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Citations sur Les Jardins statuaires (72)

Les hommes, les livres, tout devenait solidaire. Nombreux furent les jardiniers sensibles à l’ampleur de cette affaire. Du même coup, il était impossible de me refuser ce que l’on venait d’accorder aux jeunes en les accueillant à la table des adultes. La statue désormais doit rester sur le domaine. Mais il y a encore des mécontents. Il m’arrive de craindre encore pour la statue. Un coup de maillet est si vite donné par un homme plein de ressentiment. En même temps que la figure de pierre, l’unité des hommes serait ébréchée dans ce cas.
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De tout cela, je ne verrai pas la fin, remarqua le doyen, mais on quitte de bon gré une vie accomplie, quand on peut se recueillir dans la certitude que des naissances sont en cours.
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Il arrive que l'on passe ainsi de ces journées qui sont légères parce qu'on a trouvé la source assurée d'un projet qui ne peut plus manquer de suivre son cours. Alors toute hâte cesse, chaque geste retrouve son juste poids, et l'on vit sous le charme d'une promesse dont on sent bien que rien ne la pourra détourner. À chaque instant je savais de nouveau avec une certitude plus ample que les mots s'assembleraient d'eux-mêmes, sans que j'aie un seul instant à y mêler les maladresses du talent. Il suffisait de laisser mûrir.
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Il est étrange que la nuit fortifie les fantaisies les moins fondées et, des déchets de nos pensées, des restes vagues d'impulsions presque mécaniques, résultants stériles et lointaines des gestes du jour, tire un théâtre absurde où nous endossons des rôles inconnus et malcommodes. Ce ne sont pas les maisons qui sont hantées, ce sont les hommes, et l'heure obscure nous rend sensibles à des vapeurs que nous eussions, à bon droit, méprisées durant le jour et dont la nuit venue nous sommes soudain les fantoches. De nos emportements, de nos gesticulations et de nos péroraisons, qu'un minimum de lucidité laisserait mort-nés, il ne nous reste, avec la venue du matin, qu'une honte vague et des souvenirs confus.
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« Il est arrivé qu'en se polissant par-dessous, la pierre parvienne d'elle-même à si bien réduire tout ce qui pourrait la rattacher au sol qu'elle s'envole.
- Comment ? m'exclamai-je.
- C'est la vérité pure. La forme nuageuse atteint si bien la perfection qu'elle se confond en elle et que l'on voit soudain s'élever dans les courants ascendants de l'air chaud un nuage de pierre qui va rejoindre les vapeurs célestes. »
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« Ils procèdent à la taille. À chaque étape de sa croissance la statue pousse de toutes parts un bourgeonnement désordonné. Chaque fois, la forme définitive, vers laquelle obscurément elle se développe, est tout entière remise en jeu. Il faut donc sans cesse la reprendre, la confirmer, et, pour ce faire, détacher à temps les membres en excédent qui menacent de la rendre tout à fait informe et monstrueuse. »
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C'est le vide de toute part qui tâche et joue à se circonvenir et creuse lentement les lignes de la main de la terre. Les réseaux se nouent, se superposent, s'effacent. Les signes pullulent. Il faut que le regard s'abîme.
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Je sentais le désir de doter ce que j'écrivais d'une épaisseur ; je ne voulais pas qu'il fût l'impression ou la matérialisation d'un discours tout uniment filé, mais qu'on y sente l'ombre, la résonance, l'opacité énigmatique d'une chose. Or, je ne pouvais me résoudre à aucun artifice en faveur de cette exigence dont j'ignorais le fondement. Ce refus de mise en œuvre me venait peut-être de ma grande paresse naturelle qui me poussait à me contenter, en ce qui concerne la qualité de mes récits, de vœux pieux. Il me venait surtout, me semblait-il, du sentiment très puissant qu'une vérité dévorante et insatiable était là en mouvement, sur laquelle je n'avais aucun droit.
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Ce livre est le dernier livre. Et pour la première fois ce jour-là j'éprouvai l'angoisse vague, angoisse qui ne m'a pas quitté depuis lors, de la fin du livre. Il n'y avait vraiment aucune raison pour que je ne continue pas indéfiniment à tracer des signes les uns à la suite es autres. N'y aura-t-il pas chaque jour quelque fait, de plus en plus menu au fil du temps, qui méritera que je le rapporte ? Comment reconnaîtrai-je ce qui vraiment ne vaudra point d'être narré ?
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Lorsqu'un jardinier se trouvait élevé au rang d'ancêtre, on confiait à deux ou trois qui le connaissaient le mieux le soin de rédiger sa biographie. Ces hommes commençaient par tracer un portrait physique et moral du disparu ; puis ils s'efforçaient de classer les souvenirs qu'ils avaient gardés de lui, de manière à relater le cours de sa vie ; enfin ils composaient un bref éloge funèbre. Cet ordre semblait immuable, mais il était de toutes parts transgressé. En effet, les biographes ne se contentaient pas du témoignage de leur mémoire. En fait, tous ceux qui avaient connu l'ancêtre, c'est-à-dire tous les jardiniers du domaine auquel il appartenait et parfois même des étrangers, étaient sollicités. Or, si les responsables de la rédaction faisaient de leur mieux pour donner à leur récit une certaine unité et quelque cohérence, il était de règle que l'on insérât rigoureusement toutes les informations recueillies, le plus souvent à la place requise par la chronologie, ce qui, comme on peut l'imaginer, ne manquait pas d'introduire des remarques singulièrement disparates dans le cours de la biographie.
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