Après
Gorilla Girl en 2020, la française
Anne Schmauch revient chez Sarbacane avec un nouveau roman dans la collection pour adolescents Exprim' :
A-pop-calypse. Derrière ce titre aussi fun qu'intriguant se cache une histoire fantastique entre deux barres d'immeuble où des adolescents vont combattre des possédés ! Rien que ça ma bonne dame !
A-pop-calypse commence plutôt bien avec cette première scène à la fois surréaliste et doucement inquiétante dans laquelle Roméo écoute un hurlement lugubre se faufiler entre les deux tours de la Cité Joyeux.
Peu à peu rejoint par ses trois amis — Miranda, Zbeul et Carmen — notre jeune héros pose les bases de ce que sera le roman.
Une histoire fun, doucement triste et… un poil tirée par les cheveux.
Le style de l'autrice aidant, on pénètre rapidement dans cette histoire dans laquelle on comprend que la disparition du grand frère de Roméo, Jean, va le mener tout droit vers l'autre rive en passant non pas par une brasse coulée mais par une sacrée volée de marches vers le sommet de son immeuble, au 22ème étage pour être précis.
A-pop-calypse tente d'abord la carte intimiste et s'attarde sur les états d'âmes de Roméo, entre déni et résignation, qui doit également composer avec son attirance pour sa voisine et amie Miranda.
Anne Schmauch s'intéresse en passant à la vie quand on est un jeune sans avenir (ou que l'avenir vous a fui, c'est selon) et fait mouche lorsqu'elle parle des rêves brisés de Roméo qui semble pris dans l'ambre du deuil. Peu à peu, le récit va cependant virer dans le fantastique, voire même l'horreur, mais en gardant un humour qui lui laisse une certaine légèreté. On pense donc un temps que ce court roman va faire mouche et réussir son pari. Malheureusement, plus l'intrigue s'enfonce dans le surnaturel et plus elle semble bâclée….
En effet, si la première moitié d'
A-pop-calypse se révèle joyeusement entraînante avec ses personnages un peu bêtes mais gentiment attachants,
Anne Schmauch choisit l'escalade dans la péripétie et le récit abuse des facilités et autres grosses ficelles pour parvenir à ses fins, avec l'inévitable histoire d'amour qui surjoue le suspense alors qu'on a tout deviné depuis la première page. Plus embêtant, le fait que le roman s'accélère jusqu'à devenir complètement grotesque sur les dernières pages, rushant carrément son dénouement pour oublier à peu près tout ce qui avait fait sa puissance initiale, à savoir la relation entre les deux frères, une relation trop vite expédiée le temps d'un échange pourtant touchant. Tout se précipite, les péripéties improbables s'enchaînent, du cambriolage d'une morgue à la possession d'un chien en passant par la découverte d'un mausolée souterrain… et finalement, tout tourne à l'aventure pour l'aventure, gâchant le potentiel entrevu précédemment. Roméo n'est qu'un gentil amoureux de plus et son pote Zbeul, le loser magnifique, n'a même pas de conclusion qui tienne la route. Une vraie déception en somme, d'autant plus que le côté « possession » s'avère des plus classiques, à un ou deux joints prêts.
A-pop-calypse aurait pu être un excellent roman adolescent sur le deuil mais il n'est en l'état qu'un divertissement bâclé qui n'est sauvé in extremis que par la fluidité du style d'
Anne Schmauch et l'humour grotesque mais assumé qui le clôture dans la précipitation. Une déception.
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