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Critiques de Étienne de La Boétie (106)
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Discours de la servitude volontaire

Vous souvenez-vous des films d'espionnage des années 1960-70 ? Souvent il y avait soit un flic, soit un voyou qui collait un mouchard sous une voiture, dans une valise, etc. afin de pister son adversaire… Ça vous rappelle quelque chose, n'est-ce pas ? Vous vous disiez alors que vous n'aimeriez certainement pas qu'on vous colle ainsi ce genre de mouchard dans l'arrière-train afin de pouvoir pister tous vos déplacements, savoir ce que vous faites à chaque moment, etc. N'est-ce pas ? Vous vous souvenez ?



Et puis, lorsque les technologies numériques sont arrivées, celles qui sont des ultra-mouchards, celles vis-à-vis desquelles les mouchards des films des années 1960-70 font figure de joujoux risibles, celles que vous vous êtes tous rapidement empressés d'acheter à grands frais, afin qu'on puisse mieux vous pister, espionner, contrôler, diriger, arnaquer… La définition même de la servitude volontaire.



Et ce n'est rien ! On nous annonce les miracles de la 5G, la fabuleuse 5G, celle qui permettra la reconnaissance faciale en temps réel et à grande échelle, celle qui couplera votre bracelet connecté, avec votre frigo connecté, celle qui avertira vos toilettes que vous n'êtes toujours pas allés faire pipi depuis bientôt 43 minutes, ce qui est mauvais pour votre concentration au travail, etc. Ah ! Magie de la servitude volontaire !



Tout petits, nous l'avions appris dans la fable De La Fontaine intitulée le Loup et le Chien : on trouvait le loup sublime et le chien veule, et… les années ont passé… et on a acheté des portables ! Nous sommes tous les braves toutous d'un système qui se fout bien de notre gueule, et que pourtant nous alimentons. Contraints et forcés ? Non, messieurs, dames, volontairement ! Nous pleurerions, même, de ne plus pouvoir nous vautrer ainsi dans la servitude numérique, consumérique, sécuritaire. (Ah ! magie du principe de précaution, par quel trou de souris nous conduis-tu !)



Étienne de la Boétie (et non Béotie, ne confondons pas !) nous le crie, nous le hurle, nous le scande : si nous le voulions, collectivement, nous pourrions retrouver notre liberté, notre vraie liberté, mais nous l'avons vendue notre liberté, pour le prix de deux ou trois colifichets, nous l'avons vendue, et nous avec. Tel est le prix de notre confort et de notre sécurité… (soi-disant confort et soi-disant sécurité, mais c'est un autre débat)



Il faut être poli, civilisé (les racines étymologiques parlent d'elles-mêmes, polis, c'est la ville, civis, civitas, c'est le citoyen, la cité, c'est-à-dire là où la concentration humaine est forte) et le contraire de ces notions, le contraire de quelqu'un de " bien " élevé (entendre, bien soumis), c'est un sauvage. Pas d'erreur possible, on retrouve bien la fable du loup et du chien. L'école, cette formidable machine à standardiser et à soumettre (ça me fait mal de le reconnaître car j'en fais partie, mais je crois qu'il faut dire la vérité une fois dans sa vie) prépare le terrain, génération après génération.



En effet, l'école permet-elle aux individus de cultiver ce qu'ils ont d'original en eux, de les émanciper, de véritablement repérer les talents ? Non, elle récompense l'aptitude à la soumission, à poser son cul exactement à la place qu'on lui indique. J'ai eu plein de ces petits élèves brillants, super malins, super sauvages, et je sais que jamais l'école ne les mettra en avant, jamais, car ils refusent tout net le pacte tacite : sois soumis, obéis. Ils finiront dealers, chefs de bande, à la tête d'un réseau, une activité qui demande des qualités incroyables de courage, d'organisation, de flair et de charisme, tout simplement parce que l'école a boudé leur talent, n'a tenu compte que de leur absence de servilité et les a rayés de ses tablettes.



Or, l'humanité tend à toujours plus de densité de population, toujours plus de villes, toujours plus d'influence des villes sur les campagnes, c'est-à-dire toujours plus de " civilisation " (entendez, soumission). Regardez comme nos gouvernements nous tiennent en laisse avec leurs obligations de ceci, puis de cela, passe sanitaire machin, attestation truc, etc. et la liste est sans fin. Et toujours nous marchons bien gentiment à la corde, en braves animaux domestiques que nous sommes et que nous redouterions de ne plus être.



J'imagine que la situation est encore bien pire aujourd'hui qu'à l'époque où La Boétie écrivait son constat de notre incroyable passivité collective à endurer la servitude. (Souvenez-vous la toute première scène du film de Chaplin, Les Temps modernes, ce troupeau de moutons, puis la même image avec des humains à l'entrée d'une usine. On pourrait de nos jours décliner l'image à l'entrée de n'importe quel métro ou de n'importe quelle institution où la queue est de règle. La vie IKEA en somme, suivre bien gentiment le petit train et payer à la fin, voilà, c'est ça la servitude volontaire.)



Un des aspects les plus intéressants soulevé par La Boétie, je trouve, concerne le profil courtisan. En effet, tant que l'on n'est pas à l'échelon du tyran, il faut faire de la lèche à grands coups de langue et à toute heure du jour ou de la nuit, il faut être ultra, méga, giga asservi, sous peine de perdre le minuscule privilège que le souverain vous octroie. (Voyez comme les ministres se contorsionnent auprès d'un président…)



D'ailleurs, nos souverains actuels font aussi régulièrement acte de soumission, lorsqu'ils passent des heures à serrer des louches de gens qu'ils méprisent singulièrement, mais sans le suffrage desquels, ils ne pourraient prétendre à leurs privilèges.



En somme, c'est un écrit très petit, très univoque, que nous sert l'auteur, mais la question soulevée est si puissante, si présente, si prégnante qu'elle appelle à se situer, se considérer soi-même dans ce vaste ensemble de servitudes qu'est une société humaine. C'est toujours une expérience intéressante, que je vous conseille bien volontiers : vous asservir quelques minutes à cette lecture. Souvenez-vous seulement que ceci n'est que mon avis, servile à sa façon, aujourd'hui plus que jamais, pas grand-chose.
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Discours de la servitude volontaire

Etienne de La Boétie est, quelque part, un anarchiste !

Pourquoi les hommes restent-ils sous le joug d'un tyran ?

Mais arrêtez de servir volontairement ( la servitude volontaire ) votre tyran : sans vous, le socle, il se cassera la figure !

.

C'est un court essai philosophico-politique. Dans l'édition Librio, Romain Enriquez a modernisé l'écriture, et évidemment, c'est alors très facile à lire, et très logique.

Il y a eu plein de tyrans de par le monde, et comme Machiavel, La Boétie prend surtout des exemples dans le monde romain, et comme lui, conclut que la fin des tyrans est rarement heureuse.

Mais pourquoi les suit-on, alors qu'ils suppriment la liberté, et même parfois la liberté de penser ?

.

Par habitude ;

par crédulité ;

Les tyrans comme Cyrus de Perse ou Néron jouent sur les vices des hommes, et provoquent les appâts de la servitude :

ils favorisent la lubricité, la boisson, les grands repas, les fêtes, la religion et surtout l'avidité.

L'avidité, on le sait, fonctionne encore très bien de nos jours.

.

J'ai beaucoup apprécié cet essai, car je me limitais aux jeux du cirque de César pour détourner l'attention du Peuple.

J'ai aimé la conclusion, où La Boétie plaint les tyrans et leurs acolytes, qui ne s'aiment pas eux-mêmes, et les considère comme les abandonnés de Dieu.

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Discours de la servitude volontaire

Je ne vais sans doute pas redire ce qui a été dit mille fois sur ce petit opuscule. Sur les mécanismes qui permettent l'intériorisation et la normalisation de la tyrannie comme seul régime possible de gouvernement. Sur l'abêtissement des masses par le divertissement comme tactique de diversion du fait politique. Sur les affres de la courtisanerie comme condition de possibilité et de reproduction de la servitude du peuple. Sur la vision par trop moraliste et manichéenne du texte, aussi.

Mais l'essentiel est ailleurs : dans l'importance qu'il y a à lire ou relire ce texte aujourd'hui et, peut-être, à en tirer des leçons sur la manière dont nous sommes gouverné.e.s.

Indispensable.
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Discours de la servitude volontaire

Si l'envie vous vient de vous faire remettre les pendules à l'heure par un gamin de 18 ans, qui plus est s'exprimant il y a 500 ans de cela, foncez sur ce petit pamphlet incroyablement revigorant et qui frappe direct à l'essentiel :

Et de un, nous sommes tous esclaves, et de deux, si nous le sommes c'est parce que nous le voulons bien, tenus que nous sommes par l'habitude, la préférence pour le confort, mais avant tout par peur de la liberté. Et ceci s'applique, du fait de l'universalité du propos, tant à la sphère politique et sociale qu'à la sphère personnelle.

Le tout abondamment illustré de références historiques piochées dans une culture classique qui ferait honte au plus érudit d'entre nous.

Belle leçon : voilà comment un texte devient immortel, traversant les siècles pour ébahir le lecteur d'aujourd'hui de sa brûlante actualité!
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Discours de la servitude volontaire

Du haut de ses 18 ans, La Boétie a dit : "c'est un malheur extrême que d'être assujetti à un maître dont on ne peut jamais être assuré de la bonté, et qui a toujours le pouvoir d'être méchant quand il le voudra. Quant à obéir à plusieurs maîtres, c'est être autant de fois extrêmement malheureux." p.7. Le futur magistrat affirme dans la foulée qu'il n'est pas donné à tous d'être libre. Constat étonnant lorsque l'on considère qu'il "est bien inutile de demander si la liberté est naturelle, puisqu'on ne peut tenir aucun être en servitude sans lui faire tort : il n'y a rien au monde de plus contraire à la nature, toute raisonnable, que l'injustice." p.17. Malgré cette vérité, quelques 437 ans après la parution de ce discours, l'analyse demeure d'actualité. Que le pouvoir établi soit une Monarchie absolue ou tout autre autorité despotique, un tyran restera toujours un tyran. Doit-on pour autant en conclure que la servitude est propre à l'homme ? La réponse de La Boétie est certainement négative mais elle est justement nuancée par l'emploi de l'expression "servitude volontaire". Ce discours s'impose comme un appel (peut-être par certains aspects candide) à la révolte contre toute servitude. La Boétie assure, et je suis de son avis sur au moins ce point, qu'on "ne regrette jamais ce qu'on a jamais eu. Le chagrin ne vient qu'après le plaisir et toujours à la connaissance du malheur, se joint le souvenir de quelque joie passée. La nature de l'homme est d'être libre et de vouloir l'être, mais il prend facilement un autre pli lorsque l'éducation le lui donne." p.26. Pourquoi l'homme est-il donc si enclin à obéir ? La soumission serait-elle liée à la peur, l'ignorance, la crédulité, la complaisance, l'impuissance ou tout à la fois ? Quel rapport incompréhensible lie donc le maître à l'esclave ? Opposant la nature à la culture, le poète humaniste questionne dans cet essai publié à titre posthume (1576), sur les raisons qui contraignent la liberté des hommes. La Boétie convient que l'habitude est la raison première de la servitude. Vient ensuite le laxisme des soumis et enfin la faiblesse des fidèles... Puisant ses références dans l'histoire de la Grèce antique et remontant aux causes qui motivent ces différents comportements, l'auteur livre avec ce discours une critique acide de l'absolutisme. La subversion de ce court plaidoyer contre le despotisme et l'humanisme qui l'habite font honneur au principe de liberté défendu par La Boétie. De la philosophie politique ainsi esquissée par le jeune Étienne, il faut se rappeler qu'il ne s'agit pas d'un discours de circonstance mais bien d'un texte majeur qui inspirera les bases fondammentales de La désobéissance civile développée quelques siècles plus tard par Henry David Thoreau (1848).



Pour l'anecdote, on notera que c'est grâce à ce texte que Montaigne (philosophe dont je cautionne largement les idées) a souhaité faire la connaissance de La Boétie. De la recontre de ces deux brillantes figures de la pensée humaniste, naîtra une relation sincère, loyale et durable qui donne un bel exemple de ce que Montaigne a décrit comme la parfaite amitié. Montaigne consacre d'ailleurs un chapitre initutlé De l'amitié dans ses Essais où il célèbre leur union fusionnelle (dois-je rappeler qu'il n'est pas question d'homosexualité?).
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Discours de la servitude volontaire

Il est toujours intéressant de "retourner aux sources" des grandes idées politiques.

Ce traité nous fait un portrait de la figure du tyran et, en contrepoint, de celui des peuples qui acceptent la domination qu'ils exercent.

Quels sont les mécanismes qui permettent cette aliénation ? Vivre ainsi soumis à la volonté du tyran semble procurer une sécurité de pensée, une stabilité sociale qui fait passer la liberté au second plan.

S'il y avait une idée à extraire de ce petit ouvrage dramatiquement d'actualité, c'est sans doute que nos maîtres n'ont de pouvoir que celui que nous voulons bien leur accorder.

Heureusement pour eux, et pour leur appendice que la révolution française avait rendu si fragile, ils disposent d'une cohorte de serviteurs en cercles concentriques qui profitent des oboles dispensées par le pouvoir. En espérant toujours remonter d'un cran dans la hiérarchie et l'attribution des gratifications.

En lisant ce texte de référence, on est surpris de sa modernité alors que La Boétie se réfère à l'antiquité grecque et romaine...

Il est manifeste que le tyran se sait détesté par son peuple mais il n'en a cure.

Tant que le peuple est résigné, tant que le peuple consent à sa domination, par crainte de pire ou par calcul, il est assuré de rester au pouvoir.

Un beau texte méritant réflexion.

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Discours de la servitude volontaire

« En 1548, sous le règne d’Henri II, éclate à Bordeaux une révolte populaire contre l’impôt sur le sel, qui fait l’objet d’une sanglante répression par le connétable de Montmorency ; c’est à cette date, selon Montaigne, que la Boétie commence à écrire le Discours de la servitude volontaire ou Contr’un. »



Voilà donc, selon la courte biographie intégrée au livre, l’origine de cet essai qui a traversé les siècles, le plus souvent en classe économique, pour arriver jusqu’à nous. Ce texte que je découvre est impressionnant de force et de conviction ; une réaction pamphlétaire aussi violente que l’acte odieux qui l’a provoquée. La charge est lancée contre l’absolutisme bien avant que ce terme ne soit effectif. C’est le gouvernement d’un seul qui est honni : la tyrannie.

Étienne de la Boétie s’étonne et s’offusque qu’il soit possible à un seul homme de priver de liberté une foule, une nation. Il suffirait que la foule dise « non », et s’en serait fini. Pourtant ce type de gouvernement d’un seul existe largement. Pourquoi ? Essentiellement parce que le peuple se laisse faire, est trop paresseux, trop mouton, accepte l’inacceptable avec philosophie. C’est le peuple lui-même qui s’enchaine.

Plus loin, il convient que le seul tyran n’est jamais si seul ; il attire à lui d’autres hommes qui trouvent un profit à exploiter ceux plus bas qu’eux dans la structure pyramidale du joug. Mais il ne remet pas en cause son idée première malgré cela.



On ne peut qu’apprécier (j’espère) ce coup de semonce contre les régimes tyranniques abusant de leur autorité. Les exemples continuent d’empuantir le monde. Mais j’ai eu l’impression qu’on pouvait interpréter ce texte comme l’affirmation que la liberté individuelle est naturelle et suprême, dans le sens où on ne doit jamais obéir à personne. Un discours d’anarchie absolue où la notion de loi même ne devait pas exister car elle limite forcément les mouvements de la liberté absolue. C’est la notion transportée par le diction « la liberté s'arrête là où commence celle des autres » qui m’a semblé battue en brèche.

Après réflexion, je ne pense pas que La Boétie souhaitait aller jusque là.



J’ai parfois tiqué sur l’argumentation. J’ai repéré des sophismes. J’ai trouvé certaines interprétations de l’Histoire antique un peu trop restreintes. Je comprends par exemple que l’auteur applaudisse l’union des Grecs affrontant la Perse, mais il ne dit rien de l’impérialisme d’Athènes – une démocratie – sur la ligue de Délos. Faut-il considérer que, selon lui, les cités grecques libres passant des siècles à se battre en elles représente une situation enviable ? Lorsque Étienne de la Boétie dit qu’il hait Jules César et adore ses assassins qui défendaient la République, considère-t-il que la République aristocratique qui se moquait probablement du peuple était un meilleur modèle ? Cela peut se discuter.



Vu la violence de l’assaut sur la royauté, je me suis demandé quelle avait été la réception du texte par les Valois. C’est la mini biographie qui m’a éclairé : il n’y a pas eu réception. Le texte n’a pas été publié. Après la mort de la Boétie, son grand ami Montaigne ne le publie pas de crainte qu’on en fasse un usage subversif. Il n’est publié dans son intégralité qu’au XIXe siècle. De fait, la vie de La Boétie est tout à fait intégrée au système. Elle n’a rien d’anarchiste. Cela plaide pour une interprétation de ce texte comme un « coup de sang » généré par l’événement décrit au début de ce billet, et par extension comme un appel au peuple pour qu’il reste en alerte, qu’il ne se laisse pas endormir et surveille ses dirigeants.

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Discours de la servitude volontaire

En 41 pages, tout est dit sur les tyrans qui gouvernent. La Boétie avait 18 ans, ou même 16, à sa rédaction. Écrit en 1576 avec peu de rides. Une colère qui, même si ça ne va pas changer grand chose, au moins ça soulage.

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Discours de la servitude volontaire

Waouh quelle claque !

Comment est-ce possible qu'un gamin de 18 ans soit capable d'écrire un texte pareil en 1548 quand aujourd'hui, nos ados se cherchent des noises sur les réseaux sociaux ?

J'avoue que ce texte reste d'une actualité brûlante : le goût du pouvoir, l'obéissance à une autorité, l'aliénation du peuple, sa soumission à une autorité qui n'a de légitimité que parce qu'il y a des personnes qui acceptent de lui obéir. Et les courtisans qui deviennent des tyrans à leur tour pour plaire au chef, pour le flatter, contribuant ainsi à l'édification d'un système pyramidal Et la solitude du chef qui redoute la mutinerie et qui serre un peu plus la vis. Mais ce mec était un anarchiste avant l'heure ou quoi ? Un adepte du référendum d'initiative citoyenne ? Un gilet jaune du XVI° siècle ?

Cela vient faire écho à un conte lu dans mon livre précédent terminé hier (Alabama 1963) : un maître avait 200 esclaves dans ses champs de coton, la broche de sa femme avait disparu et le coupable devait bien entendu être parmi les esclaves, aussi il leur laissait une nuit pour que le coupable se dénonce sinon il fouettera tout le monde. Le lendemain. A son réveil, plus une fleur de coton, plus un seul esclave sur le domaine. L'histoire raconte qu'ils en avaient confectionné un nuage pour s'envoler. La femme du tyran, retrouva ensuite sa broche dans ses affaires et le maître fut ruiné.

La soumission à l'autorité ne serait donc qu'une construction psychique ? Comme cet oiseau en cage à qui l'on ouvre la porte et qui reste là par peur de l'inconnu.

Ce bouquin va me faire réfléchir toute la nuit. Demain, je dis merde à mon chef, je lui dis qu'il voie ça avec La Boétie. Non, je déconne, il est sympa mon chef !!



Challenge multi-défis 2021.
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Discours de la servitude volontaire

Etienne de la Boétie écrivit ce texte entre 16 et 18 ans...Grand ami de Montaigne, il eut une vie courte (mort à 32 ans) et bien remplie.



Ce texte nous révèle deux choses, selon moi, de son auteur : il avait une grande érudition, il n'était donc pas de basse extraction, et il était "indigné", sans doute, mais prudent, l'ensemble des références avancées dans son "Discours de la Servitude Volontaire" remontant à l'antiquité. Bref, pas de mesquinerie excessive, je sais bien qu'il faut dissocier l'oeuvre de son auteur...mais quand même, celle-ci ne l'a pas empêché d'être autorisé par le roi à devenir magistrat avant l'âge légal.

Historiquement, ce texte préfigure un peu ce que seront les réflexions de philosophes ultérieurs (Locke, Rousseau), s'emparant de la chose politique. Il ne faut donc pas lui retirer, malgré sa brièveté, son caractère "avant-gardiste" et audacieux, en un sens.



La Boétie analyse les rapports entre tyrannie (du pouvoir politique) et soumission du peuple et avance l'idée que, si la tyrannie peut être imposée par la force elle ne perdure que par la "complicité tacite" du peuple, qui s'y soumet, en quelque sorte, volontairement. Comment ? Par la force de l'habitude et par l'emploi de techniques "vieilles comme le monde" (du pain et des jeux). Et comme dirait Napoléon "le peuple est le même partout. Quand on dore ses fers, il ne hait pas la servitude".

Ceci est bien malheureux pour La Boétie car, pour lui, la liberté et l'égalité sont des "droits naturels". Alors, oui, c'est facile car j'ai le recul historique, mais moi, cette notion de droit naturel, ça me chiffonne et j'en viens à me demander, dans ce cas là, pourquoi en est-on arrivé à PROCLAMER la déclaration universelle des droits de l'homme ? C'est-à-dire, pourquoi passer par le droit positif si c'est si naturel que ça ? Et donc pourquoi a-t-il fallu tout ce temps à l'humanité pour se rendre compte de cette chose si incomprehensible et inadmissible qu'est la "servitude volontaire"?



Je suis désolé mais la réponse "la force de l'habitude" a du mal à me satisfaire...Si encore on m'avançait la force de l'ignorance, là pourquoi pas...Ah oui et puis le "on ne regrette pas ce que l'on a jamais connu"...Mouais...là aussi, j'ai du mal à souscrire. Par contre j'entends très bien le "par intérêt"...Oui, parce que, voyez-vous, le pain et les jeux ça ne marche qu'avec le bas peuple, l'élite il lui en faut plus, il lui faut de la thune et des privilèges...auquel cas elle ne dédaigne pas de faire fonction de clique au tyran, allant même jusqu'à servir de paratonnerre en cas de foudre populaire.



"le Discours de la Servitude Volontaire" est, finalement, malgré la maturité que l'on prête à son auteur, empreint d'une certaine inexpérience des rapports humains, de la nature humaine, même s'il repère parfaitement les mécanismes de perpétuation du pouvoir. On ne peut, néanmoins, lui reprocher d'omettre des outils (inconnus alors) dans sa réflexion, telle que la psychologie, ou la sociologie...Son importance, d'un point de vue historique, est certaine...c'est sans doute une graine parmi d'autres.
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Discours de la servitude volontaire

Etienne de La Boétie n'est pas seulement un nom sur la plaque d'une élégante rue du VIIIème arrondissement de Paris, débouchant sur la nom moins luxueuse Avenue des Champs-Elysées. C'est aussi, et surtout, le nom d'un auteur qui a tout fait très vite, même vivre. Né en 1530, La Boétie est un humaniste, un vrai, qui a traduit Plutarque et Xénophon avant l'âge de 18 ans. Licencié et magistrat avant l'âge légal, il était aussi le meilleur ami de Montaigne qui lui consacre d'ailleurs un beau passage dans le chapitre "de l'amitié" des Essais. Fin lettré, latiniste, helléniste et humaniste, La Boétie est mort à 32 ans mais il aura eu le temps d'écrire un de ses textes les plus connus: "De la servitude volontaire". Œuvre politique mais également littéraire et morale, La Boétie y étudie les rapports maître-esclave qui régissent le monde. L'Homme est par nature né libre et il est donc dénaturé (au sens propre) lorsqu'il obéit à un maître, un roi, un tyran. Dans ce court essai, le jeune auteur réfléchit au comportement du peuple, bien trop souvent soumis, et à l'attitude du tyran. Il exhorte à la rébellion (pacifiste).

Ce texte, ô combien actuel, a inspiré grand nombre de personnalités, de Marat à nos jours. Toutefois il n'est pas seulement à lire avec un regard politique, il faut aussi y voir la science d'un homme cultivé du 16ème siècle qui va puiser ses exemples dans l'Antiquité, et la plume aiguisée d'un homme de lettres.
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Discours de la servitude volontaire

Montaigne assure que La Boétie avait entre seize et dix-huit ans lorsqu'il a écrit le Discours de la Servitude Volontaire.

Si certaines personnes en ont douter, pour ma part, il ne me viendrait pas un seul instant d'avoir le moindre doute à ce sujet : mon ressenti vis-à-vis du Discours de la Servitude Volontaire a en effet été celui d'avoir en face de moi une réflexion intéressante sur la tyrannie, mais loin d'être mûre.

Il y a là des réflexions intéressantes ; un certain nombre d'idées qui préfigurent celles de Rousseau. L'une des choses qui m'a frappée est l'importance donnée à l'éducation de l'homme, et les passages à ce sujet ne sont pas des moins intéressants.

Cependant, comme je l'ai dit précédemment, cette réflexion est loin d'être mûre. Il y a souvent de la confusion, et le texte manque de développement. Le Discours de la Servitude Volontaire est une réflexion intéressante, qui donne à réfléchir, mais qui reste incomplète et à travailler.

Des pistes intéressantes de réflexion, qui préfigurent les Lumières, mais rien d'autre que des pistes.
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Discours de la servitude volontaire

Ce texte de La Boétie est étonnant. Au coeur d'un 16ème siècle où la royauté est omnipotente, cet auteur proclame en gros, libérez-vous du joug du tyran. Si une, 100 ou mille personnes cèdent au pouvoir d'un, voire de plusieurs dictateurs, un million de citoyens peuvent faire tomber ce pouvoir omnipotent.



Aujourd'hui, quelques personnes, possédant la presque totalité des richesses, font la loi sur toutes les autres, minoritaires en matière de biens mais largement majoritaires en nombre de citoyens. Ces conquérants des biens matériels, donc politiques, ne s'intéressent ni aux gens, ni au réchauffement climatique, ni à la perte de la diversité. Qu'attendons-nous pour appliquer les préceptes de La Boétie ? Comme Stéphane HESSEL auquel j'assimile ce jeune homme du 16ème siècle, "Indignons-nous !"
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Discours de la servitude volontaire

Discours de la servitude volontaire est mon essai préféré, tout simplement parce qu'il est limpide, concis et d'une portée imparable pour les esprits qui l'ont lu. Ce petit manuel relativement court devrait être obligatoire au programme des collégiens ou des lycéens, tellement il éclaire sur les mécanismes de servitude des citoyens au pouvoir en place qui nous dirige.

C'est d'ailleurs sûrement, une des raisons, pour laquelle les politiques n'en parlent jamais, trop dangereux, le peuple pourrait décider de ne plus obéir servilement.

Le génie de ce texte est d'expliquer avec clarté les différents types de dirigeants auxquels nous pouvons être soumis et les conséquences qui en découlent :

- Les tyrans qui s'emparent du pouvoir par la violence,

_Ceux qui dirigent par succession héréditaire

- Et enfin les derniers, élus par le peuple.

Mais là ou résonne le mieux ses propos, c'est dans la croyance bête des citoyens de penser qu'une fois leurs représentants élus, ils seront bien gouvernés dans le sens de leurs intérêts. En fait l'auteur nous démontre le contraire, une fois élus, les dirigeants commandent souvent selon ce qu'ils croient bon pour nous et vont donc dans une direction néfaste pour le peuple. C'est là, que La Boétie nous tance, en arguant du simple fait, citoyens ne vous soumettez plus, ne servez plus votre chef présumé, créant la première désobéissance civile officielle de l'histoire tout en insistant bien sur la nécessité de ne pas recourir à la violence contre des dirigeants élus.

Son mot d'ordre est simple : brisons pacifiquement les chaînes que tous nous nous sommes données !

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Discours de la servitude volontaire

Un essai très court mais très dense et d'une justesse toiujours d'actualité.

Franchement montaigne et La Boétie allaient très bien ensemble! de très grands esprits.

Ce livre n'est peut être pas à mettre entre toutes les mains ou devant les yeux de n'importe qui car il pourrait y avoir des rebelles partout qui nous sortiraient de notre confort létargique mais si doux.

Et dire que c'est en vente libre! Mais que fait la police?
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Discours de la servitude volontaire

Lorsqu’il écrit le Discours de la servitude humaine, Etienne de la Boétie (1530-1563) étudie le droit à l’université d’Orléans, l’une des plus réputées d’Europe à l’époque. Montaigne, son grand ami, nous dit dans ses Essais qu’il n’avait alors pas encore 18 ans. Des controverses ont éclaté à ce sujet : le Discours n’a pu être écrit par un si jeune homme. Partant, soit il l’a écrit à un âge plus mûr, soit c’est Montaigne lui-même - qui voulait l’inclure dans l’une des éditons de ses Essais - qui en l’auteur. Il est admis de nos jours que c’est bien La Boétie qui a rédigé le Discours, et ce dans sa « prime jeunesse » (même s’il est possible qu’il l’ait retouché plus tard, ou que Montaigne y ait apporté des corrections ou des ajouts). On se trouve donc face à un texte révélant un esprit brillant et d’une grande précocité. Certains commentateurs n’y voient qu’un classique exercice de rhétorique, tel qu’en pratiquaient les étudiants d’alors. C’est cela et beaucoup plus : un essai de philosophie et de psychologie politiques.

Pour La Boétie, il est dans la nature de l’homme d’être libre et raisonnable. Pourtant , il observe que les hommes subissent souvent le joug d’autres hommes, quand ce n’est pas d’un seul. Ainsi soumis, ils semblent préférer souffrir et servir leur tyran, plutôt que de rechercher la liberté à laquelle leur nature aspire. La Boétie voit plusieurs causes à cette soumission : les hommes, naissant dans le servage, sont éduqués à obéir ; ils sont abêtis par les divertissements et les quelques faveurs que leur prodigue le tyran ; enfin, le despote se fait aider par quelques vassaux qui eux-mêmes en soumettent d’autres, ainsi de suite jusqu’à former une longue chaîne de soumission.

Cependant, plus qu’à une dénonciation de la tyrannie, c’est à celle de la passivité du peuple que s’attache La Boétie. En effet, sans la résignation, voire l’approbation du peuple, pas de tyrannie possible. Par quelle perversion de leur nature les hommes se laissent-ils mettre le joug, alors même que cela ne leur apporte que peines et malheurs ? Car il ne leur suffirait que de vouloir se libérer pour que cesse toute servitude : Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres.

Le Discours a inspiré nombre de révolutionnaires des époques ultérieures, en particulier aux XVIIIème et XIXème siècles. Cependant, pas d’appel à la sédition et au désordre public chez La Boétie. Il était trop soucieux de paix sociale pour cela, horrifié qu’il était par les guerres de religion qui ensanglantaient le pays à son époque. On était encore loin également de notions telles que souveraineté du peuple et démocratie. En revanche, il nous disait ceci : l’homme ne peut se laisser dominer sans se renier lui-même. Il est responsable de sa condition et il n’appartient qu’à lui de la changer. La leçon vaut en tout temps et en tout lieu, y compris ici et maintenant où la servitude, qu’elle soit politique ou économique, ou les deux à la fois, est bien d’actualité.


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Discours de la servitude volontaire

Etienne de la Boétie, passé à la postérité pour sa célèbre amitié avec Montaigne, que l'on a bien évidemment tous en tête, est devenu un peu moins célèbre que son grand ami car mort trop jeune, à 33 ans, mais il fut tout de même dans ce cours laps de temps sur terre, magistrat et homme de droit. Toutefois ce texte, qui est son unique et lui a valu sa renommée posthume, fut écrit bien avant à seulement 18 ans !

Car selon Montaigne, c'est en 1548 lorsqu'une révolte populaire contre la gabelle éclate et qu'elle se trouve réprimé dans le sang, que La Boétie aurait commencé à écrire son discours.

Dans ce texte, somme toute très court, une quarantaine de pages à peine, ce qu'il cherche à comprendre et à expliquer c'est pourquoi nous, les Hommes, acceptons-nous l'asservissement. Oui, pourquoi ? Vaste question qui pourrait remplir une bibliothèque entière, mais à laquelle La Boétie tente d'apporter quelques réponses. Il va le faire en puisant ses source de réflexion principales dans l'Antiquité. D'ailleurs ce texte aurait pu s'intituler « Discours de la servitude volontaire dans l'Antiquité » tant elle est omniprésente ! Si c'est un procédé qui a l'avantage de fournir un grand nombre d'exemples et de conférer à ses observations une aura intemporelle, il a en revanche l'inconvénient de devenir rapidement obscure pour quiconque n'aurait pas, comme lui, une vaste culture antique. Ce qui fut en l'occurrence mon cas, et bien que La Boétie explicite plutôt clairement ces anecdotes, j'ai déploré qu'il n'ait pas utilisé plus d'exemples contemporain pour étayer ses propos (car ce n'est pas les tyrans qui doivent manquer en ce milieu de XVIe siècle dans le monde !).

Quoi qu'il en soit de tous ces exemples greco-latins, il en tire un certain nombre de pistes : tout d'abord — et c'est ce que j'ai trouvé le plus intéressant —, il y a selon lui trois types de tyrans. Celui parvenu par les armes, celui parvenu par l'hérédité et enfin celui parvenu par élection. Encore une fois j'ai eu l'impression qu'il parlait davantage les deux premiers cas que du dernier, j'ai trouvé ça dommage car en tant que lecteur d'aujourd'hui c'est ce dernier qui nous parle le plus.

Quoi qu'il en soit, dans le fond, les conclusions qu'il en tire s'appliquent aux trois formes.

Et quelles sont donc ces conclusions ?

La Boétie estime que si les tyrannies perdurent et prospèrent c'est principalement du à l'habitude qui se forment chez les populations asservis. Autrement dit une forme d'accoutumance qui endort et ramollit toute velléité de résistance ou de réveil. Et pour peu que le régime tyrannique dure sur plusieurs générations, voilà toute notion de liberté réelle perdue, oublié dans le fond des âges, et la servitude transmise, collectivement et volontairement acceptée. Dans un phénomène paradoxale la masse en théorie plus forte que quelques uns, voit sa volonté faiblir et annihilée. Et effectivement, c'est à la fois très juste et très vraie, l'habitude chez l'homme, qu'elle soit collective ou individuelle, est la source de bien des maux et ce qu'il y a de plus difficile à corriger. L'aborder ici du point de vue de la société est original pour le siècle je trouve, en plus d'être extrêmement pertinent.

Cela dit, La Boétie nous montre que le pouvoir des tyrans repose sur de fragiles fondations ; l'adhésion par la peur (ou le mensonge), la longévité par l'habitude, l'abrutissement par les jeux et les plaisirs, des êtres pas ou peu aimé, toujours craint et bien moins protégé qu'on le croit. Finalement ce que l'on comprend entre les lignes et qui passe quasiment pour évident c'est qu'il suffirait de se soulever.

La Boétie ne le dit pas vraiment pas plus qu'il ne propose d'alternative, car ce texte est effectivement comme son titre l'indique, un discours, un plaidoyer plus qu'autre chose, l'amorce à une réflexion et à un recul sur notre propre condition.

La Boétie estime, tout comme Rousseau, que la liberté est l'état naturel des hommes, alors forcément toute entrave y serait par définition contre nature et effectivement on peut se demander si le fait même d'avoir des dirigeants, aussi lointains soient-ils de nos vies quotidiennes, n'est-ce pas une forme d'asservissement ? Je dis volontairement dirigeants et non tyran comme La Boétie car beaucoup de ce qu'il décrit et dénonce s'applique aisément de nos jours à ceux que l'on appelle simplement « dirigeants » ou « présidents ».

C'est pourquoi c'est un texte dont la résonance est intemporelle, hormis les références antiques, sa substance et les des idées qui y sont développées sont terriblement actuelles, et le seront, je pense, tant que les hommes vivront sur terre.

On lit et l'on ne peut s'empêcher de penser, pourquoi acceptons par simple habitude, par résignation, par passivité, le pouvoir de ceux qui ne nous font aucun bien ? Et combien de dictateurs dans le monde pourraient être renversés en moins de temps qu'il ne faut pour le dire si seulement leurs peuples se rendaient compte qu'ils leur sont supérieurs en force et en nombre ? C'est vertigineux.

Bref, c'est un texte qui ouvre une quantité de réflexion sur la nature de l'homme et sur nos sociétés, un texte passionnant, fondateur et que tout citoyen éclairé, ou qui veut l'être, devrait lire !
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Discours de la servitude volontaire

Petit brûlot contre la tyrannie.

La Boétie montre que celle-ci ne peut s'établir que parce que les peuples volontairement se soumettent au tyran, qui n'a pas les moyens de faire respecter sa volonté par lui-même - par paresse, par habitude, parce qu'ils n'ont jamais connu que la servitude. Il montre aussi comment le tyran corrompt et attire tous les hommes qui lui ressemblent et ainsi peut établir son pouvoir et le maintenir grâce à la collaboration de milliers de "petits tyranneaux" qui tentent de tirer leur épingle du jeu.

C'est une vision assez pessimiste quant au jeu politique car la tyrannie paraît inéluctable. Ceci dit, je le trouve un peu optimiste sur la nature humaine quand il pense que, libres, les hommes seraient capables de vivre en harmonie mais passons…
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Discours de la servitude volontaire

Écrit lors de sa prime jeunesse, ce discours sous forme de dissertation de La Boétie n'en est que plus authentique. C'est entre 16 et 18 ans que lui prend la rédaction de cet ouvrage destiné à rentrer dans le patrimoine littéraire et philosophique de son pays dont il estimait les habitants trop serviles.

L'histoire du texte est déjà intéressante, car s'il est aujourd'hui aussi reconnu, c'est également en partie grâce à Montaigne, qui sera le compagnon de l'une des amitiés les plus pures de l'histoire de l'humanité.





"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres", cette phrase à elle seule résume admirablement la pensée de ce livre. La Boétie nous fait relativiser notre position de dominé face au pouvoir, car ce pouvoir -royal à l'époque-, c'est bien nous qui l’asseyons sur son trône. S'il s'en empare sans notre consentement, il peut se targuer de posséder ce dernier en ce qui concerne sa conservation.

Fidèle à son éducation très tournée vers l'antiquité gréco-romaine, La Boétie nous illustre son chant pour la liberté de nombreux exemples de tyrannie qui n'ont été que renforcée par des peuples pourtant plaintifs. Une liberté accessible à qui veut bien la prendre, voilà ce qui nous est proposé, et pourtant, seuls quelques uns osent s'en emparer, les autres en auraient la paresse.

Une lecture indispensable à tous, d'abord pour sa renommée et la pensée qu'elle véhicule, mais également pour son esthétique, car bien que certaines tournures de phrases soient évidemment dépassées aujourd'hui, il est impossible de nier l'éloquence évidente qui se dégage et qui permet une meilleure assimilation des idées exposées, en plus de placer la liberté sur le trône qu'elle mérite -infiniment plus que les tyrans dont le fessier trop imposant ne lui permet pas de l'occuper suffisamment. Le texte ne présente aucune difficulté d'interprétation malgré la forme de l'essai, il est clair et agréable.

Cela étant, il est vrai que si la lecture de ce type d'ouvrage argumentatif est une habitude, l'on peut regretter que, face à cette érudition évidente de son auteur, ce dernier n'ait pas poussé davantage son analyse.



Pour ce qui est de l'édition, c'est avec celle qui illustre le livre dans la base de données que j'ai découvert le texte (GF). Intéressante car en plus du texte intégrale, son histoire -et quelle histoire !- y est détaillée en préface, rajoutez à cela le fait que Simone Goyard-Fabre, qui présente l'ouvrage, arrive très bien à nous communiquer son enthousiasme quant à celui-ci et vous comprendrez que ce soit cette édition que je vous recommande.





Un très beau livre "à l'honneur de la liberté contre les tyrans".
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Discours de la servitude volontaire

Certes, c'est un traité, certes c'est vieux (XVIème siècle), mais lisez-le ce discours de la servitude volontaire !*

C'est un ordre, je suis un tyran et vous devez m'obéir. Vous n'avez pas le droit de refuser, car les devoirs passent avant les droits ! En plus, vous saurez pourquoi, en le lisant, vous devez absolument m'obéir, vous saurez aussi comment faire pour vous acquitter de vos devoirs, mais non, vous les ferez vos devoirs, sans même vous en rendre compte !

D'ailleurs, le devoir à rendre, là, il est pour hier, pas pour demain ! Alors hophophop là, on ouvre son livre à la page de votre édition qui correspond au début du discours et vous me rédigerez une critique Babelio de 6 pages et vous répondrez à ces questions :



1) Qui sont les acteurs de la servitude volontaire ? Répondez en une ou deux phrases.

2) Quels sont les mécanismes de la servitude volontaire ?

3) Pour quelles raisons la servitude volontaire est-elle appliquée et respectée ? (Question facultative, qui peut vous rapporter un point bonus)

3) Comment Etienne de la Boétie s'approprie-t-il la devise de la République qui est, je le rappelle des fois que vous auriez manqué vos cours d'éducation civique : Liberté, Égalité, Fraternité ?

3) Etienne de la Boétie serait-il un bon citoyen au XVIème ?



Fin du cours. Dommage je n'aurai pas le temps de vous transmettre d'autres consignes. Une dernière chose cependant :

Votre professeur de philosophie étant absent depuis quelques semaines, il m'a chargé de vous transmettre deux sujets de dissertation, au choix, à traiter pendant ses heures de cours :

1) La liberté confine-t-elle à l'irresponsabilité ?

2) Politique : Une démocratie peut-être elle tyrannique ?



* Il ne fait que quelques pages ce bon vieux traité ...
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