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EAN : 9782213662640
252 pages
Fayard (22/08/2012)
4.83/5   6 notes
Résumé :
Yoram Kaniuk interroge ici le jeune homme qu'il a été en 1948, survivant d'une guerre (la guerre d'Indépendance), qui relève davantage de Charlot soldat que du récit héroïque... Il nous fait parcourir ce pays naissant, à travers des combats qui ont pour théâtre d'opérations villes, villages, citadelles, collines, monastères - des lieux qui constituent une géographie guerrière dont la logique échappe aux simples soldats. Car aucun de ces jeunes qui tombent comme des ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Nouvelle incursion dans la littérature israélienne avec 1948 de Kaniuk, d'abord à petit pas - pas envie de lire un autre Ô Jérusalem façon Lapierre et Collins- puis avec fébrilité. Car 1948 n'a rien à voir avec une geste épique.
-Si le récit est autobiographique - Kaniuk âgé de 17 ans est lycéen à Tel Aviv quand il s'engage clandestinement dans le Palmach - il n'est pas un héros représentant une collectivité dont l‘existence est en péril. Les morts ne sont pas nobles pour susciter l'émotion collective.
-Si 1948 est une année charnière, inscrite au fer rouge dans l'Histoire du pays, ce 1948-là participe différemment à la construction du roman national -« Mais avec le conflit israélo-arabe, le peuple juif a soudain eu besoin de héros »- c'est un roman d'apprentissage qui se déploie dans le chaos. A la fin de la seconde guerre mondiale, les rescapés affluent dans la plus grande confusion, les Britanniques quittent le pays. C'est un récit magnifique dans sa rudesse, sa causticité et sa violence, dans lequel des groupes de jeunes combattants affamés, quasiment sans arme et en guenilles sont contraints de dépouiller les morts pour se vêtir et se chausser.
1948 c'est aussi un vieil homme désabusé et malade qui écrit sur le gamin de 17 ans qu'il fut jadis, sur la violence crue, sur le courage qui frise l'inconscience, sur les cas de conscience qui souvent l'assaillent, sur les opérations hasardeuses, prises de collines, de villages, escarmouches, sur les individus singuliers qu'il croise parfois, comme ce gamin de 12 ans rescapé d'Auschwitz qui lui raconte avoir récupéré des diamants cachés dans le rectum de ses parents morts pour les revendre à des SS, sur le coût exorbitant en vies humaines des opérations militaires, sur le destin qui fauche les uns et épargne les autres.
Comme lui qui, revêtu d'un uniforme de marin britannique récupéré lorsque les Anglais abandonnent Jérusalem, sera épargné par un Britannique combattant sous uniforme jordanien qui le touche à la jambe, parce qu'il est jeune et que les rayons du soleil se reflètent sur le blanc de sa tenue.
Kaniuk s'interroge aussi sur la catégorie de "présent absent", appliquée en Israël aux déplacés internes palestiniens de 48, et sur la mise en avant de ceux qui ont participé au conflit au détriment des nouveaux arrivants:
« À côté d'eux, nous faisions figure de plaisanteries ambulantes, de gogos imbus d'eux-mêmes qui avaient gagné une guerre de carton-pâte. Rien à voir avec ce qu'ils avaient connu, la Wehrmacht, les nazis, la Gestapo, les blindés, les wagons plombés, les blocs peints en gris et rejoindre Dieu par la cheminée des crématoires. »
Ce roman initiatique d'une grande âpreté restera longtemps dans ma mémoire.
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Livre magnifique d'humanité et dans lequel on peut trouver l'espoir de rencontres entre juifs non sionistes et palestiniens pour une vie en commun, même si l'extrème-droite au pouvoir en ce moment en Israël est aux antipodes de cet espoir.
L'auteur livre une autobiographie de la guerre de 1948, du coté israëlien, dans laquelle il s'est retrouvé embarqué à 17 ans, sans vraiment savoir ce que signifiait la "terre d'Israël", et surtout sans la moindre intention d'expulser les palestiniens de leur patrie : le chapitre 20, où il décrit avec une grande simplicité la situation de villageois expulsés et l'arrivée de colons d'Europe, rescapés de la Shoah, qui prennent possession de ces maisons encore "chaudes" de la présence des familles expulsées, est saisissant. de même, l'engrenage d'atrocités qui peuvent se développer dans un contexte de haine raciste de la guerre qui a suivi immédiatement la partition de la terre de Palestine.
Un ouvrage très prenant, très émouvant, qui marque les esprits.
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A lire vraiment et ne surtout pas se fier à l'évocation de "Charlot soldat" sur la couverture. Une vision décapante de la guerre de fondation de l'état d'Israël.
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critiques presse (1)
Liberation
10 décembre 2012
1948 raconte la sauvagerie et le courage, l’inconscience et la chance. C’est un récit violent et brutal, et aussi un des plus complexes et subtils sur la guerre d’indépendance qui aboutit à la naissance de l’Etat d’Israël.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ici et là, on parlait déjà d'un Etat hébreu. Le concept d'"Etat" ne nous était pas familier, ne nous apparaissait pas comme quelque chose de concret, depuis quand notre peuple devait-il avoir un Etat, lui qui était resté deux mille ans sans rien? Et quel genre d'Etat? Comment vivrait un si petit Etat? Comme le Lichtenstein ou le Congo? Alors quoi, Ben Gourion allait se coiffer d'un haut de forme et monterait sur une caisse pour avoir l'air plus grand, imitant Herzl sur son balcon, à Bâle? Alors quoi, un policier juif allait se mettre à siffler... dans un shofar peut-être?
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Je me souviens lui avoir cité Heine, qui a écrit que la Judée s'était cruellement vengée de Rome en lui envoyant le christianisme pour transformer les rugissements de ses empereurs en murmures de moines châtrés, je me réfère souvent à ce texte. (...) A la fin, je lui dis que Heine avait fait don de sa fortune à sa femme à condition qu'elle se remarie, car, écrivait-il, c'était le meilleur moyen de s'assurer que quelqu'un le regretterait.
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Nous étions peut-être des gars « à fière allure et belle frange », mais intelligents, ça non. Quelqu’un d’intelligent ne va pas, de son plein gré, mourir à dix-sept, dix-huit, ni même vingt ans. Quelqu’un d’intelligent préfère un État existant à un État rêvé. Quelqu’un d’intelligent n’essaie pas de créer un nouvel État dans la chaleur torride d’un pays déjà peuplé d’Arabes, cerné de pays arabes qui ne voient en lui qu’un étranger foncièrement nuisible.
(...) Seul un jeune fou peut se lancer dans un combat suicidaire pour défendre quelqu’un qu’il ne connaît pas et une chose dont il ne sait absolument rien. Car il nous faudrait attendre la fin des hostilités avant de découvrir, et pas toujours avec plaisir, que nous avions créé un État pour des gens qui n’y viendraient pas car ils étaient morts.

(p. 36-37)
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Après cela, les batailles se sont enchainées et on n'a pas eu le temps de dormir. Aujourd'hui, je suis très vieux, j'écris ces choses mais mon cerveau est vide. Je suis moi-même le trou du bagel.
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p 169 : "Nous avons aussi chanté la fameux "Un qui sait" mais avec de telles erreurs que si Dieu n'était pas mort à Bergen-Belsen, Il aurait eu une crise cardiaque en entendant nos paroles.
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