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EAN : 9782940658800
136 pages
EDITIONS OKAMA (05/10/2023)
3.75/5   10 notes
Résumé :
Salvatore a été arrêté et jugé pour meurtre après avoir ouvert le feu sur une place de jeux, sans raison apparente. Ayant commis l’irréparable, il va être suivi et épaulé par le même système à la source de son acte désespéré. En parallèle, Margot, mère d’un enfant aujourd’hui adulte, doit quitter son logement pour défaut de paiement et trouve refuge dans un camping de résidents à l’année. Refusant de se plier aux règles, elle choisit de contourner ce système défectu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
L'occasion a été donnée à de multiples reprises d'évoquer les éditons BSN Press qui font figure de pilier de la littérature noire helvétique avec Giuseppe Merrone comme maître à bord mettant en valeur les textes de Nicolas Verdan, d'Antonio Albanese ou de Marie-Christine Horn ainsi que ceux de Jean-Jacques Busino pour ne citer que quelques auteurs à la noirceur assumée figurant dans l'immense catalogue de l'éditeur lausannois. On trouvera désormais certains d'entre eux dans la collection Tenebris issue d'une collaboration avec les éditions OKAMA créées en 2019 par la dynamique Laurence Malè afin de publier des textes davantage orientés vers le fantastique et la fantasy. On découvre ainsi, dans cette nouvelle collection, le Complexe D'Eurydice (BSN Presse/OKAMA 2023) d'Antonio Albanese, Cruel (BSN Presse/OKAMA 2023) de Nicolas Verdan ainsi que Sans Raison, dernier roman noir de Marie-Christine Horn nous rappelant, dans sa thématique sociale, le Cri du Lièvre (BSN Press 2019) où elle décortiquait les rouages tragiques des violences domestiques. Avec le même regard acéré, débutant autour des prémisses d'une tuerie sur une place de jeu, Marie-Christine Horn aborde, cette fois-ci, le sujet de l'exclusion sociale et des conséquences terribles qui découlent parfois.

Par une belle journée ensoleillée, peut-être un peu trop chaude, Salvatore Giordani empoigne son fusil d'assaut, ouvre la fenêtre et fait un carnage sur une place de jeux en blessant et tuant plusieurs enfants ainsi qu'une femme enceinte. de son côté, Margot doit quitter son logement à la suite de loyers impayés, ceci au grand soulagement de ses voisins qui ne supportaient plus les visites intempestives de son fils adulte faisant régulièrement du scandale entre hurlements et tambourinements aux portes des appartements de l'immeuble. Désormais elle occupe une caravane vétuste d'un camping en côtoyant toute une communauté de résidents à l'année qui tentent de surmonter, tout comme elle, les difficultés d'une existence précaire. Mais contrairement à Salvatore, c'est dans l'adversité que Margot prend la mesure de la solidarité de celles et ceux qui refusent de flancher tout en découvrant que les actes, aussi innommables qu'ils soient, ne sont pas dénués de raison.

Tout en abordant les thèmes de manière frontale, l'écriture de Marie-Christine Horn se caractérise par cette pudeur qui imprègne ce récit aux accents tragiques, bien évidemment, sans pour autant prendre une tournure larmoyante ou une allure horrifique comme on peut les trouver dans certains romans putassiers se complaisant dans l'abjection de scènes sanguinolentes tout en glorifiants des monstres de pacotille. Dans Sans Raison, Marie-Christine Horn dresse ainsi, avec beaucoup de nuance, le portrait et certains éléments du parcours de Salvatore qui n'a rien d'un monstre, bien au contraire, ce qui accentue d'ailleurs l'ignominie de ses actes, tout en observant l'amour et le désarroi d'une mère meurtrie par les actes de son fils. Par petite touche, la romancière assemble donc un puzzle existentiel, dépourvu de révélations fracassantes mais imprégné d'une humanité ordinaire qui nous conduit sur la trajectoire d'un homme qui s'est enfoncé dans la marginalité jusqu'au point de rupture. Il n'y a aucune complaisance dans les propos de Marie-Christine Horn qui, en parallèle, nous invite à découvrir toute la petite communauté de personnalités précaires qui entourent l'existence de Margot refusant de perdre pied au sein de ce camping où elle pourra s'appuyer sur Marcel le gérant, son amie La Duchesse, ainsi qu'Anita, Carmen, René et l'ineffable Moumousse, autant de personnages attachants refusant de basculer dans la fatalité, ce qui n'a rien d'une évidence. Parce que Sans Raison, donne également l'occasion à Marie-Christine Horn de mettre en exergue l'absurdité des rouages administratifs qui broient de manière impitoyable l'existence de femmes et d'hommes qui n'entrent pas dans les cases d'une société plus prompte à rejeter qu'à tenter de comprendre les aléas de ces personnes précaires. Sans concession mais avec un regard empreint d'humanité, Sans Raison lève ainsi le voile de cette opulence helvétique pour mettre en lumière celles et ceux, toujours plus nombreux, qui n'entrent pas dans les critères d'une collectivité bien pensante mais se révélant bien plus abjecte qu'il n'y paraît avec les individus qu'elle réprouve.


Marie-Christine Horn : Sans Raison. Editions BSN Press/Okama. Collection Tenebris 2023.

A lire en écoutant : Etna de Lomepal. Album : Mauvais Ordre. 2022 Pinéale.
Lien : http://www.monromannoiretbie..
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Sans raison, un titre énigmatique, mais pas tant que ça si l'on considère que parfois certains actes ne peuvent s'expliquer. Certaines personnes commettent des atrocités, d'autres perdent pied dans la vie, sans raison apparente… le récit s'ouvre sur un drame dont Salvatore Giordani est à l'origine. Un beau jour, l'homme a tiré depuis son appartement, tuant trois enfants et une mère de femme enceinte de 8 mois, et blessant au passage quatre autres bambins. Un an après, s'ouvre son procès. le verdict tombe, sans équivoque : prison à vie pour le « forcené de la place de jeux ». Dans cette salle de tribunal, Margot assiste aux délibérations, on ne connaît ni le pourquoi de sa présence ici, ni le pourquoi de sa situation financière catastrophique, qui la contraint à laisser son deux-pièces en ville de Fribourg pour aller vivre dans une caravane. Des bribes nous font comprendre qu'elle a renoncé aux aides sociales, est-ce par fierté ou par lassitude des démarches administratives ? Peu importe, Margot s'installe dans ce camping de pêcheurs au bout du lac de Neuchâtel, et se sent revivre.

Dans ce roman noir, Marie-Christine Horn prend comme décor un lieu traditionnellement peuplé de vacanciers, mais où de plus en plus de gens s'installent à l'année, en marge de la société. Les rencontres faites au fil des pages sont constituées d'habitués de l'endroit, souvent cabossés par la vie, des laissés-pour-compte souvent victimes d'injustices et broyés face aux difficultés de l'administration et des instances sociales.

Critique acerbe des services sociaux, ce court texte brosse de destins chahutés qui donnent à réfléchir sur la précarité de l'existence et sur les mesures inadéquates en matière d'aide en Suisse. Autant de portraits qui pourraient plomber l'ambiance mais c'est sans compter la note d'espoir insufflée. Dans le monde actuel qui ne laisse aucune chance aux faibles, il semble subsister des communautés dans lesquelles règnent encore la solidarité et le non jugement. Marie-Christine Horn propose également, au travers de Salvatore, une réflexion sur le milieu carcéral helvétique et ses incohérences de traitement.

Porté par une plume incisive, Sans raison nous plonge dans une histoire sombre, remuante, et très touchante de laquelle se dégage néanmoins une grande humanité. Mélangeant noirceur et pudeur, la Fribourgeoise rend en prime un bel hommage à l'amitié, cette famille que l'on peut choisir. Seul petit bémol pour moi : les histoires de certains personnages centraux auraient mérité d'être davantage approfondies pour mieux les cerner.

En résumé : un roman noir et touchant sur les laissés-pour-compte.


Lien : https://tasouleslivres.com/s..
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La noirceur de certains romans dénonce souvent les dérives de notre société et c'est toujours bénéfique.
Avec Sans raison, la Suisse Marie-Christine Horn nous livre un éblouissant témoignage des absurdités administratives et sociétales de notre système technocratique et déshumanisé.
Sans raison, c'est l'histoire de Margot et c'est aussi l'histoire de Salvatore.
Margot a un certain âge, peu de moyens, un fils qu'elle ne voit plus. Trop pauvre pour louer un appartement, mais pourtant trop riche pour percevoir des aides, elle vit dans une caravane au camping municipal, au milieu de ses compagnons d'infortune, en proie à leurs manques eux aussi, affamés, avides et désespérés. Ces pauvres hères réunissent leurs solitudes pour former une grande famille.
Salvatore, lui, purge une peine de prison. Il a pris perpète pour avoir tué des enfants trop bruyants.
Le lecteur va longtemps se demander quel lien unit ces deux êtres paumés et ce lien s'avérera inattendu – je ne vous dis que ça.
D'une plume riche en émotions et terriblement élégante, Marie-Christine Horn nous offre un portrait sans concession de notre société. Pas larmoyant et sans jugement, cette analyse clinique et féroce des hypocrisies de ce monde m'a fait l'effet d'un uppercut.
L'auteure suisse parle d'une voix qu'elle souhaite absolument faire entendre !
Une fable morale, doublée d'une réflexion sur les incongruités de notre monde, ses injustices et ses contradictions.
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Je remercie les éditions Okama et Babelio ! Toutefois, je suis bien gênée pour rédiger ma critique, étant passée complètement à côté de ce livre.

Je n'ai absolument pas été touchée, ni par l'écriture, ni par l'histoire, ni par les personnages... Régulièrement, je me suis demandé quel était donc l'intérêt de ce récit et où allait-il nous mener !

Nous suivons deux personnages, dont les histoires vont s'unir au fur et à mesure du récit : Salvatore, sexagénaire incarcéré pour meurtre après avoir ouvert le feu sur une aire de jeux, tuant et blessant plusieurs enfants, et Margot, qui se retrouve sans logement et rejoint un camping à l'année.

L'auteure prétend dénoncer les absurdités et le manque d'humanité de notre système social (ou plutôt, du système suisse, mais les similitudes sont grandes), avec des laissés-pour-compte qui doivent lutter par eux-mêmes pour ne pas rester sur le carreau. Cependant, j'ai trouvé que le propos manquait cruellement de profondeur. Autant, dans un genre similaire, j'avais trouvé Ana de Cathy Borie absolument magnifique, cette histoire m'avait émue aux larmes et je reste, 18 mois plus tard, toujours emprunte de son atmosphère et attachée à ses personnages. Autant ici, non seulement je n'ai rien ressenti, mais j'ai été agacée. Par le propos simpliste, par les personnages sans profondeur, par l'écriture que j'ai trouvée plate... J'ai même frôlé l'exaspération – notamment lors du passage mimant des réactions sur les réseaux sociaux - et, dans le dernier tiers du livre, j'ai été contrainte de sauter certains passages pour parvenir à poursuivre ma lecture, chose qui ne m'arrive que de façon exceptionnelle.

S'il ne s'était pas agi d'une lecture dans le cadre de la masse critique, très honnêtement, je ne serais pas allée jusqu'au bout… j'en suis bien désolée et je vais donner une seconde chance à ce titre en le déposant dans une boîte à livres. Qui sait, il trouvera certainement meilleur lecteur chez autre que moi !
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Je remercie BABELIO qui avec la masse critique m'a permis de découvrir une nouvelle autrice et merci également aux éditions TENEBRIS.

Ce petit roman de 130 met en scène deux personnages principaux. Il y a Margot qui vit dans la précarité et doit trouver refuge dans un camping de résidents à l'année

En parallèle nous découvrons l'histoire de Salvadore qui est arrêté et jugé pour meurtre.

La couverture m'avait attirée mais son contenu me laisse un goût
dinaccompli.
En effet j'aurai aimé que MARIE CHRISTINE HORN approfondisse davantage la personnalité de la Duchesse, de Moumousse de René ou encore Anita. On sait rien sur eux.
Quel est le lien entre Margot et Salvadore ? Vous le découvrirez en lisant le dernier chapitre

Ce roman m'a tout de même donné l'envie de découvrir "le cri du lièvre" un autre roman de MARIE CHRISTINE HORN.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
- tu savais qu'elle avait un fils ?
- oui. Elle m'en a vaguement parlé un jour. Je ne lui ai pas posé de questions, elle paraissait mal à l'aise.
- c'est à cause de lui qu'elle a fait un malaise
- Non, moumousse. Les mères font des malaises à cause de l'amour qu'elles éprouvent pour leurs enfants. Elles sont convaincues qu'elles sont responsables de leurs maux, de leurs inaptitudes, de leurs échecs. Au moindre faux pas de leur progéniture, elles se reprochent de n'avoir pas su leur apprendre à marcher. On devrait obliger les femmes à se demander si leurs enfants sont de bons enfants, au lieu de s'accuser d'être de mauvaises mères, on devrait leur fourrer dans la tête que le rôle de parent n'incombe pas à elles seules et que le rôle des pères ne se limite pas à donner leur nom de famille avant de mettre les voiles parce qu'élever des enfants n'est pas qu'une source de joie, que c'est même très dur, et qu'on ne fournit pas le mode d'emploi. Parce qu'on attribue encore et toujours majoritairement la garde des enfants à la mère, parce que les pères, une fois déliés du sacrement du mariage, oublient très souvent qu'ils restent des pères quand ils ne sont plus des maris. Parce qu'on a l'habitude de ces hommes qui s'en vont en abandonnant leurs petits pour en refaire d'autres, mais qu'on fustige toute femme qui oserait copier ce schéma.
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Marcel proposa de prêter l'imprimante du bureau afin d'émettre la fameuse procuration, le sésame dont on ne doutait pas qu'il suffirait à sauver la vieille dame des griffes d'une administration qu'ici tous réprouvaient, ce monstre aux rouages bien huilés qui avait tenté de les écraser un par un comme de vulgaires insectes, avant qu'ils trouvent refuge, compréhension, amitié et tranquillité au coeur de leurs abris de métal ou de polystyrène mal isolés, utérus modernes aux dimensions étroites et pourtant suffisantes pour s'y sentir à l'abri, protégés du monde extérieur, du système qui les avait une fois ou l'autre, voire toujours rejetés.
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Et lorsqu'elle avait enfin compris que l'amour revêtait différentes formes, qu'il se présentait souvent au coeur d'une véritable amitié, toujours dans le partage, la réciprocité, rarement dans un rapport de force, et en aucun cas au sein d'une relation toxique, il était trop tard pour réparer.
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"Pour refaire une carte d'identité, on doit être
inscrit dans une commune. Donc pas de domicile
légal égal pas d'attestation, pas d'attestation égal
pas de carte d'identité, pas de carte d'identité
égal pas de domicile."
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"Une famille ce n'est pas toujours celle qu'on croit,
celle qu'est marquée sur le livret à la naissance"
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