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Critiques de Émile Brami (20)
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Un livre fascinant, un policier, politique qui nous compte une page sombre de notre histoire; l'épuration.



L'auteur nous emmène jusque dans le «gouvernement en exil de la France Vichyste à Sigmarigen (Allemagne)», le dernier bastion des ultras de la collaboration.



Le héros Joseph Laborieux, inspecteur a le sens de la hiérarchie et de l'obéissance il deviendra l' exécuteur des «basses oeuvres»



Il n'a aucun recul ni états d'âmes il exécute les ordres sans «réfléchir» il arrête les Juifs puis le groupe Manouchian sans aucun scrupule. Lui ce qui l'obsède c'est la traque d'un tueur en série qui sévit depuis les années 20.



c'est dans ce contexte que nous suivons cette «débâcle à l'envers» la fuite de tous les collabos bien pire que notre héros, on y croise les pires collabos, Darnand, Rebatet, Laval, Céline etc



ce livre est formidable et ferait un excellent film.



Un grand merci à la Masse Critique de babelio, au groupe l'Archipel et aux éditions Ecriture pour l'envoi de ce magnifique ouvrage.







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Connaître et savoir ce qui s'est passé durant quelques mois, loin des frontières pour une poignées d'Hommes qui croyaient en la victoire de l'Allemagne mais aussi de tous les laissés pour compte, broyés par l'Histoire.



Partie congrue d'une Patrie incongrue, voilà l'Histoire de France qui s'exile en Allemagne pour, comme le phénix, mieux renaitre de ses cendres; selon certains hauts fonctionnaires fantoches d'un gouvernement fantôme et de patriotes collabos.



l'enquête policière se perd un peu dans ces dédales pour revenir aux deux tiers du livre avec un dénouement sans surprise (dommage).



Emile Brami utilise, durant les échanges entre le Dr Destouches et le narrateur (qui n'est autre que le policier, personnage principal , anti-héros et peu amène) du même style d'écriture que Céline ( sans doute un clin d'œil d'auteur à auteur) avec ces bouts de phrases et ces points….



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Notre crime

Notre crime est l'histoire terrible d'un homme que le mensonge a contraint a une vie de solitude.

Pour ne pas briser le coeur de son père qui rêve de le voir devenir avocat, Azed feint pendant plusieurs années de suivre des cours de droit. Mais plutôt que de se rendre à Assas, il erre seul dans les rues de la capitale. Englué dans un piège dont il n'arrive pas à se dépêtrer, il souffre. Jusqu'à ce que s'effondre l'édifice de ses mensonges. Il doit alors fuir… mais pas sans avoir eu la tentation de commettre un geste fatal qui aurait pu définitivement bousiller sa vie.

Cette histoire peut paraître bien banale mais Emile Brami sait la rendre particulièrement passionnante et émouvante grâce à la construction astucieuse de son roman.

Avant de raconter l'histoire d'Azed, l'auteur évoque assez longuement les raisons, vraies ou fausses, qui l'ont poussé à écrire cette histoire, parle de lui et de son travail d'écriture. Puis, il donne la parole à Abraham Zeitoun, surnommé Azed (d'après ses initiales) qui fait le récit son parcours chaotique. Pour terminer, une lettre de la soeur d'Azed vient donner un tout autre éclairage sur ce jeu de dupes, le rendant encore plus poignant. Et peu importe que cette affaire soit réelle ou non.

Notre crime ne traite pas que du mensonge mais aborde plus largement le thème de l'exil. Ou plutôt du voyage sans retour possible dans sa propre vie, sa famille et son pays natal.

J'ai longtemps hésité avant de me décider à lire ce livre tant la sinistre photo de couverture me rebutait en me laissant imaginer une écriture obscure, voire hermétique. Mais je me trompais et j'ai été plus qu'agréablement surprise. Je ne peux que vous conseiller de découvrir, vous aussi, pourquoi ce roman s'intitule Notre crime.
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En collaboration

Joseph Laborieux, enfant trouvé, est né le 1er mai jour de la « Saint Joseph le travailleur » et de la fête du travail d’où son blaze.

Médaillé après la 1ère guerre mondiale Joseph rentre dans la police d'abord « hirondelle » puis inspecteur durant l’Occupation. Ce qui l'occupe Joseph ce n'est pas la présence des Allemands mais les meurtres annuels commis par un tueur en série qui sévit depuis 1926 à Paris.

Inspecteur laborieux, homme des basses besognes Joseph va traquer des juifs, des rouges durant l’Occupation sans recul sur ses actes sans aucune introspection et sans états d’âmes. Il applique les ordres, rien que les ordres. Tout cela lui vaudra de gros ennuis à la Libération contrairement à son binôme Verjus qui saura naviguer en eaux troubles.

Obsédé par le tueur Joseph suivra même, à Sigmaringen, les collabos en fuite suite à l’arrivée des Alliés.

C’est cette partie du roman qui est la plus intéressante à mes yeux. L'auteur se sert de son intrigue, la recherche du tueur, pour nous plonger dans la fin de la Collaboration. Il dépeint avec une grande justesse les politiques déçus et déchus, les diplomates véreux, les journalistes collabos, les écrivains suspects dont Céline qui fut objet d'étude de l'auteur. Querelles, inimitiés, suspicions sont le quotidien de ce gouvernement fantoche et de sa cour. Fin pathétique du régime de Vichy, déliquescence de ces hommes et femmes qui ont cru à la victoire de la Grande Allemagne et qui ne pensent qu’à sauver leur peau. Tel est le tableau très bien dépeint par Emile Brami. Pour compléter ce roman et si vous êtes intéressé par Sigmaringen je vous recommande de lire également « D’un château l’autre » dudit Céline ainsi que Sigmaringen de Pierre Assouline.

Le roman atteint un équilibre parfait entre la fiction et le contexte historique. La narration est entraînante, l’auteur restitue à merveille ce qui est indicible ainsi que la noirceur des personnages historiques qui peuplent son roman.

Je remercie les Editions Ecriture et Babelio de m’avoir permis de découvrir cet agréable roman historique.
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Quelle drôle et formidable idée que de faire mener une enquête sur un tueur en série, dans la France occupée, puis à Sigmaringen, enclave française en Allemagne pendant plusieurs mois, par un flic obéissant à tous les ordres même lorsque ceux-ci lui font faire le pire. A la base, Laborieux n'est pas un mauvais bougre, ce sont les circonstances, son aveuglement et surtout son inébranlable respect des consignes données en haut lieu qui vont le perdre. Il n'est pas dupe pour autant, notamment pendant son procès : "Le procureur, un vieillard chenu et catarrheux à la voix grave et cassée de gros fumeur, qui a dû en son temps jurer fidélité au maréchal Pétain comme la quasi-totalité de la magistrature française, s'est levé difficilement pour un bref discours dont la conclusion ne laissait aucune place à l'équivoque..." (p. 16) En effet, comment croire que ceux qui demandaient et obtenaient la tête d'autres n'avaient pas eux-mêmes des casseroles ? En fait, Laborieux s'en moque, son seul espoir est de pouvoir démasquer le tueur qu'il cherche depuis des années. Son séjour à Sigmaringen ne le fera pas dévier de sa mission. Sigmaringen : "Ainsi, vue de l'extérieur, Sigmaringen pouvait apparaître comme la capitale d'une certaine France en exil, avec son gouvernement, ses ministères, ses délégués, ses bureaux, ses combinazione, quand ce n'était en réalité qu'un théâtre d'ombres où se jouait une bien mauvaise farce, une fiction ridicule dont le grotesque cachait mal l'arrière-plan tragique, puisque, sans pouvoir se l'avouer, nul n'ignorait que tout ceci finirait vraisemblablement dans la honte, le déshonneur et le sang." (p. 72/73) La majorité du roman se déroule dans cette ville, on y croise ceux qui paradaient à Parsi quelques semaines auparavant : Doriot, Déat, Rebatet, Luchaire, Céline, ... L'auteur, fort bien documenté raconte le quotidien dans cette enclave, les haines, les jalousies, les coups en douce, les trahisons, car la fin approchant chacun tente de sauver sa peau. Il écrit avec grâce et élégance, tout en finesse, c'est vraiment un très beau texte : un roman policier littéraire. A aucun moment, on ne s'y ennuie même lorsque Émile Brami relate des anecdotes sur l'un des personnages connus et réels de la communauté de Sigmaringen. Il faut parfois se faire violence pour ne pas réagir aux propos des antisémites et fascistes de l'époque. Seul Céline semble lucide et traîne sa carcasse mal fagotée et son franc-parler.



L'intrigue policière qui tient du début à la fin permet au romancier de partir dans ces apartés aisément et de revenir sans perdre le lecteur, au contraire. C'est un vrai plaisir que de suivre l'enquête de Joseph Laborieux et de tenter de comprendre comment un homme simple peut se laisser entraîner dans des actes terribles. Car c'est aussi cela ce roman, tous les Français n'ont pas été des résistants -ni des collaborateurs. Emile Brami ne juge pas Laborieux ni ne le défend, chacun se fera son idée. Pour ma part, je reste sur celle du non-jugement, qui peut être certain de ce qu'il aurait fait dans de telles circonstances ? Et surtout, je reste sur l'impression d'avoir lu un excellent roman de ceux qui restent en mémoire tant pour l'histoire que pour les personnages.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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En collaboration

Un roman surprenant. C'est mon premier livre d'Emile Brami...et je suis véritablement épaté !



Ce livre a deux aspects : romanesque, avec un talent fou, et historique. En effet l'auteur est véritablement un spécialiste de l'Occupation et notamment de la pitoyable fuite du monde de la collaboration en Allemagne, à Singmaringen, à l'été 1944. Il est également biographe de Céline.



Et donc, il nous offre une vue panoramique de ce que furent les années noires, avec notamment ce qui se passait à la Préfecture de police.

Après le débarquement en Normandie du 6 juin 1944, c'est l'affolement dans le monde de la collaboration avec, pour point culminant, la fuite dans les fourgons de la Wehrmacht vers l'Allemagne.

Et avec Singmaringen, Emile Brami fait preuve d'une extrême précision sur les faits et les personnages ; et il a également beaucoup d'humour.



Au sujet de Céline, ce livre fourmille d'anecdotes et de réflexions.



Au sujet de l'intrique, motus ! N'en rien dire, c'est lui conserver toute sa saveur.



Bravo à l'auteur !



"Les flics sont les égoutiers de la société ; confrontés quotidiennement à toutes les saletés, aux pires abominations car pour faire le mal l'imagination humaine ne connait aucune limite - notre métier consiste à plonger jour après jour et jusqu'au cou dans un océan de sanies, accrochés à l'espoir absurde et vain de le vider avec une petite cuillère."



"Le vendredi 11 août 1944, Verjus est venu me voir. Depuis que les Américains avaient percé le front de Normandie après le débarquement de juin et que leurs troupes blindées n'étaient plus qu'à quelques dizaines de kilomètres de Paris, les locaux de la Préfecture de police étaient à peu près déserts. Plus de la moitié des effectifs était en arrêt maladie certificat à l'appui, d'autres ne se présentaient tout simplement plus à leur poste, le temps de voir venir et de savoir quelle tournure prendraient les évènements."



"C'est écrit...l'affaire est dans le sac...Les Boches sont archis foutus. emballez les os...plantez un saule...Les tripes d'un côté...les gambilles de l'autre...Un drôle de bignolage, d'ailleurs...y comprennent rien à ce qui se passe...disciplinés garde à vous...coup de pied au cul...Heil Hitler...jusqu'au bout. Mais les Français de Singmaringen...alors eux...bouchés, aveugles...y pigent pas que les Américains et les Anglais vont les cueillir comme des fleurs et les mettre au poteau...valsez, fantoches, à la ballade des fusillés"

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Massacre pour une Bagatelle

Très belle critique de Pierre Lalanne sur son Blog "L'ombre de Louis Ferdinand Céline"

http://celinelfombre.blogspot.fr/2010/07/massacre-pour-une-bagatelle.html
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Céline à rebours

Cet essai sur Louis- Ferdinand Céline est plus une étude critique qu'une biographie pure et simple. En effet, l’œuvre est ici très bien étudiée, et sert de toile de fond à la vie de l'écrivain. C'est l’œuvre qui parait primordiale chez Céline, à tel point qu'il a réécrit sa vie afin qu'elle corresponde avec son œuvre. C'est parce que Céline est un créateur, un écrivain, que ses souvenirs recréés sont plus que les "remembrances d'un vieillard idiot". Bref, mythomane mais génial, à mon avis. Rempli de haine, coupable d'incitation à la haine raciale mais pas délateur. Le début du livre me paraissait être une "biographie à charge" si le terme est exact, et puis je me suis rendue compte qu'Emile Brami appréciait son écrivain, et qu'il lui rendait justice, même si parfois le personnage l'agace prodigieusement. (Et nous aussi, nous avons parfois la nausée. )

Ce livre m'a plu, il est bien documenté par des lettres de la correspondance privée de Céline, par des interviews de gens qui l'ont connu. L'évolution du style de Céline est étudié finement par cet amoureux des livres qu'est Emile Brami.
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Céline à rebours

Un texte intelligemment conçu et écrit... Tout cela ne manque pas d'un certain attrait, mais faut-il vraiment se forcer à admirer Céline? Tout le personnage est est incroyablement fabriqué (ce que E. Brami expose avec justesse d'ailleurs). L'image qui ressort n'est plus celle du collabo, de l'antisémite, du pervers amateur de mineures mais celle du tragique abruti. Ni plus ni moins, l'image d'un parfait abruti qui écrivait bien... Image?

En tout cas, E. Brami a réussi un bel essai.
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Éditeur !

L'écrivain marocain Élie Benarous, honnête romancier qui connaît quelque succès, passionné d'art brut véritable, se voit courtiser assidûment par un extravagant autodidacte mégalomane, devenu nouveau riche grâce à ses boucheries prospères. On sait comment on l'affaiblissement mental rend malléable : dépression passagère après le décès de la mère, perte du goût de la nourriture et des choses, la galerie d'art brut va à veau-l'eau et la porte s'ouvre pour un opportuniste comme l'opulent boucher Bernard Cisse, qui se pique de littérature en apprenant par cœur les citations latines roses du dictionnaire. " - Est-ce que tu te rends compte Élie ? Diriger une maison d'édition...Une telle opportunité à ton âge, il faudrait être fou pour refuser, ce serait la consécration de tout ce que tu as fait jusqu'à présent." En acceptant de travailler pour la maison d'édition Double-Cisse financée par le parvenu – également versé dans le calembour facile –, Benarous entre dans un vrai cauchemar. On n'applique pas (on ne devrait pas appliquer) à la littérature les recettes pour réussir dans l'agroalimentaire. Même avec le renfort de millions pour s'entourer de personnes compétentes, on n'édite pas n'importe quoi, et surtout pas des livres racoleurs ni même des livres de cuisine luxueux qu'on vendra dans les boucheries... Puis il y a Chita – Conchita Martinez Y Gomez –, le bras droit comptable de Cisse, caricature des garçonnes fréquentant les cafés lesbiens à Paris dans les années 30, qui situe immédiatemment le malheureux Élie : En résumé, vous êtes l'idiot du village, un gentil neuneu qui n'effraie personne car il vous manque les indispensables coordonnées personnelles de journalistes réputés, votre couvert dans quelques dîners en ville et les relations mondaines nécessaires pour lancer un écrivain.



Mais bien entendu, pour Élie, il y a la bonne littérature, celle en laquelle il croit.



Raillant, drôle et parfois excessif, le récit de Émile Brami nous fait vivre l'histoire d'une maison d'édition née d'un caprice. La parodie est extrême au point que la multiplication des initiatives déplorables du ploutocrate parvenu conduit à une farce qui, à force d'être non crédible, pourrait faire oublier les dessous du monde éditorial qu'elle dénonce. Brami s'explique dans l'avertissement de cette fiction romanesque où il s'appuie sur la phrase De Pierre-Daniel Huet : "La fable représente des choses qui n'ont point été, et n'ont pu être; le roman représente des choses qui ont pu être, mais qui n'ont point été." Entre fable et roman, on ne doute pas qu'il ait fallu une bonne part de vécu (Brami est libraire et a été petit éditeur) pour griffer ainsi l'univers de l'édition. Le narrateur de la fiction, auteur d'un premier roman Baby doll, est manifestement la transposition marocaine de l'auteur tunisien Brami qui écrivit Histoire de la poupée.



Le livre insiste sur des maillons moins connus de la chaîne du livre qui sont pourtant essentiels et coûteux : la distribution, où on entrepose et gère les stocks de livres, et la diffusion sans laquelle on ne vend pas, car c'est via ses agents - à convaincre - qu'un livre sera placé en autant d'exemplaires dans tel ou tel rayon de vente. On comprend que dans les tractations à ce niveau on est à mille lieues de l'homme inspiré devant sa page blanche. Alors que c'est quand même pour le travail de celui-ci, au final, que tout cela devrait fonctionner.



Si l'envie vous prend de dépenser vos économies dans la promotion d'auteurs prometteurs ou dans la recherche de perles rares, s'il s'agit de vous faire publier même, réfléchissez à deux fois avant de faire votre petit Actes Sud : Éditeur! vous met en garde...
Lien : http://www.christianwery.be/..
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En collaboration

En collaboration : il y a eu deux débâcles en France durant la Seconde Guerre mondiale, celle de juin 1940 et celle d'août 1944 qui voit l'armée allemande se replier devant les troupes alliées. C'est au tour de ceux qui ont collaboré avec le nazisme de connaître l'exode. Je connaissais peu cet épisode. J'attendais beaucoup de la lecture de ce roman et je n'ai pas été déçu. J'ai été littéralement transporté pour vivre la fin d'un épisode noir de notre Histoire, un peu occulté par l'euphorie de la Libération.



Émile Brami offre au lecteur un exceptionnel récit historique, reposant sur une documentation rigoureuse. Août 1944, la Libération de Paris approche, inéluctablement. La fuite vers l'Allemagne est la seule issue pour ceux qui ont collaboré. Nancy puis l'Allemagne à Baden-Baden, Neustadt an der Weinstrasse et c'est finalement Sigmaringen qui devient par la volonté de Hitler une enclave française au sein du Reich. Sigmaringen et sa colonie de collabos avec un pseudo gouvernement français héritier de Vichy. Pétain, Laval, Darnand et la Milice, Marcel Déat, Jacques Doriot du PPF et bien d'autres politiciens fantoches sont mis en scène de façon réaliste. Émile Brami se révèle un conteur hors pair, toujours passionnant et abordable à travers le regard du narrateur, un personnage fictif, français ordinaire qui a vécu l'occupation à Paris sans trop réfléchir aux conséquences de ses actes et dont la présence à Sigmaringen tient un peu du hasard. Les artisans de la collaboration intellectuelle sont aussi à Sigmaringen, parmi eux Louis-Ferdinand Céline, redevenu Docteur Destouches. Émile Brami est par ailleurs l'auteur d'une biographie de Céline qu'il nous présente ici dans toute sa complexité.



Sigmaringen et son château des Hohenzollern comme cadre d'une fin pathétique qui pourrait être ridicule si sans cesse la réalité ne ramenait le lecteur à la tragédie. Ce subtil et habile mélange structure le récit historique de l'auteur.



Dans son roman Émile Brami dresse aussi le portrait particulièrement fouillé de Joseph Laborieux, personnage fictif. C'est le narrateur, orphelin timide, solitaire et renfermé qui à mon avis s'est laissé entrainé durant l'occupation. Joseph est énigmatique, presque inquiétant, parfois attachant, certainement influençable mais fidèle à sa parole. Il n'a pas vu la fin arriver et il a négligé le petit détail qui lui aurait permis comme tant d'autres d'être blanchi ou de se faire oublier. D'une manière général dans ce roman, tous les portraits dressés par l'auteur sont justes grâce à un vocabulaire riche, précis et évocateur.



Ce récit est aussi un polar car Joseph Laborieux est policier. Mais sa carrière est banale. C'est peut-être le fait d'être obéissant et disponible qui l'a fait déraper pendant l'occupation. Le dimanche 7 mars 1926, sa vie a basculé suite à la découverte du cadavre d'une très jeune femme d'une quinzaine d'années abandonnée au bord de l'eau, vidée de son sang, enveloppée dans une longue robe de lin blanc. Près d'elle, un message évoquant Hamlet et citant des vers de Rimbaud. Par la suite, chaque année presqu'à la même époque un crime identique est commis et un cadavre avec la même mise en scène évoque Ophélie du tableau de Millais. Chaque année, une nouvelle Ophélie. Et cela devient l'obsession de Joseph Laborieux. Il suit toutes les pistes qui s'offrent à lui. Toutes sont des impasses. Et chaque année, une nouvelle Ophélie, y compris à Sigmaringen en 1945 au bord du Danube. Inlassablement Laborieux poursuit ce qui est devenu une quête plus qu'une enquête. Et chaque année, une nouvelle Ophélie, jusqu'en 1957. Joseph Laborieux est bien sûr toujours là, pour ses Ophélie. Le face-à-face final avec le coupable est d'une intensité psychologique efficace et le titre "En collaboration" prend alors tout son sens.



Merci aux Éditions Écriture


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Un baiser blanc

La couverture du livre avait bien des attraits mais malheureusement après lecture, j'ai été déçue qu'il ne tienne pas ses promesses.

Ce roman, ou peut-être vaudrait-il mieux parler de nouvelle, m'a laissée une impression de mal aise comme si j'avais été pris en otage par cette histoire noire. Tous les personnages émaillant cette histoire sont systématiquement présentés à partir de leurs vices et leurs démons : que ce soit Nathalie dans sa débauche de sexe à laquelle se surajoute ses addictions à l'alcool et à la drogue ou que ce soit Gaston pour son attachement maladif à cette gamine qui le considère quasiment comme son esclave. Même les personnages secondaires n'échappent pas à la règle, que ce soit cette mère polonaise qui renie sa fille dans son immeuble crasseux sentant le chou rance ou ce camarade de la grande époque racontant à Gaston, quelques années plus tard, la déchéance de Nathalie, lors d'une rencontre fortuite.

Ce qui m'a particulièrement dérangé en dehors du déroulé de l'histoire c'est cette comparaison avec le mythe d'Orphée et d'Eurydice. L'analogie entre le mythe et la relation amoureuse décrite est, à mon sens, tirée par les cheveux. Car en plus de ce rapprochement entre la légende et l'histoire chaotique de Gaston et Nathalie, l'auteur débute son texte par des remarques off qui sont des instructions à suivre quant aux conditions strictes à respecter lors de sa prochaine production théâtrale, dont il n'a pas l'air de douter !

C'en était trop, car en plus d'être décevant, il en devenait prétentieux et au travers de cette publication , je n'ai plus vu qu'un auteur en quête - ou en ma l- de notoriété à tous prix.
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Éditeur !

Un roman ambivalent, où l'on rit franchement à certains moments (l'épisode sur le salon du livre est assez hilarant) mais qui ôte toute illusion au lecteur, lui-même étrillé dans ce processus de désacralisation du monde littéraire français.
Lien : http://www.actualitte.com/cr..
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Des vérités boiteuses

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Zugzwang

D'une grande violence psychologique. Nié par son père, juif... Il a difficile d'être dans la relation.

A lire pour voir le côté humain qu'il reste à développer.



Chantal
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Un baiser blanc

Ce texte relativement court a été écrit pour être adapté au théâtre. Il se présente comme deux monologues. Le premier est dit par une femme, Eurydice, le second par un homme, Gaston.

Placé sous le patronage d'Orphée et Eurydice, ce petit roman nous parle d'amour, mais d'amour vache.

Eurydice, dont on apprendra qu'elle s'appelle plus simplement Nathalie, est une nana très libérée, s'offrant à qui en a envie mais surtout pas à Gaston, amoureux transit qui la suit comme un chien. Elle passe son temps à l'humilier, le transformant en spectateur muet de ses dragues sans lendemain. Il faut dire que Gaston n'a visiblement rien pour attirer le coeur et le cul de cette pouffe. Il est gros, sans aucun charisme, n'a même pas de fric. Il possède seulement un amour absolu, uniquement réservé à cette créature qui se joue de lui. Il supportera toutes les brimades, les vexations, allant jusqu'à mettre sa vie en danger pour lui offrir des objets hors de prix mais sans jamais obtenir le moindre regard, la moindre caresse. Eurydice, tombée sous la coupe d'un italien qui la mettra sur le trottoir, gavée d'héroïne, mourra du sida dans l'anonymat le plus total.

Comme ressortie des enfers, Eurydice, dans le premier monologue fait une sorte de méa-culpa, s'apercevant que Gaston avec son amour si pur, a été la seule personne qui l'ait vraiment aimée et que, finalement, cet amour était peut être partagé.

Dans le deuxième monologue, nous entendons la version de Gaston, donnant à cette relation un jour différent et plus sensible.

La fin sur le blog
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Art brut

Récit à la première personne de la vie d'un peintre entre art et psychiatrie, d'une guerre mondiale à une autre . C'est bien écrit, bien construit, facile à lire . On ferme le livre sans avoir vraiment réussi à percer la vérité de Emile Lepère .
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Éditeur !

Fort de son expérience dans l'édition, Émile Brami signe là un petit livre drôle et dénué de toute aigreur sur le monde de l'édition.
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
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Éditeur !

Bien loin de son précédent roman " Le baiser blanc ", Emile Brami nous propose un portrait du monde de l'édition sous la forme d'une grosse farce assez savoureuse.

Elie Benarous, écrivain talentueux mais méconnu, vivotant grâce à une galerie spécialisée dans l'Art brut, se retrouve harcelé par un admirateur richissime et grotesque, un dénommé Bernard Cisse, créateur d"un empire alimentaire démarré à partir d'un pâté en conserve immonde. Le puissant industriel, veut diversifier son activité en créant une nouvelle maison d"édition et nomme à sa tête notre pauvre écrivain. Habitué à diriger tout, à ce qu'on lui obéisse au doigt et à l'oeil, il va faire appliquer ses méthodes de nouveau riche et ses goûts de beauf dans le milieu ultra codé du monde de l'édition. Installé avenue Foch dans un luxueux appartement clinquant et entouré d'une bande improbable de directeurs littéraires ou financiers, le pauvre Elie va vivre deux années absolument insupportables...

Visiblement Emile Brami connaît bien ce qu'il décrit ayant lui même participé à la création d'une maison d'édition. La caricature est savoureuse, drôle et bien vue et bourrée sans doute de souvenirs personnels. Par curiosité, j'ai navigué sur le site de la maison d'édition de "L'éditeur" chez qui il fut directeur éditorial. Je n'y ai pas trouvé des titres aussi ringards que "Emile verra Rennes" ou "Quatre balles dans le Dubuffet".... Par contre, il semblerait que les magnifiques bureaux aux tentures rouges décrits dans le roman viennent bien de là et il y a bien eu quelqu'un pour demander haut et fort le jour de la fête de lancement si c'était une maison d'édition ou un lupanar (Eric Naulleau, pour ne pas le citer).

Bien troussé, agréable à lire, "Editeur!" est une jolie friandise qui saura vous détendre entre deux romans plus plombants. Cependant, avant d'en terminer, je voudrai citer quelques lignes de ce roman. Emile Brami, qui brosse vraiment un sacré portrait de l'édition d'aujourd'hui, n'épargne personne dans son jeu de massacre, y compris les blogueurs qui sont présentés ainsi (page 58 )

La fin sur le blog
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Éditeur !

Faut-il lire sa satire comme un règlement de comptes? L'auteur proteste [...]. Ce roman décapant mérite aussi le détour pour ce qu'il dit des coulisses de l'édition contemporaine.
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