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sur 71 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Gloria Denton, femme fatale et accessoirement au service de la pègre pour l'encaissement des paris (courses et cercles de jeux) repère une jeune comptable pour la former et lui transmettre le flambeau. Pour ce faire, elle la relooke, lui révèle les façons de se comporter en femme fatale, lui explique les dessous du business, lui présente ses contacts et son réseau.....Sa pouliche apprend vite, d'autant plus qu'elle est en admiration devant Gloria, ambitieuse également jusqu'au moment où elle s'amourache d'un tocard qui l'entraîne dans un coup tordu...ce que n'aurait jamais fait une femme de tête comme Gloria...

Megan E. Abbott propose avec Adieu Gloria un roman très court mais terriblement efficace, on est de suite immergé dans les dessous peu glorieux des cercles de jeux, du blanchiment d'argent, un monde de la nuit où il faut naviguer habilement entre des propriétaires de bars ou autres établissements servant de couverture à des trafics louches où à des activités pas toujours claires, où l'alcool coule à flot....Elle propose une galerie de personnages dans la lignée des films noirs américains des années cinquante, les dialogues qui font mouche et une intrigue qui tient bien la route....
Une très bonne lecture et une mention spéciale pour le traducteur Nicolas Richard.
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Queenpin
Traduction : Jean Esch

ISBN : 978-2253161509

"Adieu Gloria" où l'amère tragédie d'une double trahison, l'une esquissée et qui n'a pas le temps de s'achever, l'autre accomplie comme un acte de légitime défense - ou alors en représailles. Mais toutes deux préméditées, pourtant. Ah ! ce n'est pas simple du tout de démêler les sentiments qu'éprouvent l'une pour l'autre les deux héroïnes. Gloria, l'aînée, prend sous son aile une jeune fille en qui elle flaire un potentiel comparable au sien et cette jeune fille sera notre narratrice jusqu'à la fin. Un potentiel spécial, cela va de soi : celui d'une femme capable d'effectuer, sans faiblir, sans moufter, sans être tentée, des "tournées d'encaissement" pour la pègre américaine des années cinquante, entreprise comme chacun sait gérée à l'image d'un commerce pyramidal, avec des chefs qui ont eux-mêmes des supérieurs hiérarchiques, lesquels, à leur tour, etc, etc ...

Avec Megan Abbott, on le sait désormais, le roman noir n'est plus exclusivement une affaire d'hommes. Pour Gloria Denton, figure incontournable et respectée dans le milieu où, entre autres, elle encaisse paris truqués aussi bien chez les bookmakers que dans les casinos, la narratrice, une petite comptable sans nom mais ambitieuse en diable, qui se contente pour l'instant d'aider deux malfrats de bas étage à truquer leur petite comptabilité à quatre sous, est une sorte d'investissement. Elle va lui confier tout d'abord de toutes petites missions, la mettre à l'épreuve ... Mais avant cela, elle va lui apprendre à s'habiller, à marcher, et même à parler. Elle va faire de la petite un reflet presque parfait d'elle-même.

Enfin, tel est son rêve car il lui faudra bien, un jour - le plus tard possible, évidemment - transmettre le flambeau. La narratrice a bien conscience des projets de son Pygmalion féminin, tout comme elle n'ignore rien des avantages que cela lui rapportera. Mais elle est jeune, un peu trop et la voilà qui commet l'incroyable sottise de tomber raide amoureuse d'un bon-à-rien, d'un joueur invétéré, qui s'obstine à placer tout son argent (et aussi celui des autres) sur des chimères qui jamais ne gagnent. Vic Riordan, un physique de beau mâle irlandais, des tendances sadiques au lit et tout ce qu'il faut pour plaire à une femme comme notre narratrice, laquelle, malgré son assurance, a encore beaucoup à apprendre ...

Mais un jour, Riordan tire trop sur la corde et convainc notre petite pouliche trop sûre d'elle de parier avec l'argent de la pègre ... Alors, Gloria décide de régler le compte de celui qui a osé s'en prendre à "sa" pouliche - et la mettre en danger puisqu'il va bien falloir rattraper le coup sans qu'elle reçoive la "punition" qu'elle mérite.

Pouf ! Plus de Vic Riordan.

On ne peut pas dire que ce soit une grande perte . Mais pourquoi la narratrice découvre-t-elle, cachée dans la penderie de Gloria, la robe qu'elle portait ce soir-là, tachée du sang de Riordan non parce qu'elle avait participé à son assassinat mais au contraire parce qu'elle avait tenté d'arracher Denton à sa folie meurtrière qui la faisait frapper, frapper, et encore frapper ... ? Cette robe que Gloria lui avait promis justement de brûler dans l'incinérateur ? ...

Et de son côté, pourquoi la narratrice, alors qu'elle ne savait encore rien pour la robe, a-t-elle conservé le coupe-papier et le revolver qui ont servi au meurtre et dont Gloria lui avait ordonné de se débarrasser ? ...

C'est un duel de femmes, un duel de Mère à Fille, et un duel aussi - je le répète encore au risque de choquer mais lisez le livre et vous comprendrez ce que je veux dire - un duel d'amante et de maîtresse même si la relation des deux héroïnes reste platonique et si rien n'est dit, à peine suggéré. L'une cherche à dominer l'autre - et vice versa. C'est plus fort qu'elles : elles sont bien de la même espèce et cela ne peut se terminer que par un drame.

Les femmes ou les jeunes filles prises par Abbott pour héroïnes sont toutes des femmes fortes, des guerrières qui savent se battre et sont faites pour ça. Il arrive qu'elles le découvrent au cours du roman mais, parfois, elles le savent dès le début. le monde dans lequel elles évoluent, même s'il n'est pas toujours lié à la pègre, est une jungle et, si les hommes y pullulent, le lecteur (et plus encore la lectrice) est souvent amené à se demander si ces hommes ont autant d'importance qu'ils se l'imaginent. le "hard-boiled" au féminin, en somme mais avec autant de noirceur qu'au masculin, beaucoup plus de subtilité dans le message et infiniment plus de venin. Les hommes sont brutaux et sanguinaires, certains sont tordus, oui mais, comme ils ne sont pas conditionnés dès l'enfance à subir, il leur manque souvent ces réflexes glauques, ces raisonnements qui plongent incroyablement loin dans la psyché de l'autre et qui sont le lot, force ou faiblesse, des héroïnes vénéneuses - déjà femmes ou en devenir - de Megan Abbott.

Si vous aimez le roman noir et si vous êtes une femme, vous aimerez Megan Abbott. Si vous êtes un homme aussi, d'ailleurs, en principe ... Mais il n'est pas sûr que vous ne vous retrouviez pas plus troublé qu'à la lecture d'un Chandler, d'un Chase ou même d'un Ellroy. Ces auteurs-là ne vous font pas de cadeaux : Abbott, elle, vous en fait tout plein - tous plus empoisonnés les uns que les autres. ;o)
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Un livre noir avec une psychologie formidable. Ce livre est un coup de coeur
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Elle a vingt-deux ans, un job minable de comptable dans une boîte de nuit, et rêve d'avoir les jambes de Gloria Denton et de goûter aux plaisirs de l'argent facile.

Gloria a deux décennies de plus, porte des tailleurs élégants et conduit des voitures de luxe. Elle contrôle des entreprises criminelles – cercles de jeu et champs de courses – pour le compte de caïds du milieu, et aimerait bien passer la main.

La femme fatale va se transformer en pygmalion et former sa « pouliche » pour en faire son héritière. Jusqu'au jour où celle-ci s'entiche d'un bon à rien, joueur flambeur et cynique.

Dès le début du roman, on perçoit que la narratrice a de l'ambition : Gloria lui apprend comment se comporter et lui donne accès à un confort matériel supérieur, mais on sent qu'elle vise plus haut.

Ce sera un homme qui sera le déclencheur de la catastrophe.

Et on le sent arriver gros comme une maison, on a envie de crier à la narratrice, par ailleurs fort lucide : N'y va pas !

Et pourtant si….

J'ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman tout en tension (on attend la chute de Gloria ou de la narratrice) qui se déroule dans les années 50.

Oserais-je le dire : c'est un roman noir féministe, car les hommes n'ont que des seconds rôles.

L'image que je retiendrai :

Il est souvent question de genoux sur la moquette dans différentes situations.
Lien : https://alexmotamots.fr/adie..
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Gloria Denton a tous les attributs de la femme fatale : les jambes interminables, les tailleurs chics, la langue acérée et le regard de glace. Dans le milieu mafieux des années 50 elle est une légende, réputée impitoyable, crainte autant que respectée. En prévision de sa retraite, elle débauche une jeune comptable dégourdie pour en faire sa "pouliche", à qui elle va apprendre les ficelles du métier de collecteuse de gains pour le compte de la pègre. Fascinée par le luxe, l'argent facile, et par la personnalité hors normes de Gloria, celle-ci apprend très vite à nager en eaux troubles sans perdre pied. Jusqu'au jour où elle tombe dans les bras d'un petit escroc trop séduisant. Cette idylle va rapidement semer la zizanie entre les deux femmes, jusqu'à l'affrontement final de ces amazones fortes et violentes. Une intrigue trouble et sensuelle, rythmée de scènes d'action, et servie par une écriture très aboutie. Un régal !
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« Poupée », « ma fille », « jolie », « ma poule »… On ne saura jamais, de tout le roman, vraiment jamais le nom de l'héroïne. Cela ne l'empêche pas de nous prendre à partie, au travers du récit de son destin. Car cette trajectoire brillante, comme un éclat de verre, comme le reflet d'une lame, se teintera du tragique sanglant de la fatalité.
Employée aux écritures dans un dancing miteux, avec pour seule distraction des cours du soir de compta, consacrant ses loisirs aux taches ménagères pour son père, ses cardigans boutonnés jusqu'au cou l'étouffent...
suite sur mon blog
Lien : http://jeanne.desaubry.over-..
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