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Expert peinture

Cet insigne distingue les amoureux de l'art pictural : biographies et œuvres d'artistes, fictions autour de la peinture, ces lecteurs seraient même prêts à lâcher la plume pour le pinceau.
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Les meilleurs   Dernières critiques
Eugène Boudin, lumières de l'estuaire

En célébration du 200 e anniversaire de naissance d'Eugene Boudin, Anne-Marie Bergeret-Gourbin, conservateur en chef du patrimoine et commissaire d'expositions consacrées au peintre né à Honfleur, publie un magnifique album titré : « Eugène Boudin - Lumières de l'estuaire.



Anne-Marie a dirigé les musées de Honfleur de 1976 à 2016, c'est dire son implication considérable dans le rayonnement de l'artiste ainsi que d'autres comme Claude Monet et Johan-Barthold Jongkind.



J'ai cru au premier abord que cette publication était liée au 150 e anniversaire de l'avènement de l'impressionnisme auquel Boudin est concerné, mais quand j'ai vu la signature du conservateur bien connu dans la région, mon sang n'a pas fait deux tours que je ne me procure cet outil ardent complétant assurément la connaissance du grand peintre. de larges commentaires abondent dans ce beau livre en regard des oeuvres essentiellement liées à l'estuaire de la Seine. C'est dire aussi l'intérêt d'Anne-Marie Bergeret-Gourbin de ne pas trop se disperser sur l'écumage d'autres territoires que fit Boudin pour demeurer largement attaché à sa région normande. Comme la couverture de l'album, pastel presque vignette autour de « Bateau dans l'estuaire de la Seine », c'est de lettres de feu que la mémoire d'Eugéne Boudin s'inscrit dans cette région tant aimée. Peut-être que son point d'orgue fut d'avoir été le passeur de Claude Monet à la postérité, qui mérite en soi bien une distinction particulière, comme ces vieux profs qui dans une abnégation presque aveugle ont livre tous les secrets de leur savoir brillant à leurs élèves pour aller encore plus loin dans l'aventure et forger des ailes comme ici à celui qui a résolument ouvert la voie à l'art moderne, vitrine de l'art français sur le monde.



Eugène Boudin est resté pratiquement toujours le même, attaché comme une bernique sur le rocher de sa région qui était trop belle pour ne pas lui suffire. Je dis cela parce que jusqu'à la fin de sa vie, il reste fidèle à ses thèmes, l'ambiance empesée des ports et des paysages côtiers, peut-être déjà plus en mariniste, on sent qu'il a déjà largué les amarres par temps clément ou favorable pour scruter les ciels toujours chargés et le cul des grands voiliers dont on ne sait trop s'ils partent ou s'ils arrivent avec une impression de mouvement qui semble être l'obsession de l'artiste. Il veut voir tout cela d'un seul par générosité et vraisemblance. Il fait certainement partie de la lignée de ces purs marins comme Tabarly plus près de nous qui ne veulent voir un bateau représenté coupé en quatre : ceux-là n'ont à l'esprit que l'immensité de la mer et le port ne saurait réduire leur impression de force pour aller vaincre les éléments. Cette activité hors normes où l'on voit ces petites embarcations se rapprocher des gros voiliers pour en accentuer le gigantisme, et dans ces embarcations des ombres humaines qui s'agitent dans l'estuaire. Ces scènes lui appartiennent, il en témoigne, elles ont un sens ! C'est lui qui va tourner autour selon le gré de son vent à lui, un peu de Barbizon, un peu de Jongkind, un peu de Signac, c'est patent ! On peut voir même en 1860 son pastel vignette intitulé Sur la plage et là tenter avant l'heure ce qu'on peut qualifier de facture impressionniste. L'homme n'en fait pas un fromage, il sait qu'en inculquant ça a son émule, c'est sa fierté, comme il l'encouragera à peindre sur le motif. Clairement Monet n'est pas fait encore. On se prend à rêver de ces petits coups de pouce du destin qui font parfois la vocation de l'artiste et lui donnent avantage.
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Guillaume Pujolle : La peinture, un lieu d'être

Que de découvertes avec ce beau livre ! Je ne connaissais pas Guillaume Pujolle. Il faut dire que la plupart de ces toiles sont exposées à Lausanne ou encore au Musée d'Art et d'histoire de Sainte-Anne et donc rarement ouvert au public.

Son histoire est intéressante mais je regrette qu'elle ne soit pas plus approfondie. J'aurais vraiment aimé en savoir plus sur cet homme. Mais Blandine Ponet semble avoir fait le choix d'aborder plusieurs sujets comme le milieu psychiatrique, l'art brut, le surréalisme l'Art Nouveau. Tout cela est bien sûr passionnant mais abordé peut-être trop superficiellement. On papillonne et pour entrer dans toutes ces rubriques, il y a parfois des répétitions.

C'est dommage j'aurais vraiment aimé en connaître davantage. Cela m'a tout de même permis de voir et de décrypter certaines des œuvres de ce Guillaume Pujolle qui sera enfermé une bonne partie de sa vie. Il peindra avec, non pas de la gouache mais des produits pharmaceutiques. Son regard, son style a éveillé la curiosité de nombreuses personnalités comme l'un des représentants de l'art brut, Dubuffet et certains surréalistes.

Oui, tout est passionnant mais beaucoup trop survolé.

Tous les thèmes abordés auraient mérités un livre chacun ou au moins quelques pages supplémentaires.

Sans doute trop intéressant car on est frustré par le "trop peu"...



Merci aux Éditions de l'atelier contemporain et Babelio de m'avoir permis de faire la connaissance avec Guillaume Pujolle
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Corrège, ou l'espérance de l'âge d'or

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« Je savais cependant qu'au-delà des aspects techniques, il me faudrait essayer de retrouver cette magie qui fait toute la différence entre une copie, aussi fidèle soit-elle, et son original. Et c'est là que commença l'envie de savoir… »



Je retrouve une deuxième fois, après « Les Grâces de Rubens », la scientifique émérite Sigrid Avrillier, menant en parallèle une carrière de peintre, sculpteur sur pierre et copiste au Louvre. La qualité des livres des éditions Macenta est toujours un plaisir pour les yeux. L'importante iconographie qui accompagne les textes ne peut que réjouir les passionnés de peinture.



L'auteure, installée comme copiste dans la Grande Galerie du Louvre, sous l'oeil attentif des visiteurs, non loin de la salle où ceux-ci vont se presser pour voir La Joconde, a choisi de s'intéresser à un des plus importants peintres de la Renaissance italienne du 16e : Antiono Allegri da Corregio, dit en français tout simplement Corrège. Celui-ci côtoya ses grands contemporains, Léonard de Vinci, Raphaël et Michel-Ange, dont il s'inspira.

Mazarin rêvait de faire de la toile du Corrège « le Mariage mystique de sainte Catherine, devant saint Sébastien », un des plus beaux joyaux de sa collection d'art. « Il ne faut en aucun cas laisser passer celui du Corrège quoi qu'il en coûte », écrit-il. Cela me rappelle quelque chose ? Grâce à lui, l'oeuvre entra dans les collections royales et est devenue un des fleurons du Musée du Louvre.



Sainte Catherine aurait subi le martyre à Alexandrie au début du 4e siècle pour avoir affronté l'empereur romain Maxence. L'église profita de la légende tardive de la sainte au 12e siècle pour, par ce motif poétique du mariage mystique et la dévotion à l'Enfant Jésus, donner dans sa lutte contre l'hérésie une consécration divine à la Vierge Marie que de nombreux tableaux vont montrer avant Corrège.



Un visiteur de passage dans la Grande Galerie pourrait certainement, comme moi-même, s'interroger sur le thème de cet étrange tableau de mariage mystique. Alors à l'apogée de sa carrière, Corrège le peignit pour un notable de Modène vers 1527. Il semblerait être le dernier tableau religieux du peintre avant sa mort en 1534. Quatre personnages occupent le premier plan : la vierge Marie porte sur ses genoux l'Enfant Jésus. Face à elle, sainte Catherine, agenouillée, tend la main à l'enfant qui va saisir son annulaire droit. Les trois mains réunies forment un élégant bouquet de doigts. Derrière sainte Catherine se penche saint Sébastien. Curieusement, au loin, un paysage étonnant de violence surplombe la scène.

Une impression de sérénité profonde se dégage des visages des deux femmes. En regardant la toile de Corrège, je repense à la merveilleuse « Vierge à l'Enfant avec Sainte-Anne », restaurée récemment au Louvre, une des trois toiles que Léonard de Vinci apporta avec lui en France en 1516. Les couleurs de la robe et du manteau de la Vierge sont semblables. Je retrouve le rendu vaporeux des corps en léger clair-obscur et le sourire bienheureux de la Vierge sur son enfant.



Corrège, que je connaissais mal, m'a séduit. L'apparence « tendre et suave » que l'on rencontre dans la plupart de ses toiles faisait les délices De Stendhal au 19e. Cette douceur toujours empreinte d'humanité devait être un trait du caractère de l'artiste.

À partir de 1519, il a 30 ans, le parcours de Corrège se fait essentiellement à Parme où il obtient ses commandes les plus importantes : grandes fresques de coupoles ouvrant sur la clarté du ciel, et magnifiques retables de Madones rappelant Raphaël.

« L'Adoration des bergers de nuit », plus doux que les nuits du Caravage, est splendide. Un deuxième « Mariage mystique de sainte Catherine » peint vers 1518 est, à mes yeux, un petit bijou : les trois personnages, éclairés d'un clair-obscur vacillant, évoquent un étonnant bonheur champêtre désacralisé dans lequel l'Enfant Jésus, plus âgé, s'apprête à passer en souriant l'anneau du mariage au doigt de la sainte et semble se préparer à engager une relation personnelle avec elle.



À la fin du livre, Sigrid Avrillier tente d'élucider la signification de ce mariage mystique de sainte Catherine avec l'Enfant Jésus à l'époque de Corrège. Celui-ci aurait-il laissé un message ? Sur la toile, l'image idyllique du mariage mystique de Corrège ne peut cacher le paysage en arrière-plan, un peu flou, montrant les martyres subis par sainte Catherine et saint Sébastien et des scènes de violences et de guerre.

Le commanditaire du tableau aurait, semble-t-il, désiré dévoiler ses convictions religieuses, en particulier son espoir en un retour de l'église romaine à l'âge d'or de l'église primitive. de ce fait, le peintre ne pouvait, las des comportements belliqueux de son temps, se contenter de l'image belle et rassurante des femmes vue de prime abord et aurait montré également la dure réalité des malheurs engendrés par les guerres.



Les lecteurs apprécieront en annexe l'analyse détaillée de la copiste sur son travail de plusieurs mois dans la Grande Galerie du Louvre.



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Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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Les Yeux de Mona

« Avancer dans la vie, c'est faire cet effort ingrat de mettre au jour des blessures qu'on n'avait pas vues venir et qui, par leur discrétion même, traumatisent l'être tout au fond de son abîme. »



Lorsque l'on aime l'art comme moi, il n'est pas compliqué de comprendre les raisons qui m'ont poussée à lire ce roman.

J'ai été attirée par le regard de la jeune fille à la perle qui fixe le lecteur et l'invite à une sorte d'intimité, d'intériorité avec les oeuvres. Par ce choix, j'avais aussi envie de partir à la rencontre des oeuvres d'art tout autant que de Mona.



*

Ce roman raconte l'histoire d'une petite fille de dix ans, Mona, qui a des problèmes de vue et risque de devenir aveugle. Au lieu de l'accompagner chez un pédopsychiatre comme convenu, son grand-père, un vieil homme érudit et passionné de peinture, va décider de la conduire, en secret, tous les mercredis après-midi, dans un grand musée parisien.

En effet, ce grand-père protecteur et sensible trouve essentiel que la mémoire de sa petite-fille s'imprègne de la beauté du monde si jamais ses yeux s'éteignaient. Il va l'emmener d'abord au palais du Louvre, ensuite à Orsay, et enfin au Centre Pompidou.



Pendant un an, au rythme d'une oeuvre par semaine, Mona et son « Dadé » vont découvrir ensemble, un tableau, une sculpture, une fresque, un dessin, une photographie ou une installation, et bien sûr un artiste et son époque.

J'ai aimé l'approche et la sensibilité du vieil homme qui laisse le temps à l'enfant d'observer l'oeuvre pour en décrypter le sens caché. Ainsi, Mona apprend à regarder les matières et les couleurs, les jeux d'ombre et de lumière, les formes et les volumes, la composition et les techniques picturales. Ensuite, il lui apprend à analyser, juger, faire des liens entre les oeuvres. de manière concise, didactique et accessible, le grand-père l'initie aux principaux courants artistiques et lui délivre des clés de compréhension. Il la guide avec bienveillance et douceur dans ses pensées et ses réflexions jusqu'à ce qu'une leçon d'art et de vie en émerge, leçon que l'enfant s'approprie.

En voici quelques-unes que je fais mienne :



« Connais-toi toi-même. »

« Ce qui ne tue pas rend plus fort. »

« Oublie le négatif ; garde sans cesse la lumière en toi. »



*

L'auteur nous propose un superbe parcours initiatique de la Renaissance italienne à l'une des dernières grandes figures de l'art moderne, Pierre Soulages. Thomas Schlesser nous amène à examiner les 52 chefs-d'oeuvre pour un résultat particulièrement éclectique. Pour plus de praticité, l'éditeur a eu l'excellente idée de glisser dans le livre une jaquette contenant la reproduction de chacune des oeuvres citées.



C'est un voyage fascinant et incroyablement érudit dans l'histoire de l'art occidental, mais pas uniquement : l'auteur aborde également un vaste éventail de sujets, comme la vie des artistes, L Histoire, la religion, la philosophie, …

Si la plupart des artistes sont connus, j'ai trouvé le choix des oeuvres original et pertinent, Thomas Schlesser ne cherchant pas forcément des oeuvres connues du grand public. Chacune d'entre elles s'inscrit dans une époque, un style, une intention, ce qui permet d'avoir une vue d'ensemble des principaux mouvements artistiques, comme le classicisme, le romantisme, l'impressionnisme, le surréalisme, le cubisme, …

En les ordonnant chronologiquement, elles semblent reliées les unes aux autres par un fil invisible mais très fort comme si les mouvements artistiques s'influençaient et se répondaient.



Au cours de ces 52 semaines, je suis devenue une petite souris, m'approchant au plus près de ces oeuvres majeures, faisant abstraction du bruit ambiant des visiteurs, prenant le temps de m'imprégner des oeuvres et d'aiguiser mon regard, d'écouter les échanges entre l'enfant et le vieil homme.

Et si j'ai tout de même un regret, c'est celui de ne pas avoir pu les découvrir comme Mona, me rendant moi-même dans ces trois magnifiques musées, le roman à la main, pour ne découvrir qu'une seule oeuvre d'art à chacune de mes visites.



« Ces gens autour de nous aimeraient tout avaler d'un coup, et ils se perdent sans savoir comment ménager leurs envies. »



*

« Les yeux de Mona » est une tranche de vie profondément ancrée dans l'art, mais le roman ne parle pas uniquement de cela. La fiction s'invite, permettant de découvrir le quotidien de Mona, rythmée par les visites médicales, l'école, les heures passées dans la brocante de son père, lieu de toutes les découvertes.

Ce qui m'a plu dans cette histoire familiale qui se superpose à l'art et lie l'ensemble, c'est la relation entre la petite-fille et « ce grand-père sémaphore, ce monument, ce silex adoré ». J'ai aimé cette petite fille vive, intelligente, curieuse, mâture et ce grand-père pédagogue, attentionné.



« Des grands-parents aux petits-enfants, des petits-enfants aux grands-parents, se crée parfois un lien miraculeux, qui tient au fait que, par une sorte de courbe existentielle, les aînés reviennent, du haut de leur vieil âge, aux sentiments de leur prime jeunesse et saisissent, mieux que quiconque, le printemps de la vie. »



*

Entre essai, roman d'initiation à l'art et fiction, « Les yeux de Mona » est une « invitation au voyage, une lucarne pour le rêve. »

A découvrir pour apprendre, comprendre, aimer, rêver.
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Les folles enquêtes de Magritte et Georgette,..

Tout d'abord, tordre le cou aux idées reçues.

Premièrement, non, le ciel n'est pas majoritairement gris à la côte belge : le vent a tendance a chasser les nuages vers l'intérieur des terres.



Deuxièmement, en dépit de la quatrième de couverture, impossible - à l'époque de Magritte - de manger des moules-frites en été, réservées aux mois en "r" (de septembRe à avRil).



Troisièmement, le couple Magritte, bien qu'ayant habité Bruxelles pendant la majorité de leur vie adulte sont wallons et ne parlent pas "belge"*. Magritte avait plutôt tendance à rouler les rrr, un peu comme Colette.

Mais Nadine Montfils, soucieuse - non pas une fois, mais plusieurs - de plaire à un lectorat "franco-français" se doit de glisser "l'accent belge" dans toutes ses séries policières.

Cela allourdit la prose, sans ajouter grand' chose à l'intrigue ni à la singularité du couple Georgette et René Magritte, dont les enquêtes ne sont pas si folles que cela.





* qui est le brusseleir, mélange de français, flamand, espagnol, allemand...

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Jacques Majorelle

Hommage au célèbre peintre nancéen parti vivre à Marrakech et par là témoigner de son amour pour le Maroc, qui deviendra son pays d'adoption. On suit le parcours d'un peintre doué qui quitte sa Lorraine natale tout d'abord pour découvrir l'Espagne ou l'Italie (beaux tableaux de Venise, hélas peu nombreux), pour l'Afrique (Egypte, puis bien sûr Maroc), mais il y a également une part importante de son œuvre qui est consacrée à l'Afrique subsaharienne. On est ici dans la catégorie des beaux livres avec une mise en page plaisante. La première moitié du livre est composée de chapitres thématiques. La seconde, peu passionnante est un catalogue de ses œuvres, le genre de livres dans lequel les tableaux, pas très bien reproduits, sont réduits à l'état de vignette.

Le livre m'a semblé un peu dénué de regard critique et historique, sur une œuvre intéressante et souvent belle, mais indissolublement liée à notre historie coloniale, et il manque un petit quelque chose là- dessus. Le livre est une énième réédition d'un livre plus ancien, et l'on a du mal à savoir ce qui a été vraiment réactualisé.

C'est dommage car il y a tout à la fois des choses passionnantes et compte tenu de la popularité des jardins Majorelle à Marrakech, ce peintre semble être destiné à une notoriété posthume croissante, que ce livre, me semble-t-il, vient imparfaitement combler.

Pour finir, les reproductions des œuvres m'ont semblé un peu inégales. C'est sans doute lié aux photographies des tableaux elles-mêmes, mais j'imagine que ce n'est pas toujours évident pour un "petit" éditeur.

En tout cas si vous vous intéressez à Majorelle ce livre est pour vous, d'autant qu'il n'y en a pas des milliers !
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Attirances

Première partie : écrivain célèbre, Alexis Kern est harcelé par Mathilde Renois, un étudiante qui a fait de lui l'objet de sa thèse.

Deuxième partie : Delphine Kern, juge d'instruction, cherche à comprendre le cas de Jef Hélias, qui s'accuse de meurtres en série sans qu'on ait retrouvé le moindre cadavre, et qui a transformé les murs de sa prison en gigantesques fresques.

Troisième partie : lassée de sa vie de famille, Étienne emmène la sienne en vacances dans un lieu insolite : un futur terrain militaire au bord de la mer. Mais un terrain qui abrite une vieille demeure qui paraît hantée.



Dit comme cela, le livre ressemble à un recueil de trois nouvelles. Il en a la forme et l'odeur. Et même le goût, quand on croque la première bouchée.

Il faut déguster les dernières miettes pour comprendre qu'il s'agit bien d'un roman en trois parties. Ou de trois nouvelles qui s'imbriquent pour former un roman. Peu importe, l'essentiel étant qu'on y trouve du plaisir, non ?

Des personnages aux caractères bien marqués, des situations extraordinaires (au sens propre du qualificatif), le tout épicé d'une pincée d'irréel. Ajoutons un liant qui ne se dévoile que dans les dernières pages. Voilà les ingrédients majeurs utilisés par l'auteur pour retenir l'attention.

L'écriture est celle, fluide, de Didier Van Cauwelaert. C'est net et sans bavure, et se lit avec plaisir.

Sans doute pas le meilleur bouquin de l'auteur, mais il y a dans celui-ci un côté épicé qui titille l'appétit et retient l'attention.
Lien : http://michelgiraud.fr/2024/..
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L'inconnue du portrait

Un joli roman, qui tourne autour d'un tableau de Klimt, et de ses mystères.



Une belle histoire familiale, dramatique, mais surtout qui met en avant que l'histoire se répète souvent, voir toujours.



Un roman qui est prenant, bien écrit, même si on remarque quelques maladresses.

J'ai été un peu décontenancée au début car chaque chapitre passe d'une époque à l'autre sans aucun commentaire en début de chapitre. Mais ça ne dure vraiment pas longtemps... Juste le temps de comprendre.



Les personnages sont bien travaillés, ont s'y attache assez facilement.



J'ai juste a regretté que certains passages ont été écourtés, j'aurais préféré plus de détails sur certains éléments.

Mais dans l'ensemble ce roman est une belle découverte.

J'ai également trouvé que l'idée d'écrire un roman complètement inventé autour d'un tableau existant était une merveilleuse idée. Et peut être une porte ouverte sur d'autres belles œuvres d'art.
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Les folles enquêtes de Magritte et Georgette,..

Cinquième enquête de ce couple charmant. Cette fois-ci, direction Leffe, dans une abbaye qui, je vous le donne en mille, il s’y brasse la fameuse. C’est que Judith, une amie de Georgette, a disparue. C’est l’occasion pour le couple de chercher à comprendre ce qu’il a bien pu lui arriver. C’est l’occasion également pour Magritte de décrier son ‘’amour’’ pour la religion. Encore une fois, des personnages haut en couleur… mention spécial a la bonne du couple, qui prend quand même une place importante dans le récit. C’est savoureux de lire les piques échangées entre elle et Magritte. Le décor est super, l’histoire se tient, et l’humour noir est encore très présent. Bref, une excellente lecture… du Monfils, quoi !!!
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Tamara de Lempicka

Les oeuvres de Tamara de Lempicka sont marquantes. Quand on en a vue une, elle rentre dans notre imaginaire. La force de la peinture vient aussi du fait qu'il est réalisé par une femme dans une période où règne les hommes. Et aussi par les représentations et la force qui s'en dégage. Puis, on apprend à connaître cette femme très audacieuse, coquine, séductrice et mère. Son mari est ruiné et ne voit d'un bon oeil la vie de bohème de son épouse. Où passe t'elle la nuit? Ou plutôt avec qui? Pourtant lui n'a pas de compte à rendre lorsqu'il découche. Il jalouse aussi un succès et une réussite qu'il a perdu. Son image de mâle en prend un coup. Mais ce qui compte pour elle c'est son art, son plaisir et sa fille. Elle regarde les femmes comme des sources d'inspiration et son charme singulier attirent femmes et hommes. Plus d'une passera de bons moments en sa compagnie. Certaines deviendront des sources d'inspiration. On est emporté dans le récit. Surtout grâce aux sublimes dessins et mise en couleur de Daphné Collignon. Elle apporte beaucoup de grâce et de séduction avec ces nuances de couleurs ternes. Néanmoins, on est vite déçu car on a juste le droit à une mise en bouche pleine de charme. Et encore l'infernal 48CC est de passage et limite les choses. Heureusement qu'un dossier pédagogique de quelques pages avec des photos donne des compléments. On reste sur sa faim avec l'image d'une femme incroyable, sociale et brillante.
Lien : https://22h05ruedesdames.com..
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L'allègement des vernis

Je ne suis pas convaincue par ma lecture.

j'ai beaucoup aimé le style : c'est une multitude de détails et de descriptions qui posent les personnages dans leur environnement : je savais tout d'eux depuis leur plus tendre enfance.

Mais voilà, ça ne fait pas un livre. Et je me suis longtemps demandé "pourquoi". Et j'ai eu la réponse très tardivement dans ma lecture. Et finalement cet évènement à fait pfft... parce que c'est un non événement, il arrive, mais ensuite il n'y a pas de conséquence.

C'était donc agréable à lire, mais je ne vais rien retenir du contenu
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Gabriële

Claire et Anne Berest ont découvert assez tard qu'elles étaient les arrière petites-filles de Francis Picabia et de son épouse Gabriële Buffet, à la vie tellement libre pour une femme née à la fin du XIXème siècle ! 



Gabriële Buffet a fait des études de musique souhaitant devenir non pas interprète, ce qui était déjà osé, mais compositrice, de musique 'moderne' qui plus est. 



Souhaitant étudier à Berlin, contre l'avis de ses parents, elle travaille un été pour réunir les fonds nécessaires et y part pour étudier seule femme compositrice dans une assemblée de jeunes hommes tous férus de modernité, assonances et dissonances, nouveautés ... jouant le soir dans des orchestres, et nouant de solides amitiés



De retour à Paris pour les vacances d'été, elle rencontre un ami de son frère Jean : Francis Picabia, peintre à la mode impressionniste qui vit très bien de son art au point de s'acheter régulièrement de nouvelles automobiles rutilantes. 



Et justement il enlève son ami et sa sœur, part avec eux sillonner la France ... 



Gabriële ne retournera pas à Berlin, elle aidera Picabia à accouche de nouveaux styles, sera à ses côtés - ou le fuira - lorsqu'il sombrera dans l'opium et ses dérivés, l'accompagnera à New York pendant la première guerre mondiale, alors que leur ami Apollinaire s'engage dans l'armée. 



Ils formeront un ménage à trois avec le jeune Marcel Duchamp, que Gabriële aidera aussi à oser son art. 



 Gabriële et Picabia auront quatre enfants, qui n'intéresseront jamais leur père et que Gabriële confiera à sa mère ou à des internats quand elle devra être aux côtés de son 'seul' enfant : Francis Picabia ! 



Le quatrième de ces enfants se suicidera très jeune, c'est le grand père des autrices. 



Comme dans La carte postale, les autrices dépassent la chronique familiale pour offrir un regard inédit sur la vie culturelle du début du XXème siècle: celui d'une femme libre, indépendante ... et pourtant tellement au service de son homme ... ou plutôt de son art ! 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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L'art non-figuratif non-objectif: Suivi de ..

Auguste Herbin exposé actuellement au musée de Montmartre oublié de l’art moderne ?? Mais c’est lui qui a oublié l’art moderne. Il est vrai qu’il avait des capacités pour l’art moderne mais des qu’il a commencé à peindre des triangles dans ses paysages figuratifs, c’est son problème, et ce n’est pas de ma faute s’il est né en 1880 pour se verser dans la troublante aventure picturale du 20 e siècle naissant ou une vache ne reconnaîtrait pas son veau.
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Matisse Derain 1905, un été à Collioure

Ete 1905, Matisse s'installe à Collioure pour peindre. L'été précédent, il était à Saint-Tropez avec Signac et Cross. Il sollicite le jeune Derain de venir le rejoindre, l'encourage même dans le sens que ça ne peut que faire du bien à son épanouissement de peintre. Collioure est un village portuaire tranquille et traditionnel du sud écrasé par un soleil de plomb, aussi ces deux peintres vont rester deux mois ensemble et ne vont pas se contenter de contempler les lieux, ce sont deux créateurs qui vont défier le temps, devoir réduire les ombres que la nature impose comme on réduirait la voilure du bateau à l'entrée au port, et leurs toiles vont baigner dans un soleil de feu, irradiant. Les deux artistes caressent le défi de vouloir purger la peinture dans ses concepts déjà nouveaux de l'impressionnisme qui a déjà bien ouvert le chemin vers l'art moderne, ils se revendiquent d' un nouveau mouvement appelé le fauvisme qui est en train de faire ses preuves. Une débauche de couleurs pures et agressives sur le même plan que le souci de l'harmonie met en musique. Tous les tons y passent, les ombres s'éclaircissent et se propagent en reflets. La mutilation du détail pousse à un résultat final qui ne converge pas spécialement vers un motif central, la toile entière est mise a contribution et confine à un éclat total ou tout se tient un peu, les éléments se font écho. On a l'impression que seul le recul met la peinture en mouvement ..



Matisse, le théoricien de la bande, dira en 1945 ceci : «  le fauvisme fut ainsi pour moi l'épreuve des moyens à placer côte à côte, assembler d'une façon expressive et constructive un bleu, un rouge, un vert. C'était d'une nécessité qui se faisait jour en moi et non d'une attitude volontaire, une déduction ou un raisonnement, dont la peinture n'a que faire »



Concernant Matisse, mon sentiment évolue, certes il a tenu comme fer à ne pas suivre Picasso vers l'abstrait abandonnant l'esthétique figurative, mais je demande à le juger sur pièce, trop de peintures souffrant d'approximation asphyxiées par la technique de recherche. Disons qu'il n'y a pas que des oeuvres abouties dans sa production.



Perso, ce que j'aime dans ce catalogue dépliant Gallimard avec les éclairages de Dominique Szymusiak et Joséphine Matamoros, c'est cette aquarelle qu'on va dire minimaliste de Derain : Bateaux de pêche et cette huile audacieuse de Matisse : La plage rouge. Voilà ce que donne une peinture réussie de Matisse : un chef d'oeuvre, de la pure création à un point jamais atteint. Ah la la que c'est beau de maîtrise et de rendu ! Merci grandement pour ce régal de l'oeil !



La palme revient au plus audacieux dans ce tirage de bourre auxquels se livrent les deux amis qui ne vont pas manquer de s'échanger les bons tuyaux. De Stael s'en souviendra !



Quand on examine au peigne fin la production des uns et des autres, rien n’est sûr d’attribuer à l’un telle trouvaille technique plutôt qu’à tel autre. Bien sûr que les acquéreurs font le reste. Il faut bien visionner date et école.
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Cézanne : Des toits rouges sur la mer bleue

Comme un kaléidoscope, le roman met en avant les gens qui entourent Cézanne, ses parents d'abord, ce père marchand de chapeaux devenu banquier, un homme « qui a réussi » comme on dit et qui fonde de grandes espérances en son fils Paul. Et s'il reprenait la banque et continuait de faire prospérer la famille ? Ensuite, cette mère, aimante et attentive, pleine d'espoir pour ce grand garçon ébouriffé, tout juste propre, qui se salit avec sa peinture et traîne son barda de peintre « sur le motif », comme il dit. Elle veut bien comprendre qu'il ne devienne pas banquier, mais, tout de même, introduire une femme illégitime et un enfant bâtard dans la famille...



Car les Cézanne, devenus riches et « quelqu'un », auraient bien voulu faire partie du gratin d'Aix-en-Provence. mais on n'entre pas dans cette société-là si facilement...



Intervient aussi Hortense, la femme qui lui a donné son fils, Paul, enfant de l'amour, légitimé bien plus tard par le mariage de ses parents. Car un jour, Hortense, née Fiquet, deviendra enfin Madame Cézanne, et, à la mort de sa belle-mère, sera enfin la seule et l'unique Madame Cézanne, trop heureuse de vivre depuis des années de l'argent de Louis-Auguste, son beau-père banquier, tout en restant totalement inconnue de ce dernier. Là, Marie-Hélène Lafon ne la traite pas avec douceur ! Mais après tout...



Et puis, nous découvrons aussi Marie, la soeur du maître, au caractère bien trempé, le jardinier, que Cézanne faisait poser des heures et qui n'osait jamais contrarier le maître. Et puis les amis, les écrivains Zola et Flaubert, le docteur Gachet, le marchand d'art Vollard et tant d'autres personnes qui traversent la vie de l'artiste.



On pourrait penser à une sorte de biographie romancée - en fait, c'est quand même un peu cela - mais le plus important est ailleurs. le plus important c'est la vie redonnée au peintre, à sa passion, ses doutes, ses exigences envers lui-même et les autres. L'important c'est cette obsession de peindre, ce diktat indiscuté car indiscutable de l'acte de prendre les pinceaux et la toile , dehors, devant les paysages d'Auvers ou d'Aix. de passer des heures à faire un portrait, infligeant de redoutables séances aux modèles sortis de la famille. Quant aux professionnels, même si on voit des femmes nues sur les tableaux, il semblerait que seuls des hommes aient posé dans l'atelier du maître. Ce grand tableau des Baigneuses, qui a nécessité qu'on fasse une grande fente dans le mur de la maison pour pouvoir le sortir, ce tableau ne serait-il qu'une vision du peintre ?



Et enfin, il y a ce que le peintre voit, absorbe, couleurs et lumières, transparences et opacités, la sublime montagne Sainte-Victoire, évoquée d'une façon merveilleusement poétique, nimbée de lumière, sensible, sensuelle, à la fois par le peintre et par la plume de Marie-Hélène Lafon. C'est le passage qui m'a le plus impressionnée, tout en nuance et délicatesse. Quand la plume se fait pinceau, quand l'artiste-écrivain rejoint l'artiste-peintre et nous offre un moment d'émerveillement, de douceur et la sensation que c'est pour l'éternité.



Des toits rouges sur une mer bleue: un grand moment de lecture.





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