Une abjecte dénonciation calomnieuse et tout bascule. Terreur, menaces, humiliations, jusqu'à la torture. Haï Victor Brami et sa famille ont plongé dans l'horreur. le patriarche reviendra oui. Il reviendra. Mais dans quel état ? Il reviendra dans un état de délabrement physique et psychologique tel, que la terrible question se pose : n'aurait-il pas mieux valu qu'il ne réchappe pas de son innommable calvaire…?
Le judaïsme tunisien a disparu, s'est évaporé sans laisser de trace, tel un rêve, comme une idée farfelue qui n'aurait su se concrétiser. Les livres d'Histoire sont remplis de vides oubliés. L'Histoire de la famille Brami leur a été enlevée. Leurs racines, leurs primes souvenirs aussi, sans compter l'obligation de quitter leur Tunisie natale du jour au lendemain. Mais comment embrasser un désir d'intégration au sein d'un tout nouveau pays, lorsque celui-ci vous balance : « Tu n'es pas un français de France. »
Quand le destin nous réserve trop d'épreuves, trop de malheurs, ne peut-on pas souhaiter oublier le passé, les origines, les anciennes habitudes, les souvenirs terribles d'avant ? Oublier pour mieux tenter d'éviter le chemin des regrets et prendre sa vie en main…
Le récit familial que nous offre Émile Brami est bouleversant. Son écriture, si élégante, si émouvante, si authentique, si personnelle, fait résonner en nous toutes les émotions qui transpercent les pages ; tous ces sentiments mélangés, ambivalents, qui se bousculent, s'étreignent, semblant parfois se battre dans le flot ininterrompu des défis incessants de la vie.
Chacun des chapitres est saisissant. Ce voyage auprès des siens est un présent inestimable que l'on ferait bien de ne pas oublier, et même de transmettre à notre tour.
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Un spectacle prodigieux, drôle et grinçant. Denis Lavant... habité!