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EAN : 9782882412423
320 pages
Bernard Campiche (08/10/2009)
3.5/5   6 notes
Résumé :
Le Dernier Échangeur, un roman noir et suisse
À Lausanne, un journaliste enquête sur le meurtre d’un médecin. Il s’éprend de sa veuve, qui va l’entraîner dans un monde où tout s’échange. Mais autour d’elle, c’est l’hécatombe. Les vautours tombent comme des mouches.
Lausanne n’a pas vu le temps passer. De grosse bourgade provinciale au bord du lac Léman, voilà la capitale du canton de Vaud devenue petite ville avec plus de cent communautés étrangères. D... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
S'emparer d'une ville pour en décrire ses noirs secrets est une des thématiques majeurs du polar mais elle prend d'avantage d'intérêt lorsqu'il s'agit d'une cité propre et lissée comme Lausanne qui nous apparaît si calme et si tranquille.

Pourtant Daniel Abimi, natif de Lausanne et ayant travaillé des années durant comme journaliste pour un quotidien de la ville va bousculer les clichés de cette fameuse quiétude helvétique.

Même s'il joue parfois trop sur les expressions locales, il faut saluer la qualité d'écriture délicate de Daniel Abimi qui parvient à nous immerger dans les méandres d'une bourgeoisie qui tente de tromper son ennui au gré de partouzes sordides sans pour autant forcer le trait. Un peu à la manière de Claude Chabrol, l'auteur nous décrit, sur un ton détaché et sardonique, ce petit monde lausannois où tout le monde se connaît et s'observe avec une morgue assassine. Il y a pourtant un certain déséquilibre dans ce récit où le nombre de meurtre (plus d'une dizaine), comme pour mieux relancer l'histoire, frise le grotesque et le guignolesque. Observation d'une société ou fresque burlesque, le lecteur peine à se situer dans ce récit oscillant parfois involontairement entre le premier et le second degré. C'est bien dommage.

Ce déséquilibre on le retrouve également dans le portrait des personnages qui jalonnent le roman. On appréciera l'humanité de Michel Rod et de son ami Emile qui au travers de leurs failles affectives donnent une tonalité encore plus sombre à cette ville peuplée d'âmes solitaires en quête d'amour. L'auteur ne cède d'ailleurs pas aux mirages de la rédemption ou d'une quelconque qualité qui pourrait nous donner l'envie d'apprécier le personnage principal. Pétrit de défauts et de travers, Michel Rod promène sa grasse carcasse et son mal de vivre en enquêtant parfois de manière plus que maladroite sur la vie de son entourage sans pour autant s'en intéresser complètement. Détacher de tout, sans le moindre idéal, Michel Rod est l'anti-héro parfait. C'est le paradoxe de ces personnages fort bien élaborés qui mettent en exergue les autres protagonistes de ce récit qui virent à la caricature à l'instar de ce promotteur immobilier qui est pourtant l'une des pièces maitresses du roman, sans parler des truands qui semblent sortis d'un film de Tarantino.

Présentée comme un guide touristique, la ville de Lausanne peine à touver ses marques dans ce récit. Il ne suffit pas de décliner une succesion d'établissements ou de rues pour faire de la cité une espèce de personnage qui donnerait du relief au roman. A quelques exceptions, comme la description des différentes diasporas qui la constitute, la ville reste en marge d'une histoire qui peine à convaincre.

Parfois brouillon dans sa trame narrative, le Dernier Echangeur souffre d'un manque de consistance de l'auteur qui peine à se prendre au sérieux. Entre Ken Bruan et James Ellroy il faut parfois choisir ou posséder suffisement de talent pour parvenir à concilier les deux. Mais qu'à cela ne tienne, le Dernier Echangeur servira d'introduction à l'excellent second roman de Daniel Abimi, intitulé, le Cadeau de Noël qui fera l'objet d'une prochaine chronique.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Il avala une gorgée de vin chaud, accompagnée d’une saucisse pas assez grillée et de frites trop grasses. Il reprenait des forces.
Depuis la nuit où le corps d’Attila Szabo avait été retrouvé, il n’avait pas levé le pied, ses nuits s’étaient raccourcies un peu plus encore, il avait passé son temps à courir derrière n’importe quel début de piste, à poser des questions indécentes et indigentes à Luisa Szabo et il buvait de plus en plus. Le pire était qu’il n’avait pas du tout envie de diminuer la dose. Il se sentait vidé de toute subs­tance. Le corps tout recroquevillé de Szabo, la tête de Dritan qui explose, il aurait aimé se soulager de ces images obsédantes qui l’empêchaient de dormir ; il était fatigué de ces réveils précoces qui lui pourrissaient ses nuits et hypothéquaient ses journées.
Une famille nombreuse s’installa à une table voisine. C’était le moment de partir s’il ne voulait pas que trois gamins pas élevés gâchent sa journée. Rod avait fini d’avaler sa saucisse. Après avoir resserré les boucles de ses souliers, il se lança sur les pistes, il voulait encore profiter de ce moment avant de rentrer sur Lausanne. Il aimait ce froid sec.
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