Pour le moment, ce roman s'avère être mon préféré de
Milena Agus. Comme toujours, on y retrouve le décor sarde dépaysant et une patte particulière, propre à l'auteure. Trois foyers sont au coeur de cette histoire : la famille de la jeune narratrice dont le grand-père n'a pas sa langue dans sa poche, celle des voisins, nombreuse et pieuse, et la fantasque Madame et ses habits faits mains qui vit seule et tient une maison d'hôtes.
Les promoteurs immobiliers guettent l'occasion de se saisir de cet endroit pour en faire un espace attractif pour les touristes. Mais Madame refuse de vendre, et puisque son terrain est le plus avantageux, le projet bétonné ne peut voir le jour. La jeune fille a beaucoup d'affection pour Madame. A vrai dire en tant que lectrice, je ne suis pas non plus restée insensible à la personnalité de cette femme qui apparaît comme une personne empreinte de gentillesse mais manquant cruellement de respect pour elle-même. Et cela, les hommes l'ont bien compris. Qu'il s'agisse de l'amant 1, de l'amant 2, ou du blessé, tous l'utilisent mais aucun ne veut d'une relation stable avec elle. Madame fait tout pour que l'on l'aime sans y parvenir.
J'ai aimé l'univers dépeint dans ce livre, les personnages fantasques, les touches poétiques de réflexions sur la vie, la chance, l'amour ou la mort. Un bon moment de lecture avec ce roman auquel l'originalité ne fait pas défaut : passages amusants, sensibles, empreints de superstitions, avec des personnages secondaires attachants, tels le fils des voisins, musicien de jazz vivant à Paris ou le grand-père de la narratrice qui dès que quelqu'un l'agace s'exclame qu'il n'en voudrait même pas comme voisine de caveau ! A lire si vous aimez les romans qui sortent un peu de l'ordinaire.