Les éditrices nous offrent à découvrir une poétesse et témoin de son temps injustement oubliée. Femme de lettres de gauche,
Louise Colet, reconnue en son temps, nous livre ici deux courts récits à portée politique voire historique.
Le premier nous plonge au cœur de la Commune et des troubles qui l'ont suivie ; elle nous offre à voir les horreurs de la délation et des exécutions sommaires qu'elle a entraînées. La femme de lettres et l'humaniste nous décrit son combat féministe, au sein de la chose publique, l'évolution de la société après les révolutions successives, la Commune et la monarchie de Juillet, la capitulation de Paris, la spoliation du pouvoir et des richesses par la bourgeoisie chaque fois plus insolentes, toujours plus riche, l'usurpation du pouvoir par des hypocrites avides et par l'Église... l'oppression toujours plus grande sur le peuple et son appauvrissement. On a l'impression de lire une description de la société d'aujourd'hui. On peut remplacer Napoléon par
De Gaulle ou Macron sans dénaturer le propos. N'oublions pas que, dans une révolution, on fait toujours un tour complet : on revient fatalement au point de départ.
La seconde partie est consacrée à un échange de correspondances entre
Louise Colet et Edgar Quinet, texte plus personnel. Ces échanges ont eu lieu peu de temps avant la mort de Quinet. Louise arrivait également à la fin de sa courte vie. Elle nous livre ici un portrait, que dis-je, un éloge d'Athènes juste magnifique.
Un bémol sur cette édition concerne la rigueur orthographique et la précision typographique, l'ouvrage eût gagné en clarté et en lisibilité si quelques règles eussent été appliquées : retrait aux alinéas, césure des mots, usage des guillemets pour commencer et achever les dialogues (là, on ne sait pas où finit le dialogue et où reprend le récit...), quelques embellissements absents qui rendent la lecture inconfortable. Et quelques fautes résiduelles finissent de gâcher (un peu) le plaisir.