Sharaz-De, tome 2

Ce deuxième tome de Sharaz-De poursuit la revisite des contes des Mille et Une Nuits par le dessinateur milanais Sergio Toppi.

Dès les premières planches, le lecteur est ravi de retrouver l'originalité graphique de ce dessin qui explose tous les codes traditionnels de la bande dessinée. Sergio Toppi délaisse de nouveau les cases traditionnelles afin d'intégrer toutes les scènes en un seul dessin, liant ainsi tous les éléments de la planche. Malgré l'absence de découpage, le fait de disposer ses personnages et décors de manière intelligente, permet d'orienter le lecteur dans sa lecture et de renvoyer tous les éléments de la narration en voix-off à cette image centrale qui confère une unité à chaque page. Comme lors du tome précédent, l'auteur propose un chapitre en couleurs, mais je garde tout de même un préférence envers ses dessins en noir et blanc.

Au niveau du scénario et des histoires contées par cette Sheherazade rebaptisée Sharaz-De pour l'occasion, je suis un peu plus dubitatif. Ces histoires peuplées de rois, de princes et de djinns, qui mélangent cruauté, malheurs, trésors, magie et légendes, sont certes bien racontées, mais je ne vois finalement pas trop l'intérêt de cette suite qui n'apporte pas grand-chose au niveau du scénario et de la destinée de Sharaz-De. A la longue, ces contes qui renvoient à des temps très anciens, deviennent de plus en plus répétitifs, voire prévisibles. Si les thèmes abordés sont assez universels et mettent les travers du genre humain en avant, ce sont malheureusement souvent les mêmes qu'au tome précédent. Quant aux personnages, survolés par l'auteur lors d'histoires beaucoup trop courtes pour permettre un développement psychologique plus approfondi, on a toujours autant de mal à s'y attacher.

Bref, un bon tome, qui n'a pas vraiment raison d'être au niveau du scénario, mais qui ravira les amateurs de Toppi au niveau du graphisme.

Tissée sur la trame des Mille et Une Nuits,
Cette bande dessinée de Sergio Toppi
Fut acquise en mars au festival d'Angoulême.
La tragédie est de ces contes le grand thème,
Sharaz-De se plaisant à souvent mettre en scène
Magiciens et rois au coeur brisé par la haine.

Trait fin, tantôt couleur et tantôt noir et blanc,
Dessin labyrinthique où les mots sont images,
Mise en page insolite et texte très vivant,
Les histoires narrées sont autant de mirages,
Tracés d'encre mêlant l'amour à la querelle,
L'aventure aux trésors en planches d'aquarelle.

Sharaz-De est le nom de la voix héroïne,
Qui charme tous les soirs le cruel roi Shahriyar :
Dix légendes durant avec elle on chemine,
Fables où la sueur coule sous le brocart.
Guerriers, animaux, sages, génies et femmes, c'est
À travers ces récits un royaume complet.

J'ai beaucoup apprécié l'histoire du faucon,
Fidèle à son maître malgré sa trahison,
Ainsi que l'aventure entre le bon marchand
Et l'esclave dont il finit par être amant.
Je mentionnerai aussi la tête de pierre,
Capable en parlant de convoquer des chimères.

L'impression laissée par ce merveilleux voyage
Est trouble et disparate, d'une beauté terrible.
Car Sharaz-De raconte en de sombres présages
La jalousie, la ruse dont l'homme est la cible,
Sa méchanceté qui égale sa bêtise,
Tant et tant qu'on oublie si l'espoir est de mise.

L'épouse parle cependant avec adresse,
Choisissant avec soin ce qu'elle dit au sultan.
De même que l'auteur par ses mots nous caresse,
Parvient-elle en douceur à vivre plus longtemps.
Qui est le prisonnier, d'elle ou de nous, lecteurs ?
Quelle morale en somme a le plus de valeur ?

Émilie - Apprentie Bibliothécaire
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Sharaz-De est une, adaptation des Contes des Mille et Une Nuits. Dans la version originale, Shahryar, le Roi de Perse, apprend que sa femme a commis un adultère. Meurtri et convaincu que toutes les femmes sont viles, il décide de prendre une nouvelle femme chaque soir et de la faire décapiter après la nuit de noces. Un jour la fille du grand vizir, Shéhérazade, se porte volontaire pour entrer dans la couche royale. Elle repousse les avances du Roi et propose de lui raconter une histoire. Au petit matin, alors qu'arrive le moment de son exécution, le Roi est subjugué et demande à la conteuse de poursuivre son récit. Elle accepte à condition d'avoir la vie sauve. le soir venu, Shéhérazade raconte la fin de la légende et débute un autre conte, reportant ainsi de jour en jour le moment de sa mort. Sharaz-De incarne cette héroïne et, avec elle, nous revisitons cet univers peuplés de dragons, de djinns et de chimères tout en étant bercés par les atmosphères orientalisantes qui prennent corps sous la plume de Toppi.
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« Il était une fois un grand Roi sage et puissant. Mais seul est sage le Très Haut, béni soit-il. Il régnait sur de vastes étendues depuis le Gowandab qui serpente dans la chaleur étouffante des basses plaines jusqu'aux pics enneigés de Bashra où les tigres d'Hyrcanie perdent leur couleur en hiver. Ce roi avait deux fils, rois eux aussi, leurs royaumes quoiqu'éloignés l'un de l'autre s'étendaient sur des territoires immenses et peuplés de grandes multitudes ».

Shahzam'an, l'un des fils du Roi, découvre par hasard que la Reine, sa femme, le trompe avec un de ses serviteurs. La sanction ne se fait pas attendre : « Au matin sur les murailles, il y avait deux têtes. Celle de la reine était la plus haute ». Shahzam'an se rendit alors chez son frère, le Roi Shahriyar. Ce dernier tenta de réconforter son frère sans succès, jusqu'au jour où Shahzam'an surprit la Reine (sa belle-soeur) en train de tromper son frère. Il finit par relater l'adultère à Shahriyar. La sanction ne se fit pas attendre : « Au matin sur les murailles, il y avait deux têtes. Celle de la reine était la plus haute ». Shahriyar décida ensuite que chaque nuit, il accueillerait dans son lit une jeune et belle vierge, et que son bourreau la décapiterait au matin. Il en va ainsi pendant une longue période, jusqu'à ce que Sharaz-De soit introduite dans les appartements du Roi et que débute alors ses récits nocturnes, repoussant temporairement sa mort jusqu'à l'aube suivante.
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