Connu avant tout pour son activité de rappeur,
Abd Al-Malik n'en est pas à son coup d'essai dans la littérature. En effet, avant «
L'Islam au secours de la République », il avait déjà publié trois ouvrages dont «
Qu'Allah bénisse la France » qu'il a lui-même adapté au cinéma.
Pour ma part, c'est le premier ouvrage que je lis de lui et j'avoue avoir été agréablement surpris par la qualité de son écriture et la tournure de ses phrases. Malheureusement, ici, la forme l'emporte largement sur le fond.
Abd Al-malik utilise «
L'Islam au secours de la République » comme une tribune à travers laquelle il exprime sa pensée et ses réflexions sur la société française et sa relation avec l'Islam. On ressent son envie, louable et justifiée, de réhabiliter la religion musulmane dans notre société et de la défendre contre les assauts islamophobes et les clichés et raccourcis relayés par certains médias. En-soi, je n'ai rien à redire sur le message véhiculé et sur sa finalité.
La grosse faiblesse du roman provient du développement de ces idées ainsi que de l'argumentation. Il est évident que la substance tirée de cette histoire reflète la pensée de son auteur, étant lui-même musulman à tendance soufie. Même s'il est plein de bonnes intentions, le propos d'
Abd Al-Malik manque cruellement de finesse et d'intelligence. le concept d'un candidat à la présidentielle musulman n'est finalement qu'un prétexte à cet étalage de leçons, à cette morale maladroitement présentée. Les réflexions de l'écrivain/musicien sont pertinentes mais restent des lieux communs aux arguments simplistes. Cela impacte évidemment toute l'intrigue ; une intrigue pleine de digressions parfois peu justifiées comme l'histoire de cette jeune maman ayant fait le choix de porter le voile.
Pour résumer, et sur la foi de ce seul livre, il en ressort qu'
Abd al Malik dispose de véritables qualités d'écrivain mais uniquement techniques. Il lui manque cependant l'essentiel : une maturité dans le propos et un talent de conteur. du coup, si son roman est court, il a été laborieux à finir et peu passionnant malgré un sujet prometteur.