Yoann Barbereau

Je suis en train de lire Dans les geôles de Sibérie. Je me dis pourquoi pas de ce roman en version roman graphique.

"Y aura-t-il de quoi dessiner au paradis ?"

On se récite des fables, on rejoue des vies sibyllines, les nôtres et celles des autres, et chaque phrase est une lance de Télèphe, elle ouvre une blessure, sa rouille ensuite fait une médication qui la referme. On ruse en somme. S’il y a mille mots, il y aura mille ruses.

Alexandre était un homme de la taïga, avec inscrit en lui le besoin des arbres, du gel et de l'immensité. On l'entendait souvent dire: " La Sibérie, c'est le grand large sur terre."

En Sibérie, quand l'humidité est suffisante, quand les températures sont très basses, on peut voir apparaître dans l'air comme une poudre de diamant. La vapeur d'eau qui nous entoure, invisible d'ordinaire, se transforme en une infinité de cristaux de glace. Le monde scintille. Quelque chose s'ouvre et veut nous ceindre.

La prison n'est pas un lieu pour les endormis, les faibles y périssent. » le tri est fait en un clignement de paupière » m'a dit Vladimir un jour que je me plaignais au parloir ; ce fut ma première et unique jérémiade. La dégringolade arrive vite, on a tôt fait de devenir la proie, le rouge ou le coq. La prison est un exercice spirituel et corporel. C'est une représentation, une ascèse, une lutte.

Vanka l'arrête, il édicte avec assurance un conseil qu'il adresse à tous: "Au pire, si quelque chose arrive, tu te taillades le cou, on t'enverra à l'infirmerie." Il ne plaisante pas.

Il faut en finir. Diane m’appelle. Elle sait que j’écris autre chose qu’une histoire d’écrivain occupé à écrire. Je n’invente rien, elle comprend, mais elle a une requête. Je lui ai demandé l’autorisation de dire son prénom, elle a bien réfléchi, voilà son idée : elle aimerait pour le livre s’appeler Diane. C’est simple et beau. Elle a lu une histoire récemment, il y avait une Diane pleine d’assurance, forte, qui ne s’en laissait conter par personne, elle transperçait ses ennemis, courait les forêts et vivait auprès des animaux sauvages.

L'humain plongé corps nu dans une eau à 0 degré tient en vie en moyenne 1/2 h, tous les marins intrépides savent cette loi naturelle. Petit rappel pour Yoann Barbereau.

Aux salauds tapis dans l'ombre, l'action de l'ombre seule peut être opposée.

La prison possède sa logique propre, ses lois et ses normes morales. Elles varient peu à travers le monde, c'est remarquable. Dans à peu près toutes les prisons, les détenus considèrent que l'assassinat avec circonstances aggravantes n'est pas déshonorant, le crime sexuel l'est, le viol en particulier. Les violeurs d'enfants forment la lie de l'humanité, ils doivent être châtiés. Lorsqu'ils ne sont pas isolés des autres prisonniers, leur espérance de vie est faible.

Tiens, des mots bruissent dans ma tête de taulard.

Les mythologies et les noms sont la propriété de tous, chacun navigue comme il peut dans son odyssée indéchiffrable. On se récite des fables, on rejoue des vies sibyllines, les nôtres et celle des autres, et chaque phrase est une lance de Télèphe, elle ouvre une blessure, sa rouille ensuite fait une médication qui la referme.

La férocité, la cruauté sont le domaine du gel. Il y a certes un gel « modéré », celui que l'humanité connaît en général, mais tout commence à partie e -12°¨C. on parle alors de de gel « significatif ». A – 25°C, le gel devient « fort » ; on peut sentir les cristaux de glace jouer dans les narines. Il est dit « sévère » ou « cruel » autour de – 35°C ; il tanne, brûle la peau. L' »extrême » se présente à - 44°C ; et avec lui une autre manière de respirer.