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140 pages
Aubert et Lavigne (01/01/1841)
4.5/5   1 notes
Résumé :
I - Entrée en matière et dans la rue Saint-Jacques
II - Où l’on traite spécialement des mâchoires d’étudiant, des biftecks, et du caoutchouc
III - Du Cigare considère dans ses rapports avec le Code civil
IV - Où l’on prouve que si le lézard est ami de l’homme, l’homme est ami de la femme
V - Suite du même sujet palpitant d’intérêt
VI - L’étudiante pur sang
VII - De la Vertu, du roi David, du Cancan et de la garde municipale ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Quoi de plus commun que le provincial débutant ses études à Paris, s'extasiant de l'effervescence de la ville et se méfiant d'avance d'à peu près tout : « ses parents et les amis lui ont bien recommandé de se méfier des voleurs, des omnibus, des cabriolets, des agents de police, des amis, des émeutes, des vins frelatés, des marchands à prix fixe, des chiens enragés et des femmes ! »

Ayant peu pour vivre, l'étudiant se contentera d'un sixième étage mansardé mais sera fort préoccupé à l'idée de se confondre au plus vite au jeune dandy parisien, motivé par la frustration générée par quelques regards féminins : « ces habitantes du pays latin lancent au jeune homme un coup d'oeil accompagné d'un sourire main qui veut dire : « tu n'es pas mal, mais tu sors de ton pays ! »

La nourriture est la principale source d'économie de l'étudiant qui pourtant se rend systématiquement dans un des nombreux restaurants de misères et de débrouilles du quartier Latin (il était rare de manger chez soi, plus rare encore de se confectionner soi-même un plat). On y mange même de la viande pour peu cher, les robustes mâchoires de l'étudiant broient vigoureusement toute sorte de bifteck dur, du « caoutchouc », souvent déguisé et vendu comme du veau par l'ingénieux restaurateur.

Aucune restriction de dépenses par contre pour la vingtaine de cigares fumés quotidiennement. Progressivement, de façon graduelle comme les études, il commence par des cigarettes à feuilles de rose, puis se risque au cigare pour parfois même s'engouffrer dans une pipe qu'il ne lâche pas de la journée.

Il a toutes sortes de moyens extraordinaires qui lui viennent en aide de temps en temps au malheureux qui en est réduit au petit pain sec. S'il lui faut 30 FRS pour son tailleur, il demandera un crédit à son banquier ou se rendra au Mont-de-Piété et quand ce moyen ne peut se renouveler, il quémandera des sous à son père, lui inspirant la pitié par quelques bonnes farces comme : le besoin d'acheter une nouvelle édition du Code civil ou encore d'ouvrir une souscription pour offrir à son professeur chéri, vénérable vieillard partant à la retraite, un cadeau à la hauteur de son mérite…

En matière de conquêtes féminines, l'étudiant expérimente d'abord les grisettes, les petites filles laborieuses, puis il : « éprouve le besoin de se lancer dans une sphère plus élégante, ce qui ne veut pas dire qu'elle soit plus vertueuse ». Il cueillera son élégance dans les milieux raffinés du théâtre ou de l'opéra : « s'élève jusqu'à la hauteur des premières danseuses du théâtre du Panthéon et des premières dames du théâtre du Luxembourg » et osera, en amassant toute sa confiance en fin d'études : « aspirer à la femme mariée légitimement ».

Dès l'instant où il est diplômé et non encore marié, il culmine à son apogée : « Une fois qu'il est ainsi passé maître dans la séduction, l'étudiant ne regarde les faibles femmes que comme des êtres crées et mis au monde pour son agrément spécial, et il se divertit même de leurs scènes de fureur quand deux rivales viennent à se rencontrer dans le même logement du garçon »

Tout ce batifolage d'amourettes rend son portier agressif et suspicieux à son égard : c'est que, dans tous les immeubles et hôtels du quartier latin, on ordonne de ne pas recevoir de visites féminines passé minuit : « Les propriétaires ont la monomanie de prétendre que leur immeuble n'abrite que la vertu la plus pure, de minuit à 7 H du matin - et toute femme est impitoyablement consignée pendant ce laps »

Cet indolent jouisseur irrite aussi les nerfs du sergent de ville qui, s'il danse le cancan et chante la marseillaise d'un ton trop cavalier, est arrêté avec tous moyens brutaux possibles en cas de résistance. Il n'y a pas ici d'exagération par Louis Huart, un article du Charivari (21 juillet 1839) faisait aussi mention d'un fait divers du même genre : « à présent la Marseillaise est devenu un délit punissable (…) l'un d'eux, autant par désoeuvrement que par plaisanterie, demanda la Marseillaise, à l'imitation du parterre des théâtres du boulevard du Temple, dans les longs entr'actes. Plusieurs voix répondirent à l'appel et le choeur fut à peu près général. Grand scandale ! Un garde alla prévenir le commissaire de police, qui menaça d'envoyer quérir la force armée si le chant séditieux se renouvelait. La menace déjà était ridicule, mais on n'en resta pas là : un rapport fut fait (…) qui, après 8 jours de réflexion et à la suite d'une grave délibération, condamna six des délinquants qui avaient crié plus fort que les autres à 25 FRS d'amende chacun, avec menace de leur interdire les abords (…) en cas de récidive. »
Autre article aussi (13 octobre 1840) : « un commissaire est intervenu et a bredouillé que la Marseillaise ne pouvait être chantée »
Et d'un autre journal, le Constitutionnel (23 octobre 1840) : « hier au soir (…) un certain de nombre de jeunes gens (…) s'étaient arrêtés sur la place du carrefour de l'Odéon, chantant la Marseillaise et proférant des cris séditieux. Un maréchal-des-logis de la garde municipale, ayant voulu les engager à se disperser, a été violemment assailli (…) »

Bien d'autres sujets sont abordés par l'auteur mais manquent un peu de consistance. Il est moins sarcastique qu'à l'habitude, cela tient sûrement au fait qu'il se remémore chaleureusement ses souvenirs de jeunesse, lui qui a été étudiant en droit. Cela reste plein d'humour et d'une franche jovialité.
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