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Critiques de Yoram Kaniuk (14)
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La vie splendide de Clara Chiato

Première incursion dans l'univers de l'écrivain israélien Yoram Kaniuk considéré le plus brillant écrivain de sa génération. Eh bien dès la première des trois longues nouvelles de ce recueil, je n'accroche pas. Une espèce de fable allégorique cette vie splendide de Clara Chiato. Des phrases très courtes qui courent n'importe où , pour raconter une vie de la Grèce en Israël , tout sauf splendide. La deuxième dont le titre est très alléchant «  Nuit sur une plage avec transistor », parle d'un homme étranger qui passe la nuit aux côtés d'une femme étrangère. Elle lui pose presque toujours la même question , lui répond toujours à côté, avec allégories, métaphores, un peu de philosophie, un peu d'Histoire…. digression, digression, bref on s'y perd vite, et surtout on s'ennuie. La troisième « Les vautours » est la seule des trois qui m'a touchée. Fort probablement autobiographique, un soldat de dix-sept ans et demi, encore adolescent, qui fait le mort étendu parmi des morts de son bataillon, et apparaît le premier vautour……un texte très fort sur la vie et la mort, « Leurs excellences venaient en maître, non en ennemis hostiles ou même insensibles,et déployaient une beauté rare, inconnue, qui n'avait rien de commun avec le tir des balles , avec la mort. C'était la mort qui voulaient arriver jusqu'à leur majesté; c'était la mort qui rayonnait vers les vautours et désirait si fort les séduire ».



Trois nouvelles aux formes étrangement différentes, d'où émane une tristesse couplée d'une violence infinie, qui paraît-il est la toile de fond de l'ensemble de l'oeuvre de Kianuk, un des principaux témoins de la construction d'Israel, dont les ingrédients de base sont la vie et la mort, la destruction et la naissance . Pourtant ici, seule la dernière nouvelle me donne envie de poursuivre la découverte d'un écrivain qui semble être tombé dans l'oubli, malgré sa renommé.
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Mes chers disparus

Mes chers disparus, ou les souvenirs familiaux hauts en couleur du narrateur, un Israélien qui séjourne à Stockholm où il apprend le décès de sa mère. Il est incapable de rentrer chez lui et en guise de Shiv'ah, passe les sept jours de deuil à se remémorer sa singulière famille, que l'on pourrait qualifier de toxique: sa mère, institutrice à la retraite, son père, directeur d'un Musée son parrain, le poète Bialik et autres parents et ancêtres, originaires d'Europe.

Mes chers disparus offre une belle description d'Israël et de Tel-Aviv dans les années 20 et 30, s'attache à la mémoire familiale plus qu'à la mémoire collective. Le roman, kaléidoscopique, croque le portrait de femmes et d'hommes, anonymes ou personnalités publiques comme Haïlé Sélassié, Arnold Zweig…

Mes chers disparus est le récit autobiographique d'une lignée d'intellectuels juifs allemands arrivés en Palestine mandataire et qui peinera à rompre avec le pays qu'ils ont quitté, ce qui tranche avec le reste de la population pourtant issue de tous horizons et de tous milieux. "Moshé avait rapporté de Galicie le grand amour qu'il portait à l'Allemagne et à sa culture, mais contrairement à ses amis juifs allemands, cette Allemagne et sa culture étaient pour lui un objet de culte plutôt que d'amour. "
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1948

Nouvelle incursion dans la littérature israélienne avec 1948 de Kaniuk, d'abord à petit pas - pas envie de lire un autre Ô Jérusalem façon Lapierre et Collins- puis avec fébrilité. Car 1948 n'a rien à voir avec une geste épique.

-Si le récit est autobiographique - Kaniuk âgé de 17 ans est lycéen à Tel Aviv quand il s'engage clandestinement dans le Palmach - il n'est pas un héros représentant une collectivité dont l‘existence est en péril. Les morts ne sont pas nobles pour susciter l'émotion collective.

-Si 1948 est une année charnière, inscrite au fer rouge dans l'Histoire du pays, ce 1948-là participe différemment à la construction du roman national -« Mais avec le conflit israélo-arabe, le peuple juif a soudain eu besoin de héros »- c'est un roman d'apprentissage qui se déploie dans le chaos. A la fin de la seconde guerre mondiale, les rescapés affluent dans la plus grande confusion, les Britanniques quittent le pays. C'est un récit magnifique dans sa rudesse, sa causticité et sa violence, dans lequel des groupes de jeunes combattants affamés, quasiment sans arme et en guenilles sont contraints de dépouiller les morts pour se vêtir et se chausser.

1948 c'est aussi un vieil homme désabusé et malade qui écrit sur le gamin de 17 ans qu'il fut jadis, sur la violence crue, sur le courage qui frise l'inconscience, sur les cas de conscience qui souvent l'assaillent, sur les opérations hasardeuses, prises de collines, de villages, escarmouches, sur les individus singuliers qu'il croise parfois, comme ce gamin de 12 ans rescapé d'Auschwitz qui lui raconte avoir récupéré des diamants cachés dans le rectum de ses parents morts pour les revendre à des SS, sur le coût exorbitant en vies humaines des opérations militaires, sur le destin qui fauche les uns et épargne les autres.

Comme lui qui, revêtu d'un uniforme de marin britannique récupéré lorsque les Anglais abandonnent Jérusalem, sera épargné par un Britannique combattant sous uniforme jordanien qui le touche à la jambe, parce qu'il est jeune et que les rayons du soleil se reflètent sur le blanc de sa tenue.

Kaniuk s'interroge aussi sur la catégorie de "présent absent", appliquée en Israël aux déplacés internes palestiniens de 48, et sur la mise en avant de ceux qui ont participé au conflit au détriment des nouveaux arrivants:

« À côté d'eux, nous faisions figure de plaisanteries ambulantes, de gogos imbus d'eux-mêmes qui avaient gagné une guerre de carton-pâte. Rien à voir avec ce qu'ils avaient connu, la Wehrmacht, les nazis, la Gestapo, les blindés, les wagons plombés, les blocs peints en gris et rejoindre Dieu par la cheminée des crématoires. »

Ce roman initiatique d'une grande âpreté restera longtemps dans ma mémoire.

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1948

Livre magnifique d'humanité et dans lequel on peut trouver l'espoir de rencontres entre juifs non sionistes et palestiniens pour une vie en commun, même si l'extrème-droite au pouvoir en ce moment en Israël est aux antipodes de cet espoir.

L'auteur livre une autobiographie de la guerre de 1948, du coté israëlien, dans laquelle il s'est retrouvé embarqué à 17 ans, sans vraiment savoir ce que signifiait la "terre d'Israël", et surtout sans la moindre intention d'expulser les palestiniens de leur patrie : le chapitre 20, où il décrit avec une grande simplicité la situation de villageois expulsés et l'arrivée de colons d'Europe, rescapés de la Shoah, qui prennent possession de ces maisons encore "chaudes" de la présence des familles expulsées, est saisissant. De même, l'engrenage d'atrocités qui peuvent se développer dans un contexte de haine raciste de la guerre qui a suivi immédiatement la partition de la terre de Palestine.

Un ouvrage très prenant, très émouvant, qui marque les esprits.
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Le Dernier Juif

Sans chapitres, ce roman est un long fleuve non-tranquille où on suit les destins de nombreux personnages, tous campés de façon inoubliable et qui, comme une mosaïque, composent le portrait moral du juif d'aujourd'hui : un être hanté par la mémoire d'une persécution millénaire. La violence est omniprésente (Shoah, guerres contre les Arabes...) et elle déstabilise ce mental jusqu'à la folie. Dès les premières pages, et tout au long du récit, Kaniuk nous fait éprouver le désarroi de l'individu habité d'une mémoire culturelle douloureuse. Fascinant.
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La vie splendide de Clara Chiato

Yoram Kaniuk





Clara est née à Izmir, elle a tout connu, les guerres, la pauvreté, un mari que l’habitude lui a fait aimer, et puis un amant, un jour;

tout cela elle l’a vécu sans jamais oublier son amour de petite fille pour un jeune homme – si magnifique chanteur !

Cet homme, elle le retrouve, quand elle et lui ont vécu beaucoup de jours d’une vie dont des années se sont passées à l’écart de cet amour indispensable, inoublié, pendant ces années de guerre, de fils emprisonné, de pauvreté, de travail éreintant…

Alors qu’elle vient de nager nue dans le lac de Tibériade sous les yeux de son amour de toujours, devenu son mari, ému comme un enfant devant elle qui est ‘habitée par un effrayant et merveilleux démon’,

elle parle:

‘comme elle a été douce la vie, comme elle a été splendide cette vie, qui a été ma vie.’

et ces mots, et cette femme me bouleversent chaque fois que je les retrouve.



effleurements livresques, épanchements maltés http://holophernes.over-blog.com © Mermed


Lien : http://holophernes.over-blog..
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Confessions d'un bon Arabe

Merveilleux récit que celui de Yossef, arabe par son père Azouri, juif par sa mère Hava, Yossef Sherara ou Yossef Rosenzweig suivant les événements. Une double appartenance ethnique très difficile à vivre en Eretz Israël ou en Palestine. Yoram Kaniuk, maître de la narration au milieu des nombreux protagonistes des deux familles, donne au roman un ton assez désespérant, commençant et se finissant à Paris où Yossef a fuit et se cache après des activités d'espion pour le Mossad.

« Je suis né divisé et je mourrais divisé et tout ce qui subsiste du pont que Hava, ma mère du coté d'Azouri et qu'Azouri, mon père du coté de Hava, avaient essayé de construire n'est qu'une cicatrice laissée dans le coeur de Franz quand il fut crucifié par une meute d'étudiants surexcités, il y a 50 ans à Berlin. »

Roman publié en 1984 : la cicatrice ouverte à Berlin n'a cessé de saigner et de devenir de plus en plus monstrueuse jusqu'aux bombardements actuels à Gaza qui constituent peut-être la phase ultime du nettoyage ethnique sioniste que dénonce Ilan Pappe et d'autres historiens israéliens récents.
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La terre des deux promesses: Essai

A la vue des événements qui ensanglantent le Proche-Orient, il est bon de lire, où de relire (ce qui est mon cas) cet essai, publié en 1997, qui regroupe les textes de deux écrivains. L'un arabe palestinien, Emile Habibi, l'autre juif israélien, Yoram Kaniuk, qui avaient animé ensemble, après les accords d'Oslo, un comité d'intellectuels des deux camps, qui œuvraient déjà depuis longtemps, pour la paix et pour une terre partagée en deux pays : « la terre des deux promesses ». Ils appelaient au respect mutuel et à la cessation des attentats, et des ripostes meurtriers qui déjà les déchiraient. Ils dénonçaient les mouvements nationalistes qui avaient germés dans les deux peuples, malgré le désir de paix d'une grande partie des deux populations. Ils analysaient l'origine du conflit qui les opposait. La tragédie subie par les juifs avec la shoah, leur implantation en Israël, la guerre d'indépendance... La tragédie, subie par les palestiniens poussés à quitter leurs terres. Ils retraçaient le parcours des hommes qui avaient tenté d'instaurer la paix, et le sort qui fut le leur. Ils nommaient aussi ceux qui ont tout fait, et pour certains font encore tout pour entretenir la haine et la violence. Ces deux hommes faisaient preuve d'une grande humanité, qui ne se limitait pas à leur communauté. Ils s'indignaient, prenaient la défense l'un et l'autre lorsque des atrocités étaient infligées au peuple opposé, ce qui souvent leurs attirait la réprobation des leurs, voire des menaces. Malheureusement ils prévoyaient en cas d'échec du processus de paix, la montée du fondamentaliste qui sévit de nos jours. Malgré tout il faut retenir l'idée citée page 101 dans laquelle Yoram Kaniuk écrit : « l'idée que j'ai pour ma part adoptée tout au long de ma vie, à savoir que même s'il n'y a aucun espoir, il faut faire comme si. ». Malheureusement ces deux éminents écrivains défenseurs de la paix, sont disparus depuis. Emile Habibi peu de temps après la publication du livre, et Yoram Kaniuk en 2013. Mais pour faire comme si, il faut croire que des hommes de bonne volonté des deux peuples sont animés du même idéal de Paix.
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Presque

Un peintre âgé reçoit la visite d'une femme qui veut qu'il peigne le portrait de son défunt mari. Toutes ses toiles représentent la mort de quelqu'un. Et en honorant cette nouvelle commande, il retourne dans son passé, sa vie, ses amours, le pourquoi de son existence. Cela l'amène à se réconcilier avec son fils et à mieux connaître cette veuve qui appartient à son histoire.



C'est une belle et poétique réflexion sur l'Art, la vie, la mort, l'amour, la vacuité de la vie. C'est le dernier livre de cet auteur.
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Le Dernier Juif

620 pages non stop, d'un seul trait, tout juste de temps à autre un saut à la ligne de paragraphe. 620 pages qui en vaudraient 800 dans un "format classique" (avec parties, chapitres,...). 620 pages d'une écriture très travaillée, pleines de références, d'allusions et de notes de bas de page pour ceux qui n'aurait pas l'érudition de Yoram Paniuk sur la Torah, les croisades, le moyen age, et bien sur la politique d'Israel depuis sa création, politique de colonisations et de massacres de villages palestiniens en 1948, puis d'occupation illégale depuis 1967, politique à laquelle Paniuk est suffisamment opposé pour avoir réclamé et obtenu en 2011 à 81 ans (deux ans avant sa mort) que le ministère de l'Intérieur israélien change son statut de religion de « juif » à « sans religion parce qu'il estime que le judaïsme en Israël est aujourd'hui synonyme de racisme». Chapeau bas !

La floppée de personnages et leurs destinées s'entrecroisent et, évidemment, le déroulé du roman ne cesse de bondir dans le temps (au début, maintenant, avant ci, après ça,...)

J'ai réussi à tenir 400 pages, porté par le style qui m'avait déjà ébloui dans son roman autobiographique 1948.

Voilà, j'ai arrêté de le lire pendant deux jours, quand j'ai repris, je me suis rendu compte que j'avais perdu le fil, et pour le rattraper, celui-là...
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Le Dernier Berlinois

Yoram Kaniuk dont le père a quitté l'Allemagne dans les années trente décide en 1984 d'aller en Allemagne.



Le Dernier Berlinois, commence comme un journal de voyages d'un Israélien à travers l'Allemagne.



Le premier voyage n'en est pas un, c'est une traversée de nuit en train, de Copenhague en Hollande dans un compartiment bloqué...traversée tellement symbolique.



Pour le second, il est l'invité officiel du gouvernement. D'autres suivront, conférences ou rencontres d'écrivains. ...

Point de tourisme!

Yoram Kaniuk connaît sans doute mieux l'Allemagne que les personnages qu'il croise. Son père lui a lu Goethe, Heine ou Thomas Mann, Son Allemagne est littéraire et juive.



Au début, il va à la rencontre des Allemands avec beaucoup de préjugés et de provocation. Il croit rencontrer des anciens nazis qui n'en sont pas et raconte ses erreurs avec'humour.



Par la suite la relation de voyage fait place à une galerie de personnages, certains sympathiques d'autres pas. Je pense à" La Fin de L'Homme Rouge" avec les récits de parcours individuels d'Allemands ou de Juifs allemands et même d'Israéliens vivant en Allemagne.



Il est venu régler ses comptes avec l'Allemagne, avec les allemands indissociables des Juifs. Il veut rendre compte de l'absence.



Solder les comptes de la Shoah est impensable. Réfléchir aux procès de Nuremberg et d'Eichman est envisageable.



Rencontre avec des écrivains, ses pairs, avec Heirich Böll et Gunther Grass et d'autres. Avec eux il va pouvoir discuter, du moins le croit-il parce que la guerre d'Irak place une partie des intellectuels allemands en opposition à Israël. La réflexion des rapports entre les Allemands et Israel rend le Dernier Berlinois plus actuel.


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1948

A lire vraiment et ne surtout pas se fier à l'évocation de "Charlot soldat" sur la couverture. Une vision décapante de la guerre de fondation de l'état d'Israël.
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1948

1948 raconte la sauvagerie et le courage, l’inconscience et la chance. C’est un récit violent et brutal, et aussi un des plus complexes et subtils sur la guerre d’indépendance qui aboutit à la naissance de l’Etat d’Israël.
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A la vie, à la mort !

De ce livre noir, qui devrait être, par essence, douloureux, Kaniuk dit qu'à l'exception du Livre de Job, c'est le texte le plus drôle jamais écrit sur la mort. [...]Dans A la vie, à la mort !, le rire est présent partout ; dans l'autodérision, l'ironie avec laquelle il dépeint ses semblables, le surréalisme des situations qu'il évoque, les raccourcis parfois outranciers qu'il s'autorise.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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