Le roi des montagnes

Les Grecs, on le sait, ont quelques difficultés avec la notion d'argent public – comme beaucoup de peuples me direz-vous, mais chez eux c'est largement au-dessus de la moyenne. Ce vieux livre nous apprend que ça ne date pas d'hier.

Un jeune étudiant allemand de passage en Grèce a le malheur de tomber entre les mains des bandits de la montagne. Une charmante anglaise et sa mère ayant été faites prisonnières avec lui, la situation n'est pas si désagréable. Malheureusement, il n'a pas le premier sou de la rançon que lui réclame son hôte, un vieil homme d'allure noble et respectable. Ce dernier considère ses activités comme on ne peut plus honorables, et d'ailleurs il a le soutien des autorités. Ses parents dans l'administration et l'armée touchent leur prébende, le tiennent informé des transferts d'argents, et de temps en temps échangent quelques-uns de leurs hommes avec les siens, histoire de les dégourdir un peu.

La vision de la Grèce est géniale. Se servir dans les caisses de l'Etat est aussi classique que normale. La police et les bandits des montagnes entretiennent les meilleures relations, et travaillent de concert pour assurer leur rentabilité financière. Si vous tombez entre les pattes des uns ou des autres, ne comptez que sur vos amis et vous-même pour vous sortir de là. Et avec cela de magnifiques descriptions, une truculence dans l'écriture, et le constat qu'en Grèce certaines choses n'ont pas tant changé.

J'ai découvert Edmond About (1828-1885) en lisant 'L'Homme à l'oreille cassée', roman de science-fiction que j'ai beaucoup apprécié.
J'ai donc été ravi de trouver 'Le Roi de la montagne' dans une boîte à livres.

Membre de l'Ecole française d'Athènes (université française qui promeut l'étude de la langue, de l'histoire et des antiquités grecques), ABOUT séjourna deux ans en Grèce. Il est souvent rattaché au mishellénisme, courant qui cultive un mépris de la Grèce, des Grecs et de leur culture. le style caustique d'ABOUT et les thématiques de ses ouvrages expliquent en partie ce rattachement.

Hadgi-Stavros, dirige une troupe de brigands et se fait appeler « le Roi des montagnes ». Chaque capture est l'occasion de réclamer une rançon dont le montant est fixé proportionnellement à la fortune supposée de la victime. Faute de paiement dans le délai imparti, le prisonnier est exécuté, quel que soit son sexe ou son âge.
Un jeune botaniste allemand est capturé, mais il peut difficilement espérer que quelqu'un accepte de payer la rançon.
Derrières ses apparences chevaleresques, le Roi des montagnes cache à peine qu'il est surtout animé par sa cupidité. Ce roman est l'occasion pour ABOUT de dénoncer les crimes de certains Grecs qui les paraient de fausses visées patriotiques - à l'image de ceux du FLNC, de nos jours, dont les membres sont plus intéressés par leur fortune personnelle que par des intérêts de la population. L'administration grecque n'est pas épargnée : corrompue et inefficace.

Quelques retournements de situations, le comique de certaines scènes et dialogues, ainsi que la qualité de l'écriture rendent particulièrement agréable la lecture de ce roman d'aventures.

Lecture d'un livre classique pour changer de mes lectures habituelles.
Le roi des montagnes est un brigand qui prend en otage des étrangers, en espérant recevoir en échange une rançon.
Un botaniste allemand, tout juste sorti de l'école, et deux Anglaises, la mère et la fille, partis dans les alentours d'Athènes, en feront les frais.
En attendant que la rançon soit payée, le jeune Allemand, qui va s'éprendre de la belle Anglaise, n'aura de cesse d'essayer de trouver un plan pour s'évader. Tout au long du livre, plein d'humour, on se demande comment seront libérés les otages : grâce à l'intervention des gendarmes, après paiement d'une rançon ou par leurs propres moyens ?

Le Roi des Montagne, Hadji-Stavros est un bandit qui sévit aux portes d'Athènes. Pallikares, klephtes, armatoles, haidouks, les bandits grecs ont résisté à l'occupant turc, combattu pour la liberté de la Grèce et n'ont pas été désarmés à l'indépendance.


Le narrateur, un botaniste allemand Hermann Schultz, parti herboriser sur le chemin du Pentélique, rencontre deux Anglaises, la mère et sa fille, avant de tomber aux mains d'Hadji-Stavros qui les capture pour en obtenir rançon.

L'Anglaise est très imbue de ses origines et commence toutes ses phrases par "Je suis anglaise et je veux être bien servie..."

Le jeune Allemand est conforme à ce qu'on attend d'un scientifique et s'il est d'un milieu modeste, il n'en souscrit pas moins à la misogynie:

"Le portique d'Erechtée repose sur quatre Athéniennes du siècle de Périclès.

Les femmes d'aujourd'hui sont de petits êtres ailés, légers, remuants et surtout pensants, créés non pour porter des temples sur leur tête, mais pour éveiller le génie, pour égayer le travail, pour animer le courage et pour éclairer le monde aux étincelles de leur esprit"



Une première lecture naïve est celle d'un roman d'aventures exotique bien amené et plein de rebondissements. comment les trois otages seront libérés? avec la rançon ou par l'intervention des gendarmes, ou bien en s'évadant? Et on se laisse prendre à l'action, regrettant les préjugés et les lieux communs.

Mais on peut aussi passer au deuxième degré et voir l'ironie et l'humour d'Edmond About. On peut se moquer des touristes, naïfs. Des Anglais se voulant les maîtres du monde, des savants allemands


L'auteur se moque aussi bien du brigand qui tient bureau en plein air sous le soleil mais qui place l'argent de ses rançons dans ne banque anglaise et qui fonde même une société par action. On peut même imaginer un clin d'oeil, à la corruption du pouvoir, à l'impuissance des politiques grecs tandis que" les puissances qui avaient mis la Grèce en liberté essayaient de fonder un royaume" en plaçant un roi Allemand.



Hadji-Stavros, ami des militaires et des politiques affirmant:

"Alors le brigandage ne sera plus qu'un impôt sur la circulation : impôt juste car il sera proportionnel ; impôt normal, car il a été perçu depuis les temps héroïques".

Et au nième degré de lecture on goûte d'autant plus la plaisanterie!



Lien : http://miriampanigel.blog.le..

[roman audio, lu par René Depasse]
Un livre truculent, haut en couleurs, très drôle et fort révélateur de cette époque qui est loin de la nôtre, tant par la manière dont il est écrit que par l'histoire qu'il raconte.

Je l'ai apprécié de bout en bout, malgré quelques longueurs et malgré m'être un peu perdue dans les noms des personnages grecs, anglais, allemands, etc.

Enfin, la lecture par René Depasse est de très bonne qualité et aussi haute en couleurs que le roman lui-même, lui convenant ainsi parfaitement!
Lien : http://www.litteratureaudio...