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Critiques de Yaa Gyasi (425)
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No home

Beaucoup de lauriers déjà tressés, un sujet très douloureux, déjà exploré et consensuel…De là à penser que les compliments s’adresseraient plus au sujet qu’à l’œuvre, il n’y aurait qu’un pas que les esprits chagrins, auxquels je confesse appartenir parfois, seraient tentés de franchir en faisant l’impasse sur cette lecture.

Mais il y a le jury du Prix des lecteurs du Livre de Poche et la nécessité de lire ce qu’on n’était pas tenté de lire.

Alors, en avant vers le pays des Ashantis et des Fantis, le Ghana d’hier et d’aujourd’hui, les plantations de Géorgie ou d’Alabama, les mines de charbon de Baltimore ou les garnis de Harlem.

Au fort de Cape Coast, Effia aurait pu croiser sa demi-sœur Esi. La première vit au niveau supérieur car elle est devenue la femme d’un Anglais alors que la seconde est enfermée dans l’enfer du cachot du sous-sol dont la porte ne s’ouvrira que pour la jeter dans la cale d’un navire négrier. Elles ne se croiseront pas. Dans ce fort, on vit normalement, sans entendre, sans voir, sans penser à l’abomination du sous-sol. A travers la descendance de ces deux femmes, Yaa Gyasi réussit le tour de force d’aborder, avec subtilité et brio, de très nombreux aspects de cet effroyable drame que constitua la traite négrière : les guerres tribales et l’utilisation dans les sociétés africaines de l’esclavage, chacun au gré du sort des armes se trouvant en situation de posséder des esclaves ou le devenir soi-même; la responsabilité des chefs de village dans le commerce monstrueux conclu avec les Européens ; le sort des esclaves en Amérique avec la cruauté inouïe de certains Blancs ou la générosité certaine de quelques-uns, les tensions entre les états du Sud et du Nord des USA; les difficultés du métissage, la ségrégation et les préjugés, la drogue, le chant et le jazz, l’émancipation et l’ascension sociale par l’éducation, l’indépendance politique et ses désillusions africaines, le mouvement panafricain, le refuge des églises ou la tentation de l’Islam (on pense à des exemples célèbres comme Mohammed Ali dont peu se souviennent qu’il était né Cassius Clay, ou Karim Abdul Jabbar qui fut champion à Milwaukee alors qu’il s’appelait encore Lew Alcindor). On n’oublie surtout pas la résilience de l’amour maternel magnifiquement décrit au fil du roman et la dette de mémoire des descendants vis-à-vis de leurs ancêtres dont le mérite fut immense d’avoir réussi à offrir, malgré tout, un avenir à leurs enfants.

C’est aussi l’histoire de la partition cruelle d’un peuple dont les plus faibles furent réduits en esclavage par les plus forts, puis vendus aux plus offrants. Aujourd’hui quand les descendants d’esclaves afro-américains reviennent sur la terre de leurs lointains ancêtres, forts d’un pouvoir d’achat supérieur, c’est peut-être une inconsciente revanche qu’ils prennent sur les descendants d’esclavagistes. Ce qui, en pointillé, suscite une dernière interrogation. Aujourd’hui, le vendeur des rues d’Accra doit-il être blâmé pour la conduite de son aïeul, le commerçant fanti qui acheta, garda puis revendit avec profit les ancêtres du professeur de collège américain auquel il vient de vendre, à l’instant, un jus de fruit ? Ne serait-il pas plus utile de dénoncer ceux qui, aujourd’hui même, se livrent encore à cet abominable trafic ?

Bien écrit, le propos est fluide et clair, ne nécessitant pas un usage excessif de la généalogie de la première page. Chacun des personnages met en lumière un ou plusieurs des sujets évoqués mais la force et la consistance de ces destinées réussissent à éviter l’écueil d’un récit trop didactique. L’œuvre prend bien le pas sur le sujet. La vox populi avait donc raison de s’enthousiasmer et le Livre de Poche de la sélectionner. Une excellente et émouvante lecture dont on aurait bien tort de se priver.

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No home

La terrible destinée d’une famille noire arrachée de son Afrique d’origine par l’esclavage puis malmenée en Amérique. Le thème ne peut qu’émouvoir et les critiques élogieuses sont naturelles. De ce point de vue, je reconnais aussi le puissant effet pédagogique sur cette abomination que fut l’esclavage. Je suis cependant moins convaincu sur la forme et ai personnellement regretté les sauts dans le temps à chaque chapitre. Dés qu’on commence à s’intéresser à un personnage, il disparait au profit de son fils ou fille. C’est certes voulu par l’auteur puisque la malédiction de la succession des destins est le sujet de son livre, mais je n’ai pas aimé l’impression de décousu qui en résulte. La nécessité d’un arbre généalogique au début, pour ne pas se perdre dans les personnages, en est l’illustration. Malgré un fond convainquant, mon sentiment est donc plus mitigé que la moyenne.
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No home

Incroyable. No home est un premier roman, écrit par une jeune femme de vingt-sept ans, qui réussit le tour de force de nous conter trois siècles d'histoire de l'esclavage en l'espace de 400 pages qui se dévorent avec un appétit constant. Mais ce n'est pas tout. On ressort de cette lecture en ayant l'impression de mieux comprendre l'histoire et l'actualité de la population afro-américaine qui porte les stigmates des dominations successives et continue à se confronter aux barrières qu'ont dressées ces siècles d'asservissement et de violences.



Pour cela, Yaa Gyasi met en scène deux branches d'une même lignée qui s'ignorent. Effia et Esi sont nées de la même mère dans deux villages rivaux du Ghana, sans qu'aucune des deux n'aie jamais eu connaissance de l'existence de l'autre. Nous sommes au XVIII ème siècle et le commerce des esclaves bat son plein, orchestré par le gouvernement anglais en place mais bien aidé par les rivalités tribales qui contribuent à alimenter ce commerce au gré des prises de guerre. Effia est mariée ou plutôt vendue par son père au gouverneur anglais du fort tandis que Esi est enfermée dans les caves du même fort avant d'être embarquée pour le long périple qui la conduira en Amérique avec des centaines de ses semblables. A partir de là, nous suivons, au gré des chapitres qui portent le nom de leurs descendants, chaque génération de chacune des branches, jusqu'à nos jours.



Ces chapitres d'une trentaine de pages, remarquablement dosés sont autant de moments de vies qui parviennent à saisir l'essentiel d'un contexte englobant l'universel et le personnel entre Afrique et Amérique. L'auteure parvient à éclairer à chaque étape la difficile condition d'individus qui ne se sentent plus chez eux nulle part. La descendance métisse d'Effia doit perpétuer sur son sol le terrible commerce de ses semblables tandis que celle d'Esi subit le joug des esclavagistes des plantations du Sud avant que la guerre de sécession ne la jette dans d'autres formes de violence, de ségrégation et d'asservissement. La lutte est permanente, la liberté n'est jamais acquise même lorsqu'elle est proclamée sur le papier.



J'ai beaucoup apprécié la dextérité de l'auteure pour tricoter ces quatorze chapitres qui sont autant de petites nouvelles liées les unes aux autres par un cordon ombilical, et qui dessinent au final un arbre généalogique pas très linéaire, plutôt cabossé mais dont chaque branche apporte, malgré la souffrance, sa contribution à un avenir fait d'espérance.



Encore une fois, la fiction se met au service de la compréhension du monde. Et quand c'est aussi bien fait, apprendre devient un vrai plaisir.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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No home

Frappée au coeur de façon si puissante, j'ai été bouleversée et ébranlée durablement et profondément par ce roman si passionnant dans sa construction, si brillant dans sa narration et si émouvant dans son contenu. Yaa Gyasi est une immense autrice, au talent indiscutable et son oeuvre aux personnages multiples, tous plus puissamment humains et donc dignes d'amour les uns que les autres, m'a adoucie malgré les souffrances, m'a remplie d'amour pour les humains en désolation.



No Home est un grand roman sur l'esclavage, sur l'Afrique, sur l'Amérique, sur les Noirs, sur ce que cela a été d'être Noir au fil des siècles derniers, sur le colonialisme, sur ses conséquences, sur la mémoire transgénérationnelle, sur la Femme, sur la souffrance, sur la punition, sur la Loi, sur la hiérarchie entre les hommes, sur la spiritualité, sur l'Amour en somme, et surtout.



Poignant, saisissant, déchirant. Important.
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No home

Ce roman s'articule autour de deux demi-soeurs ghanéennes, ignorant tout l'une de l'autre. Deux destinées qui se frôlent avant de s'éloigner. Effia la beauté n'a pas connu sa mère. Persuadée qu'elle est source de malédiction sa belle-mère s'arrange pour qu'elle épouse un anglais. Son clan se retrouve étroitement lié au commerce des esclaves. Esi, elle, sera capturée et vivra l'enfer des cales d'un bateau négrier, puis celui non moins effroyable de l'esclavage.

De leur descendance naîtra ce somptueux roman polyphonique où se répondent génération après génération des personnages profonds perchés sur deux branches d'un même arbre.

La construction n'est pas nouvelle, elle peut être brillante comme casse-gueule si l'un d'entre eux prend le dessus sur les autres par exemple, ou encore si le bref aperçu que l'on a d'une personne sur un seul chapitre ne suffit pas à en englober l'essence. Yaa Gyasi excelle dans l'exercice et nous offre une valeur ajoutée de poids en embrassant dans la toile de sa saga familiale toute la complexité d'un contexte socio-politique oppressant. Ce roman est l'incarnation d'un séisme dont les répercussions se mesurent sur des siècles.

Deux rivages séparés par l'immensité de l'eau et une déchirure originelle que la décolonisation ou l'abolition de l'esclavage ne feront jamais disparaitre. Quatorze voix dont on murmure les noms après le point final, remontant le fil de l'arbre généalogique présent au début du livre. Rien n'est oublié, nous les avons vus grandir... Les souvenirs rejaillissent, les images, les traumatismes, le courage et la mesure de tout ce qu'il reste encore à améliorer en ce monde.
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No home

J'ai débuté cette lecture en pensant qu'il me faudrait quelques jours pour en arriver au bout. Le premier soir, j'ai lu les deux premiers chapitres : 2 destins de femmes africaines vivant à proximité de la Côte de l'Or au XVIIIème siècle. La trame du roman était posé, et je savais comment allait se construire la suite.

Le second jour de lecture, je me suis installée sur ma terrasse en fin d'après midi, au soleil, et j'ai tourné les pages, encore, encore.. puis quand la fraîcheur est arrivée, je suis rentrée pour lire sous la couette... et je n'ai éteins la lumière et sombré dans le sommeil que lorsque je suis enfin arrivée au bout de ce roman. Au travers de ce roman, c'est toutes les facettes de l'esclavage qui sont exposées avec les conséquences que cela pouvait avoir sur la vie des individus. Ca commence aux guerre tribales exploitées par les Anglais, ça passe par le kidnapping de noirs libres dans le nord des Etats Unis avant la guerre de sécession, et ça va jusqu'aux conséquences dans la vie des afro-américains aujourd'hui.

Le style est fluide. C'est très facile à lire. Et à chaque chapitre on découvre un destin bouleversant dans cette généalogie, en quelques pages je me suis attachée à chaque personnages....

J'en arriverais presque à regretter de l'avoir lu si vite.
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No home

Très belle découverte. J'avais repéré ce roman l'an dernier dans Lire qui lui avait accordé 4 étoiles et je dois dire que je les trouve amplement méritées.

Le roman est une fresque historique sur la lignée d'une femme ghanéenne dont les deux filles auront des descendances aux parcours opposés. Chaque chapitre est consacré à un des descendants, chaque chapitre peut être vu comme une histoire mais reste ancré dans l'Histoire. J'ai trouvé l'écriture subtile, les personnages forts, la construction du roman intellligente. Bref un très gros coup de coeur !
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No home

Il n'y pas que la belle couverture du livre qui a attiré mon attention à sa sortie en France. Le nom de l'auteure m'a paru familier car ce roman considéré comme bestseller est sorti il y a quelques mois en même temps aux Etats-Unis et en Pologne. Lors de mon dernier séjour dans mon pays d'origine, j'avais l'impression de le voir partout, il faut dire que la couverture de la version polonaise est tout aussi belle. J'ai été ravie de pouvoir découvrir ce roman grâce à la dernière opération Masse Critique.



Ce livre non seulement m'a permis de combler des lacunes historiques et géographiques, il m'a aussi donné l'occasion de m'évader en voyageant entre les plages africaines de la Côte d'Or et les endroits moins accueillants de l'Alabama ou du Harlem new-yorkais. Cette saga qui s'inspire des origines de la jeune écrivaine américaine est l'histoire de deux branches d'une famille africaine. Le récit qui débute à la fin du XVIIIème siècle s'étend sur trois cents ans jusqu'à nos jours. En nous plongeant aux temps de l'esclavagisme puis du ségrégationnisme, l'écrivaine retrace les vies mouvementées et souvent tragiques des descendants de Maame qui a donné naissance à deux filles, chacune ayant vécu séparément de l'autre.



La construction originale du roman est un atout supplémentaire, on passe aisément d'un chapitre à l'autre, chacun étant consacré à l'un des membres des deux clans dont l'arbre généalogique figure au début. Je l'ai souvent consulté pour me retrouver parmi tous les protagonistes sur sept générations. J'avais parfois du mal à les quitter en sachant que je ne les retrouverai que ponctuellement ou pas du tout dans les chapitres suivants. C'est mon seul regret à la lecture du roman qui, sans être un chef-d'oeuvre, est une histoire à la fois instructive et riche en émotions que je vous conseille de découvrir.
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No home

J'ai beaucoup aimé ce livre, qui, en petits chapitres qui se lisent comme des contes, raconte l'histoire de la descendance de deux demi soeurs, l'une restée au Ghana, l'autre vendue comme esclave aux États-Unis. Trés bien écrit, un style simple et concis, mais avec de beaux passages littéraires, des vies dures, mais des personnages attachants. Bravo! Une seule remarque, mais qui n'a rien à voir avec le livre- le titre est mal traduit . Dans la langue originale, Homegoing donne l'idée de retour aux origines , tandis que No Home donne une idée d'abandon, c'est plus pessimiste....
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No home

No home

No emotion

No attachment

No enthusiastic





Je m'interroge… !

Ais je rater quelque chose ?

N'ais-je pas lu ce roman au bon moment ?

Ais-je fait trop de comparatif avec la sublime saga écrite par Viktor Lazlo, « Les passagers du siècle » et « Trafiquants de colères », où l'auteure m'avait fait voyager, dans l'émotion, auprès de tous ces hommes et toutes ces femmes noires enchainées au fond d'une cale d'un bateau d'esclaves.





Je ne suis pas arrivé à entrer dans le roman.

Il m'a semblé que ce malheureux sujet de l'esclavage et la ségrégation, fut très mal exploité.

Mais c'est la trame du roman qui m'a semblé aussi très mal construite.

Peut-être qu'il aurait fallu écrire un récit étalé sur beaucoup moins de générations, ce qui aurait permis d'étoffer et approfondir les personnages dont je n'ai pas su leur fin pour certains.



Les chapitres étaient trop courts pour que je puisse m'attacher à Esi ou à Quey.

Des chapitres, comme des petites scénettes, où je suis passé de la mère à la fille ou au fils, d'une famille à une autre, avec parfois vingt-cinq ans écart entre ces chapitres, où je fus un peu frustré de ne savoir ce qu'il c'était passé dans ce temps.





Le plus agaçant pour moi, comme je n'étais pas dans le roman, ce sont ces va et vient constants que j'ai dû faire entre les chapitres et l'arbre généalogique, pour resituer les personnages dans le récit. Ce qui m'a paru un peu confus, fastidieux et qui a cassé encore plus le rythme.





Alors désolé pour Effia, que j'ai trouvé d'ailleurs très docile et peu révoltée, d'avoir épousé un trafiquant d'esclaves.

Désolé pour Esi, désolé pour sa fille Ness.

Désolé pour James…





C'est à la page 247 que je vous ai toutes et tous abandonnés à vos tristes destins.

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Sublime royaume

J'avais tellement aimé "No home" de Yaa Gyasi.. mais là, je n'ai pas adhéré à ce récit, cette quète d'identité d'une jeune femme, ghanéenne d'origine, ayant grandi dans l'Alabama.

Chercheuse en neuroscience, Gifty étudie particulièrement les réactions neuronales aux addictions.

Quand sa mère à nouveau en dépression vient vivre chez elle, elle remonte le fil de son histoire familiale, dont le noyau constitué de 4 puis 3 puis 2 membres est marqué de blessures.

Si les passages concernant son frère auraient pu me toucher, j'ai été dérangée par les références constantes à Dieu, à la prière. Sa recherche d'identité est en fait une quète spirituelle qui ne m'a pas parlé.

Certains thèmes tout juste effleurés comme le racisme ambiant en Alabama auraient pu être développés. Et puis, je finis par trouver le procédé des récits "déconstruits" avec des va et vient dans un passé plus ou moins lointain, parlant d'un personnage, puis d'un autre, un peu lassant.

Challenge Multi-Défis 2021
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Sublime royaume

Deux mots s'imposent après la lecture de Sublime royaume de Yaa Gyasi : intelligence et subtilité. Un autre aussi : contrôle, qui est à l"évidence ce que cherche à faire la romancière dans la construction habile de son livre, à l'image de son personnage principal, Gifty, américaine d'origine ghanéenne, chercheuse en neurologie. Une maîtrise de sa vie difficile quand son père vit loin d'elle en Amérique, que sa mère décline à vue d’œil, que son frère est parti, victime d'une overdose. Gifty est un être tourmenté, entre maison et dépendances (celle de son frère pour la drogue, celle de sa mère pour la religion). Ce personnage de femme perturbée, entre la science et sa relation avec Dieu, dans ses rapports sociaux difficiles et ses échecs sentimentaux, prend de l'ampleur dans un récit agile qui fait s'entrechoquer les différentes temporalités, ce qui instille un grand dynamisme au livre mais donne parfois le tournis au lecteur. Jamais plus à l'aise que dans son laboratoire avec ses souris, Gifty tâtonne et s'interroge, femme noire en Amérique et soumise à un racisme toujours sous-jacent, ressenti comme une donnée permanente qui n'empêche pas d'avancer. Gifty est à la recherche de son identité profonde et cette quête, douloureuse mais exaltante, est au cœur de Sublime royaume, personnage autant lumineux que saturnien, lucide surtout, avec ses blessures qui mettront du temps avant de devenir de simples cicatrices. C'est un magnifique roman, d'une humanité profonde et fragile, qui avance avec humilité vers l'avenir en cautérisant les afflictions du passé.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Calmann-Lévy.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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No home

Un livre exceptionnel!

C'est un merveilleux conte qui suit l'histoire des deux demi-sœurs , qui ignorent l'existence de l'autre, une épousera un homme blanc, un fonctionnaire britannique et vit dans la partie supérieure du Fort de Cape Coast. L'autre, dans les cachots inférieurs du même Fort et vendue comme esclave, transportée vers le sud américain.

Chaque chapitre se concentre sur un membre de la famille dans les générations suivantes, alternant entre les familles d'Effia et d'Esi jusqu'à ce que nous atteignions l’époque actuelle.

C'est un des livres les plus touchants que j'ai pu lire sur le thème de l'esclavage. Il est incroyablement bien documenté et nous montre comment le passé d'un peuple influence son avenir.

Une histoire puissante, souvent déchirante. Que signifie la famille, ce qu'elle peut faire (et ce qu'elle ne peut pas).

Le racisme qui affecte deux continents et la vie de millions de personnes.

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No home

Attention découverte ! Emotion et envoûtement !!!

No Home, c'est une fresque familiale et historique qui court sur trois siècles, et sur deux continents, l'Afrique et l'Amérique. Comme point de départ : la destinée de 2 soeurs qui ne se connaissent pas dans l'Afrique du XVIIIe siècle. Dans leurs comptoirs commerciaux du Ghana, les Britanniques ont instauré le commerce très lucratif de la traite des noirs et attisent les querelles tribales pour se faire livrer leur marchandise par les locaux. Appartenant à deux clans rivaux, les deux soeurs connaîtront un destin très différent : Effia devient l'épouse africaine du capitaine britannique du fort de Cape Coast. Emprisonnée dans les cachots du même fort, Esi traversera l'océan pour l'Amérique où l'attend une vie de servitude dans les champs de coton. Se déroule ensuite l'histoire des lignées engendrées par ces deux femmes jusqu'à notre époque. Une famille évolue dans une région d'Afrique meurtrie par son passé esclavagiste et ses guerres intestines, puis colonisée et évangélisée par les Britanniques, avant de devenir indépendante sous le nom de Ghana. Aux Etats-Unis, l'autre famille connait la peur et la misère, l'esclavage, la migration, la ségrégation et la lutte pour les droits civiques.

Le récit, solidement documenté et extrêmement émouvant, mêle avec saveur réalité historique et anecdotes familiales. Chaque chapitre, articulé autour d'un descendant de chaque famille au fil des générations, est un petit roman en soi, plein de profondeur de sensibilité. le seul bémol, s'il y en a un, réside dans la frustration de quitter brutalement un héros attachant, que l'on ne retrouvera qu'à travers sa descendance dans les chapitres suivants.

L'auteur fait preuve d'un véritable talent de conteuse. Les pages africaines sont nourries de sagesse et croyances, les pages américaines traversées d'espoir et de désillusions. Toutes sont baignées de grâce et de poésie. Toute dansent autour de la pierre, l'arbre, le feu, l'eau. Toutes sont marquées de cicatrices. Toutes sont portées par l'amour, l'amour d'un frère, d'une mère, d'un époux, l'amour formidable de la vie, et par une volonté d'avancer et de briser les chaînes de ceux qui suivent.

Un magnifique roman.
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No home

No home retrace l'histoire de deux branches familiales généalogiques au cours de leur traversée des siècles, entre le XVIIIème siècle et le XXème siècle.





Traitant de l'esclavagisme et des conditions de vie de ces familles, le sujet aurait pu être intéressant. Il est malheureusement desservi par une construction narrative qui ne m'a pas convenu.

Chaque chapitre est consacré à une personne d'une des deux branches familiales, passant à chaque chapitre d'une branche de la famille à l'autre : j'ai eu du mal à me repérer dans la chronologie, m'obligeant à me reporter régulièrement au dessin généalogique situé au début de l'ouvrage .



Cet incessant va et vient à cassé le rythme de la narration que j'ai trouvé de plus redondante : à chaque chapitre, j'ai eu l'impression de relire la même histoire avec des personnages différents. Je me suis essoufflée dans ma lecture à partir de la deuxième partie, me demandant d'ailleurs pourquoi il y avait une première et une deuxième partie : quelle est la rupture qui permet de scinder en deux ce récit ?



J'ai trouvé dommage que Yaa Gyasi n'ait pas limité l'histoire avec un nombre moins important de personnages, ce qui aurait ainsi permit une étude plus complète du contexte humain, social, politique et économique de cette période.



J'attendais peut-être trop de ce récit que j'avais noté de lire à sa sortie, et dont je dois avouer qu'il m'a déçue, malgré une écriture agréable à lire.



Merci à Babelio et aux éditions Le Livre de poche, que je remercie de plus pour la petite carte manuscrite trouvée dans le livre.



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No home

No Home, le premier de Yaa Gyasi retrace l’histoire de deux demi-sœurs, confrontées chacune à leur manière à la traite des esclaves.



No home, une saga familiale et historique passionnante



Côte de l’Or (ancien nom du Ghana) XVIIIe siècle, les colons britanniques capturent des êtres humains et les envoient par milliers en bateau aux USA. Deux ethnies s’affrontent pour s’attirer les bonnes grâces des colonisateurs, les Ashantis et les Fantis. Pillages, combats et rafles sont organisés afin d’apporter aux colons son lot d’esclaves.



Esi et Effia sont sœurs, mais ne se connaissent pas. L’une sera vendue comme esclave, l’autre épousera un colon britannique dont elle aura des enfants. No Home de Yaa Gyasi, retrace la vie de ses deux femmes et de leur descendance. Une vie d’esclave aux USA et une vie de seconde épouse, mais surtout de mère d’enfant métisse dans un pays qui n’aime pas la demi-mesure lorsqu’il s’agit de couleur de peau.



Mon avis :



Yaa Gyasi nous bluffe par la maîtrise de son sujet



Ce n’est pas une simple histoire que nous raconte Yaa Gyasi dans son premier roman paru aux éditions Calmann-Levy. C’est une analyse approfondie de l’histoire de la Côte d’Or, actuellement le Ghana, doublée d’une profonde réflexion sur l’esclavage et triplée d’une saga passionnante.

No Home est un excellent premier roman même si parfois, on peut se perdre dans le cheminement des multiples personnages. Pour m’y retrouver, j’ai du à plusieurs reprises reprendre l’arbre généalogique qui figure au début du roman.



3 siècles de vie et d’histoires sont retracés dans ce récit qui m’en a appris beaucoup sur la condition des noirs dans le sud des USA ainsi que sur le Ghana. J’ai été choquée de voir qu’une partie du peuple ghanéen avait pour principale source de revenus la vente de leurs semblables.



On en apprend beaucoup aussi sur les conditions de vie dans les fermes de coton, sur les lois traitant des droits des personnes noires de peau aux USA.

J’ai apprécié la neutralité que montre l’auteur qui à aucun moment ne juge blancs ou noirs. Si on peut difficilement pardonner à ces noirs d’avoir vendu leurs frères, on ne peut pas s’empêcher de penser qu’elle aurait été la réaction des colons face à trop de résistance. Tandis qu’aux États-Unis, le bien n’est pas forcément noir et le mal n’est pas toujours immaculé.



J’ai vraiment apprécié cette lecture pour la richesse des informations collectées par l’auteur, mais aussi pour le style vraiment agréable. No Home est un roman passionnant qui demande tout de même une certaine attention lors de la lecture au risque de perdre le fil de l’histoire des différents personnages.
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No home

Dans ce roman, le lecteur suit deux demi-sœurs nées en Afrique au XVIIIème siècle.

L’une d’entre elle se marie et reste en Afrique, l’autre est vendue comme esclave et part en Amérique.

Les chapitres alternent le parcours des deux soeurs (qui ne se connaissent pas) puis racontent la vie de leur progéniture puis celle des enfants et petits-enfants de celle-ci.

Une grand saga familiale donc ...

J’ai aimé de nombreux personnages (en particulier H. et Marjorie)

Je suis moins enthousiaste que de nombreux lecteurs mais c’est plus lié au principe même de « roman-sur-plusieurs-générations » Ce n’est pas la première fois qu’en lisant un roman qui se déroule sur deux cent ans, j’ai du mal à apprécier la vie « trop courte » du personnage principal pour passer à une vie tout aussi courte du personnage principal suivant.

La construction des deux lignées, l’une en Afrique l’autre en Amérique est cependant très convaincante et maîtrisée.

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No home

No home s'étend sur plus de trois siècles d'histoire des Noirs, entremêlant les destinées de la descendance d'Effia et d'Esi, nées au Ghana de la même mère mais élevées séparément dans des villages différents.

De la traite négrière initiée par les Britanniques à Cape Coast au XVIIe siècle jusqu'aux guerres tribales des peuples Ashanti et Fanti, les enfants issus de ces deux soeurs connaîtront au fil du temps des vents contraires selon l'endroit où ils vivent : certains subiront l'esclavage dans les champs de coton en Alabama et ensuite la ségrégation raciale pour un autre siècle à venir, tandis que les autres grandiront au Ghana dans les superstitions et les rites fatalistes de leur communauté.

Yaa Gyasi réussit à rendre vivant cet arbre généalogique impressionnant qui nous frappe en ouverture de son livre. On imagine difficilement qu'un seul roman pourra décrire les vies de ces Ghanéens, dont une partie aura été coupée de ses racines africaines. C'est une réussite et on peut comprendre quelle somme de recherches elles a dû mener pour en arriver à une telle virtuosité dans le récit.
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No home

Magnifique. Époustouflant. Déchirant.



Au commencement, il y avait Maame, qui donna naissance à Effia puis Esi, des demi-soeurs qui se sont frôlées sans jamais se toucher. Deux branches d'une même famille qui suivront des chemins bien différents. Effia a été mariée à un Gouverneur Blanc de Cap Coast et sa famille sera mêlée au commerce des esclaves noirs ; tandis qu'Esi sera capturée et fera partie de ces esclaves enfermées dans les souterrains du Fort…



La construction narrative est intéressante : deux chapitres, deux membres d'une même famille mais qui n'appartiennent pas à la même branche, deux destins radicalement opposés… Puis, nous passons à la génération suivante. Et ainsi de suite. L'alternance des points des vues et le changement incessant de protagonistes ne m'a pas perturbée, j'ai même eu le temps de m'attacher à chacun des personnages, qui apportent avec justesse sa pierre à l'édifice. Il y a malgré tout une logique à chaque chapitre, un fil conducteur qui les relie et retient notre attention. Une belle prouesse de la part de l'autrice que je tiens à saluer !



Attention, âmes sensibles, accrochez-vous. C'est un récit dur qui n'épargne rien à ses lecteurs, qui fait le plein de détails sordides. La "collecte" des esclaves, les négriers, les guerres incessantes entre les divers peuples de la Côte de l'Or (aujourd'hui le Ghana) puis contre ses colonisateurs, l'esclavage en lui-même sont traités dans tout ce qu'ils ont de plus horribles et inhumains. Puis vient la guerre de Sécession, la Ségrégation, les inégalités toujours évidentes et injustes, Harlem et ses ghettos. Les familles brisées, les coeurs souffrants, les corps meurtris… A travers ce roman riche en émotions et en évènements, on traverse l'Histoire sur 8 générations, du XVIII ème Siècle à nos jours, un pied en Afrique et l'autre en Amérique. Il semblerait qu'une malédiction plane au-dessus de chaque descendance et l'on se demande quand, enfin, un membre de cette famille trouvera la paix et le bonheur…



Devoir de mémoire indispensable et d'une tristesse infinie, ce roman est à lire absolument. Une lecture éprouvante certes, et qui n'a rien de léger, qui vous serre le coeur et vous révolte à chaque page, à chaque nouvelle génération ! J'ai vraiment apprécié la plume de cette autrice et ses mots m'ont touchée, pour moi c'est un réel coup (au) de coeur.



Et cette fin… Je l'ai trouvé jolie et poétique. Une belle conclusion.



Challenge Multi-Défis 2022

Challenge Les Globe-trotteurs Saison 4



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Un roman passionnant sur la traite des noirs : deux femmes naissent de la même mère au XVIIIème siècle au Ghana. L'une, Effia, passera sa vie au Ghana, épousera un Anglais et ses descendants participeront activement à la capture et à la vente de futurs esclaves pour les États-Unis.

La seconde, Esi, vit dans un village vaincu par la tribu adversaire. Elle est capturée et traverse l'Océan Atlantique. Ses descendants seront donc des esclaves puis victimes de la ségrégation.

Deux branches d'un même arbre généalogique qui nous font traverser trois siècles d'histoire.
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