Les Royaumes muets

« Les morts sont des invisibles, mais non des absents. »

Je ne sais pas si c'est le dessin qui m'a convaincu de découvrir cette BD ou bien son sujet, le premier étant d'une finesse remarquable, le second me passionnant de manière générale, à savoir : A quoi ressemble la vie après la mort (en partant du principe qu'il y'en a une).

Il s'agit visiblement d'une BD jeunesse mais je trouve qu'elle s'adresse volontiers à un public plus large. Petits et grands pourront y trouver un certain plaisir, comme j'y ai trouvé le mien, à suivre Perséphone et ses deux acolytes au sein du royaumes des morts.

Les planches sont d'une beauté envoûtante, sombres, avec une ambiance particulière digne de l'étrange Noël de M.Jack. On y déniche pas mal de petits clins d'oeil, de jeux de mots, de petites touches d'humour qui nous font sourire, le tout dans un univers bien cadré, dont les règles sont claires et crédibles : c'est là ce que je préfère dans un cadre fantastique comme celui-ci.

J'ai également apprécié la chute. Il ne s'agit pas que d'un conte pour enfant : la mort reste implacable, un peu comme une leçon, mais j'ai aimé cette douceur un peu amère, cette tendre poésie.

Bd découverte en musique avec des morceaux de quelques films qui répondent bien au cahier des charges : "Maléfique", "Sleepy Hollow", ...

Perséphone a douze ans. Alors que Victor, son voisin, vient de mourir, elle fait la connaissance de son fantôme. Surviennent alors Charles et Théophile, chargé de collecter le dernière soupir du défunt pour lui éviter l'errance éternelle. Mais Perséphone franchit la frontière du royaume de la Mort, alors qu'elle est bien vivante.
J'ai d'abord été attirée par la superbe couverture de cet album, qui est vraiment représentative de ce que l'on va retrouver à l'intérieur. Les dessins sont vraiment magnifiques, faisant penser à l'univers gothique de Tim Burton ou de Coraline. La palette de couleurs est un peu sombre, mais pourtant douce qui ajoute au charme visuel de la BD.
Côté histoire, je me suis également régalée. On s'attache rapidement à la jeune fille et à ses acolytes, pas forcément très doués pour leur mission. le trio enchaine les péripéties. On ne s'ennuie pas une seconde en leur compagnie. le monde développé est intéressant et la fin ouvre les bases rendant possible une suite.
J'ai beaucoup aimé cet album et replongerais avec plaisir dans cet univers s'il y a une suite.

Après avoir trouvé des squelettes dans le placard de sa chambre, Perséphone descend malgré elle jusqu'aux Royaumes Muets, là où règne La Mort. Dis comme ça, le pitch peut surprendre. Pour être plus clair, disons que Perséphone est une enfant bien vivante qui se retrouve un soir nez à nez avec Charles et Théophile, des collecteurs de soupirs au service de la Grande Faucheuse. Ils sont venus récupérer le dernier souffle du voisin de la petite fille, récemment décédé, mais ils sont en retard de deux jours, ce qui risque de faire échouer leur mission et de condamner le défunt à une errance éternelle. Bon, je vous l'accorde, ce n'est pas forcément plus clair mais finalement tant mieux, je m'en voudrais de déflorer une intrigue aussi surprenante.
Leur Coeur de pierre m'avait enchanté il y a dix ans, c'est donc avec un plaisir non dissimulé que je retrouve aujourd'hui le duo Séverine Gauthier/Jérémie Almanza. Leur nouvel album aborde les thématiques de l'enfance et de la mort avec une forme de poésie qui n'a rien de macabre. L'univers des Royaumes muets est fascinant et la représentation de l'au-delà déborde d'originalité. Les dialogues fonctionnent à merveille et malgré un sujet pesant, la lecture n'aura jamais rien d'anxiogène ou d'effrayant pour les jeunes lecteurs.
Graphiquement, le trait de Jérémie Almanza possède toujours ce charme indéfinissable qui fait mouche à chaque page. On pense bien sûr à Tim Burton mais, au-delà de cette évidente référence, son style créé une atmosphère assez unique, entre le gothique victorien et une esthétique qui tire souvent vers le baroque. Les couleurs, les jeux de lumière, tout est pensé pour rendre au mieux les ambiances propres à chaque lieu et à chaque partie de l'histoire.
La fin laisse penser qu'une suite est plus que probable. J'espère vraiment que ce sera le cas, je me réjouis d'avance de retrouver Perséphone et ses drôles d'acolytes !

Lien : https://litterature-a-blog.b..

Avant de faire connaissance avec la mort, Perséphone a d'abord rencontré un fantôme l'année de ses douze ans.C'était un jeudi à 23h52. Celui qui était mort, c'était son voisin, Victor. Et c'est son fantôme qu'elle croise alors que Charles et Théophile, deux collecteurs de derniers soupirs, tentent d'accomplir leur mission afin que Victor puisse accéder à l'autre vie.
Séverine Gauthier propose une BD jeunesse noire et drôle. Elle joue astucieusement avec les codes du récit horrifique avec des personnages amusants et attachants, même ceux qui sont censés nous faire peur.
Le travail graphique de Jérémie Almanza est particulièrement réussi. Sombre bien sûr mais plein de détails, un peu effrayant mais pas trop, chacun retrouvera un peu de Tim Burton dans cet univers qui reste enfantin et accessible aux jeunes lecteurs qui n'ont pas froid aux yeux.
Jalonnés de citations de nos grands auteurs (Apollinaire, Hugo, Ronsard...), ces royaumes muets nous offrent une BD gothique fort attirante ! A déguster dès 8-10 ans !

A cette époque de l'année, comme beaucoup, j'aime faire des lectures un peu frissonnantes et autant au rayon adulte, je trouve facilement mon compte, autant c'est plus compliqué parfois de trouver des titres vraiment qualitatif et pas juste beaux au rayon jeunesse. Je remercie donc les éditions Oxymore pour ce beau projet aux allures gothiques porté par Séverine Gauthier et Jérémie Almanza.

Même si je connais les auteurs de nom et que j'ai déjà jeté un oeil à leurs travaux, c'est la première fois, et sûrement pas la dernière, que j'y plonge véritablement. Ce fut un réel plaisir de découvrir la façon drôle et poétique dont Séverine Gauthier, ancienne professeure de français, manie les mots, les siens et ceux des autres, car les références sont ici multiples et fort judicieusement choisies. Ce fut un bonheur de croiser ainsi les mots de Théophile Gauthier, Victor Hugo, Boris Vian ou Apollinaire sur la mort, le tout dans un écrin aux allures burtonniennes de Jérémie Almanza, qui semble lui aussi aimer ce gothique renouvelé.

Les deux auteurs nous entraînent et nous proposent une aventure de saison truffée de références et d'humour tendre sur la mort et la perte des êtres chers. Aux côtés de la jeune Perséphone – déjà ce choix de prénom ! -, nous partons à la recherche du dernier souffle de son voisin Victor que Charles et Théophile, deux squelettes qui sont en fait des collecteurs de soupirs, ont oublié de venir chercher à temps. Avec ce trio atypique, c'est une plongée étrange, drôle et mélancolique dans les tréfonds du monde après la mort que nous allons connaître.

Le récit est réellement très sympathique. J'ai adoré la richesse graphique de Jérémie Almanza qui propose une immersion totale dans ce drôle de royaume mais même avant cela, le monde des vivants rappelle furieusement celui d'un Tim Burton quand il évoque notre réalité avec son air légèrement décalé et morose. J'adore ! C'est très typé années 80-90 pour moi, du moins ça me rappelle l'esthétique de films et dessins animés de l'époque comme Beetle Juice et l'héroïne, Perséphone, qui se laisse entraîner dans la vie après la mort par Charles et Théophile, deux squelettes antagonistes dont l'un est souvent saoul, est désopilant. J'ai regardé avec émerveillement les décors où elle était amené à vivre ses aventures, le monde après la mort étant vertigineux et gothiquement onirique avec ses décorations de squelette à tous les tournants et ses escaliers qui n'en finissent pas. Mais c'est une vision de la mort qui est juste là pour faire gentiment frisonner, on n'est pas dans de l'horreur ou du gore.

L'aventure se suit donc avec plaisir. On se cale facilement dans leur pas et l'intrigue est facile à suivre : on cherche à capturer le dernier soupir du voisin Victor et à échapper à la punition de la Mort. Pour cela, les auteurs nous déplacent d'un bout à l'autre des Royaumes muets mais également dans notre bonne chère petite ville. C'est une BD jeunesse alors peut-être la résolution est-elle un brin trop rapide pour moi comme souvent dans le genre, mais j'ai aimé les thématiques sur notre attachement aux gens et la difficulté à leur dire au revoir une fois la mort arrivée. Les auteurs semblent dire que c'est une histoire complète mais je ne serais pas contre retrouver notre quatuor pour de prochaines missions de soupirs perdus à retrouver maintenant que le décor est posé, car j'ai vraiment eu l'impression au final d'avoir un tome d'exposition.

Si vous aussi ça vous dit de manger les pissenlits par la racine, littéralement, comme nos héros, laissez-vous tenter par cette petite aventure richement illustrée, magnifiquement écrite et référencées, où vous vous plairez à vivre des aventures gentiment frissonnantes dans l'univers gothique et burtonnien des Royaumes muets. C'est beau, c'est décalé, c'est drôle et on a gentiment peur. Parfait pour la saison ! Parfait pour les jeunes lecteurs en quête de sensations !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..