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EAN : 9782020283144
448 pages
Seuil (01/01/1997)
4.09/5   191 notes
Résumé :
En 1943, Ernie Levy est au seuil du camp de concentration de Drancy. Il est le dernier maillon d'une très longue lignée de Justes, commencée au douzième siècle. Et si, finalement, la mort ne pouvait rien contre celui qui parvint toujours à transmettre l'étincelle de vie ?

Le dernier des Justes est un roman d'une rare intensité sur l'histoire et le destin du peuple juif.

André Schwarz-Bart (1928-2006) entre en résistance en 1943. Il obti... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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À mon sens, le dernier des Justes n'est pas un livre qu'on aime ou qu'on n'aime pas. Je ne lui attribue donc pas d'étoiles. C'est simplement un livre que je me devais de lire.

Prix Goncourt 1959, cet ouvrage a joué un rôle important dans l'élaboration de la « mémoire de la Shoah ». L'auteur, André Schwarz-Bart, un ancien résistant dont les parents sont morts en déportation, n'a pas été déporté lui-même. le dernier des Justes n'est donc pas une autobiographie, ni un témoignage. Ce n'est pas non plus un ouvrage documentaire sur l'histoire du peuple juif.

Le dernier des Justes est un roman, une oeuvre de fiction qui retrace l'histoire d'une famille juive sur plusieurs siècles, du Moyen-Age jusqu'à la deuxième guerre mondiale et la Shoah qui l'anéantira. L'ensemble s'inscrit dans une réalité mythologique et historique reconstituée à partir d'un travail très approfondi de documentation et de recueil de témoignages. L'auteur se réfère à une ancienne tradition talmudique selon laquelle le monde reposerait sur trente-six Justes, des homme ouverts à la souffrance du monde et capables d'en assumer devant Dieu le destin tragique.

Événement fondateur de l'histoire : à la fin du douzième siècle, à la suite du sacrifice digne et courageux d'un rabbin, sa descendance, la famille Lévy, se voit gratifiée par Dieu du privilège de compter un Juste à chaque génération.

Dans une première partie, le livre consacre la légende des Justes de la famille Lévy jusqu'à la fin du dix-huitième siècle, tout au long de ses migrations à travers l'Europe. Chacun de ces Justes connaît une fin tragique, assumée comme il se doit, sans peur, colère ni haine,... parfois sans trop comprendre ce qui lui arrive – ce qui revient au même ! Les péripéties font l'objet de courts récits au ton inspiré de chroniques médiévales et de contes folkloriques, avec une pointe d'humour ashkénaze gommant l'horreur des événements narrés.

Le récit prend ensuite la forme plus classique d'une saga romanesque familiale. Les Lévy sont installés à Zémiock, un shtetl – petite bourgade yiddish – aux confins de la Pologne et de l'Ukraine. Très misérables, ils ne vivent que selon les commandements de leur loi religieuse. L'un d'eux, Mardochée sera le premier à en secouer le joug, tout en restant fidèle à la spiritualité du judaïsme. Son fils, Benjamin, fera un pas de plus vers l'ouverture au monde séculier de son temps. En 1921, après un pogrom particulièrement violent qui les endeuille lourdement, les Lévy émigrent et s'installent à Stillenstadt, une petite ville d'Allemagne. Ils y font alors l'apprentissage de la vie dans un environnement où les non-juifs sont majoritaires...

La troisième partie du livre recouvre toute la période hitlérienne, de l'émergence du nazisme jusqu'à Auschwitz. le récit se focalise sur Ernie, fils de Benjamin, né à Stillenstadt, et prend la forme d'un roman psychologique. Sensible et cérébral, Ernie a eu connaissance du secret de sa famille. Il s'évertue dès son enfance à se poser en Juste, mais il le fait avec tellement de naïveté et de maladresse qu'il est incompris et souvent rejeté. Au quotidien, l'antisémitisme de la population allemande devient de plus en plus agressif. Les Lévy s'enfuiront en 1938 à Paris, où ils seront arrêtés puis déportés. Ernie échappera à l'arrestation mais son destin de dernier des Justes finira par l'emmener lui aussi à la chambre à gaz.

Des polémiques se sont élevées lors de la publication de l'ouvrage. Je les évoquerai sans les développer. Il ressort de la lecture du roman que l'idée de souffrance serait consubstantielle à l'identité juive, pensée vivement rejetée dans le judaïsme moderne. L'acharnement antisémite nazi y est considéré comme le prolongement des persécutions menées depuis des siècles contre les juifs, « peuple déicide maudit ». Enfin, l'auteur, pourtant ancien résistant, met en exergue l'attitude fataliste et non violente des juifs, occultant leurs combats contre les nazis.

Le dernier des Justes est un livre difficile. Je me suis souvent senti perdu dans les passages inspirés de la mystique juive ou d'exégèses talmudiques, parfois inexactes aux dires de quelques spécialistes, ce qui importe peu du moment qu'elles entrent en cohérence avec l'histoire fictive imaginée par l'auteur.

Les pages consacrées au pogrom de Zémiock et aux violences antisémites nazies sont parfois insoutenables. Ce n'est pourtant rien à côté de celles décrivant le parcours final d'Ernie, dans le wagon qui le mène à Auschwitz, puis dans le couloir de la mort.

J'ai refermé le livre avec soulagement. Mais comme je l'ai déjà dit, le dernier des Justes n'est pas un livre qu'on aime ou qu'on n'aime pas. Je me devais de le lire. Pour reprendre un mot d'André Schwarz-Bart, le lire, c'est « poser un petit caillou blanc sur une tombe ».
Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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En ce moment, j'ai bien du mal à m'appliquer à rédiger des billets suite à mes lectures, désolée ! Pourquoi ? Eh bien .... je préfère lire !!!

Donc pour des raisons divers, Il m'est bien difficile d'essayer d'écrire quelque chose suite à la lecture magistrale de ce roman si mal connu : le dernier des justes.

Il a fallu pour ma part, lire Yann Plougastel, le mois dernier, à travers le récit formidable qu'il a co-écrit avec Simone Schwarz-Bart Nous n'avons pas vu passer les jours (ed : Grasset ) pour découvrir cet homme, ce couple qui m'a totalement fascinée Simone et André.

Ensuite ma curiosité m'a invitée à lire le dernier des justes, souhaitant approfondir la connaissance de cet auteur dont je n'avais, je crois, jamais entendu parlé !

Je suis aujourd'hui comblée par cette lecture, même si cette lecture peut être éprouvante par certains côtés, mais c'est une véritable plume que j'ai découvert, une plume rare. Sur le fond, le roman nous raconte donc tout d'abord la légende des Justes et de laquelle, ensuite, va naître toute une lignée de Justes, la dynastie des Lévy, dont Ernie Lévy, le protagoniste de cette histoire fait partie.

Lui c'est un jeune homme en 1945, et il va poursuivre sa destinée, après avoir connu la haine, la honte, la douleur de la perte, de l'injustice dans cette Europe à feu et à sang, criminelle ... Et pourtant, il va apportant autour de lui ce que nous pourrions qualifier d'espérance et de grand amour infini jusque la fin toute proche, des pages qui sont d'une grande émotion !

Tout le long de ce récit, en moi s'est imposée cette question : Pourquoi la persécution massive d'une race, dite la race juive ? Je ne comprendrais jamais et je pense qu'il n'y a même pas à comprendre. Qui sait ? L'auteur non plus ne réponds pas à cette réflexion ... il invite à écouter en nous racontant.

Voilà l'éternelle question !

Un roman incomparable, magistrale sur la destinée juive qui devrait être lu , abordé, médité dans tous les collèges.... Et dans bien d'autres lieux encore et toujours, que je vous invite, vous aussi à lire.

Merci Monsieur Schwarz-Bart d'avoir signé cette grande oeuvre nécessaire !

Oeuvre qui a été récompensé du Prix Goncourt en 1959.
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Ce roman nous fait suivre l'histoire d'une famille juive à travers les siècles et l'Europe : l'ancêtre, un rabbin, est supplicié en Angleterre au Moyen-âge ; les générations suivantes sont chassées de pays en pays au gré des changements politiques, et perdent à chaque départ, ou leurs biens, ou leurs vies ; les descendants échouent dans des villages misérables de Pologne au XIXe siècle ; las, les persécutions reprennent et c'est en Allemagne, et plus tard en France dans les années 1930, que la génération suivante croit trouver un refuge. A chaque génération, un membre de la famille est sans le savoir, comme son ancêtre, un Lamed-Warf, un Juste qui porte tout le malheur du monde sur ses épaules.

Cet ouvrage d'une cruauté et d'une justesse inouïe met en perspective l'Holocauste avec l'histoire des juifs d'Europe depuis le Moyen-âge, soulignant la continuité historique effrayante entre ces époques. La forme narrative, surprenante, emprunte à la légende, au conte et au roman d'apprentissage. le texte ne recèle aucun ferment de haine ni de révolte, il témoigne sous une forme fictionnelle originale d'une fatalité historique implacable. Cet ouvrage aujourd'hui mal connu, grand succès en 1959 lorsqu'il reçut le Goncourt, mérite amplement de faire référence parmi les romans traitant de l'Holocauste.
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Si Dieu existe pourquoi laisse-t-il se perpétrer tant de crimes ?

Le christianisme a tenté une réponse largement inspirée du judaïsme. le Christ s'est sacrifié pour racheter les péchés des hommes. Telle est aussi la destinée des Lamed vav.

« Il est dit que de tous temps il se trouve dans le monde 36 personnes particulières, et que sans leur présence à eux tous, si seulement un seul d'entre eux venait à manquer, ce serait la fin du monde. Les deux lettres hébraïques pour 36 sont le lamed (30) et le vav (6). C'est pourquoi ces 36 sont connus comme les Lamed-Vav Tsadikim. »
Ainsi s'exprimait le rabbin Zwerin.

Dans les couvents français aussi, on croyait autrefois à cette substitution des peines par le sacrifice volontaire des orants.
Vaines tentatives de reproductions du sacrifice demandé à Abraham et que, depuis des siècles, nulle main divine n'arrête plus.
Vaine tentative de vouloir expliquer l'incompréhensible cruauté des hommes, autorisée par des Dieux muets.

A leur tour, les disciples du Christ se sont fait bourreaux… Pour le venger, on persécute le juif depuis les croisades. Pour venger Jessua ou pour ne pas payer sa dette aux créanciers ?
Car les juifs étaient les seuls à pratiquer une usure interdite aux chrétiens.

André Schwarz-Bart analyse avec lucidité l'attitude des siens face à l'horreur. Passivité, fuite et superstitions, pleurs et cris. Dignité aussi, dignité du mouton sous le couteau du boucher.

Un roman bouleversant, déchirant qui n'explique rien et n'expose que le constat d'une humanité en proie à une atroce et éternelle violence.

Un roman magnifiquement écrit, trop peut-être.
L'horreur peut-elle se dire avec poésie, humour ? Vaste débat.
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Selon la légende, Dieu aurait accordé sa grâce à la famille du rabbin Yom Tov Lévy, de la cité anglicane de York, en 1185. Assiégés par les chrétiens, les juifs se réfugièrent autour de leur rabbin, qui , après bénédiction, les égorgea un à un avant de se donner la mort.
Dieu donna dès lors à la famille la grâce d'avoir un Juste par génération.
Selon certains talmudistes, le monde reposerait sur 36 Justes, les Lamer - waf, réceptacles des douleurs du monde, dotés d'un coeur à la compassion infinie.
Ainsi de génération en génération voyons - nous vivre des Justes de la famille de Lévy, transportés en Pologne, à Zémyok, d'où leur réputation partira vers l'Allemagne et la France, dans toute la communauté.
Chacun de ces Justes est esquissé ou largement décrit dans ses oeuvres mais Ernie, le dernier, est le principal personnage du roman. Défiguré, devenu à moitié fou, il tombe éperdument amoureux de Golda qu'il ira, volontairement, suivre jusque dans l'enfer du camp de concentration.
Les derniers mots, l'horrible voyage de Drancy vers ce mythique pays de "Pitschipoïe", l'arrivée au camp et la douche finale sont absolument glaçants même quand on a vu des images d'archives.
Dernière missive que les vieux, illettrés, demandent à Ernie d'écrire pour leur famille: "Nous partons vers une destination inconnue".
Des détails historiques: les Juifs portent la "roue jaune" au Moyen - Age.

A Toulouse, la coutume veut que l'évêque reçoive le rabbin de la communauté juive chaque année. le rabbin doit se mettre à genoux et baiser la chaussure de l'évêque. Longtemps, on a remplacé cette humiliation par un geste symbolique. Lorsqu'un évêque plus sourcilleux que ses prédécesseurs à voulu revenir à la tradition, le rabbin s'est suicidé le lendemain.

En 1936 - 38, les instituteurs allemands poussent les enfants juifs au suicide (Ernie va se jeter du haut de sa maison après avoir été humilié et battu par les enfants de son école).
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critiques presse (1)
Actualitte
06 février 2017
Chers lecteurs, ne manquez pas ce grand livre, là où le roman, beau, vaste, rejoint l’histoire.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
souviens-toi mon fils pour l'homme que les femmes ont tué. il n'y aura ni juge ni justice
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Les voix mouraient une à une le long du poème inachevé ; déjà, les enfants expirants plantaient leurs ongles dans les cuisses d’Ernie, en un suprême recours, et déjà l’étreinte de Golda se faisait plus molle, ses baisers s’estompaient, quand s’accrochant farouche au cou de l’aimé elle exhala en un souffle discordant :

– Je ne te reverrai donc plus jamais ? Plus jamais ?

Ernie parvint à rejeter l’aiguille de feu perçant sa gorge et cependant que le corps féminin s’affaissait contre lui, les yeux exorbités dans la nuit opaque, il criait tout contre l’oreille de Golda inanimée :

– Tout à l’heure, je te le jure !...

Puis il sut qu’il ne pouvait plus rien pour sa personne au monde, et dans l’éclair qui précéda son propre anéantissement, il se souvint avec bonheur de la légende de rabbi Chanina ben Teradion, telle que la rapportait joyeusement l’ancêtre : lorsque le doux rabbi, enveloppé dans le rouleau de la Thora, fut jeté par les Romains sur le bûcher pour avoir enseigné la Loi, et qu’on alluma les fagots aux branches vertes encore pour faire durer son supplice, les élèves lui dirent : Maître, que vois-tu ? Et rabbi Chanina répondit : – Je vois le parchemin qui brûle, mais les lettres s’envolent… Oh oui, sûrement, les lettres s’envolent, se répéta Ernie Lévy tandis que la flamme qui embrasait sa poitrine, d’un seul coup, envahit son cerveau. De ses bras moribonds, il étreignit le corps de Golda en un geste déjà inconscient de protection aimante, et c’est dans cette poste que les trouva une demi-heure plus tard l’équipe du Sonderkommando chargée de brûler les Juifs au four crématoire. Il en fut ainsi de millions, qui passèrent de l’état d Luftmensch à celui de Luft. Je ne traduirai pas. Ainsi donc, cette histoire ne s’achèvera pas sur quelque tombe à visiter en souvenir. Car la fumée qui sort des crématoires obéit tout comme une autre aux lois physiques : les particules s’assemblent et se dispersent au vent, qui les pousse ; le seul pèlerinage serait, estimable lecteur, de regarder parfois un ciel d’orage avec mélancolie. (pp. 424-425)
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Les statistiques montrent que le pourcentage de suicides, parmi les Juifs d'Allemagne, fut pratiquement nul durant les années qui précédèrent la fin... Cependant, dès l'année 1934, c'est par dizaines et dizaines que les petits écoliers juifs d'Allemagne se portèrent candidats au suicide ; et par dizaines qu'ils y furent admis (p. 237).
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Ainsi donc cette histoire ne s'achèvera pas sur quelque tombe à visiter en souvenir. Car la fumée qui sort des crématoires obéit tout comme une autre aux lois physiques : les particules s'assemblent et se dispersent au vent, qui les pousse. Le seul pèlerinage serait, estimable lecteur, de regarder parfois le ciel d'orage avec mélancolie.....
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Sais-tu qui etait le Christ?Un simple juif comme ton pere,une sorte de Hasside.
-tu te moques de moi
-si,si,crois-moi,et je parie meme qu'il se serait bien entendu tous les deux,car c'etait vraiment un bon juif,dans le genre de Baal Chem Tov:un miséricordieux,un doux.Les chrétiens disent qu'ils l'aiment;mais moi je pense qu'ils le détestent sans le savoir;alors ils prennent la croix par l'autre bout,et ils font une epee,et ils nous frappent avec!Ils prennent la croix et ils la retournent,et ils la retournent.
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