Laure Adler vient d'entrer dans le troisième âge, l'occasion pour elle de se pencher sur la vieillesse. Elle nous offre un carnet de notes, un vagabondage au pays des seniors, au hasard des rencontres et des références littéraires ou cinématographiques, des rappels historiques.
L'intérêt de cet ouvrage est que l'auteure n'élude aucun des aspects de cette période de notre vie ; la solitude, l'éloignement de la famille, le lien social qui diminue, la perte d'autonomie, la mémoire qui fout le camp, la lente disgrâce de l'esprit, la maladie d'Alzheimer.
Laure Adler évoque aussi les femmes qui comme toujours constituent la classe la plus fragile avec des pensions minuscules et qui n'arrivent pas à vivre dans des conditions décentes :
« Être vieux, c'est une horreur. Être vieille c'est encore pire. »
Les inégalités face à la vieillesse, seuls les privilégiés ont accès à une vieillesse heureuse.
Laure Adler pose la question des EPHAD, les aides-soignantes, qui accomplissent quotidiennement pour un salaire de misère, un travail considérable physique, mais surtout humain, des personnes si utiles et si déconsidérées, le profit des actionnaires et le manque de respect de la personne âgée. Une sorte de racisme anti-vieux, la ségrégation et l'exclusion fondées uniquement sur l'âge, et si la solution était dans la mixité entre les générations, la meilleure de solutions pour les jeunes comme pour les vieux.
À cette question : peut-on échapper à l'âge et au vieillissement ?
Laure Adler répond avec lucidité, mais nous propose des pistes pleines d'espoir.
La sexualité d'abord :
« l'amour physique est bien plus efficace et agréable que tous les liftings. »
Mais aussi la vieillesse comme chemin de sagesse, on sait distinguer l'essentiel de l'accessoire, on ne se gâche plus la vie avec les détails et les petits énervements de l'existence. La vieillesse comme une libération, une acceptation de soi-même, une nouvelle liberté intérieure. Se mettre en veilleuse de soi, se donner plus aux autres que s'adonner à soi. L'âge peut donner du talent, certains artistes, musiciens, peintres, certains écrivains ont produit une oeuvre tardive qui confine au génie.
Fruit de rencontres, d'enquêtes et de lecture, un récit émouvant, drôle parfois, triste souvent, mais malheureusement un livre trop intellectuel regorgeant de citations, à la fin j'ai eu l'impression d'avoir lu une thèse.