Un thriller au suspens palpitant doublé d'une plongée horrifique dans la noirceur de l'âme humaine !
Nous sommes à Paris en 2018 et un serial killer d'une extrême brutalité sème la terreur. Avec une précision de métronome, tous les vingt-et-un jours, il enlève une jeune femme blonde dont on retrouve ensuite le corps, atrocement martyrisé, le dix du mois. En outre, la mise en scène du cadavre présente un tel souci du détail que les journalistes ont finalement appelé ce monstre le « scénographe ».
Le scénographe est rusé, cynique, cruel et a toujours un coup d'avance. Face à ce prédateur diabolique, l'inspecteur
Gilles Lacroix est bien désemparé. de surcroit, tout se corse lorsqu'une auteure à succès, Mérédith-Lina Oliver, plus âgée que les autres victimes mais blonde elle aussi, disparait. Cet événement provoque dans l'enquête l'intrusion fracassante de l'éditeur de la disparue et commence alors une course contre la montre, haletante, effrénée, désespérée.
C'est une histoire que l'on parcourt le souffle coupé car pour thriller, on thrille ! L'intrigue est construite de façon habile et maitrisée. Il y a tout d'abord, le double point de vue, celui du lieutenant chargé de l'enquête et celui de l'auteure enlevée. Ce procédé est astucieux car il amplifie le suspens : le lecteur en vient à posséder des informations qui manquent à l'enquêteur, il voit les victimes souffrir, être en danger de mort et espère vraiment que le pauvre inspecteur Gilles arrivera à temps sur les lieux pour éviter le carnage !
Le texte, efficace et fluide, est écrit au présent avec une narration en « je », ce qui permet d'intensifier les émotions et de vivre l'action au plus près. On rentre aussi plus profondément dans la tête des personnages et l'on ressent souvent de façon viscérale les sentiments d'isolement, de peur, la perte des repères…
J'ai trouvé les personnages particulièrement réussis : ils ont tous leurs qualités, leurs défauts, leurs failles, ce qui les rend réalistes et attachants. Même l'assassin - présenté masqué jusqu'au bout et dont l'identité n'est révélée qu'à la toute fin - suscite une certaine empathie : il n'est pas né méchant mais la vie l'a écorché, en a fait un être blessé. Englouti par des sentiments d'abandon, d'injustice et de solitude, il a dérapé dans l'innommable…
C'est un roman no
ir, la description des sévices infligés est souvent insoutenable mais pas gratuite. Car ce que j'ai particulièrement apprécié - outre l'intrigue bien ficelée et la révélation finale qui m'a cueillie - c'est cette recherche d'amour, cette quête du bonheur présente chez les protagonistes et même chez l'assassin.
En conclusion, le Scénographe est une lecture passionnante et intelligente ! C'est un roman qui tient en haleine mais aussi fait réfléchir sur ces zones grises que nous possédons tous, sur nos petites lâchetés, nos pulsions (qui heureusement pour la plupart d'entre nous ne nous mènent pas aux extrémités du Scénographe)… Lire et retrouver des facettes de soi-même, n'est-ce pas aussi cela qui plait au lecteur ?