Tout d'abord je tiens à remercier Mass Critique et les Edtions MEO pour l'envoi de ce livre.
La période avant Noël est souvent une période propice où on fait un peu le bilan de l'année passée ou tout simplement de sa vie. A l'aube de ses 70 ans, Yvan Jankovic, veuf depuis bientôt 10 ans, remémore sa vie :
Sa mère, d'origine italienne, et son père, croate, se sont enfuis à la fin de la guerre pour se retrouver en Belgique dans les charbonnages. Apatriés pendant de nombreuses années, les Jankovic n'acquiraient la nationalité belge qu'après la catastrophe de Marcinelle. (1956 : Incendie dans une mine qui a coûté la vie à plus de 250 mineurs).
L'enfance et la jeunesse d'Yvan n'étaient pas faciles. Il se trouvait dans une école catholique bourgeoise qui ne correspondait en rien avec son milieu familial relativement pauvre. Heureusement il y avait les amis, eux aussi issues de l'immigration qui donnaient un peu de couleur à cette grisaille minière. Yvan, évoque aussi ses blessures telles que la condition ouvrière difficile, les différences sociales, la religion, son père qui est parti prématurément à l'âge de 57 ans suite à une silicose. Il pense à Josefa, son amour de jeunesse devenue sa femme, qui lui manque terriblement et ses enfants qui vivent leur propre vie maintenant. Sa mère nonagénaire souffre d'Alzheimer et a dû être placée dans une maison spécialisée, qu'elle considère comme un lieu de vacances. Il souffre de "l'absence" de sa mère aussi.
En rentrant chez lui en plein blizzard, il réfléchit sur la conséquence que son héritage de fils d'immigrés a eu sur sa vie et comment les concepts moraux ont conditionné ses émotions. Et puis sur un coup de tête, il décide d'entreprendre la première évasion de sa vie pour veiller Noël avec des compagnons inattendus.
Ce résumé donne peut-être l'impression que c'est un livre triste, mais ce n'est pas le cas. le narrateur réfléchit sur le monde qui bouge sens cesse et tout ce que cela implique. Cela incite aussi à réfléchir sur la tolérance qu'on devrait avoir pour autrui (immigration, réfugiés, les conditions du travail, etc...) et aussi la place que l'on souhaite occuper dans ce monde.
Le titre
Stille Nacht fait référence à cette nuit de Noël où dans les tranchées les soldats allemands ont chanté
Stille Nacht, Heilige Nacht (ou en français Douce Nuit, Sainte Nuit), avec les soldats britanniques, un cantique universel qui existe dans toutes les langues.
J'ai bien aimé ce livre dont le style très agréable à lire et parfois même drôle.