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EAN : 9782021226645
240 pages
Seuil (05/02/2015)
3.36/5   28 notes
Résumé :
Trois générations de femmes à la Guadeloupe depuis le milieu du XIXe siècle jusqu'aux premières années du XXe : La première, Bébé, est la fille de La Femme Solitude, une esclave devenue un personnage mythique ; elle est achetée par la veuve d'un planteur. Elle est un peu sorcière, voit des apparitions de Jésus. Un pauvre blanc l'achète, "la met en case", lui fait trois filles. Il finira par l'épouser avant de mourir. La seconde, c'est Hortensia, une des filles de Bé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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C'est le premier livre antillais que je découvre. J'ai trouvé le titre extrêmement poétique, le phrasé et le rythme sont très particuliers.
L'esclavage y est décrit d'un point de vue à la fois extrêmement intime - comment il vous pénètre l'esprit sur plusieurs générations, chacun devant rester à sa place - et extérieur à la fois.
Le livre est écrit du point de vue de Mariotte, la petite-fille, qui raconte l'histoire d'une manière très factuelle: la naissance, l'enfance et la vie de sa grand-mère, esclave de Guadeloupe jusqu'à son achat par un Blanc pauvre qui en fera sa compagne, mais pas son égale - concept aussi, voire plus, incompréhensible pour elle que pour lui-, les vies de sa mère et de ses tantes sont à peine esquissées, quant à ce qu'on sait de la narratrice... pas grand-chose si ce n'est qu'elle a tenu un journal dont les extraits ponctuent le livre et qu'elle est dans un hospice à Saint-Pierre (Martinique).
Un livre intéressant, inachevé à mon sens, et qui laisse une impression persistante de malaise tant je ne parviens pas à en saisir tous les aspects.
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Dans l'introduction du livre, Simone Schwarz-Bart explique que son mari avait conçu et écrit en grande partie, un cycle antillais, composé de plusieurs volumes, mais que suite à l'accueil peu favorable de son roman La mulâtresse Solitude, qui raconte la vie de ce personnage historique, il décide de ne plus rien publier. Après sa mort, Simone retrouve et fait publier en 2009 un inédit, L'étoile du matin, qui fait partie de la "veine juive", puis plus récemment avec de l'aide extérieure revient aux manuscrits du cycle antillais. Elle ne précise pas à quel point le manuscrit qui paraît était achevé, si elle l'a remanié, ajouté des éléments et lesquels. le texte paraît quand même sous le nom de son mari et le sien. Mais difficile d'en savoir plus sur sa genèse.

Le roman raconte la vie de trois générations de femmes, Louise, la fille de la mulâtresse Solitude, puis de ses filles et petites filles. le début, qui concerne Louise, son enfance, et sa vie de jeune femme, est vraiment prenant, il y a là un personnage attachant et bien dessiné, dans son évolution, et sa personnalité. Mais à un moment, et surtout en ce qui concerne les filles, j'ai eu la sensation d'être devant une esquisse, Hortensia, la mère de Marie qui est censée tenir un journal où cette histoire est racontée, est particulièrement inconsistante à mon goût. Et pour Marie, qui devrait être la pierre de touche de l'édifice, celle qui va apprendre à lire et à écrire, vivre une autre condition, on a des éléments qui nous font soupçonner qu'elle est un personnage important, mais cela s'arrête à des éléments, qui auraient dus, à mon sens être développés et précisés.

Donc un livre assez bancale, avec des belles pages qui font penser que cela aurait du être un beau roman, mais qu'il n'a pas été vraiment achevé comme il aurait du l'être, ce qui crée une certaine frustration chez le lecteur.
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Excellent et émouvant. Il faut le lire après avoir lu ou relu les précédents: la mulâtresse solitude et un plat de porc aux bananes vertes. La valeur de ces récits réside dans la juxtaposition d'une narration pittoresque du quotidien et le rappel d'une exploitation abominable pas si éloignée de nous, qui a réussi à asservir les âmes.
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L'ancêtre en solitude est un roman à quatre mains dont l'histoire se passe en Guadeloupe aux 19è et 20è siècles. le lecteur suit plusieurs générations de femmes.

Le point d'entrée est l'esclavage et la position des femmes noires en Guadeloupe. Ce sont des objets, elles ne sont que fonction et utilité, elles ne pensent pas et ont intégré leur condition. Elles sont soumises aux hommes, noirs et blancs, sont considérées comme des objets sexuels à la disposition des hommes. Elles deviennent régulièrement mère très jeunes.
L'évolution de leur statut est très bien décrit. le lecteur peut s'en rendre compte grâce à l'écriture: au fur et à mesure du roman, les dialogues évoluent vers "le beau français de France". Je pense que l'auteur a voulu montré le changement au travers de l'usage des mots par ces femmes.
L'auteur explique, au travers des situations rencontrées, comment d'une génération à l'autre les femmes réussissent à s'émanciper. C'est très beau et triste à la fois. On y découvre la culture créole, la superstition.

L'écriture est très belle, poétique, riche, c'est un régal à lire. J'ai beaucoup aimé ces mots: "une petite négresse si noire que bleue".
La lecture de ce roman a été un plaisir car le style est soigné et agréable à lire, et aussi pour le sujet de l'esclavage dans les Antilles françaises que je connais mal.
C'est une belle découverte du sujet et de l'auteur, je recommande vivement.
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L'Ancêtre en Solitude se passe entre la Guadeloupe et la Martinique, du milieu du 19ème au début du 20ème siècle. Solitude est une figure historique – fille d'une esclave africaine violée par un marin sur le bateau qui la déportait aux Antilles -, devenue symbole de la résistance face à l'esclavagisme lors de son rétablissement par Napoléon Bonaparte en 1802. Capturée puis exécutée par pendaison le lendemain de son accouchement (pour ne pas perdre un futur esclave… quelle horreur). L'Ancêtre en Solitude est le troisième roman d'un cycle commencé par Un Plat de porc aux bananes vertes (André et Simone Schwarz-Bart, 1967) et poursuivi avec une biographie fictive, La Mulâtresse Solitude (André Schwarz-Bart, 1972). Je compte bien les découvrir également.

Ici, on suit le destin – entre quotidien singulier et exploitation atroce – de trois générations de femmes marquées par l'esclavage : Louise, fille de Solitude et mère d'Hortensia, elle-même mère de Mariotte. L'enfant esclave devenu une sorte d'animal de compagnie pour l'aristocrate bigote et désenchantée, le travail aux champs et les révoltes qui grondent, le poids de la religion, la jeune esclave qui se fait « mettre en case » par un petit blanc… Bouleversant témoignage d'une époque, le récit coule, s'envole, explose, dans une langue vraiment belle, à la richesse fantastique. Un mélange de français et de créole qui emporte loin ; tant aux Antilles que dans les méandres de l'âme et du coeur humain.

L'Ancêtre en Solitude est un livre fort, émouvant et subtil, vraiment marquant. J'ai beaucoup aimé.
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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critiques presse (2)
LaPresse
04 mai 2015
L'Ancêtre en Solitude (...) représente aussi bien le souffle de lutte d'un peuple face à l'oppression que l'acharnement littéraire face à la tyrannie de la critique et du public.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Bibliobs
23 février 2015
Simone Schwarz-Bart, née Brumant, raconte l’histoire douloureuse et fabuleuse dans une prose métissée, belle comme un crépuscule sur le morne d’Orange, où se mêlent le créole, le français de France, l’intraduisible poésie des légendes orales, le réalisme et le fantastique. Un roman ? Non, un miracle.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Quand elle avait rêvé d'Hortensia, elle en revenait toujours à la peau claire de l'enfant Cydalise, à ses ongles sans lunule, à ses admirables cheveux fins, quoique frisottant dangereusement sur les tempes, raison pour laquelle elle les enduisait tous les soirs d'huile d'amande douce. Puis elle soupirait d'aise, tirait sur sa pipe, et soudain lui apparaissait une vision de fin des temps, et c'était merveilleux, des milliers de négresses se rapprochaient de la lumière, et elles se mettaient à sauver la couleur, lentement, au long des siècles, et elles gravissaient la terrible pente d u sang, nuance après nuance, jusqu'à ce que tout le sang noir ait enfin disparu de la terre et la malédiction avec. Lorsque cette vision se dissipait, lorsqu'elle arrivait au terme de ce voyage qui résumait tout, Man Louise regardait autour d'elle et pensait à Monsieur Legrandin, et elle se demandait une fois de plus pourquoi cet homme l'avait achetée, l'avait mise en case, et ce qui avait bien pu le retenir auprès d'elle si longtemps, même après qu'il eut vu ce derrière lisse et blanc comme de l'ivoire, cette chose si particulière que lui avaient façonnée les onguents de Madame Pisquette.
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Dans un de ses carnets, André Schwarz-Bart écrit:

" Impression que toute vie laisse aussi peu de trace que si elle s'était déroulée dans l'imagination ."

Un voile de brume nimbe cette existence qui s'est silencieusement déroulée derrière le miroir.
Cependant, les traces existent bel et bien...( p 11 )

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" Ils ne savaient pas que c'était impossible,
alors ils l'ont fait."
~~ Mark Twain ~~

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Ouvre bien ta petite cervelle, demoiselle, et retient ceci : la seule magie à perdurer est celle des blancs, l'alphabet, les petites lettres... c'est ça la vraie maie... Va, vole-la leur.
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Les damnés expiaient quelque péché atroce, aussi noir et mystérieux que la surface de leur épiderme .
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Videos de Simone Schwarz-Bart (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Simone Schwarz-Bart
http://le-semaphore.blogspot.fr/2018/.... Simone Schwarz-Bart ou le devoir d’amour : Entretiens avec Martin Quenehen (France Culture / À voix nue). Photographie : Simone Schwarz-Bart en 2009 • Crédits : Miguel Medina - AFP. Diffusion sur France Culture du 16 au 20 octobre 2017. Simone Schwarz-Bart écrit par amour. Des romans, du théâtre, une encyclopédie… Au nom de tous les siens, Guadeloupéens. Et toujours avec André, son mari, Juif de Moselle qui l’a exhortée à écrire dès leur rencontre, quand elle avait 18 ans, et qui l’exhorte encore, par-delà la mort. Simone Schwarz-Bart est guadeloupéenne. Née à Saintes en Charente-Maritime d’un père militaire et d’une mère institutrice, elle a grandi dans une « proposition de Paradis » : sur l’île-papillon. A 18 ans, dans le Quartier latin à Paris, elle rencontre André, un Blanc, un Juif échappé de la Shoah, qui vient de déposer son roman, “Le Dernier des Justes”, chez Gallimard. André Schwarz-Bart recevra le prix Goncourt en 1959. Depuis lors, mari et femme, ils écrivent. Ensemble (“Un Plat de porc aux bananes vertes”), ou en solitaire – pour Simone, ce sera le best-seller “Pluie et vent sur Télumée Miracle”, “Ti Jean l’horizon” et la pièce de théâtre “Ton beau capitaine”. Et ils naviguent et divaguent, au Sénégal, en Suisse et jusqu’à Goyave... Ensemble, aussi, ils « entrent dans le silence », face à l’incompréhension que suscite leur œuvre, qui ose s’atteler à l’ignominie de l’esclavage et à la beauté hirsute de la résistance. Aujourd’hui, ils sont toujours ensemble. Malgré ou au-delà de la mort d’André en 2006, Simone poursuit leur aventure, « les épaules couvertes de fantômes », et signe en leurs deux noms les nouveaux épisodes de leur grand cycle antillais : “L’Ancêtre en Solitude”, “Adieu Bogota”…
Par Martin Quenehen. Réalisation : Rafik Zenine. Liens internet : Annelise Signoret.
0:00 : 1er entretien : Sur l’île aux belles eaux 28:29 : 2ème entretien : Parmi les reines sans nom 56:01 : 3ème entretien : Ensemble depuis la sortie d’Égypte 01:24:08 : 4ème entretien : Dans les oreilles (et sur la langue) de Solitude 01:52:18 : 5ème entretien : Les enfants continuent à naître
Source : France Culture
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