires, force fut de reconnaître que la magie des mots n'opérait pas cette fois.

Il me fallait comprendre pourquoi…



L'histoire en nous menant du Ghana aux USA fait parler à la première personne Gifti, jeune femme chercheuse en neurologie de couleur qui va, tout au long du texte questionner à la première personne la question de l'héritage culturel et religieux, les liens entre le rêve américain, la dépression et l'addiction aux drogues. Beau programme me direz-vous, et je suis d'accord.

Lorsqu'elle recueille sa mère dépressive, c'est tout son passé qui remonte à la surface.



Quand la structure narrative de No home se révélait fluide, imagée et même subtile, ici, je n'ai lu que des allers-retours entre l'avant et le présent détaillés sans fin et surtout difficiles à suivre. Ce qui m'a affreusement manqué ce sont les marqueurs temporels, mais également les compléments circonstanciels de lieu, d'espace… Il n'y en a pratiquement pas.



Ce texte oppose religion et science, ce qui est certes passionnant, mais la manière d'amener son propos s'apparente plus un mauvais journal intime qu'à autre chose : digressions, passages de l'enfance et de l'adolescence détaillés à foison, et surtout cette manière insupportable d'amener les choses, comme un cheveu sur la soupe. On passe sans cesse du coq à l'âne, ce qui très rapidement m'a ennuyée comme rarement.



Quelques études scientifiques détaillées s'immiscent entre deux "développements" narratifs. D'habitude, j'adore les sciences, mais là, chou blanc. Entre la mère dépressive et les souris avec leurs implants de fibre optique sur la tête, les écarts narratifs et le style auront eu raison de ma raison de lire.



Conclusion : à trop zapper on tue les personnages et surtout l'histoire !
Lien : http://justelire.fr/sublime-..
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No home





Ce récit nous plonge dans l'ancien Ghana où le commerce triangulaire fait rage.

Les peuples africains, en luttes intestines, livrent leurs prisonniers aux colons anglais qui les envoient en esclavage aux Etats-Unis.

Effia et Esi, demi-soeurs qui s'ignorent, donnent chacune naissance à une lignée de personnages au destin douloureux bien que différent.

La première, en épousant un colon anglais, se fait complice malgré elle de la traite des noirs qui envoit sa demi-soeur outre-Atlantique.

Les générations qui vont se succéder d'un continent à l'autre seront confrontées, l'une à la ségrégation et au racisme, l'autre au sentiment de culpabilité d'avoir participé à un traffic honteux.



En parcourant les critiques publiées sur ce livre, je m'aperçois que beaucoup en regrettent la construction généalogique qui les a empêchés de s'attacher aux personnages.

Personnellement, je n'ai pas éprouvé ce besoin d'attachement car chaque caractère incarne une phase de l'évolution de la situation du peuple noir aux cours des siècles.

Chaque destin est aux prises avec les difficultés d'intégration de l'époque et les souffrances qu'elles génèrent.

Les femmes y tiennent un rôle prépondérant dans lequel elles incarnent l'âme de leurs ancêtres et la force de leur foyer.



Yaa Gyasi a eu à coeur de nous conter l'histoire de son pays meurtri et j'y ai été très sensible.

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No home

No Home est le récit d’une saga familiale qui va faire le grand écart puisque la descendance d’Effia restera au Ghana, tandis que toute la branche d’Esi, sa demi-sœur, vivront aux États-Unis, suite à la déportation d’Esi sur un navire négrier.



L’originalité de ce roman, c’est que chaque chapitre nous offre un protagoniste différent, alternant les descendants des deux demi-sœurs et remontant le fil du temps, de 1760 à nos jours.



C’est ainsi que chaque génération vivra une vie différente de la précédente. Au Ghana, les descendants d’Effia sont des esclavagistes et vivront, en partie, de la traite négrière.



En Amérique, sur la lignée d’Esi, nous explorerons l’esclavage, la ségrégation raciale, l’exploitation des Noirs, l’iniquité des lois des Blancs, puisqu’un Blanc sera condamné à 9 ans de prison (et de travaux forcés dans les mines) pour un meurtre et qu’un Noir sera condamné à la même peine pour avoir regardé une Blanche (qu’il n’avait même pas regardé en plus).



Le récit ne faiblit jamais, sauf avec les deux derniers protagonistes, où j’ai trouvé qu’il y avait moins à dire. Malgré tout, leur récit était intéressant puisqu’il clôturait cette saga sur une note positive.



Chaque chapitre aurait pu être un roman à part entière et il était frustrant de quitter un personnage, auquel on s’était attaché, avant que l’on ne soit subjuguée, à nouveau, par le suivant et son histoire personnelle.



Effectivement, j’aurais préféré passer plus de temps avec certains personnages, tant leur histoire était riche (et malheureusement terrible), tant j’aurais aimé en apprendre plus sur eux, sur ce qu’il s’était passé, durant les ellipses et ne pas me contenter de quelques phrases.



C’est un roman palpitant, passionnant, ambitieux et qui n’a rien à voir avec ceux que j’ai déjà lus, notamment grâce à sa construction bien pensée, mais aussi à la plume de l’autrice, qui était simple, sans être simpliste et si agréable à suivre.



L’autrice ne sombre jamais dans le pathos, d’ailleurs, elle aurait pu aller encore plus loin, mais elle a préféré ne pas s’appesantir sur certaines choses, comme l’horreur et l’inhumanité des voyages des négriers, de l’esclavage, de la ségrégation…



Avec peu de mots, quelques phrases bien senties, l’autrice en dit assez pour que même le plus ignare des lecteurs comprenne bien toute l’ignominie d’un pareil trafic, toute la brutalité de l’esclavage et l’iniquité de la ségrégation.



Un roman puissant, une belle lecture. Un voyage sans concession dans le pays de La Côte de l’Or, devenu le Ghana ensuite, et dans les États-Unis des années sombres.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Sublime royaume

«  Tu sais que je ne voulais pas d'enfant après Nana ?

Je ne désirais que Nana et maintenant je n'ai que toi » .



Je crois que nous sommes faits de poussière d'étoiles et que Dieu a fait les étoiles » .

«  C'est la science , mais c'est aussi tout le reste , n'est- ce pas ?

Essayer. Expérimenter. Poser des milliers de questions » …



Trois extraits emblématiques de ce roman marquant sur l'addiction, la passion pour la science , la croyance en Dieu , une quête philosophique , les souvenirs d'enfance et les difficultés d'avoir une peau noire en Amérique ..



Gifty, américaine d'origine ghanéenne brillante chercheuse en neurosciences qui étudie les mécanismes de l'addiction, cherche sa voie entre sa mère , très croyante, qu'elle doit accueillir chez elle, du jour au lendemain, amaigrie, diminuée, incapable de s'alimenter , les souvenirs douloureux liés à son frère Nana, doué pour le sport, « : Une furie animée à l'état pur associée au foot . Une furie qui finirait par le caractériser et le consumer » ….disparu prématurément et la trahison de son père qui a fui au Ghana , abandonnant sa famille .

J'ai été un peu lassée par les incessants allers et retours entre passé et présent.

L'idée de Dieu est très présente , la quête philosophique incessante, les combats intérieurs de l'héroïne , habilement analysés , certes, poignants , qui interrogent , et surtout l'analyse très fine des réactions complexes mère - fille …



Gifty s'interroge sur l'âme et les graves traumatismes qui l'ont construite , notamment , le sentiment depuis sa plus tendre enfance de ne pas avoir été désirée , voulue , ses relations compliquées avec Dieu mais elle ne se livre pas , fermée , presque cadenassée sur elle - même ….

Ce beau texte qui oppose Religion et Science , passionnant , subtil , fort, sauf que , maximes bibliques, digressions incessantes entre images d'enfance et d'adolescence m'ont empêchée d'être véritablement émue .

J'avais beaucoup aimé «  -No home » moins cet ouvrage .

Ce n'est que mon avis , bien sûr !



«  Nana, son esprit tournait constamment à plein régime . Il était curieux , passionné , souvent silencieux , et quand il posait une question , il y en avait cent autres embusquées derrière » …
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Sublime royaume

Les parents de Gifty, la narratrice, ont quitté le Ghana avec leur fils Nana pour s’installer en Alabama où elle naîtra. Gifty aimait Dieu, son frère et sa mère dans cet ordre. Quand Nana son frère aîné est mort d’une overdose, les deux autres s’effacèrent. Dieu disparut en un instant, et sa mère devint un mirage.



Dans ce roman Yaa Gyasi évoque la difficulté pour les enfants d’immigrés de s’adapter à une culture si éloignée de celle de leurs parents. Gifty, née dans l’ombre de son frère, chercheuse en neurologie oppose sans arrêt sa rigueur scientifique à son éducation religieuse. L’auteur nous dresse le portrait d’une jeune femme qui passe plus de temps avec ses souris de laboratoire qu’avec les gens ; qui n’arrive pas à faire le deuil de son frère et qui est en opposition permanente avec sa mère dépressive.



Dans ce récit Yaa Gyasi aborde des thèmes intéressants, le racisme, la dépression, l’influence des évangélistes auprès des noirs d’Amérique, le choc des cultures. Mais je n’ai pas ressenti la même émotion à la lecture de ce second roman. Son premier roman « No Home » était porté par une si belle écriture que je n’ai retrouvée que dans certains passages. Si l’auteur décrit parfaitement la lente déchéance du frère sportif de haut niveau qui suite à une blessure devient addict aux médicaments puis aux drogues dures, toutes les expériences menées par Gifty dans son laboratoire donnent une impression de longueur, elles sont trop détaillées, trop techniques.



C’est seulement lorsqu’elle évoque la vie passée de cette famille ghanéenne que j’ai retrouvé un peu de la magie et du talent de conteuse de Yaa Gyasi.





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No home

Après autant de critiques et de lecteurs que raconter de ce roman. Peu de chose pour laisser le plaisir de découvrir cette saga familiale qui se déroule sur 3 siècles, deux continents, l'Afrique et les États Unis.

L'histoire d'une lignée de deux soeurs séparée et des sept générations suivantes.

Un roman puissant, utile, dans un style clair, franc et sincère, des personnages nombreux et forts.

Tout pour faire un bon roman et pour passionner son lecteur.

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