Ce Plutarque est à recommander doublement : d'abord parce que la lecture de ses biographies est toujours intéressante, et qu'elle est aux origines de toute notre littérature, de Shakespare à Rousseau et Chateaubriand. Ensuite, parce que la Pléiade a eu la bonne idée de publier le texte dans sa première traduction, celle de Jacques Amyot, datant de l'époque de Montaigne, et qui est un modèle de français De La Renaissance, à la fois dru, vert et coloré, et parfaitement accessible au lecteur moderne. Cette traduction a fait date dans l'histoire de notre langue, comme le signale Marc Fumaroli dans sa belle "Diplomatie de l'esprit".
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PAUL-EMILE
Et, quant à la cause de ce divorce, la connaissance n’en est point venue par écrit jusqu’à nous; mais il me semble bien qu’un propos, que l’on conte en matière de séparation de mariage, est véritable : c’est à savoir que quelquefois un Romain ayant répudie sa femme , ses amis l’en tancèrent , en lui demandant : “Que trouves-tu à redire en elle ? N’est-elle pas belle ? n’est-elle pas femme de bien de son corps ? ne porte-t-elle de beaux enfants ? “
Et lui, étendant son pied leur tépondit : “Ce soulier n’est-il pas beau ? n’est-il pas bien fait ? n’est-il pas tout neuf ? Toutefois, il n’y a personne de vous qui sache où il me blesse le pied.”
LUCULLUS
Il fut contraint à la fin, contre son gré, de recourir à un moyen qui n’était ni beau ni honnête, mais bien le plus expédient qu’il eût su avoir pour parvenir à la fin qu’il désirait. Il y avait en ce temps-là une femme à Rome qui s’appelait Praecia, fort renommée, tant pour sa beauté que pour sa bonne grâce à plaisamment deviser, au demeurant aussi peu honnête que celles qui publiquement font marchandise de leur corps ; mais pour autant qu’elle employait le crédit et la faveur de ceux qui la hantaient, et qui allaient deviser avec elle, pour servir au bien des affaires et des brigues de ceux qu’elle aimait, elle en acquit le bruit, outre ses autres grâces et parties louables qui étaient en elle, d’être femme de bon amour et de menée, pour conduire à chef une bonne entreprise, ce qui lui donna très grande réputation.(
CATON LE CENSEUR
Et affirmait qu’il aimait mieux être privé de la récompense d’un bienfait que non puni d’un méfait, et qu’il pardonnait à tous autres qui faillaient par erreur, excepté à soi-même.
Ils en ôtaient les pièces de bois, à mesure qu’elles vieillissaient, et ils les remplaçaient par des pièces neuves, solidement enchâssées. Aussi les philosophes, dans leurs disputes sur la nature des choses qui s’augmentent, citent-ils ce navire comme un exemple de doute, et soutiennent-ils, les uns qu’il reste le même, les autres qu’il ne reste pas le même.
Chaque fois qu'il (Périclés) revêtait la clamyde, il se répétait à lui-même comme pour se rappeler ses devoirs: "Prends garde, Périclès, ce sont des hommes libres que tu gouvernes".
« Manger de la chair » de Plutarque : le premier plaidoyer pour le végétarisme ?
Sophie nous présente ce court et lumineux texte de Plutarque dans une nouvelle traduction de Jean-François Pradeau sur les conséquences morales de l'alimentation carnée.
Plutarque (45-125). Philosophe grec formé au platonisme à Athènes, il fut également prêtre de Delphes, conférencier, historien de la philosophie et biographe. Il a mené dans son oeuvre un combat pour la reconnaissance de l'intelligence animale et pour l'obligation de justice qui lie les hommes à tous les vivants.
Jean-François Pradeau. Professeur de philosophie antique à l'université de Lyon, il dirige la revue Études platoniciennes ; il a traduit et commenté plusieurs dialogues de Platon. Il a notamment publié, aux Puf, Platon et la cité (2010) ; sous sa direction, Philosophie antique (2010) ; et avec Luc Brisson, Les Lois de Platon (2007). En 2019, il a traduit et présenté d'Aristote la "Métaphysique, Livre Alpha" (2019), "Bêta" (2021), "Gamma" (2022) et "Delta" (2023).
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