Lecture commune : A l'ombre des jeunes filles en fleur

Outch Tchekhov et Proust, c'est ambitieux ! 😄

J'en suis arrivée au moment où le narrateur s'installe au grand hôtel. "Il n'est peut-être rien qui donne plus l'impression de la réalité de ce qui nous est extérieur, que le changement de la position, par rapport à nous, d'une personne même insignifiante, avant que nous l'ayons connue, et après." Pour parler du personnel de l'hôtel ! Cet homme a l'art de communiquer les moindres tressautements de sa conscience.... c'est à la fois fascinant et éreintant. Je vais finir, comme lui, par avoir la fièvre et le désir irrépressible de me coucher sans que mes nerfs, à leur tour, n'autorisent ce repos. Heureusement, il pleut, le rythme varié des gouttes sur les feuilles et le sol, le chant des oiseaux tandis que j'ai laissé ma fenêtre grande ouverte me distraient agréablement du mon livre trop longtemps ouvert à la même page.

Je rebondis sur ce que tu dis, Cathe, à propos de l'impression que quelqu’un te lit ce texte à haute voix. Il se trouve que je découvre ce texte en lecture à haute voix lue par Daniel Mesguich, d'une diction savoureuse et impeccable. Lorsqu'une phrase retient mon attention, je mémorise un ou deux mots-clefs et je peux ensuite la retrouver plus facilement sur une version numérique, la relire, m'en imprégner. 
À propos de ce qui ressemble à une observation fine et sensible des variations du sentiment amoureux à l'égard de l'autre sexe et lorsqu'on connaît un peu ou lorsqu'on découvre la biographie de Proust, on ne peut qu'être admiratif de la qualité de cet exercice de style, évoquant une expérience puisée peut-être essentiellement dans son seul imaginaire. 
Vous remarquerez qu'en béotien du sujet, - je parle de Proust bien entendu , je mets des bémols partout.

Je viens de finir la première partie et en me promenant Avenue du Bois avec Madame Swann tout en causant sous son ombrelle, comme sous le reflet d’un berceau de glycines - en ce beau mois de mai, - entre midi un quart et une heure, je crois que je suis tombé amoureux d’Odette.

Patlancien a dit :

Je viens de finir la première partie et en me promenant Avenue du Bois avec Madame Swann tout en causant sous son ombrelle, comme sous le reflet d’un berceau de glycines - en ce beau mois de mai, - entre midi un quart et une heure, je crois que je suis tombé amoureux d’Odette.

Oui, c'est un très beau portrait de femme qui donne envie de la rencontrer  Elle paraît irrésistible.

Ah le charme invincible d'Odette ! Tu n'es pas le premier, mon cher Pat ! 
En tout cas, elle a l'air bien plus vivante et amusante que le narrateur !

J'ai bien avancé depuis hier : arrivée au Grand Hôtel de Balbec, début du séjour (avec savoureuses descriptions des clients), Marcel fait la connaissance de Robert de Saint-Loup puis de Charlus (savoureux aussi, connaissant les penchants de Charlus). Voilà où j'en suis, regrettant déjà d'avoir oublié certains détails du tome précédent sur Combray. Pourtant je ne l'ai lu qu'il y a 6 mois. A ce rythme je n'aurais plus qu'à tout recommencer une fois arrivée au bout de La Recherche !

Heureusement qu'il y a un peu plus de vie dans ces descriptions mondaines du grand hôtel, j'avoue avoir eu un grand passage à vide sur quelques dizaines de pages qui m'en ont paru 200 et que je serais bien incapable de résumer... Je commence déjà à blêmir à l'idée de la critique que je vais m'efforcer de rédiger !

Même au Grand hôtel je m'ennuie autant que dans Tonio Kröger , dont j'avais écrit que c'était "Une fascinante galerie de mâles blancs, riches et égocentriques. Ils vivent sans travailler, ont de l'érudition, fréquentent le beau monde et les sorties culturelles."
Encore un comme ça et je vais adhérer chez LFI

Ah je vois qu'Odette a beaucoup de succès auprès de nos amis lecteurs... Pour en rajouter une couche, j'ai en tête le film de Schlöndorff, "Un amour de Swann", avec Ornella Muti dans le rôle d'Odette...

cathe a dit :

Ah je vois qu'Odette a beaucoup de succès auprès de nos amis lecteurs... Pour en rajouter une couche, j'ai en tête le film de Schlöndorff, "Un amour de Swann", avec Ornella Muti dans le rôle d'Odette...

C'est la même chose pour moi, Dans mon souvenir Ornella Muti était très belle et incarnait Odette à merveille.

Oui et Jeremy Irons était parfait en Swann :-)

cathe a dit :

Oui et Jeremy Irons était parfait en Swann :-)

Tout à fait !

djdri25 a dit :

cathe a dit :

Oui et Jeremy Irons était parfait en Swann :-)

Tout à fait !

Une bien belle distribution avec Alain Delon en Baron de Charlus et Fanny Ardant en duchesse de Guermantes:-)

Patlancien a dit :

djdri25 a dit :

cathe a dit :

Oui et Jeremy Irons était parfait en Swann :-)

Tout à fait !

Une bien belle distribution avec Alain Delon en Baron de Charlus et Fanny Ardant en duchesse de Guermantes:-)

Ouiii aussi, je ne me souvenais plus de ces acteurs.

Ah ça y est, j'ai rencontré le baron de Charlus ! Et j'ai à nouveau ri "heue heue heue" 😁. Je commençais à désespérer !

Wahou !! T'as super speedé : t'as commencé après nous et t'es preums à déclarer avoir fini !! Bon, bah y a plus qu'à nous trousser une belle critique maintenant 🤩 !

Moi, je viens à peine de quitter la calèche de la marquise, je me suis attardée sur les petits chemins de Normandie...

AnnaCan a dit :

Ah oui, en effet, ! Le passage dont tu parles évoque avec humour un thème archi récurrent dans La Recherche : la confrontation entre le rêve, l'imagination d'une part et la réalité, l'expérience d'autre part. Le problème, avec la réalisation d'une chose rêvée, mille fois espérée, c'est qu'elle ne se contente pas d'être décevante. En plus, elle anéantit le rêve. Il n'est plus possible, même en pensée, de revenir à la chose telle qu'elle était rêvée.

Je me souvenais que tu avais écrit ça, Anna, et je l'ai retrouvé dans les premiers RV avec Albertine ; et ça m'a beaucoup plu.

Je viens de finir la rencontre du narrateur et de Robert Saint-Loup avec les Bloch père et fils. Bien vu mais terriblement vachard, heureusement que l'auteur est aussi incisif avec d'autres milieux ! En fait avec lui tout le monde en prend pour son grade !