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Citations de Éric Bohème (37)


Alors, au moment où nous ne sommes plus chiens et pas encore loups, nous humons l’odeur de l'autre monde. Celui qui s'éveille au vrombissement des grosses voitures dans lesquelles on s'engouffre, des sonos à fond, des rires à n'en plus finir, du bruit des glaçons qui s'entrechoquent dans les verres. Celui où les serveuses deviennent biches, les barmaids panthères, les hôtesses girafes. Celui où toutes les femmes sont belles et où tous les laids sont drôles. Le monde des regards complices échangés au travers des bouteilles qui scintillent, celui des billets CFA qui filent si vite sans qu'on en ait peine. Monde, enfin, des filles aux dents étincelantes, aux œillades assassines, aux roulés de hanches torrides, aux frôlements faussement innocents et aux caresses incandescentes.
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Je les regarde ces jeunes femmes nues, l'une après l'autre. Mon univers policé a disparu en un instant. Je scrute leurs seins, leurs fesses, je cherche à voir leur sexe. Hébété, dépassé, éberlué, envahi, je ne me maîtrise plus : je les regarde ou plutôt je les mate. Je mate, je mate, de peur qu'une d'entre elles échappe à ma vision concupiscente.
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Silué me sort de l'hypnose lubrique dans laquelle je tombe ; "Alors tu as vu ? On a de jolies filles en Côte d'Ivoire. Pas aussi belles que Claudia Schiffer, mais quand même !
Je ne sais que lui répondre, pas même une banalité de circonstance, tant la fille lascive qui ondule devant moi captive mon regard. Mes yeux sont rivés à ses seins, plantureux, lourds, fermes, que j'ai envie de caresser.
Elle m'a traumatisé. Voilà, c'est ça qui est la vérité ! Je viens de subir un traumatisme érotique.
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- N'aie pas peur, petit blanc ! Je vais bien te faire l'amour.
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Tard dans la nuit, un soir de semaine. Bien que le couvre-feu ait été levé, peu de gens traînent encore dehors. A la recherche d'un endroit pour un dernier verre, je passe devant 'La Nécessité', un bar bien grave. J'y pénètre pour m'y trouver être le seul client.
Et les hôtesses ? Elles dorment toutes. Affalées dans des canapés, pelotonnées dans les fauteuils, cela les rend émouvantes. La plus angélique dans son sommeil se révèle l'hôtesse qui d'habitude aborde d'entrée tout nouveau client en lui déclarant, droit dans les yeux : "C'est moi la meilleure pipeuse de la boîte."
Les bras entre les cuisses pour se garder du froid, les jeunes endormies laissent deviner par un sourire ténu qu'elles rêvent à celui qui va les emmener loin de cet établissement où elles gaspillent leur jeunesse, perdent leur innocence, fanent leurs rêves d'adolescentes.
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A 'La Folie', fuyant "le salon", espace de toutes les tentations et de tous les dangers, on s'est agrippés au bar. René en est à son huitième pastis. Silué a bu un tonneau de bière. Gilbert cabote entre gin tonic et mojitos. J'ai commandé un "rhum -coca glacé sans glace, sans coca et avec beaucoup de rhum" pendant que Adou n'arrive plus à tenir sur son tabouret.
Nous regardons se trémousser sur la scène une belle pervenche qui perd ses pétales les uns après les autres. Oh les bras fins ! Oh les belles jambes ! Mmm, mais quelles cuisses superbes ! Woua, les seins ! Aaah le joli... Tiens, elle est entièrement épilée. Enthousiasmé par son Strip, quand elle rejoint la salle après s'être changée, ou plutôt rhabillée, je prends la belle fleur par la taille,et l'attire à moi.
Moi ?
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René-Georges, je l'avais rencontré au Chiquito le bar-tabac jeux situé en face de la gare de Bois-d'Oingt-Légny. Il était en train de faire l'article à Albert, le patron, lorsqu'il m'avait repérée. Il avait vachement reluqué ma poitrine.
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René-Georges avait calmé son style "neuf semaines et demie" et opté pour une approche plus classique : il me faisait livrer des fleurs, m'offrait des chocolats de Bernard Duproux, m'adressait des cartes postales illustrées des différentes villes qu'il traversait, mentionnant sur chacune le nombre de cartons de Noilly Prat qu'il avait réussi à vendre.
Sur la dernière, il avait écrit : "Tu es avec moi, ma nuit s'étoile, tu es sans moi, ma nuit s'étiole." Ce n'était pas encore du Lamartine, comme aurait dit M. Rouvestre, mon professeur de français en première qui animait aussi la troupe de théâtre amateur du lycée. Mais pour un représentant en anisette, c'était pas mal quand même ; ça autorisait que René-Georges s'essaie à me voler un baiser.
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Après ma cinquième bière, je me sens ragaillardi. A la neuvième, rassasié comme un poulet grillé et pimenté servi dans du papier journal puis d'une sole braisée dépiautée de mes mains, ça va mieux. A la douze ou treizième, je me mets à rire quand une averse soudaine nous chicote tous et qu'on se retrouve serrés sous un auvent.
A la je ne sais plus combientième, je me trouve en discussion avec une serveuse en short. Elle s'appelle Pascaline et ses seins débordent de partout. Son nombril et ses hanches ne sont pas mal non plus.
A trois heures et demie du matin, après avoir bu et rebu, Silué siffle la fin de la récréation et décide de me rapatrier en Zone 4.
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De corps, Philomène est "plus plus" : grande, elle a des jambes qui n'en finissent pas, mises en valeur par des jupes archi-mini et des bottines lacées. Peu d'hommes y restent insensibles, surtout quand Philomène ondule devant une glace sur laquelle elle appuie ses mains pour mieux se cambrer. De figure, elle est "moins plus" : les années passées dans les bars, les nuits sans fin, les alcools, le tabac, la drogue peut-être, ont laissé des traces sur son visage. Philomène a la peau des filles qui ont tout fait en trop. Le maquillage masque mal ses traits tirés, fatigués, Philomène étant déjà une 'vieille' : elle doit approcher les trente ans, limite fatidique pour les filles qui veulent rester dans le circuit de la Zone 4.
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C'est grâce à Phil que j'avais retrouvé Juju, après son échappée. À l'époque, j'étais venue partager avec lui l'émotion qu'elle m'avait causée, et il m'avait emmenée au café Molette, au milieu de vieux ivrognes assommés à l'anisette, qui se racontaient des histoires encore plus vieilles qu'eux. On s'était assis autour d'une table en formica rouge sur des sièges qui crissent quand on les bouge, et on avait bu un alcool qu'on ne trouve plus que dans ce café : un Mandarin Curaçao. J'imagine que même René-Georges ne doit pas connaître le goût de cette "liqueur digestive" qu'on sirote ici précautionneusement, le gargotier gérant au plus juste la fin de son stock de cet alcool disparu des rayons depuis belle lurette.
Après avoir épuisé la bouteille, on s'était mis à parler de tout et de rien avec le patron, appelé le Rouff allez savoir pourquoi. Nous étions ses derniers clients, à l'exception d'un schnock assis face à une "mousse" qu'il renouvelait chaque demi-heure avec la régularité d'un métronome.
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Moi au contraire, je suis émerveillée par les nouveaux trains régionaux, qui circulent sur les lignes des provinces reculées : ils sont vraiment superbes, de nuit surtout. Une fois, rien que pour me faire plaisir, je m’étais offert un Saint-Pierre-le-Moûtier/Saint-Germain-des-Fossés nocturne, aller-retour non-stop. Les lumières étant tamisées, le paysage filait en s’estompant dans la pénombre alors que les fougères devenaient fluorescentes. J’avais mis un tailleur pour l’occasion et le contrôleur m’avait demandé mon billet bien poliment. Me trouvant seule dans le wagon, je sentais bien qu’il aurait aimé entamer un dialogue. Mais c’était un jeune, un tendron ; il n’avait pas osé.
J’aurais bien bu un Dry Martini ou un Negroni, mais bon la SNCF n’a pas encore prévu de bar lounge dans ses trains régionaux. Le Dry Martini est meilleur servi avec du Noilly Prat qu’avec du Martini, c’est René-Georges qui me l’a appris. René-Georges met tellement de conviction dans tout ce qu’il affirme que cela paraissait crédible, même s’il était à l’époque chef de zone chez Noilly Prat.
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MAUVAIS RÉFLEXE

En intermission, je me trouve chez moi à Pontault, avec Mathilde. Les filles dorment déjà. Soirée calme qui devient tendre. Soirée tendre qui devient... chaude.

Je suis toujours sensible aux caresses de ma femme, à sa façon de me regarder, à la promesse que cela laisse entrevoir, Mathilde, dans un lit, n'ayant rien à prouver à personne : elle sait faire et elle sait y faire. Au moment où nous passons aux choses sérieuses, mécaniquement je me tourne vers la table de chevet dont j'ouvre le tiroir. "Mais qu'est-ce que tu cherches ? demande-t-elle."

Mais oui, qu'est-ce que je cherche ? Je suis chez moi, avec ma femme. Pas à Abidjan !
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- Binétou, couches-tu avec beaucoup de tes clients ?
- Non.
- Pourtant, ils te draguent au bar, non ?
- Ils me draguent mais je leur dis non.
[...] Certes, mais d'autres hommes la regardent et la désirent, ainsi par exemple Gilbert, qui n'avait pas arrêté de la mater, à la piscine chez Claude, ce dimanche.
- Gilbert, non. D'ailleurs, il est plus vieux que toi.
- C'est gentil et flatteur, mais, en fait, il est plus jeune que moi.
- Bon, mais, toi, tu fais mieux l'amour que lui. Beaucoup mieux.

CQFD.
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Le Blanc qui croit avoir compris l'Afrique, c'est qu'on lui a mal expliqué.
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Il représentait le prototype de ces français, bac moins huit, qui se prennent pour les rois du pétrole en Afrique; alors qu'en France, ledit Marseillais ne serait qu'un contremaître, parmi des milliers. Probablement au chômage, vu la crise du marché du travail.
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Le vieil homme pencha la tête.
- Petit, tu demandes à savoir trop de choses. Des choses bien au-delà du bien et du mal, comme disait le philosophe.
Parce qu'il était devenu impossible, quelles que soient ses opinions, de se comporter de façon rationnelle ou même simplement honorable. Il n'y a rien de pire qu'une guerre civile. Rien. (p 277)
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" Vous avez parfaitement raison, Madame, se taper des putes, c'est ce que nous faisions. Nous étions des messieurs, plus vraiment jeunes et déjà presque vieux, qui avaient suffisamment d'argent pour nous offrir la compagnie de jeunes, voire de très jeunes filles. Cet échange, sexe contre argent, s'appelle de la prostitution. Seulement voilà, ce n'est pas facile pour un Français de reconnaître qu'il s'achète une fille comme il s'offrirait une cravate, de s'avouer qu'il paye des prostituées. Pas facile quand on est marié, cadre, intellectuel, abonné au Monde, lecteur du Nouvel Observateur ou de Jeune Afrique. Et bien sûr, opposé au tourisme sexuel."
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"Le Blanc qui croit avoir compris l'Afrique, c'est qu'on lui a mal expliqué."
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Lorsqu'on est arrivé au "Pékin", bar immense dont la sono d'enfer est animée par deux ou trois DJ qui se relaient, trois cents clients éclusaient bière sur bière. On boit tellement de bière au "Pékin" que les serveuses ne les apportent pas sur des plateaux comme partout ailleurs, mais dans des casiers à bouteilles !
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