Venez rencontrer Eisaku INOUE à Japan Expo en juillet
Il a débuté sur des séries comme Saint Seiya et Dragon Ball Z et a également travaillé sur One Piece
Vous pourrez le retrouver en conférence et dédicaces
Rendez-vous du 13 au 16 juillet 2023 au Parc des Expositions Paris-Nord Villepinte
--------------------------------------
Retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux :
- Site Web : https://www.japan-expo-sud.com/fr/
- Facebook : https://www.facebook.com/japanexposud
- Twitter : https://twitter.com/JapanExpoSud
- Instagram : https://instagram.com/japanexpo_fr/
- Twitch : https://www.twitch.tv/japanexpo
- Tiktok : https://www.tiktok.com/@japanexpoofficiel
+ Lire la suite
Beaucoup de patronnes détestaient voir les geishas, « celles qui excellent dans les arts », entreprendre l’étude de la lecture et de l’écriture au Nyokôba. Il était en effet habituel d’interdire les journaux jusqu’à la fin du remboursement de leur dette. « Les lectures d’articles ne sont pas une bonne chose pour les geishas », ne cessaient de répéter les « mères » à leurs filles. Kinu s’entendait dire : « Tu pourrais devenir dérangeante“. Et puis surtout, ne lis pas de livres. Su tu deviens savante, tu ne pourras jamais trouver un protecteur.
Il arrivait qu'une jeune fille ait la chance d'être rachetée en cours de remboursement par le protecteur qui payait la dette pour qu'elle devienne sa femme ou sa concubine. Mais à la somme demandée pour le rachat d'une fille vendue s'ajoutait l'énorme coût de hiki-iwai, la cérémonie annonçant son départ du métier. En compensation, la mère demandait beaucoup d'argent au protecteur. Elle n'était donc pas perdante. Bien au contraire, car elle réclamait par avance les revenus que lui aurait rapportés la geisha jusqu'à la fin de son remboursement.
"Mais pourquoi m'interdire la lecture ? Je me demandais à quoi pouvait bien ressembler une personne "dérangeante". Et qu'est-ce que ça voulait dire : "Tu n'auras pas de protecteur si tu lis des livres" ? "Eh bien, dans ce cas, tant pis !", me disais-je, je ne veux pas d'un homme qui m'interdise la lecture. J'étais pieds et poings liés, tout m'était interdit. Pour la mère, nous, les petites taabo, nous étions ses choses. Comme les bonsaïs que l'on modèle à volonté. Quelle misère que d'avoir été vendue ! "
Il existait une sorte de visa. Quand une geisha enregistrée dans une okiya voulait quitter le quartier réservé, ne serait-ce que pour une journée ou même pour une minute, eh bien, à chaque fois, elle devait recevoir, selon le règlement, un certificat d'autorisation de sortie au poste de police
Une geisha avait beau vendre sa virginité et se prostituer, il lui était interdit de donner son cœur au client et de l'aimer. p.190
Quand sa femme, Mine, à qui son mari imposait toujours le silence, avait appris qu'il allait vendre leur fille dans une maison de geishas, elle s'était mise en travers de la porte pour l'empêcher de sortir.
« M'enfin... ça sera pas une prostituée ! Ça sera une geisha. Ferme-la ! » avait-il crié en lui lançant une gifle à toute volée. Puis, dans sa fureur, il s'était jeté sur sa femme qui protestait farouchement, contrairement à son habitude. Kinu se souvient encore de l'expression de son père qui ne cessait plus de donner des coups. Elle revoit sa pauvre mère en pleurs, effondrée de douleur sur les tatamis, et jamais elle ne pourra oublier ce visage ravagé par les larmes. La petite fille ne comprit pas à ce moment-là ce qui poussait Mine à s'opposer de la sorte à son mari.
Nos parents étaient encore bien portants, comment ont-ils pu vendre leur filles comme geishas? Et pas seulement une... les deux en plus!
Et puis, la leçon de tambour… Avant de taper sur l'instrument, je trempais mes doigts dans une cuvette en fer blanc remplie d'eau à ras bords. De froid, le bout de mes doigts devenait violet. J'ai appris plus tard que la membrane du tambour avait besoin d'humidité en hiver. L'air trop sec abîmait l'instrument. Mais je n'étais qu'une enfant et je ne comprenais pas pourquoi on me faisait faire telle ou telle chose. Je me contentais d'obéir aveuglément. Nous étions dressées à ne pas discuter les ordres ni à nous révolter. Nous n'en avions d'ailleurs pas la force.
Une petite fille recrutée par la propriétaire d'une okiya en qualité de servante, shikomiko, amenée à devenir une apprentie, apprenait qu'avant d'être belle, il fallait d'abord exceller dans le chant, la musique, la danse et tous les arts d'agréments comme la cérémonie du thé et l'ikebana, où la forme et la grâce sont primordiales.
p. 51
" En fait, la geisha se faisait dépuceler pour devenir une vraie femme en empruntant le mari des autres », me dit un jour Kinu le plus sérieusement du monde…"
Ces mots avaient dû lui échapper. Cependant, ils reflétaient bien la réalité.