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Xavier Mussat (Autre)
EAN : 9782226462305
176 pages
Albin Michel (11/01/2023)
3.58/5   42 notes
Résumé :
« En vingt-cinq ans, je n’ai été vu de personne. J’ai vécu caché dans cette forêt, mais pas comme un homme des bois. »

Un homme délaisse sa vie du jour au lendemain. Sans préméditation, il s’enfonce dans une forêt pour y disparaître. Il y restera 25 ans, vivant de ce que lui offre la nature et de menus larcins dans les cabanes avoisinantes. À rebours de la conventionnelle aventure épique en milieu naturel, il fait l’étrange récit introspectif de son i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Voici un récit qui ne comporte aucune bulle, juste une narration omniprésente qui va partir dans un délire mystico naturel que personnellement, j'ai eu du mal à suivre.

C'est tiré d'une interprétation libre de l'histoire de Christopher Thomas Knight qui a disparu pendant 27 ans dans les forêts du Maine entre 1986 et 2013 pour y inventer une façon de vivre.

L'idée était intéressante à première vue pour expliquer comment un individu en société peut se démarquer et avoir envie de disparaître dans une forêt. Cependant, on ne connaîtra pas vraiment les motivations qui ont poussé cet homme à se mettre en marge de la civilisation.

Il insistera sur le fait qu'on peut le voir comme un big foot qui n'aurait plus une apparence humaine. Je suppose que cela doit être le cas quand on ne peut plus se raser pendant une vingtaine d'années. J'aurais plutôt tendance à faire preuve de compréhension.

Par ailleurs, on sait qu'il va commettre de menu larcins pour prendre aux autres ce dont il a besoin pour vivre. Après tout, ce ne sont que des pavillons de chasse ou des maisons secondaires au bord d'un lac qui restent une bonne partie de l'année inhabitée. Je rétorquerai que ce n'est pas une raison d'autant que c'est un choix de cet individu de se mettre en marge.

Le traitement graphique est assez particulier en insistant sur une espèce de bichromie (en bleu et en orage) tout en reproduisant des formes géométriques qui m'ont paru souvent assez abstraites. Ce n'est pas ce que je préfère dans la bande dessinée car plutôt attaché à un style réaliste.

En conclusion, je dirai que cette oeuvre n'est pas faite pour moi pour toutes les raisons invoquées. Ceux à la recherche de quelque chose de différent pourront sans doute y trouver leur compte et c'est tant mieux.
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Il ne faut avoir aucune idée en tête pour découvrir ce dont on ignore l'existence.
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Ce tome contient une histoire complète indépendante de tout autre. Il s'agit d'une bande dessinée en couleurs publiée en 2023. Elle a intégralement été réalisée par Xavier Mussat, scénario, dessins et couleurs. Elle comprend cent-soixante-dix pages de bande dessinée. Un paragraphe en fin de tome précise la technique de dessin : Ce livre a été dessiné avec un usage strict de formes pleines au pinceau et à l'encre de Chine, sans recours au trait de contour. Les formes pleines ont été numériquement traduites en deux couches de couleurs superposées et retravaillées à la palette graphique afin d'obtenir une impression en deux passages de tons directs Pantone (bleu 2206 U et orange 1655 U). La troisième couleur et obtenue par leur superposition.

Des nuages dans le ciel. Un tronc d'arbre, des racines, un petit cours d'eau. de la végétation dans un sous-bois. Une fois qu'ils l'ont attrapé, tout s'est arrêté. Même après qu'ils l'ont eu relâché, il n'a jamais pu retourner dans sa forêt. S'il y retournait, ils sauraient qu'il faudrait l'y rechercher. Les efforts d'immobilité, de silence, les stratégies de camouflage deviendraient inutiles. Pour bien disparaître, il ne fait pas être cherché. Devenir invisible, ça n'est pas disparaître, c'est se mélanger au reste. C'est participer à l'illusion du silence. Ne pas briser l‘équilibre visuel de la forêt qui donne à toute chose une présence similaire. le silence est une impression. Parce que le vent dans les feuilles, les craquements d'arbre, les bruits d'insecte, le murmure des ruisseaux, tous les sons de ce monde se manifestent à volume égal. Et alors cette orchestration, c'est comme un brouhaha en arrière-plan, inaudible parce que sans relief. Il y a dans presque toutes les forêts une légende d'homme sauvage couvert de poils, improbable vestige vivant ou chaînon manquant que de nombreuses personnes jurent avoir vu de leurs propres yeux. Plus de trois mille témoignages et aucune preuve, aucun ossement ni corps ni dent, rien d'autre que des empreintes de pas.

Trois mille… Ça en fait des promeneurs, des chasseurs, des campeurs. Ils ont vu ce qu'ils voulaient voir. En vingt-cinq ans, il n'a été vu de personne. Il a vécu caché dans cette forêt, mais pas comme un homme des bois. Ils sont passés souvent très près de lui, mais dupes du silence, ils l'ignoraient. Ils traquaient autre chose : une idée déjà en tête, une représentation à laquelle il échappait. Un son plus fort que les autres. Un géant primitif aux proportions et à l'aspect si différents du décor qu'on ne saurait le manquer. Il ne faut avoir aucune idée en tête pour découvrir ce dont on ignore l'existence. Il aurait suffi qu'ils essaient de le trouver. Il entend souvent la même question : comment expliquer son imprévisible disparition ? Il n'aurait pu en aucun cas l'imaginer, la planifier. Il n'aurait pas disparu s'il en avait fabriqué l'idée dans sa tête. Trop vertigineuse. Souvent ceux qui pensent à partir ne dépassent pas l'idée fantasmée du départ. Ils réfléchissent, tentent de prévoir, d'anticiper les obstacles qu'ils se fabriquent, et ça les paralyse. Les projections, ça les décourage. Non, il faut de fil en aiguille s'en aller malgré soi, se surprendre.

Assurément une bande dessinée qui sort des sentiers battus, et ce dès la couverture. L'oeil du lecteur se retrouve attiré par cette étrange alliance de couleurs : cet orange très vif, quasiment fluo, et ce bleu très plat, terne. S'il ne s'en est pas rendu compte, il découvre donc que la troisième couleur est le résultat de la superposition des deux autres, et l'artiste joue également avec le blanc. L'artiste s'en tient à ces couleurs tout du long de son ouvrage, avec cet effet de contraste entre l'orange pétant et le bleu neutre, ce marron agissant comme une couleur plus foncée mais pas nette comme du noir. L'effet peut s'avérer étrange : l'orange ressort sur le marron comme si c'était du noir, alors que le bleu est atténué du fait du faible contraste avec le marron. L'artiste joue également avec le principe de superposition : celle du bleu et de l'orange pour obtenir du marron, mais aussi la superposition de l'image d'un insecte sur une forme de schéma électrique ou électronique pour contraster, et même opposer la nature irréconciliable de ces deux éléments. La page d'après, il s'agit d'un hélicoptère contre une montagne, l'esprit du lecteur établissant automatiquement le lien avec l'opposition entre l'insecte et le circuit. En page vingt-neuf, Mussat inverse le contraste, pour une séquence onirique aérienne, lorsqu'une jeune femme s'envole dans le ciel alors qu'elle tombe dans l'eau. le choix de se départir d'une approche naturaliste pour les couleurs indique au lecteur que la narration visuelle ne se limite pas à des dessins descriptifs, et qu'elle comprend une part de sensations et de vie spirituelle.

A priori, l'histoire offre peu de possibilités : un individu qui quitte la société pour vivre en état de solitude pendant vingt-cinq ans. Soit il est en mode survivaliste, soit il vit de rapines modestes et pathétiques. Les premières pages posent rapidement le point de départ : un abandon de voiture non prévu dans une zone boisée sauvage, un métier dans l'électronique, la décision aussi naturelle qu'irrévocable de ne pas retourner sur ses pas. L'individu (il n'est jamais nommé) essuie quelques déboires, puis trouve un mode de vie en harmonie avec la nature, en décalage avec les clichés de l'homme des bois : il est parvenu à effacer son existence, à se rendre invisible aux autres êtres humains. En fin de tome, l'auteur indique laconiquement qu'il s'est inspiré librement de l'histoire de Christopher Thomas Knight qui a disparu vingt-sept dans les forêts du Maine, entre 1986 et 2013. Il a commis environ un millier de cambriolages dans des maisons de la région, soit environ une quarantaine par an et a survécu aux rigoureux hivers du Maine.

À la découverte des premières pages, le lecteur comprend que ces dessins sont autant dans le descriptif que dans l'impression, et qu'ils donnent à voir le récit en vue subjective, par les yeux du personnage. Il apprécie le jeu sur les contrastes de couleurs de cette palette très limitée. En page neuf, il voit la silhouette de l'homme sauvage couvert de poils, cette légende, improbable vestige vivant ou chaînon manquant, c'est-à-dire une projection de ce à quoi pense le personnage. À partir de la page dix, il note l'apparition de formes purement géométriques venant se surimposer à ce qui est représenté. En page treize, il y a une forme de circuit électrique en fond de case, puis un graphe assez simple avec uniquement des points et des segments. En page seize, une silhouette humaine donne l'impression d'une peinture rupestre, en orange sur fond blanc. Page suivante, c'est un motif géométrique évoquant les nations premières. En page vingt-et-un, l'artiste effectue un rapprochement purement visuel : le plan de coupe d'un tronc d'arbre, puis la toile d'une araignée, avec des motifs très similaires. En page quarante-cinq, la représentation de type art primitif d'un serpent devient un serpent réaliste dans la case suivante. En page cinquante-et-un, le lecteur éprouve l'impression de contempler des courbes de niveau du relief montagneux, avec une randonnée et ses points de pause tracée dessus. Dans les pages quatre-vingt-dix, l'artiste joue avec les motifs des nervures d'une feuille, avec ceux formés par les tuiles d'un toit, puis avec d'une tenue camouflage. Il met ainsi à profit les possibilités de offertes par les dessins pour rapprocher des formes, ce qui rapproche, dans l'esprit du lecteur, des éléments de natures hétérogènes.

Le lecteur assimile rapidement que la narration visuelle sort d'un cadre descriptif, en vue subjective, et même d'une transcription d'impression et de sensation, pour une interaction entre le descriptif, le sensoriel et le monde des idées. Dans la première page, le solitaire indique qu'il ne pourra plus retourner dans la forêt : il a donc déjà été attrapé et ramené à la vie en société. Il évoque également le fait que les recherches ont été infructueuses pendant toutes ces années parce que les personnes qui se sont mis à la recherche de l'individu qui cambriolait les chalets environnants pour commettre de petits larcins (petits mais réguliers) s'en étaient fait une idée sans rapport avec la réalité. de son côté, le lecteur, toujours en vue subjective, fait l'expérience de cet éloignement de la société des hommes également par les remarques du narrateur. Il suit le fil logique de cette vie à l'écart, et les réflexions générées par cet état insolite. On ne meurt pas si facilement. le constat de l'empreinte dévastatrice de ses déplacements. Et puis des stridulations d'insecte, un chant polyphonique de grésillements. Sifflet à roulette, roulement d'une bille dans une assiette, escadrille d'avions miniatures. Il y avait des martèlements dans chacun des sons. La répétition plus ou moins espacées de motifs uniques. Un langage sonore archaïque, rythmique, un concert cacophonique de frottements, de souffles, de percussions sans aucune coordination. La persistance rétinienne. La prise de conscience de son mode de schémas comportementaux avec les autres, après coup. L'incroyable concours de circonstances qui a été nécessaire pour la formation du système solaire et de la planète Terre telle qu'elle existe. Etc.

Le lecteur ne peut pas faire autrement que d'avoir l'oeil attiré par cette couverture à l'orange criard, à la graphie du titre qui commence à s'effacer, à devenir invisible. S'il le feuillète, il peut être repoussé par cette esthétique peu conventionnelle, un peu pétante. S'il commence sa lecture, il constate immédiatement que la narration visuelle dépasse la description pour embrasser plusieurs autres domaines, grâce à l'utilisation de plusieurs registres dessinés. Au fil des pages, il éprouve la sensation de faire l'expérience de cette vie en marge de la société, comme le fait le narrateur, tout en se retrouvant à se plonger dans des pensées inattendues, à effectuer des associations, des rapprochements visuels riches de sens. Une expérience de lecture peu commune.
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Club N°51 : BD sélectionnée
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Belle histoire sur le rapport des Hommes et des Femmes à la Nature, la place qu'ils·elles y prennent et l'interdépendance qu'il y a entre eux.

Le dessin à trois couleurs est original ainsi que la façon dont l'auteur dessine des notions conceptuelles.

Morgane N.
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Très spéciale, mais l'histoire de ce personnage réel m'a totalement scié.

Le dessin aussi est peu commun, bon livre.

Jérôme
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Très honnêtement… je pense que je n'ai pas vraiment compris.

Le graphisme est intéressant, son parti pris m'a plu.

Le découpage des motifs sur les pages participe, pour moi en tout cas, à égarer le lecteur.

Il peut donner l'impression d'autre significations associées au trait et à la couleur que personnellement je n'ai pas saisi.

Il participerait à une image foisonnante, étrangère et en même temps familière de la nature ?

À voir.

Le récit est étonnant en tout cas.

Perceval
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Ouvrage intéressant sur notre rapport à la Nature.

L'histoire vraie est assez surprenante.

Le graphisme peut cependant être assez déstabilisant.

Samuel
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Lien : https://mediatheque.lannion...
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Si vous aimez les choses bien carrées,les dessins qui correspondent au texte et qui ne font pas plus travailler votre imagination, alors ce roman graphique ne vous plaira pas.

En effet, Mussat va bousculer le lecteur et le faire sortir de sa zone de confort.

D'abord il réalise tous ses dessins en utilisant la technique de bichromie (orange et bleu), puis, il va s'attacher à mettre plus en avant l'univers dans lequel évolue son héros plutôt que l'homme lui même.

Cette BD traite de la disparition volontaire de Tomas Knight, un américain qui a vécu pendant 25 ans dans la forêt, se cachant des autres et excluant tout contact avec l'extérieur.

Pour ne pas se faire repérer, il est allé jusqu'à inventer une technique bien à lui qui consistait à se mouvoir sans laisser de traces.

Les dessins sont abruptes, pas bien définis, pas toujours bien définissables et il faut vraiment les allier au texte pour comprendre le message.

Une BD qui bouscule et ne plaira pas à tout le monde.
Moi même, en refermant cet ouvrage, ma 1ere impression a été de me dire "bof", mais , en laissant reposer le truc quelques heures, ça m'a finalement bien plu et j'y repense encore.
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Il a roulé jusqu'à la panne d'essence. Puis il a marché dans la forêt. Il y est resté 25 ans. Ce n'était pas planifié, Il a juste voulu être invisible, caché.

Xavier Mussat s'est inspiré de l'histoire de Christopher Knight, l'ermite du Maine, resté plus de 25 ans sans contact humain, vivant de la nature et de vols dans les cabanes du bord d'un lac. Il en fait le narrateur imaginaire de son propre récit. L'attirance pour la forêt, les sens aiguisés par l'impression de silence, la faim, la nécessité de voler ce qui va lui permettre de subsister dans les quelques résidences secondaires qu'il croise sur son chemin.

Un chemin qu'il veut le plus discret possible, allant jusqu'à inventer de nouvelles façons de marcher, de se mouvoir... créant des pistes invisibles afin de ne pas être repéré. A l'affut de chaque instant, de chaque endroit, il découvrira le lieu idéal pour installer son camp.

Ce magnifique objet livre m'a bousculé. Par son contenu sur le thème de la disparition volontaire mais aussi par sa forme. Un dessin en bichromie avec le bleu et le orange qui se superposent, créent des mondes nouveaux, en cachent d'autres. Des cases qui illustrent, d'autres qui font appel à nos sens, d'autres plus oniriques, symboliques. Un monde en soi, immersif, introspectif.

Lire "Les pistes invisibles", c'est vivre une expérience singulière. C'est partager la vie d'un homme qui a choisi d'être reclus. Xavier Mussat a réussi à mettre mes sens en éveil, à m'identifier à un personnage sans jamais le rendre visible. C'est mon premier gros coup de coeur de l'année.
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critiques presse (2)
Actualitte
27 mars 2023
Un jeune homme décide, du jour au lendemain, sans aucune préparation ni préméditation, de s’isoler dans la forêt, à l’abris des regards. Il y restera caché durant 27 années, vivant de chapardages dans des cabanes environnantes, parvenant à ne laisser aucune trace derrière lui, seulement le mystère de son geste et son désir d’invisibilité.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Telerama
21 mars 2023
Le bédéaste interprète l’histoire d’un homme ayant vécu seul dans les bois pendant trente ans aux États-Unis pour livrer un récit immersif et audacieux.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Pour bien disparaître, il ne faut pas être cherché.
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Je me suis enfoncé dans la masse végétale au-delà des exploitations forestières. Les arbres nt changé de forme, plus épais, plus tordus. La forêt crachait sur moi les rêves d’un déluge de bêtes jaillissant sur mon passage. Élans, daims, écureuils, chats sauvages, des oiseaux, des martres et même un ours noir. Et pus la nuit m’est tombée dessus… Le bruit lointain des tronçonneuses s’est tu. Les aboiements de chiens mangés par la distance. Plus que le craquement des brindilles sèches sous mes pieds. J’ai continué d’avancer, empêtré dans des lassos épineux et la masse compacte des troncs. La forêt carnivore m’enlaçait, m’avalait. Son long travail de digestion m’effaçait dans le noir. J’avançais incapable de m’avouer l’absurdité de cette progression sans but et sans issue. Incapable d’admettre l’évidence : j’étais perdu. Mon obstination fit place à une sourde colère. Trous, racines, pierres, bosquets. Je trébuchais mille fois. C’était l’énergie du désespoir, celle qui pousse les forcenés à tout tenter pour s’extraire de quelque chose. Mais moi je m’enfonçais toujours plus. Je luttais contre la forêt en plongeant au plus profond. C’était ma rageuse détermination. Si j’avais cessé d’avancer tout droit, j’aurais réalisé ma désorientation, l’impossibilité de retourner vers ma voiture égarée comme moi dans cette forêt. Je ne saurais expliquer pourquoi la Ford abandonnée là-bas ne m’appartenait plus. Mon studio, les cadres des fenêtres en aluminium, le canapé en faux cuir dans lequel je m’endormais chaque soir, tout ce que j’avais quitté le matin me semblait déjà soumis à une force d’occupation qui m’en expulsait. Je me demandais à quel point j’avais habité les constructions de ma propre vie, pour qu’éloigné d’elles j’en perde ainsi le sentiment de propriété ? Et pus j’ai entendu un bruit sourd derrière moi.
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Une fois qu’ils m’ont attrapé, tout s’est arrêté. Même après qu’ils m’ont relâché, je n’ai jamais pu retourner en forêt. Si j’y retournais, ils sauraient qu’il faudrait m’y chercher. Les efforts d’immobilité, de silence, les stratégies de camouflage deviendraient inutiles. Pour bien disparaître, il ne faut pas être recherché. Devenir invisible, ce n’est pas disparaître, c’est se mélanger au reste. C’est participer à l’illusion du silence. Ne pas briser l’équilibre visuel de la forêt qui donne à toute chose une présence similaire. Le silence est une impression. Parce que le vent dans les feuilles, les craquements d’arbre, les bruits d’insecte, le murmure des ruisseaux, tous les sons de ce monde se manifestent à volume égal. Et alors cette orchestration, c’est comme un brouhaha en arrière-plan, inaudible parce que sans relief.
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Il a fallu dans la formation du système solaire, cet incroyable concours de circonstances. Non pas une planète gazeuse géante, mais deux. Si Jupiter avait orbité seule, elle aurait peu à peu migré vers le soleil qui l’attirait, empêchant ainsi la formation des futures planètes telluriques dans la zone habitable de notre système solaire. Mais Saturne est apparue et sa gravité a stoppé la migration de Jupiter vers le soleil jusqu’à l’inverser et la ramener dans sa lointaine position actuelle. Il a fallu à Jupiter une sœur pour que notre Terre naisse. Et puis le retour en arrière de Jupiter aurait chassé Uranus et Neptune vers la ceinture extérieure d’astéroïdes de Kuiper. Et ce chambardement aurait projeté vers l’intérieur du système solaire un déluge de météorites composées de glace et de gaz. La Terre aurait ainsi reçu depuis l’espace, l’eau qui allait former le premier océan primitif. L’apparition de la vie serait le résultat d’une telle somme d’incidents exceptionnels qu’il ne semble pas raisonnable d’imaginer ailleurs d’autres mondes habitables.
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Cette histoire de persistance rétinienne, tout à coup, ça m’a saisi : les visages des autres, sans cesse animés, distordus, insaisissables, traversés d’humeur qui les faisaient grimacer. Leur mouvement permanent m’étourdissait. Il fallait, comme pour les gouttes de pluie, un ralentissement. Une autre vitesse pour enfin saisir quelque chose de stable.
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Vidéo de Xavier Mussat
Plongée dans deux récits en plein coeur de la nature, où l'homme et l'animal se confondent : le Book Club reçoit les auteurs de bande dessinée Jérémie Moreau et Xavier Mussat.
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