« Je m'accroche à des détails pour ne pas tomber à l'intérieur de moi ».
Juché sur un échafaudage, Pierre révise sa vie et le résultat n'est guère encourageant, comme lorsqu'il était à l'école, d'ailleurs. Il a vite décroché pour travailler à l'usine, sur un échafaudage, notamment ; ses parents sont morts ; son frère est mort ; Jean, son meilleur ami est mort. Où sont-ils ? Dans le ciel ?
Où, dans le ciel ?
Les détails s'échappent et il se souvient, donc il tombe à l'intérieur de lui.
« Quand je repense à ces temps-là, j'ai la mémoire fragmentée, comme un puzzle auquel il manque toujours une pièce. Jean, c'était moi en mieux, la pièce manquante. du coup j'y tenais autant qu'à moi-même. Quand il est mort, moi aussi ».
C'est vrai qu'il n'est pas joyeux, Pierre, c'est le moins qu'on puisse dire.
Et pourtant que c'est agréable d'être emporté par un narrateur profond et désespéré !
L'écriture poétique de l'auteur n'y est pas pour rien, alors qu'il décrit la vie on ne peut plus prosaïque de son héros : usine, pauvreté, solitude.
D'amour, il n'a pas manqué, mais il n'a pas pu le retenir. Il est tout seul.
J'ai adoré lire lentement ce livre bref qui fait écho en nous. Combien de fois ai-je eu les larmes aux yeux !
Je ne connaissais pas cet écrivain belge qui est également auteur de pièces de théâtre, mais je peux vous assurer que je n'en resterai pas là.
Merci aux éditions du Cerisier pour ce cadeau, cette parenthèse de vie, petite aux yeux du monde, mais si profonde quand on s'y attarde, juché sur un échafaudage ou tout simplement dans son salon.